Un moineau blessé ne pleure pas. C’est peut-être pour cela que nous sommes si peu à nous attarder, nous passons devant l’évènement, le drame bientôt est derrière nous. Une question de dimension. Les vies miniatures nous concernent-elles ? Nous avons si souvent tendance à confondre le petit et le lointain. A moins d’être un enfant, aussitôt à genoux, dans la panique du cœur. A moins de n’avoir pas grandi nous-mêmes, d’être encore et à jamais justement des enfants ; remontent alors les urgences oubliées : lâcher la main raisonnable qui nous entraîne, faire des nôtres un nid maladroit, chercher une boîte à tapisser de feuilles, de tissu ou de coton. Un moineau blessé ne vole plus. Il est à terre. Et si nous le quittons pour lever les yeux, que voyons-nous d’autre que le ciel qui semble descendre pour l’ensevelir, et notre enfance avec lui ?
in Chroniques incertaines