Victor Hugo
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La liberté extérieure que nous atteindrons dépend du degré de liberté intérieure que nous aurons acquis. Si telle est la juste compréhension de la liberté, notre effort principal doit être consacré à accomplir un changement en nous-même.
Un moineau blessé ne pleure pas. C’est peut-être pour cela que nous sommes si peu à nous attarder, nous passons devant l’évènement, le drame bientôt est derrière nous. Une question de dimension. Les vies miniatures nous concernent-elles ? Nous avons si souvent tendance à confondre le petit et le lointain. A moins d’être un enfant, aussitôt à genoux, dans la panique du cœur. A moins de n’avoir pas grandi nous-mêmes, d’être encore et à jamais justement des enfants ; remontent alors les urgences oubliées : lâcher la main raisonnable qui nous entraîne, faire des nôtres un nid maladroit, chercher une boîte à tapisser de feuilles, de tissu ou de coton. Un moineau blessé ne vole plus. Il est à terre. Et si nous le quittons pour lever les yeux, que voyons-nous d’autre que le ciel qui semble descendre pour l’ensevelir, et notre enfance avec lui ?
in Chroniques incertaines
L’espace nous est donné sans limites. Je ne parle pas de la caverne aux étoiles mais des lointains sur terre où sont nos équipages, de ce désir à perte de vue qui a goût de poussière, de pierre à feu, qui a goût d’autre temps et de sueur mêlés.
L’instant nous est donné sans partage. Je ne parle pas du sablier jeté contre le mur mais du réel soudain plus vaste dans une herbe qui tremble, sous le sabot d’un cheval, au fond d’un puits saturé de sel.
Rêve ça veut dire
aile de sommeil en cire
qui s'éprend du soleil et fond,
feuilles en équilibre admirable
qui paraissent posées sur les branches
alors qu'on voit bien
qu'il n'y a pas d'arbre,
c'est entendre chanter des oui par milliers
dans la gorge du non.
- Qu'est-ce que je fais dans cette société de merde ?
- la merde est un engrais : enfonce en elle tes propres graines.
in Le livre de la Genèse de poche
L'homme a un corps, c'est pourquoi le malheur a prise sur lui. S'il n'en possédait point, quel événement pourrait le frapper ? C'est pourquoi, à celui qui se soucie des autres autant que de lui-même on peut confier le monde. Seul celui qui aime les autres autant que lui-même est digne de les gouverner.
Sous la porte de corne
du grand jardin privé
d'un dieu qui me rend chèvre
je rêve pour de faux :
J'ai du corbeau dans l'âme
un peu de neige au bec
des plumes dans les manches
du goudron dans la voix
du cabot dans le cœur
du flair dans le flacon
un beau collier sans laisse
un os sous le manteau
du chat dans le regard
du velours sous le coude
les griffes du silence
au creux des poings bavards
du renard dans l'approche
des fuites dans la gorge
du vent dans le pelage
de la pluie sous la langue
J'ai du corbeau dans l'âme
du cabot dans le cœur
du chat dans le regard
du renard dans l'approche
et un loup sous le masque
in Vie du poème