Michel Talon
Ta cigarette réveille le chat
Qui la détrousse.
Le musicien qui reste
Souffle les mouettes
Au téléphone, l’or des repentirs s’anime
in Jeune fille
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Ta cigarette réveille le chat
Qui la détrousse.
Le musicien qui reste
Souffle les mouettes
Au téléphone, l’or des repentirs s’anime
in Jeune fille
Dans les grands vaisseliers posés à l’horizon,
Trésors empilés dans l’ombre poudreuse,
Des frégates en flacon, des sirènes moisies,
Des métaux hérissés de couleurs vantardes.
Des tourbillons pétrifiés, des fugitifs à l’arrêt
Et de longs autobus vernis à la main.
Le poème
est un rapport inconnu
à la vérité
la mort aussi
le poème n'est pas la mort
mais il passe
par là
la mort
comme le poème
passe par là où l'on ne peut
qu'être seul
la mort est poétique
en ce qu'elle est sans retour
le poème
est la mort de la mort
Ne sachant basculer d’une réalité à une autre, je peux passer d’un temps à un autre. Passer du temps de l’homme au temps de l’arbre, au temps de la fleur, de la pierre, du papillon de nuit. Tous les temps sont à ma portée quand le temps devient un état d’esprit.
cg in Calepin paisible d'une pâtresse de poule
(Ed. Nouveaux Délits 2012)
moins on possède une culture authentique plus on a besoin de dépenser de l'argent pour se divertir le week-end ou pendant les vacances. Si personne ne vous apprend à vous créer des joies de l'intérieur, vous devez tout acheter au-dehors. Vous tombez alors dans l'échec dénoncé il y déjà des siècles par un sage taoïste : " L'erreur des hommes est d'essayer de réjouir leur coeur avec des choses, quand ce qu'ils doivent faire c'est réjouir les choses avec leur cœur. "
in Pour l'éducation
Je commence à prendre conscience du trésor immense qui est là, ma richesse, mes différences. J’apprends à faire confiance à mes intuitions. Sereinement. Je ne suis plus en guerre. Cette fameuse guerre qu’on se livre à soi-même. J’ai cherché des modèles, des maîtres à penser et c’est moi, ce fameux Surmoi, que j’ai rencontré. L’étincelle sacrée. Elle a parfois provoqué plus de gêne, de culpabilité que de bonheur mais voilà je suis prête. Prête à me planter à nouveau. Double sens au mot planter !
cg in Calepins voyageurs et après ?
Je cherche, je cherche à m’en faire exploser la tête. Je cherche le beau, ce qui équilibrerait, mettrait un peu de lumière, l’élan vrai, généreux. Je cherche à m’en faire exploser le cœur, les traces de l’amour. Pas des preuves, juste des traces, comme disait René Char. Au moins des traces.
cg in Journal 2009
Actes Sud octobre 2014, traduit de l’espagnol (Mexique) par Claude Bleton
190 pages, 17 €
« Va te faire voir chez ta salope de mère, connard, enfoiré de merde ! » Ainsi débute ce succulent roman, juteux à souhait, un jus plutôt amer, mais drôle, terriblement drôle. De cet humour typiquement latino-américain, qui permet de témoigner des pires travers de la société avec un pied de nez à l’humiliation et l’injustice. Ici il s’agit du Mexique des années 80, avec ses absurdités (un pays surréaliste, avait dit Breton), sa mélasse de corruption, de trafics, de dangereux bouffons politiques, de fraude électorale, abus de pouvoir et compagnie. Dans le village de Lagos de Moreno, entre bétail, prêtres, ouailles hallucinées, élus véreux et démagogues, nationalistes populistes et autres illuminés, vit la famille d’Oreste, dit Oreo, comme les biscuits du même nom. Ou disons plutôt que la famille vit au-dessus du village, au sommet d’une colline, la Colline de la Foutaise. Lui et ses six frères et une sœur, tous affublés de prénoms grecs, lubie du père professeur d’éducation civique, et la mère, dévouée à la préparation des quesadillas au fromage. Base quasi unique de l’alimentation familiale et dont l’épaisseur et le nombre oscillent comme le statut familial, entre classe moyenne et classe pauvre, avec une tendance à stagner dans cette dernière.
« Mais cette histoire de classe moyenne ressemblait aux quesadillas normales, qui ne pouvaient exister que dans un pays normal, dans un pays où on ne chercherait pas en permanence à vous pourrir la vie. Tout ce qui était normal était superchiant à obtenir. Le collège avait la spécialité d’organiser le génocide des extravagants pour en faire des personnes normales, c’était l’exigence des professeurs et des curés, qui râlaient enfin merde pourquoi ne pouvions-nous pas nous comporter comme des gens normaux. Le problème, c’est que si on les avait écoutés, si on avait suivi les interprétations de leurs enseignements au pied de la lettre, on aurait fini par faire tout le contraire, de foutues conneries complètement délirantes. On s’appliquait de notre mieux pour exécuter ce qui était exigé de nos corps en ébullition, on ne cessait de demander pardon pour de faux, car nous étions obligés de nous confesser tous les premiers vendredis du mois ».
C’est Oreste qui s’exprime et lui qui raconte, dans sa langue dégourdie d’adolescent, la vie et les mésaventures familiales : la disparition de Castor et Pollux, les jumeaux pour de faux, dans un supermarché, le despotisme d’Aristote l’aîné, l’arrivée et la construction de la luxueuse maison des Polonais, juste à côté de leur boîte à chaussures jamais achevée et son plaque-plafond en amiante, puis le jour où lui et Aristote ont quitté la maison pour aller retrouver les jumeaux qui avaient été, selon Aristote, enlevés par les extra-terrestres.
« On utilisa des pierres pointues, comme les Néanderthaliens d’antan, et on réussit à remplir les boîtes de poussières. Si c’était cela, la vie qui nous attendait, manger de la poussière à pleines dents, on aurait mieux fait de rester au chaud, près de nos quesadillas rachitiques. Notre fuite nous avaient rétrogradés d’un degré dans la lutte des classes et on se retrouvait maintenant à rôder dans le secteur des marginaux qui bouffaient de la terre par poignées.
– Il y a trois sortes d’extraterrestres.
– Hein ?
– Je te le dis pour que tu sois préparé, je ne sais pas à qui nous aurons affaire.
C’était la conversation idéale pour accompagner l’ingestion du thon à la terre ».
Il y a aussi le pouvoir étrange de la boite rouge et son bouton grâce à laquelle Oréo survit seul quelques mois dans la rue et puis le retour à la boite à chaussures familiale, avant qu’elle ne finisse par être démolie pour laisser place à un quartier bien plus luxueux et exit la famille désormais indésirable…
C’est le regard donc du jeune Oreo, ce regard impertinent et sans concession, qui donne toute sa saveur au roman, dans un contexte qui ne prête pourtant pas à rire.
« Il me disait que l’argent n’avait aucune importance, que l’essentiel, c’était la dignité. Confirmé : nous étions pauvres ».
Cathy Garcia
Juan Pablo Villalobos est né au Mexique en 1973. Il a fait des études de marketing et de littérature et vit à Barcelone. Dans le terrier du lapin blanc (Actes Sud, 2011) est son premier roman.
Note parue sur http://www.lacauselitteraire.fr/si-nous-vivions-dans-un-endroit-normal-juan-pablo-villalobos
Sous la surface
Ils
Invisibles. Mais
Ils sont là-dessous qui poussent et poussent et poussent.
in La peur
Seule la nuit suce l’angoisse et la remue vibrante. Reprendre, répéter. Nudité du matin sur la ville. Le pont ne sert à rien. D’un bout à l’autre du jour, les débris d’insomnie autour des écrous noirs où se défait sa cambrure. Corps cassants, cassés déchirant le jouir. Peu d’histoire tout compte fait.
in Les oignons et la glotte