Rockwell Kent (1882 - 1971) - Monhegan Island

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Radis et fanes, feuilles de capucines & de mizuna, ail sauvage des vignes, fleurs de bourrache, marjolaine & mélisse du jardin ; deux grosses cuillères à soupe de kéfir de brebis, un avocat, une petite poignée d'amandes, une cuillère à soupe de tartare d'algues au citron confit, un filet d'huile de noix...
Et voilà, à déguster sur des tartines grillées, repas du soir !

Chevaux de vent
Chevaux du souffle
qui cavalez sur la lumière
un instant en suspens
harmonie
l'âme respire

Tales from the town of widows, James Cañon 2007
Belfond, 2008, Livre de Poche 2010
Le 15 novembre 1992, un dimanche comme tous les autres, une troupe de guérilleros pénétra dans Mariquita, village de la cordillère colombienne, et emmenèrent ou tuèrent tous les hommes de plus de douze ans, excepté le padre Raphaël.
Ainsi commence cette chronique à la fois drôle et tragique d'une bourgade perdue au fin fond de la Colombie. Sous ses airs de fable sociale fantaisiste et baroque, féroce aussi, avec cet inimitable style latino-américain (bien que le livre ait été écrit en anglais) nommé réalisme magique, il y a dans ce roman plus de réalisme que de magie et c'est un véritable roman éco-queer-féministe qui se cache sous les jupons de ce village, jupons qui finiront d'ailleurs par être délaissés au profit d'une nudité saine et vigoureuse mais ça c'est bien plus tard, et je ne voudrais point trop en révéler car il faudra du temps et bien des péripéties avant que les femmes du village repoussent toute la violence du monde mais aussi en elles, pour créer une société équitable et efficace, fonctionnant au temps féminin et au partage du bien commun, en harmonie avec la nature, tandis que les hommes se détruisent et sont détruits par la guerre, qu'ils soient guérilleros de gré ou de force, paramilitaires ou militaires, c'est du pareil au même, la violence ne fait aucune différence. Des passages au fil du roman, comme glissés entre les pages, très brefs mais extrêmement percutants, des portraits de ces hommes pris à un moment de leur triste sort, contrastent avec le reste du roman et en accentuent la profondeur.
Foisonnant avec un rythme lent aussi qui permet de plonger totalement dedans, ce livre fait du bien et pointe là où ça fait mal de façon si juste, aussi quelle réussite car c'est le tout premier de cet auteur d'origine colombienne. Sa longue liste de remerciements qui figure à la fin se termine ainsi et n'en suis tellement pas étonnée : "Enfin, pour avoir enduré de si bonne grâce mon labeur d'écriture insensé, pour ta foi, ton amour et ta compréhension infinis, et pour avoir créé pour moi une vie merveilleuse en dehors de mes histoires, mil y mil gracias a tí, José, avec tout mon amour."
Mariquita, le nom de ce village imaginaire est une manière très péjorative de désigner en Colombie, les homosexuels. Clin d’œil appuyé.
James Cañón est né et a grandi en Colombie. Après des études universitaires à Bogotá, il s'installe à New York pour apprendre l'anglais. Tout en prenant des cours à la New York University, il commence à écrire. Diplômé de l'université Columbia, il a reçu en 2001 le Henfield Prize for Excellence in Fiction, et ses nouvelles ont été publiées dans de nombreuses revues littéraires. James Cañón vit aujourd'hui à Barcelone.


Ce soir, tartinade de fanes de radis (à défaut de radis), feuilles de chou kale, feuilles et fleurs de capucine, un brin de sarriette, un petit poivron cherry time vert, tout ça frais du jardin mixé avec kéfir de brebis, huile de noix, sel.


