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CATHY GARCIA-CANALES - Page 691

  • Le ciel déposé là, Jean Baptiste Pedini

     

    Édition L’Arrière-Pays, juin 2016

     

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    54 pages, 9 €.

     

     

     

    Jean-Baptiste Pedini écrit comme un peintre, à petite touches, de bleu, de noir, d’aube et de lumière, avec des cristaux de sel et des étoiles qui traversent la nuit « à toute allure, suspendues à la tyrolienne du ciel », le ciel déposé là non sans quelques éraflures, angoisses, diffuses toujours, mais d’autant plus tenaces.

     

    « Les mots comme des entailles sur les nuages. On les dit à voix basse. On y tient. Le matin sort les griffes. »

     

    On retrouve ici la mer, dont le ressac donne le rythme, vide, plein, vide, plein. Dans l’écriture de Jean-Baptiste Pedini, il y a comme des trous sous la trame où quelque chose est tapi, quelque chose attend et cette sensation contraste avec la douceur apparente du peintre à petites touches. Le calme semble toujours sur le point d’accoucher.

     

    Il y a la musique des mots, enfilés les uns après les autres, les uns aux autres, des perles sur un collier aux reflets changeants, toutes aussi précieuses les unes que les autres et pas une de trop. C’est beau, comme des bulles qui « vont dans le ciel, reliées en un chapelet d’ombres ». Tellement beau qu’on se laisse bercer et que le sens qui demeure toujours un peu comme caché, voilé, nous importe moins que cette berceuse qui va chercher nos douleurs, nos malaises, tout ce qu’on ne sait pas trop dire alors on ne le dit pas, et la musique nous berce sans pour autant effacer totalement l’inquiétude.

     

    Il y a de la solitude dans l’écriture de Jean-Baptiste Pedini, une distance qui permet au regard de voir, de sentir, un pas de côté qui parle aussi à notre propre solitude, celle inhérente à la condition humaine, seule et reliée, comme ces perles sur le fil du collier. Le fil, l’âme qui respire sous l’eau du poème.

     

    Dans Le ciel déposé là, Jean-Baptiste prend la lumière au bout de ses pinceaux, « une lumière monocouche qui en recouvre tous les recoins » ou qui « entre goutte à goutte pour surprendre l’enfance » et l’ombre jaillit alors aussi de toute part car « la lumière est friable, l’obscurité la réconforte ».

     

    Un antidote au quotidien, cette lumière ocre que l’on prélève tel un sérum.

     

    Pour échapper à l’ennui peut-être, chaque instant est comme sacralisé, happé dans une transcendance alors que rien pourtant ne demeure figé, car il faut « vider le jour cul-sec. En sentir les dépôts tandis que la mort presse ».

     

    Cathy Garcia

     

     

    201607201223-full.jpgJean-Baptiste Pedini est né en 1984 à Rodez. Vit et travaille en région toulousaine. Publications dans de nombreuses revues dont Décharge, Voix d'encre, Arpa, N4728. Des livrets publiés chez Encres Vives, Clapàs, – 36° édition et La Porte. Bibliographie : Prendre part à la nuit (Polder, 2012), Passant l'été (Cheyne éditeur, Prix de la vocation, 2012), Pistes noires (éditions Henry, 2014), Plein phare, Éditions La Porte, 2015.

     

     

     

     

  • Thomas Vinau

     

    le décès instantané

    D’un petit matin frais

    Fauché en pleine course

    Par un quotidien trop pressé

     

    aux dernières nouvelles

    Le champ des possibles

    S’écoule encore de son ventre

    Sur la chaussée

     

     in Juste après la pluie

     

     

     

     

  • Daniel Biga

     

    La beauté perdue


    Je mangerai la terre et les racines j'avancerai sur le ventre lombric humain 
    j'ai une telle faim des éléments du Simple

    la vie du siècle m'écrase 
    la ville moderne me déchire

    aujourd'hui partout où je vais c'est dans la beauté perdue

    j'ai vu disparaître les rivières leurs sources et des fleuves même 
    rivages quais parcs profonds et tant de jardins subtils 
    allées promenades hameaux villages quartiers entiers 
    j'ai vu se bétonner des plaines des collines rasées 
    les voitures s'y garent sur l'Ombre animale des chevaux disparus

    la brutalité des hommes est énorme !

    pourtant 
    parfois 
    la tendresse d'un homme seul m'éblouit encore

     
    in Station du chemin