Yann Bourven
Nos noms s’affichent sur les murs de la ville froide. Avis de recherche. Perdus à jamais. Dans des nids de frelons. Dans la Réalité-nuit. On nous oubliera vite, tu sais. On nous oubliera.
in Chroniques du Diable consolateur
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Nos noms s’affichent sur les murs de la ville froide. Avis de recherche. Perdus à jamais. Dans des nids de frelons. Dans la Réalité-nuit. On nous oubliera vite, tu sais. On nous oubliera.
in Chroniques du Diable consolateur
Ci-gît l’espoir, ils ont assassiné la poésie-vérité ! me disais-je enfiévré. Ils m’ont eu, mais qui ? Qui tire les ficelles de la résignation.
in Chroniques du Diable consolateur
Leur sourire ne se lit plus dans l’expression de leur visage, mais dans leurs orbites vides, parce que leur visage n’ont plus d’expression.
in Le septième jour
« - Cette Vraie-Vie est un leurre ! Si tu restes ici je te prédis une vie bête et sans saveur ! Une vie de routine et d’asservissement, d’ennui et de surconsommation ! »
in Chroniques du Diable consolateur
et puis ça se fissure
on ne sait pas bien
on n’a plus
qu’une vapeur d’âme
un crachin
in Démolition
Le savoir ne se distingue pas des rêves, ni le rêve de l'acte.
La poésie a mis le feu à tous les poèmes.
C'en est fini des mots et des images.
Abolie, la distance entre le nom et la chose;
nommer c'est créer, et imaginer c'est naître.
- De quoi tu parles, mon chéri ?
– De ce qui nous entoure ; referme la porte derrière toi, s’il te plaît.
in Le Cow-boy de Malakoff
Et quand j'aurai non plus ce goût de braise
sur une langue de ramier transis
mais la saveur déserte du genêt,
signe libre des normes asservies,
je serai dans le corps de la branche figée
et dans l'essaim des dahlias meurtris.
in Huit sonnets et une berceuse,
traduction par André Belamich
Je n'ai jamais abusé de l'alcool, il a toujours été consentant.
pas de cou autour duquel elle pourrait jeter ses bras pour s’accrocher, comme en a droit toute personne qui se noie.
in La Patagonie
Tes caresses sont précises et elles me lisent à tombeau ouvert. La mort, c’est ma peau que tu tends comme un voile dans la nuit.
in Chroniques du Diable consolateur
Vous croyez que le monde serait ce qu’il est, sans la peur des bois ? La peur du noir ? La peur du grand large et la peur du fond des eaux ? Mais ce serait infâme. Les bêtes déambuleraient, dehors comme dedans. Elles laisseraient des épluchures. Des bouses. Ôtez le danger, le monde devient un antre. Les ruminantes habitudes envahissent l’espace, elles vont jusqu’au ciel. L’univers tourne au terrier, tout s’effondre. Quoi, j’exagère ? Pas du tout. Dehors comme dedans, il n’y a que les hommes pour croire que c’est la formule du bonheur, la définition du paradis sur terre. Ce n’est pas la définition du paradis, c’est la description d’un camping….
in Nous, les chats
Nous sommes l’ourlet du monde. C’est là qu’il finit, et je puis ajouter – sans me vanter – qu’il finit bien. Sans nous la création serait dépenaillée, il y aurait un effilochement constant des espèces, une dégénérescence à la marge. Le monde cesserait d’être beau pour être plein, et plein de quoi, grands dieux ? Il serait plein d’oiseaux sans ailes, rempli de biches obèses et de bêtes fumistes, plein à craquer.
in Nous, les chats
Si le langage était une chose sérieuse, les hommes n’auraient jamais appris à parler à leurs objets.
Avec les objets qui font du raffut, comment dormir ? Autour des hommes, l’insistance, voire l’insolence des choses est stupéfiante. Autant leurs animaux sont doux, autant leurs objets sont excités. Mais cela vient des hommes : l’importunité des choses est fonction de l’attention, proprement déplacée, qu’ils leur prêtent.
in Nous, les chats
Il y a cette main qui promène un rouleau sur le ciel. Qui repeint pour de bon. Qui efface les restes. Qui prolonge l’été au dessus de nos têtes.
in Passant l’été