María José Llergo - Me Miras Pero No Me Ves
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Poème que je traîne depuis longtemps, publié enfin dans le tout récent Pandémonium II... certains d'entre vous se souviennent peut être, ce fut pour moi toute gamine, la prise de conscience sur les limites du journalisme... et de ce qu'on appelle "information"...
texte de cathy garcia ill. Omayra Sánchez d'après Frank Fournier
zone dévastée
tôles flottantes
torrents glissements
zone engloutie
la gamine ne peut dire mot
émettre un son
sa bouche envasée
sa langue d’eau
souillée
ses yeux noirs
si noirs
personne
plus que fange
pour la prendre dans ses bras
et ses grands yeux noirs
fixent la caméra
le journaliste étranger
qui l’immortalisera
quelques minutes
à l’autre bout du monde
quelques minutes
d’apitoiement
entre fromage
et dessert
paru dans Pandemonium II
Publié en ligne avec mon accord par Au hasard des connivences :
http://auhasarddeconnivences.eklablog.com
Vous serez vraiment libres non pas lorsque vos jours seront sans soucis et vos nuits sans désir ni peine,
Mais plutôt lorsque votre vie sera enrobée de toutes ces choses et que vous vous élèverez au-dessus d'elles, nus et sans entraves.
Et comment vous élèverez-vous au-dessus de vos jours et de vos nuits sinon en brisant les chaînes qu'à l'aube de votre intelligence vous avez nouées autour de votre heure de midi ?
En vérité, ce que vous appelez liberté est la plus solide de ces chaînes, même si ses maillons brillent au soleil et vous aveuglent.
Et qu'est-ce sinon des fragments de votre propre moi que vous voudriez écarter pour devenir libres ?
Si c'est une loi injuste que vous voulez abolir, cette loi a été écrite de votre propre main sur votre propre front.
Vous ne pourrez pas l'effacer en brûlant vos livres de lois ni en lavant les fronts de vos juges, quand bien même vous y déverseriez la mer.
Et si c'est un despote que vous voulez détrôner, veillez d'abord à ce que son trône érigé en vous soit détruit.
Car comment le tyran pourrait-il dominer l'homme libre et fier si dans sa liberté ne se trouvait une tyrannie et dans sa fierté, un déshonneur ?
Et si c'est une inquiétude dont vous voulez vous délivrer, cette inquiétude a été choisie par vous plutôt qu'imposée à vous.
Et si c'est une crainte que vous voulez dissiper, le siège de cette crainte est dans votre coeur, et non pas dans la main que vous craignez.
En vérité, toutes ces choses se meuvent en votre être dans une perpétuelle et demi-étreinte, ce que vous craignez et ce que vous désirez, ce qui vous répugne et ce que vous aimez, ce que vous recherchez et ce que vous voudriez fuir.
Ces choses se meuvent en vous comme des lumières et des ombres attachées deux à deux.
Et quand une ombre faiblit et disparaît, la lumière qui subsiste devient l'ombre d'une autre lumière.
Ainsi en est-il de votre liberté qui, quand elle perd ses chaînes, devient elle-même les chaînes d'une liberté plus grande encore.
Ne fais pas attention à moi. Je viens d'une autre planète.
Je vois toujours des horizons où tu dessines des frontières.
dans la brèche
laisser couler le miel
l'âme est une abeille
cg in Des volcans sur la lune
quelque chose qui semble indestructible
pour avoir déjà été totalement détruit
c’est un sentiment lumineux, étonnant
mais sur lequel on ne peut s’appuyer
un peu comme un vent mêlé de lumière
cg in Le baume, le pire et la quintessence
Merci à jlmi et son Musée Improbable
http://lemuseeimprobable.eklablog.com/
Je ne sais pas si cela vient de ce mois de septembre qui crépite de tensions, de nervosité ou de mon côté hyperactif, multitâche, de mon cerveau zébré en arborescence, de mon mental de Gémeaux capable de non seulement penser à plein de choses à la fois mais de les faire aussi simultanément, tout en réfléchissant, avec gourmandise, à toutes celles que j’ai envie de faire. Créer chez moi est compulsif, faire du lien aussi, transmettre, partager, pas étonnant que je me sois fait piéger par face de bouc.
Je ne sais cependant pas si c’est l’afflux incessant de sollicitations, de données, d’informations, de questions exigeant réponse instantanée, qui nous submergent via toutes les nouvelles technologies — et encore je n’ai pas de portable (je ne suis pas loin de faire partie des derniers des Mohicans). Je ne sais pas si cela vient des individualités de plus en plus selfisées, de la paperasse à n’en plus finir, pire quand elle est dématérialisée, avec ce tsunami d’identifiants, de codes, de mots de passe, de captcha (attention, marque commerciale déposée) et paradoxalement d’un manque croissant de professionnalisme — wow, j’ai vraiment utilisé ce terme ? — en tous les domaines, car peu importe comment et pourquoi les choses sont faites, ce qui compte c’est le fric, le fric, le fric et les plus pauvres de ramer et suer après ou sombrer dans une hyperactivité pathologique (devrais-je consulter ?) et pour bien d’autres, les « élus », c’est le fricot, le régal, la bombance. Ceux-là aussi sont en Enfer, comme Tantale, mais ils ne le savent pas, tant il leur est doux de se gaver, mais plus ils en ont et plus ils en veulent, jamais rassasiés et la planète n’est pas assez vaste, pas assez nutritive pour leur goinfrerie. S’ils aimaient manger de la chair humaine, c’est certain, ils nous dévoreraient littéralement.
Je ne sais pas si c’est le fait que tant de mes convictions profondes, et qui ne datent pas d’hier, soient aujourd’hui à la une des médias et alors que je devrais m’en réjouir, j’ai pourtant l’impression que cela fait surtout du bruit, de la mode, du tweet et que la meilleure des intentions est récupérée, détournée, avant même d’avoir été énoncée. Je ne sais pas si c’est la sensation de vivre de plus en plus dans un gros fake, une cauchemardesque fête foraine, bien que je fasse partie de celles et ceux — il y en a — qui sont descendu-e-s du manège depuis longtemps.
Bref, je suis fatiguée et je voulais donc dire que je faisais pour ce numéro, une grève d’édito ! Trop tard ? C’est tout moi, incapable de ne pas faire les choses, surtout quand personne ne m’oblige à les faire. Mais j’avoue, encore une fois, ce fut un plaisir de m’adresser à vous, je suis descendue du manège mais pas du bateau, alors ramons les amis, ramons ensemble et chantons, chantons avec nos voix, nos mots, nos poumons, nos tripes. Et apprécions le silence qui suit, le vrai silence : celui qui nous permet de sentir le battement de nos cœurs à l’unisson. Tant qu’on le peut encore.
C.G.
Il faut faire attention : avoir le vent en poupe, c'est l'avoir dans le cul.
Pierre Peuchmaurd in Fatigues
Sommaire et plus : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com