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RÉSONNANCE & COPINAGES - Page 20

  • Meryl Streep

    Je n’ai pas de patience pour certaines choses, non pas parce que je suis devenue arrogante, mais simplement parce que je suis arrivée à un stade de ma vie où je n’ai pas envie de perdre davantage de temps avec ce que je n’aime pas ou qui me blesse. Je n’ai aucune patience avec le cynisme, la jalousie, la critique excessive et les exigences de toute sorte. J’ai perdu la volonté de plaire à qui je n’aime pas, d’aimer qui ne m’aime pas et de sourire pour ceux qui ne veulent pas me sourire. Je ne perds plus une minute de mon temps pour quelqu’un qui ment ou qui veut me manipuler ou manipuler d’autres.

    J’ai décidé de ne plus cohabiter avec le faux-semblant, l’hypocrisie, le superficiel, la malhonnêteté et les éloges bon marché. Je ne peux plus tolérer l’érudition sélective et l’arrogance académique. Je ne supporte pas les conflits et les comparaisons. Je crois en un monde d’opposés et pour cette raison j’évite les personnes au caractère rigide et inflexible.

     

     

     

     

  • Lionel Mazari

     

    Je fais miroir à qui me voit ; et c’est pourquoi
    une main aveugle, à tâtons, m’a relégué
    dans ce grenier, où, tel un souvenir perdu,
    je bois contre la paroi le sucre de la pluie

     

     

  • Alda Merini

     

    J'aime la simplicité qui s'accompagne avec l'humilité. J'aime les gens qui savent sentir le vent sur leurs propres peaux, sentir les arômes des choses, en capturer l'âme. Ceux qui ont la chair en contact avec la chair du monde. Car là il y a la vérité, là il y a la douceur, là il y a la sensibilité, là il y a encore l'amour. 

     

     

  • Warsan Shire

    Warsan Shire.jpg

     

      

    Personne ne quitte sa maison

    À moins d’habiter dans la gueule d’un requin.

    Tu ne t’enfuis vers la frontière

    Que lorsque toute la ville s’enfuit comme toi.

    Tes voisins courent plus vite que toi

    Le goût du sang dans la gorge.

    Celui qui t’a embrassé à perdre haleine

    Derrière la vieille ferronnerie

    Traine un fusil plus grand que lui.

    Tu ne quittes ta maison

    Que quand ta maison ne te permet plus de rester.

    Personne ne quitte sa maison

    À moins que sa maison ne le chasse

    Le feu sous les pieds

    Le sang qui bouillonne dans le ventre.

    Tu n’y avais jamais pensé

    Jusqu’à sentir les menaces brûlantes de la lame

    Contre ton cou.

    Et même alors tu conservais l’hymne national

    À portée de souffle

    Ce n’est que quand tu as déchiré ton passeport

    Dans les toilettes d’un aéroport

    En t’étranglant à chaque bouchée de papier

    Que tu as su que tu ne reviendrais plus.

    Il faut que tu comprennes,

    Que personne ne pousse ses enfants dans un bateau

    A moins que la mer te semble plus sûre que la terre.

    Personne ne brûle ses paumes

    Suspendu à un train

    Accroché sous un wagon

    Personne ne passe des jours et des nuits dans le ventre d’un camion

    Avec rien à bouffer que du papier journal

    À moins que chaque kilomètre parcouru

    Compte plus qu’un simple voyage.

    Personne ne rampe sous des barrières

    Personne ne veut être battu

    Ni recevoir de la pitié.

    Personne ne choisit les camps de réfugiés

    Ni les fouilles à nu

    Qui laissent ton corps brisé

    Ni la prison

    Mais la prison est plus sûre

    Qu’une ville en feu

    Et un seul garde

    Dans la nuit

    C’est mieux que tout un camion

    De types qui ressemblent à ton père.

    Personne ne peut le supporter

    Personne ne peut digérer ça

    Aucune peau n’est assez tannée pour ça.

    Alors tous les :

    « À la porte les réfugiés noirs

    Sales immigrants

    Demandeurs d’asile

    Qui sucent le sang de notre pays,

    Nègres mendiants

    Qui sentent le bizarre

    Et le sauvage,

    Ils ont foutu la merde dans leur propre pays

    Et maintenant ils veulent

    Foutre en l’air le nôtre »

    Tous ces mots-là

    Ces regards haineux

    Ils nous glissent dessus

    Parce que leurs coups

    Sont beaucoup plus doux

    Que de se faire arracher un membre.

    Ou les mots sont plus tendres

    Que quatorze types entre tes jambes.

    Et les insultes sont plus faciles

    À avaler

    Que les gravats

    Que les morceaux d’os

    Que ton corps d’enfant

    Mis en pièces.

    Je veux rentrer à la maison

    Mais ma maison est la gueule d’un requin

    Ma maison est le canon d’un fusil.

    Et personne ne voudrait quitter sa maison

    À moins d’en être chassé jusqu’au rivage

    À moins que ta propre maison te dise :

    Cours plus vite

    Laisse tes vêtements derrière toi

    Rampe dans le désert

    Patauge dans les océans

    Noie-toi

    Sauve-toi

    Meurs de faim

    Mendie

    Oublie ta fierté

    Ta survie importe plus que tout.

    Personne ne quitte sa maison

    A moins que ta maison ne chuchote grassement à ton oreille :

    Pars

    Fuis-moi.

    Je ne sais pas ce que je suis devenue

    Mais je sais que n’importe où

    Vaut mieux qu’ici

     

     Traduction  le Boojum

     

     

  • Ouanessa Younsi

    Tu n’as jamais pensé en faire un métier. Écrire était ta façon maladroite de rester en lien avec toi, de ne pas perdre, sous ta capacité au faux self, la part de toi qui demeurait un jardin. Grâce au poème, tu as conservé une joie, le sentiment d’exister, d’être créatrice. Sous la mort et le mot, tu répondais vivante.

     

    in Lettres aux jeunes poétesses

     

     

  • Andrei Tarkovsky

    Le poète est un homme qui a l'imagination et la psychologie d'un enfant. Sa perception du monde est immédiate, quelles que soient les idées qu'il peut en avoir. Autrement dit, il ne décrit pas le monde, il le découvre.

     

    in Le Temps scellé

     

     

  • Amina Saïd

    nous étions l’oiseau blanc

    qui porte le nuage entre ses ailes

    nous étions le vol et l’oiseau

    fendant le ciel du regard

    quand s’abolit la distance

    et que renaît le feu

     

    in soleil à son lever 

     

     

     

     

  • Véro Ferré

     

     
     
    Briser la gangue des douleurs passées,
    Ôter délicatement les peaux de tristesse,
    N’en garder qu’une digne retenue,
    L’espoir doux d’une possible renaissance.
    Raffermir légèrement le fragile,
    Irriguer intensément ce qui palpite,
    Ressentir à nouveau la soif,
    S’ouvrir à la vie qui frémit.
    Alors prendre le risque de toi,
    De l’effraction de toi en moi,
    De l’étonnement et la faim de toi,
    D’un lien ineffable qui fait émoi.
    Oser t’offrir ma nudité essentielle,
    Celle qui donne à voir bien au delà,
    Me frotter à ton intangible, à tes secrets,
    À tout ce qui se tait en toi.
    Accueillir la merveilleuse urgence de t’aimer...
     
    Septembre 2020
     
     
     
     
     
     
  • Thierry Metz

     

    Un homme marche dans les feuilles,
    non loin du pavillon. Il se déplace si
    lentement, avec tant de précautions
    qu’il ne s’aperçoit pas qu’un arbre le
    suit.


    in L’homme qui penche

     

     

     

  • Thierry Metz

     Demande au veilleur là-haut
    sur sa branche
    parmi les lucioles
    dans la braise des mots
    dans le presque rien d’écrire
    il sait – lui- l’attardé
    que son aujourd’hui
    dorsale de l’ailleurs
    n’a pas d’autre horizon que sa langue
    où l’éclair se dénude


    in Sur la table inventée