Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

CATHY GARCIA-CANALES

  • Lisa O'Neill - The Wind Doesn't Blow This Far Right

     

     

    THE WIND DOESN’T BLOW THIS FAR RIGHT

    I’ve lately been thinking of an old friend,
    Who I haven’t seen in a while
    Last night I dreamed that the same friend, passed without saying goodbye

    Oh, to be wild like the roses
    Oh, to be red with delight
    My blood is red out of fury
    The wind doesn’t blow this far right
    Some terrors are born out of nature
    Some terrors are born overnight
    Some terrors are born out of leaders
    With their eye on a different prize

    The thing is, some leaders are players
    And players sometimes can be clowns
    And clowns then sometimes can be dangerous
    When they’re there and yet they can’t be found..
    The Big Mac, 
    The big man,
    The big bomb
    The power of money and lies
    The power of fear in the people
    The wind doesn’t blow this far right

    Some terrors are born out of nature
    Some terrors are born overnight
    Some terrors are born out of leaders
    With their eyes on a different prize

    Oh, to be wild like the roses
    Oh, to be red with delight
    My blood is red out of fury
    The wind doesn’t blow this far right

    Drill baby drill
    Don’t baby don’t
    Don’t you hear the winds
    Feel the fires as they burn
    Beautiful planet
    Beautiful home
    Drill baby drill
    Don’t baby don’t

    Kill baby kill
    Don’t baby don’t
    Don’t you hear the kids as you blindly bulldoze on
    Beautiful children starved to the bone
    Kill baby kill
    Don't baby don’t 

     

     

  • Ceija Stojka (1933-2013), artiste d'origine rom, survivante du Samuradipen (Porajmos)

    Ceija Stojka 2018,.jpg

     

     

    Ceija Stojka, .jpg

     

    Ceija Stojka, 0.jpg

     

     

    Ceija Stojka 1157595440.jpg

     

    Ceija Stojka, 91.jpg

     

     

    Ceija Stojka 2.jpg

    Auschwitz-Birkenau, Sans titre, 28/07/2009

     

     

    Ceija Stojka, 16.jpg

     

     

    Ceija Stojka, -Auschwitz-04_DxO-228733615.jpg

    Auschwitz

     

     

    Ceija Stojka, Auschwitz-02_DxO-4029601552.jpg

    Auschwitz

     

    Ceija Stojka, -birkenau-1944-3182112592.jpg

    Birkenau - 1944

     

    Ceija Stojka, 53.jpg

     

    "En acceptant de publier, à partir de 1988, les cahiers où elle consignait les souvenirs des deux années de son enfance passées dans les camps de concentration, Ceija Stojka, Rom autrichienne née en 1933, fit œuvre exceptionnelle. Elle rompait, en effet, le silence qui a longtemps entouré « l’holocauste oublié » de ceux qui furent déportés comme « Tsiganes » (Zigeuner) par les nazis, sous le prétexte qu’ils étaient génétiquement asociaux. Quand elle se mit tardivement à peindre et dessiner, à la fin des années 1990, c’est une autre exception qu’elle réalisa, en choisissant les voies de l’expression figurée dont s’est généralement détournée une tradition culturelle ayant privilégié les formes de la transmission orale. (...) déportée en 1943 à l’âge de neuf ans avec sa mère et son jeune frère, dans les camps de concentration d’Auschwitz, Ravensbrück puis Bergen-Belsen : Sogar der Tod hat Angst vor Auschwitz [« Même la mort est terrifiée à Auschwitz »] (...)  Ceija Stojka est née en Styrie dans une famille de marchands de chevaux relativement aisée qui, en été, se déplaçait à travers le Burgenland et la basse Autriche et, en hiver, résidait à Vienne ou dans les environs. Cette vie régulièrement rythmée fut brutalement interrompue après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne, comme en témoignent sobrement les premières lignes du récit autobiographique publié en français sous le titre Je rêve que je vis : « Avant, quand on roulait, les vieux chantaient et racontaient, et tout à coup, il y eut cette fracture » [Stojka, 2016 : 17]. Dès 1938, en effet, les Roms et Sinti d’Autriche furent privés de droits civiques, empêchés de se déplacer et obligés de rester cantonnés dans des roulottes ou des baraques, en des lieux assignés. Leur déportation commença en 1941, sous prétexte d’une lutte préventive contre le crime et au nom d’une disqualification raciale fondée sur des caractérisations pseudo-scientifiques. C’est ainsi que le père de Ceija Stojka fut arrêté, conduit à Dachau et exécuté. La survie de la famille, privée de moyens de subsistance, devint alors difficile. Grâce à sa débrouillardise et à quelques solides amitiés, la mère parvint à nourrir ses six enfants et à échapper à diverses arrestations. Le décret du 16 décembre 1942 qui ordonna la déportation de tous les « Tsiganes » vivant encore dans le Reich allemand, fut à l’origine de rafles massives en mars et avril 1943. La famille fut arrêtée le 31 mars 1943. Ceija, sa mère et son jeune frère furent envoyés à Auschwitz. Ceija y fut tatouée avec le numéro Z 6399 (Z pour Zigeuner). On sait qu’un an après, au printemps 1944, soixante-dix pour cent de l’ensemble des Roms et Sinti déportés à Auschwitz étaient morts. Les survivants furent soit déclarés aptes au travail et transférés dans d’autres camps, soit gazés dans la nuit du 2 août 1944. Ceija et sa mère furent d’abord envoyées à Ravensbrück ; elles parvinrent finalement au camp de Bergen-Belsen en janvier 1945. Les troupes britanniques qui libérèrent ce camp le 15 avril, se retrouvèrent face à un effroyable spectacle : soixante mille survivants côtoyaient trente-cinq mille morts qui n’avaient pas été enterrés. Construit pour accueillir quelques milliers de détenus seulement, le camp de Bergen-Belsen avait vu l’afflux de déportés rapatriés de camps plus proches de la ligne du front. Plus aucun ravitaillement n’avait été assuré pendant les semaines précédant la fin de la guerre. Les maladies contagieuses, typhus et typhoïde principalement, s’étaient répandues. Dans les jours qui suivirent la libération, quatorze mille personnes moururent encore."

     

    Source : https://shs.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2018-4-page-699?lang=fr

     

     

  • Alain Mascaro - Avant que le monde ne se referme

     

    718.jpg

     

    Flammarion 2021, J'ai Lu 2023

     

     

    Quatrième de couverture :

    "Anton Torvath est tzigane et dresseur de chevaux. Né au cœur de la steppe kirghize peu après la Première Guerre mondiale, il grandit au sein d’un cirque, entouré d’un clan bigarré de jongleurs, de trapézistes et de dompteurs. Ce  » fils du vent  » va traverser la première moitié du  » siècle des génocides « , devenant à la fois témoin de la folie des hommes et mémoire d’un peuple sans mémoire.

    Accompagné de Jag, l’homme au violon, de Simon, le médecin philosophe, ou de la mystérieuse Yadia, ex-officier de l’Armée rouge, Anton va voyager dans une Europe où le bruit des bottes écrase tout. Sauf le souffle du vent. A la fois épopée et récit intime, Avant que le monde ne se ferme est un premier roman à l’écriture ample et poétique. Alain Mascaro s’empare du folklore et de la sagesse tziganes comme pour mieux mettre à nu la barbarie du monde."

     

    Un premier roman qui a eu un grand succès mérité, c'est un livre à la fois fluide et profond, d'une grande beauté, la délicatesse, la simplicité et la poésie de l'écriture rend hommage au sujet lourd de tout son tragique, terrible, atroce et au trop souvent et trop longtemps occulté porajmos, l'engloutissement, le génocide tzigane. Et puis son côté romanesque et sensible garde le cœur au chaud car on a aussi besoin de continuer à rêver au meilleur de l'humain, à "la part sauvage". J'ai vraiment beaucoup aimé et en lisant le pourquoi de ce livre (voir plus bas) je ne comprends que mieux la résonance qu'il a eu en moi. 

    CGC

     

     

    "Que pouvait le violon de Jag, contre la longue nuit qui s'annonçait ?

    Et pourtant debout face au Danube, le vieil homme jouait un air lumineux qui déchirait l'encre du ciel comme un orage. Tristesse et colère mêlées, foudre et misère."

     

    "Je ne suis pas simplement un vieil homme qui regrette le monde d'hier. je sais très bien ce que valait le monde d'hier : pas mieux ! Non, je préfère ne pas savoir de quoi sera fait demain, ici. Le vieux Johann avait raison : ce monde-là tourne comme un manège qui s'en va vers le pire..."

     

    "Le monde jadis paysages et beauté, ressemblait maintenant à une nasse étranglée."

     

    "C'était cela qui ébranlait le plus le vieux médecin : ce qu'on faisait à l'homme ici, comment on l'effaçait peu à peu, comment on le réduisait à n'être plus qu'un inextricable nœud animal de faim, de froid, de soif et de douleur."

     

    "D'une seule traite essoufflée, elle raconta l'enfer de Stalingrad, cette bataille de six mois qui avait semblé durer des siècles, les combats urbains terribles, les ruines fumantes, les cadavres en décomposition, le bruit infernal, le froid glacial, la peur radicale, absolue, les hommes qu'on envoyait à abattoir par régiments entiers, qu'on jetait dans la fournaise des combats comme des pelletées de charbon dans la chaudière d'une locomotive."

     

    "Elle a mille fois raison, tu sais, il faut profaner le malheur. Le malheur ne mérite pas qu'on le respecte, souviens t-en..."

     

     

     

    Photo1.jpgAlain Mascaro, né le 23 avril 1964, Professeur de Lettres (Vichy).

    "En juillet 2019, ma compagne et moi avons largué les amarres pour 5 années. Après avoir parcouru le Kirghizstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Iran, le Népal, l’Inde, la Birmanie et le Cambodge, nous nous sommes retrouvés bloqués en Thaïlande par la pandémie. C’est en grande partie durant ce confinement thaïlandais que j’ai écrit mon premier roman « Avant que le monde ne se ferme ». Mon second roman « Je suis la sterne et le renard » a été écrit en Islande, Turquie, Grèce, France, Nouvelle-Zélande et Tasmanie (Australie)…"

     

    Pourquoi les Tziganes dans mon premier roman ?

    Les roulottes sont des cabanes à roues, des maisons sans fondation, sans terrain ni clôture ; des esquifs qui chaloupent en cahotant sur l’océan morcelé des campagnes. Elles ont pour équipage des pirates sans frontières, les gens du voyage…

                Mais en ce temps-là, j’ai quatre ou cinq ans, on ne dit pas encore gens du voyage, ni même tziganes. Ce sont les gitans, les romanos, parfois les bohémiens, cela dépend de qui profère les mots. Ils passent deux fois l’an devant la maison de Chignat avec leurs roulottes et leurs chevaux, sur la Nationale 89. Les femmes ont des robes bariolées et les hommes des pantalons sombres et des boléros élimés à fils dorés. Des chiens noirs courent devant eux. Le tableau est aussi coloré que les images d’Épinal qu’on reçoit à l’école au bout de dix bons points. Je me colle au carreau pour les regarder passer tandis que le père formule son désir de vivre comme les gitanos, mais ce ne sont que des paroles en l’air.

                « Ils ont la bonne vie ! »

                Sans doute sont-ce les derniers tziganes de cette espèce, viendra ensuite le temps des caravanes et des camionnettes, ou bien alors nos pays ventrus leur interdiront-ils de venir, qui sait ?

                Ce sont surtout les enfants qui m’intéressent : certains tiennent les rênes sous la surveillance d’un adulte, d’autres sautillent sur la chaussée, sales et libres comme j’aimerais l’être. Ils ne vont pas à l’école, vivent au grand air et dorment dans des roulottes ; ils viennent de très lointains pays que je ne parviens pas à imaginer mais que j’aimerais parcourir. On me dit qu’ils sont pauvres et que ce n’est pas simple de vivre dehors, mais que puis-je comprendre à ces considérations d’adultes ? Je les trouve simplement beaux.

                Peut-être ma mémoire les a-t-elle de plus en plus embellis au fil du temps, jusqu’à ce qu’ils deviennent ce qu’ils sont pour moi aujourd’hui : un territoire onirique. Ils sont comme un garam dont je saupoudre parfois le monde, surtout lorsqu’il est fade et froid ; mais pas seulement : certains paysages appellent en moi un rêve de roulottes. Une prairie, à plus forte raison une steppe, et aussitôt j’imagine un convoi de gitans aux prunelles ardentes, les rires des enfants et les robes colorées des femmes. Dans un syncrétisme mental assez baroque, ces figures d’hommes libres se superposent à d’autres, faces de Sioux, de Comanches, de Navajos ou de Cherokees ; les roulottes et les tipis cohabitent et les chants des Pow Wow se mélangent aux violons. Les Tziganes et les indiens sont l’exacte allégorie de mes désirs d’errances…

                Adulte, le hasard a voulu que je me retrouve à enseigner le français dans une classe de sixième où l’on avait intégré des enfants tziganes. J’ai vite compris ce que notre société appelle « intégration » : il s’agit plutôt de cette désintégration pure et simple que pudiquement l’on nomme « acculturation » ; est-il besoin de préciser qu’elle est unilatérale ? J’étais plein de bonne volonté et d’enthousiasme. Je suis même allé à un colloque à Lyon dont le thème était : « Stratégie d’appropriation des savoirs, le cas des enfants tziganes ». Sociologues, philosophes et psychologues se succédaient à la tribune sous le regard médusé de tziganes dont certains n’ont pas tardé à quitter la salle en proférant des anathèmes. « Vous ne savez pas de quoi vous parlez, a dit l’un d’eux. Vous ne savez même pas ce qu’est un tzigane ! »

                De fait, les gens du voyage étaient de simples objets d’étude pour les intervenants – et « objets » est le terme parfaitement adéquat. On classait les tziganes en niveaux d’acculturation, on parlait d’eux comme s’ils étaient des entités désincarnées, des abstractions mathématiques destinées à combler les cellules de tableaux Excel. J’aurais aimé que tous ces universitaires guindés viennent un peu voir le camp que j’avais visité au bord de la rivière Allier : un bidonville de vieilles caravanes verdies par la mousse, de masures de planches et de tôles où s’entassaient des Manouches semi-sédentaires, sans électricité ni eau courante, dans la boue, à la merci des crues de la rivière. J’aurais aimé qu’ils viennent observer de plus près les aires d’accueil des gens du voyage, émanations de notre bonne conscience, mais espaces aberrants qui ne tiennent pas compte des spécificités culturelles des tziganes et qui, sans qu’il soit la peine d’y réfléchir bien longtemps, révèlent en réalité les arrière-pensées de nos sociétés de l’ordre : parquer, immatriculer, contrôler tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, sortent du carcan ultra normé qui étrangle nos vies.

    Extrait de « Avant de partir » (2019)