Yann Bourven
Tes caresses sont précises et elles me lisent à tombeau ouvert. La mort, c’est ma peau que tu tends comme un voile dans la nuit.
in Chroniques du Diable consolateur
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Tes caresses sont précises et elles me lisent à tombeau ouvert. La mort, c’est ma peau que tu tends comme un voile dans la nuit.
in Chroniques du Diable consolateur
Vous croyez que le monde serait ce qu’il est, sans la peur des bois ? La peur du noir ? La peur du grand large et la peur du fond des eaux ? Mais ce serait infâme. Les bêtes déambuleraient, dehors comme dedans. Elles laisseraient des épluchures. Des bouses. Ôtez le danger, le monde devient un antre. Les ruminantes habitudes envahissent l’espace, elles vont jusqu’au ciel. L’univers tourne au terrier, tout s’effondre. Quoi, j’exagère ? Pas du tout. Dehors comme dedans, il n’y a que les hommes pour croire que c’est la formule du bonheur, la définition du paradis sur terre. Ce n’est pas la définition du paradis, c’est la description d’un camping….
in Nous, les chats
Nous sommes l’ourlet du monde. C’est là qu’il finit, et je puis ajouter – sans me vanter – qu’il finit bien. Sans nous la création serait dépenaillée, il y aurait un effilochement constant des espèces, une dégénérescence à la marge. Le monde cesserait d’être beau pour être plein, et plein de quoi, grands dieux ? Il serait plein d’oiseaux sans ailes, rempli de biches obèses et de bêtes fumistes, plein à craquer.
in Nous, les chats
Si le langage était une chose sérieuse, les hommes n’auraient jamais appris à parler à leurs objets.
Avec les objets qui font du raffut, comment dormir ? Autour des hommes, l’insistance, voire l’insolence des choses est stupéfiante. Autant leurs animaux sont doux, autant leurs objets sont excités. Mais cela vient des hommes : l’importunité des choses est fonction de l’attention, proprement déplacée, qu’ils leur prêtent.
in Nous, les chats
Il y a cette main qui promène un rouleau sur le ciel. Qui repeint pour de bon. Qui efface les restes. Qui prolonge l’été au dessus de nos têtes.
in Passant l’été
Dire du mal des autres est une façon malhonnête de se flatter.
Je suis à la recherche de mon père, ici, parmi la foule des squelettes. J’éprouve un sentiment bizarre. Ici, il y a des traces de lui, je les sens même si elles sont aussi évanescentes que le cri de l’oie déjà enfuie, comme la sensation de la brise passant dans les cheveux.
in Le septième jour
C’est la nuit (pilotée par la lune avorteuse) qui nous intéresse !
La nuit qui nous hurle ses poèmes épileptiques !
in Chroniques du Diable consolateur
la parole interdite embusquée derrière la porte close
la parole refusée bâillonnée en-dedans au dehors
in La Patagonie
le mot n’est-il pas un pilon plus puissant
que n’importe laquelle de nos excroissances
in Je te vois
il faut faire attention lorsqu’on pilote un être humain
de ne pas basculer dans la benne à ordure
in Oncle Bo (Traction Brabant 65)
Qui veut noyer son chien dit que c'est un poisson rouge.
in Nouvelles pensées échevelées
Passe d’abord le fleuve avant de dire que le crocodile a une sale gueule.
Se rendre à un travail, c’est se constituer prisonnier.
car comment lutter contre l’avidité de la finance,
cette soiffarde qui ne se repait jamais ?
in Les maîtres du printemps