Ilka Hartmann - Alcatraz occupation, San Francisco - 1969-1971
Red Power salute on the Alcatraz docks (1971)
11 juin 1971
John Trudell at the Senator Hotel
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Red Power salute on the Alcatraz docks (1971)
11 juin 1971
John Trudell at the Senator Hotel
La bispiritualité (two-spirit en anglais) est un terme dérivé d’un concept anishinaabeg (ojibwé) appelé niizh manidoowag, qui réfère aux personnes s’identifiant comme ayant un esprit masculin et un esprit féminin.
La bispiritualité (two-spirit en anglais) est un terme dérivé d’un concept anishinaabeg (ojibwé) appelé niizh manidoowag, qui réfère aux personnes s’identifiant comme ayant un esprit masculin et un esprit féminin. L’activiste Albert McLeod développe le terme anglais en 1990 pour désigner la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle, transgenre et allosexuelle (LGBTQ) autochtone (voir Droits des lesbiennes, des gais, des bisexuels et des transgenres au Canada). Le terme « bispirituel »est utilisé par certaines personnes autochtones pour décrire leur identité sexuelle, spirituelle et de genre.
Utilisation du terme à l’ère précoloniale
Si les termes varient parfois au point de vue historique et selon les différentes cultures autochtones, ils désignent toujours des caractéristiques que l’on attribue aux personnes bispirituelles, soit la variance de genre, l’attraction envers le même sexe, l’identité spirituelle et l’adoption de rôles spécialisés en ce qui a trait au travail.
La bispiritualité est utilisée de façon courante pour faire référence à l’identité de genre et au rôle et à la tenue traditionnels choisis. Chez les Cris, les termes napêw iskwêwisêhot et iskwêw ka napêwayat désignent de façon respective les hommes qui portent les habits féminins et les femmes faisant de même avec les habits masculins. En langue siksika (pied-noir), le termeaakíí’skassi est attribué aux hommes qui performent des activités associées aux femmes comme la vannerie et la poterie. De façon similaire, les Ktunaxas (Kootenays) appellent titqattek les femmes qui occupent des rôles perçus comme masculins, tels que ceux de guérisseur, de chasseur et de guerrier. Une des personnes bispirituelles les plus connues est We’wha (1846-1896), du Nouveau-Mexique, qui s’identifie comme étant de genre féminin. On la décrit comme Ihaman, ou « de genre mixte », en langue zunie. Dans une foule de cultures autochtones, ce sont le tempérament, le rôle au niveau du travail, la tenue et le mode de vie qui distinguent les personnes bispirituelles des hommes et des femmes.
Dans certains cas, le terme réfère de façon précise à la sexualité, comme dans la phrase micmaque Geenumu Gessalagee, qui signifie « il aime les hommes ». Malgré tout, les personnes bispirituelles ne se voient pas comme homosexuelles pour autant et l’on considère comme hétéronormatives les relations entre personnes bispirituelles et non-bispirituelles. Bien que les colons européens cantonnent le terme à l’homosexualité et qu’aujourd’hui le terme puisse servir à décrire cette orientation sexuelle, l’histoire nous apprend que les personnes bispirituelles refusent souvent de s’identifier selon les étiquettes hétéro ou homosexuelle.
Enfin, la bispiritualité sert aussi à désigner l’identité spirituelle. Dans plusieurs communautés autochtones, on croit souvent que les personnes bispirituelles communiquent, par l’intermédiaire de rêves et de visions, avec des forces surnaturelles. En tant que telles, elles occupent souvent des rôles spirituels spéciaux, comme ceux de chamans, de guérisseurs ou chef spirituel (voir Autochtones : religion). De tout temps, les personnes bispirituelles sont aussi gardiennes des traditions et conteuses des histoires de la création et, de ce fait, de grandes sources de connaissances.
Autrefois, la bispiritualité représentait une identité et un rôle complexes. Aujourd’hui, le concept permet aux personnes bispirituelles de renouer avec les traditions liées à l’identité spirituelle et de genre, à la préférence sexuelle et aux rôles conventionnels.
Traditions bispirituelles après la colonisation
Du XVIIe au XIXe siècle, les missionnaires et explorateurs européens documentent souvent leurs interactions avec les personnes bispirituelles, prouvant l’endurance des traditions autochtones après le contact avec les Européens. L’explorateur britannique Alexander Henry, de la Compagnie de la Baie d’Hudson, décrit dans son journal une personne bispirituelle appelée Ozaw-wen-dib comme étant « un curieux mélange entre homme et femme ». Dans ses notes de voyage, David Thompson, de la Compagnie du Nord-Ouest, parle de sa rencontre avec Kaúxuma Núpika, une femme qui, aux dires de David Thompson, « dit avoir changé de sexe et être désormais un homme, s’habille et s’arme comme tel, en plus d’avoir pris une jeune femme pour épouse. »
Dans leurs écrits, les missionnaires et explorateurs utilisent souvent le terme berdache pour parler de bispiritualité, un terme qui désigne dans l’histoire le plus jeune partenaire dans une relation homosexuelle avec un écart d’âge important. Dès le début du XXe siècle, berdache devient le terme anthropologique accepté pour désigner les personnes bispirituelles. Avec le temps, toutefois, il devient synonyme d’homosexualité masculine et aujourd’hui, en général, est considéré comme désuet et offensant.
Au tournant du XIXe siècle, on rend de moins en moins compte de la bispiritualité. En effet, la colonisation, les missions chrétiennes et les outils d’assimilation culturelle comme le système des pensionnats en viennent à museler les traditions bispirituelles de certaines communautés autochtones.
Utilisation contemporaine du terme
Au début des années 1990, dans un effort pour se réapproprier leurs traditions, les Autochtones cherchent un mot ou une phrase provenant de leur communauté pour remplacer le terme berdache. Bien qu’il existe une foule de termes en diverses langues autochtones pour décrire le troisième et le quatrième genre (les hommes femmes et les femmes hommes) et l’homosexualité, ils cherchent un terme contemporain qui pourrait être utilisé par le grand public.
Lors de la troisième édition annuelle de la Intertribal Native American, First Nations, Gay and Lesbian American Conference, tenue en 1990 à Winnipeg, au Manitoba, l’activiste Albert McLeod propose le terme anglais two-spirit. Le terme est bien reçu par les participants à la conférence et gagne vite en popularité parmi les Autochtones pour désigner leur communauté LGBTQ. Certains organismes bispirituels parlent même des communautés LGBTQ2S ou LGBTTIQQ2S (lesbienne, gaie, bisexuelle, transsexuelle, transgenre, intersexuée, allosexuelle, en questionnement et bispirituelle) pour intégrer la bispiritualité dans le large spectre des identités sexuelles et de genre.
Sensibilisation aux LGBTQQ2S
Depuis les années 1990, la sensibilisation au sujet des personnes bispirituelles augmente, tant au sein des communautés autochtones qu’auprès du grand public. Des organismes comme National Confederacy of Two-Spirit Organizations (NC2SO) et la Northeast Two-Spirit Society (maintenant connue sous le nom East Coast Two Spirit Society ou EC2SS) cherchent à éduquer le public par rapport aux traditions bispirituelles, en plus d’offrir du soutien aux personnes autochtones LGBTQ. En janvier 2013, NC2SO et EC2SS créent un annuaire de tous les groupes bispirituels au Canada et aux États-Unis.
Malgré les efforts de sensibilisation, la communauté bispirituelle continue d’être victime de discrimination sexuelle et de genre et de violence dans les villes et les communautés n’acceptant pas ce mode de vie. En 2001, Fred Martinez, un Navajo transgenre de 16 ans, est battu à mort près de Cortez, au Colorado. Le film Two Spirits (2011) documente cette tragédie, tout en explorant l’histoire des identités LGBTQ dans la culture autochtone. Le cas du jeune Fred Martinez ne fait hélas pas figure d’exception. En effet, Dolan Bagder, activiste dans la lutte contre le VIH-sida et bispirituel affirmé est lui aussi victime de meurtre, le 12 janvier 2013 à Edmonton, en Alberta. Ces deux exemples, parmi tant d’autres histoires tragiques, alimentent les débats sur les droits de la communauté LGBTQ tant au Canada qu’aux États-Unis (voir Droits des lesbiennes, des gais, des bisexuelles et des transgenres au Canada).
En 2013, à la veille de la Journée nationale des Autochtones et de la World Pride à Toronto, Egale Canada Human Rights Trust, seule organisation caritative au Canada à promouvoir les droits des LGBTQ par l’intermédiaire de la recherche, de l’éducation et de l’implication communautaire, annonce le lancement du programme Two Spirits, One Voice. Conçu par des personnes bispirituelles canadiennes, ce programme vise à « renforcer le soutien du public aux communautés autochtones et à sensibiliser les jeunes, les autorités policières et les prestataires de services communautaires aux rôles historiques et contemporains des personnes bispirituelles au Canada. » Le programme donne enfin une tribune à ces dernières, en plus de les aider à renouer avec leurs traditions et à faire des communautés autochtones et des espaces urbains des endroits plus sécuritaires pour elles.
Revendiquer l’identité bispirituelle
Un des aspects majeurs du mouvement bispirituel consiste à lutter pour un retour aux traditions de l’ère précoloniale. Des groupes de soutien aux Autochtones aident les personnes bispirituelles en leur offrant des conseils de la part d’Aînés et en matière de santé et l’occasion de participer à des cercles de partage, groupes de discussions où les participants peuvent exprimer leurs émotions et raconter leurs expériences sans peur d’être jugés. Dans plusieurs communautés, l’art est aussi devenu un élément important du processus de partage et de revendication. En effet, les personnes bispirituelles trouvent dans l’art un moyen de communiquer leur identité, leurs traditions et leurs histoires avec les personnes non bispirituelles.
Le renommé artiste cri Kent Monkman donne d’ailleurs une voix sans précédent aux personnes bispirituelles dans son art, en traitant de l’homosexualité et des façons dont les Autochtones sont dépeints par les artistes du XIXe et du XXe siècle. À travers ses représentations de l’homosexualité, Kent Monkman partage aussi des histoires, des traditions et des points de vue autochtones qui ont disparu sous l’influence du colonialisme et de la religion chrétienne. Afin d’exagérer les tendances « égocentriques » des peintres du XIXe siècle, Kent Monkman se crée en 2010 un alter ego travesti, Miss Chief Eagle Testickle, qui deviendra un personnage récurrent dans ses peintures, ses vidéos et ses performances. L’art de cet artiste, par les thèmes qu’il aborde, est une réelle source d’inspiration pour ceux et celles qui cherchent à promouvoir et à renouer avec les traditions bispirituelles.
Pour certaines personnes bispirituelles, le travestisme est une bonne façon d’explorer et d’exprimer la dualité de leur identité. À titre d’exemple, l’entrepreneur Massey Whiteknife, un membre de la Première Nation crie Mikisew propriétaire d’une entreprise dans les sables bitumineux de la région subarctique albertaine, s’identifie aussi comme la chanteuse de karaoké ICEIS Rain. D’après lui, c’est cette dernière qui lui permet de surmonter son passé marqué par l’intimidation et l’abus sexuel. ICEIS Rain gagne en notoriété en 2013, grâce à ses performances dans le documentaire canadien Oil Sands Karaoke. Depuis, l’artiste a lancé un premier album, The Queen, une compilation de ballades et de chansons country rock encourageant la communauté LGBTQ2S à s’affirmer et à s’accepter. En 2014, l’album est mis en nomination pour les prix du meilleur nouvel artiste et du meilleur album rock aux Aboriginal People’s Choice Music Awards (maintenant appelé Indigenous Music Awards). ICEIS Rain est aussi la première artiste bispirituelle à avoir offert une prestation sur la scène de cette remise de prix.
Dans les dernières années, les traditions et identités bispirituelles font aussi l’objet de certaines productions cinématographiques. C’est le cas du documentaire First Stories – Two Spirited, produit en 2007 par l’Office national du film du Canada, qui traite des difficultés de la vie bispirituelle. La réalisatrice Sharon A. Desjarlais raconte en effet l’histoire de Rodney « Geeyo » Poucette, une personne bispirituelle qui lutte pour faire accepter son identité au sein de sa communauté. Fire Song (2015), du réalisateur cri-métis Adam Garnet Jones, explore aussi les obstacles liés au fait d’être bispirituel. Dans le récit, Shane (Andrew Martin), un jeune Anishinaabe, doit choisir entre rester dans sa communauté ou affronter le monde au-delà de sa réserve.
À travers différents arts, les membres de la communauté bispirituelle parviennent à communiquer des points de vue et des traditions de l’ère précoloniale, tout en mettant en relief leur histoire personnelle et leur identité.
Importance du mouvement
Les organisations et les personnes bispirituelles, tout autant que la création du terme bispiritualité, marquent le retour à une culture autochtone traditionnelle qui reconnaît plus de deux genres. Comme le dit l’activiste et éducateur malécite (welustuk) Jeremy Dutcher à la veille de la World Pride à Toronto, « il existait une longue tradition d’acceptation des personnes bispirituelles ici sur l’île de la Tortue [l’Amérique du Nord] avant que n’arrivent les colons européens. » Ce dernier, qui est aussi coordonnateur du programme Two Spirits, One Voice, poursuit : « La fierté revient dans nos communautés. » Partout en Amérique du Nord, les organisations bispirituelles continuent leur travail acharné, sensibilisant les gens à propos des communautés LGBTQ2S.
Source : https://www.encyclopediecanadienne.ca/fr/article/two-spirit/
merci à Voix Dissonantes
LES_POETES_2018-02-08 - jean miche tartayre.wma
dans son émission Poètes.fr du 8 février sur radio Occitania
http://les-poetes.fr/emmission/emmission.html
éditions Liana Levi, 24 août 2017
340 pages, 22 euros.
Dans le quartier du Marais à Paris, encore parsemé de quelques rares vestiges de l’enceinte médiévale du XIIe siècle, on trouve une rue nommée Ave-Maria, mais au XIVe siècle, cette rue s’appelait la rue des Béguines. Aline Kiner y a remonté le temps sur les traces infimes d’un clos disparu et quasi oublié, le grand béguinage royal de Paris, fondé par et sous la protection de Saint-Louis.
« En ce lieu, et dans les quartiers alentours, ont vécu durant près d’un siècle des femmes remarquables. Inclassables, insaisissables, elles refusaient le mariage comme le cloître. Elles priaient, travaillaient, étudiaient, circulaient dans la cité à leur guise, voyageaient et recevaient des amis, disposaient de leurs biens, pouvaient les transmettre à leurs sœurs. Indépendantes et libres. »
Les béguines ne prononcent pas de vœux et n'avaient donc pas à répondre de leurs actes devant une autorité ecclésiastique.
Le roman commence en 1310 et couvre une période de cinq ans. Il commence exactement le 1er juin 1310, le jour où fut brûlée Marguerite Porète, la béguine errante, poétesse, mystique, esprit fin et libre, originaire de la région de Valenciennes, auteur de deux livres en langue d’oïl dont Le miroir des âmes simples et anéanties. Ce livre a déjà subi un autodafé des années auparavant sur la grande place de Valenciennes, mais une copie demeure entre les mains d’un vieux franciscain très proche de Marguerite. Cette dernière, qui ne reniera jamais sa pensée et ses écrits, est la première femme à monter sur le bûcher, Place de Grève.
Philippe le Bel, petit-fils de Saint-Louis, est un roi de plus en plus rigide et fanatique, il presse le pape Clément V de se joindre à sa chasse aux hérétiques, tels les Vaudois ou les membres du Libre-Esprit, chasse qui était peut peut-être aussi (et surtout) une bonne façon de se débarrasser définitivement des Templiers et de saisir leurs biens pour renflouer les caisses du royaume. Ces derniers subissent un véritable acharnement et seront exterminés jusqu’au dernier avec pour inquisiteur, un dominicain, Guillaume de Paris. Les procès s’enchaînent, toutes sortes d’aveux jusqu’aux plus invraisemblables sont soutirés par la « mise à la question » et l’étau se resserre imperceptiblement mais sûrement sur les béguines.
L’auteur nous plonge dans le quotidien en cette période très troublée, de quelques-unes des centaines de béguines de Paris, avec un souci du détail qui donne à voir et à sentir littéralement la vie, les couleurs et les odeurs de la fourmillante cité médiévale. Non seulement à l’intérieur du clos mais aussi dans les autres quartiers et leurs labyrinthes de ruelles.
Dans celui des tisserands, Jeanne de Faut a monté sa propre activité, une maison de la soie, rue Troussevache. Un atelier de confection avec échoppe et plusieurs autres échoppes encore qui permettent à de nombreuses femmes de travailler et de conserver leur indépendance. Certaines béguines vivent à l’intérieur du béguinage, soit en commun, soit en petit logis indépendant, d’autres vivent à l’extérieur, chacune fait comme bon lui semble, mais que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du clos, leur appartenance à la communauté leur assure à la fois indépendance et protection et elles échappent à toute domination masculine. L’appui du roi leur est cependant essentiel, sans quoi leur statut peu conventionnel ne manquerait pas d’éveiller toute sorte de suspicions.
Aline Kiner nous fait partager de façon très réaliste, très vivante, ces existences de femmes à part, précurseuses méconnues des féministes, bénéficiant d’une liberté peu commune pour l’époque et pour les siècles qui suivront, des femmes célibataires ou veuves, qui s’entraident les unes les autres, avec leurs désirs, leurs douleurs, chacune portant son histoire, son passé, ses cicatrices. Les connaissances des béguines sont souvent étendues et précieuses.
Ysabel est une femme robuste originaire du Berry, déjà d’un certain âge, elle est herboriste et avait tout appris de Leonor, sa grand-mère, une noble dame qui ne pouvait s’afficher guérisseuse, ni apothicaire parce que femme. Ysabel riche de son savoir, travaille dans les jardins, s’occupe d’aller cueillir les simples et officie à l’hôpital du béguinage où elle soigne les malades, très nombreux à la mauvaise saison. Les hivers sont de plus en plus rudes et la proximité de la Seine apporte beaucoup d’humidité et d’insalubrité à la cité médiévale déjà pleine de miasmes.
Ade, une belle veuve lettrée aspire à la solitude, vivant en retrait de la communauté dans un des logis indépendants, elle y enseigne cependant la lecture et l’écriture. Maheut la rousse débarque un matin à l’aube à la porte du béguinage, en piteux état. Nul ne sait qu’elle est d’une lignée noble et fuit un mariage forcé, elle-même ne sait pas encore qu’elle en porte le fruit. Un certain Humbert, franciscain, est à sa recherche, il faudra la cacher hors du béguinage.
Les saisons passent et l’atmosphère est de plus en plus lourde, oppressante, les derniers Templiers sont exécutés, le sort des béguines est suspendu au concile de Vienne.
« — Ils nous tirent vers la noirceur. (…) La nuit des béguines va tomber. »
Aline Kiner nous décrit donc les derniers années du béguinage de Paris, dans un roman minutieusement et passionnément documenté, un bel hommage intemporel aussi à cette communauté dont la mémoire a été injustement effacée, alors qu’elle a pourtant su traverser les siècles jusqu’à nos jours dans les Flandres, là où tout avait commencé et où une Bulle papale l’a protégée tant et si bien que la dernière des béguines s’est éteinte à Courtrai en 2013. Elle avait 92 ans, elle s’appelait Marcella Pattyn.
Une lecture conseillée en complément de La nuit des béguines, le très beau roman du québécois Jean Bédard : Marguerite Porète – L’inspiration de Maître Eckart (vlb éditeur, 2012)*.
Cathy Garcia
Aline Kiner est née en Moselle et vit à Paris. Elle est rédactrice en chef des hors-séries du magazine Sciences et Avenir. Passionnée par l’histoire, et en particulier le Moyen Âge, elle publie en 2004 aux Presses de la Renaissance La Cathédrale, livre de pierre. Aux éditions Liana Levi, elle est l’auteur de deux autres romans : Le Jeu du pendu (2011) et La Vie sur le fil (2014).
Une interview de l’auteur à propos de ce livre ici :
https://www.youtube.com/watch?v=qst3wLWZINM
* http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2017/12/15/marguerite-de-porete-de-jean-bedard.html