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CATHY GARCIA-CANALES - Page 584

  • Paul Sérusiers - Les temps - 1919

    Paul Sérusier les temps-1919.jpg

     

    avant qu’il ne faille démêler

    dans la chambre d’automne

    le pelage et les ronces

    le miroir aux corneilles

    et les linges souillés

    il nous faudra suivre

    le sentier de cire

    trouver la gâtine

    où l’on a brûlé les lucioles

    de nos crânes roussis

     

    cg "Les temps de morts" (extrait)

    in Aujourd'hui est habitable

     

     

     

     

  • Albert Camus

     

    Quelque chose en nous a été détruit par le spectacle des années que nous venons de passer. Et ce quelque chose est cette éternelle confiance de l'homme, qui lui a toujours fait croire qu'on pouvait tirer d'un autre homme des réactions humaines en lui parlant le langage de l'humanité. Nous avons vu mentir, avilir, tuer, déporter, torturer, et à chaque fois il n'était pas possible de persuader ceux qui le faisaient de ne pas le faire, parce qu'ils étaient sûrs d'eux et parce qu'on ne persuade pas une abstraction, c'est-à-dire le représentant d'une idéologie.

     

     

     

  • Nikita Veprikov

    Nikita Veprikov .jpg

     

    Tout se résume à la souffrance. Dieu est amnésique, Dieu égaré dans ses milliards de reflets ne se souvient plus de lui-même mais une étincelle en chacun de nous se souvient de ses origines. Celle antérieure à la séparation, à la temporalité, à la mort car nous y sommes, c’est maintenant que nous vivons notre mort.

    Nous mourrons depuis le premier jour de notre conception, c’est inscrit dans nos cellules.

     

    cg in Journal 1999

     

     

  • 3000 € de Thomas Melle

      

    traduit de l’Allemand par Mathilde Julia Sobottke

    Ed. Métailié, mars 2017

    3000-euros-melle-500x768.jpg

     

    190 pages, 18 €.

     

      

    Anton a eu ce qu’on pourrait appeler un accident de parcours, brillant étudiant en droit, il a comme on dit décroché, ses tentatives pour se rattraper en conduisant un taxi ont à peine ralenti la chute, une pente glissante bien arrosée à l’alcool. Denise est caissière, mère sexy et célibataire d’une fillette qui semble avoir quelques soucis de développement. 3000 €, c’est le montant de la dette d’Anton pour laquelle il est sur le point de passer en procès, intenté par les banques. Dette qui roule amasse beaucoup, moins il peut payer et plus le montant enfle. 3000 € c’est le paiement que Denise attend pour avoir tourner un film porno diffusé sur le net. Anton et Denise. Ils n’ont pas grand-chose à voir l’un avec l’autre, si ce n’est que chacun dit non à sa façon. Chez Anton, cela prend la forme de renoncements, d’une fuite en avant dans les rêves. Hébergé dans un foyer, il préfère dormir carrément dehors.

     

    Il a laissé faire. Laisser faire les choses, dans le cas d’Anton, ça équivaut à présent à une décision.

     

    Pour Denise, c’est lutter contre sa parano qui la fait paniquer et voir des regards lubriques qui savent, qui l’ont vue, à chaque client qui passe à sa caisse. Et l’argent qui n’arrive pas…

     

    Anton et Denise, une rencontre improbable. Un amour est-il possible sous la lumière crue d’un réel fade et impitoyable ? La loi de gravité qui ramène chacun à sa propre problématique, ce poids qui les emporte, s’il provoque parfois des collisions sentimentales, est cependant trop lourd pour comprendre l’autre, au sens « prendre avec ». Chacun tourbillonne sur sa trajectoire. Anton dans une autre vie n’aurait probablement jamais remarqué Denise et Denise doit se battre pour donner à sa propre vie et à sa fille ce qu’elle imagine être un avenir meilleur. Anton a déserté son destin, Denise voudrait échapper au sien, tous deux sont perdus sur leur propre ellipse. Une histoire banale en somme, une parmi tant d’autres, un portrait froid et lucide de la réalité sociale allemande d’aujourd’hui où rêver est dangereux. Pour 3000 €, il s’agit de savoir se vendre ou pas.

     

    Une mesure de contention peut-être ? Volontiers. Suppression de vos cotisations ? Oh oui, volontiers. Vous prendre bien un viol ? Très volontiers.

     

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    Thomas-Melle-©-Dagmar-Morath.jpgThomas Melle est né en 1975, il a étudié la littérature comparée et la philosophie à Tübingen et aux États-Unis, il est traducteur et écrivain. Il fait des débuts très remarqués en 2011 avec le roman Sickster (lauréat du Prix Franz-Hessel.) 3000 € a obtenu le Prix de littérature de la Ville de Berlin en 2014 et son nouveau roman publié en Allemagne a été finaliste du Prix du livre allemand 2016.