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FUSIONS POÉTIQUES - Page 14

  • Art Hansen

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    Solitude. Ne pas me rendre compte du manque de solitude.

     

    Véritable repos et précieux rendez-vous avec soi. Pourtant, c’est un temps où je n’ai pas le temps, tant et tant de choses à faire. Tant de domaines à explorer, à dépouiller du trop, à remettre en harmonie. Se faire un emploi du temps ? Y a-t-il une agence pour l’emploi du temps ? Le temps se donne à qui veut bien le prendre.

     

    Découper le temps en fraction, tenter d’y trouver un équilibre, une efficacité et peut-être aussi une musique. Marcher. Il manque ce temps de la marche, du rythme des pas. Ce temps en marche, nomade. Je n’aurai pas assez d’une vie, alors pour gagner du temps, allons droit à l’essentiel. Une drôle de droite, bien sinueuse…

     

    En ce moment, l’instant est difficile à saisir, l’instant n’a pas le temps de l’éternité et pourtant il le faudrait pour que tout prenne sens. Prendre le temps, prendre sens, prendre l’air. La simultanéité n’est pas de l’ordre du temps. Il faut pour la saisir quitter le temps et pénétrer cette transréalité où l’arbre est simultanément graine, tige, tronc, feuilles, fleurs, fruits.

     

    Ne sachant basculer d’une réalité à une autre, je peux passer d’un temps à un autre. Passer du temps de l’homme au temps de l’arbre, au temps de la fleur, de la pierre, du papillon de nuit. Tous les temps sont à ma portée quand le temps devient un état d’esprit.

     

    in Calepins paisibles d'une pâtresse de poules

     

     

     

     

  • Auteur inconnu

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    J'ai toujours été ma propre thérapeute, trop sauvage, trop meurtrie pour penser qu'un quelconque autre pouvait vraiment être là pour m'aider, ensuite on prend l'habitude de se traquer dans ses moindres recoins, de dégager les mensonge et les plaies qu'ils recouvrent, coincer les peurs et leur faire dire, j'aime tracer mes propres sentiers, à la machette, au couteau s'il le faut, je me suis tant cassé la gueule, tant éprouvé la douleur insupportable et goûté l'aube qui a suivi, me perdre, me retrouver, me forer et me forêt, merci à toutes celles et ceux qui n'ont pas peur d'exprimer leur humanité vraie, en perpétuel chemin, avec ses belles vues et ses ornières, ses ténèbres et ses orages, merci à toutes celles et ceux qui n'ont pas peur de montrer qu'ils sont fragiles, incertains, toujours et encore en réparation, les marcheurs de la vie qui ont perdu tant de bagages déjà, mais savent encore sourire, pleurer, tomber, se relever, avancer... sans déguisement, sans fausse pudeur et qui partagent avec générosité leur expérience.

     

    in Ourse (bi)polaire

     

     

  • Audrey Casalis - La Mémoire - 2015

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    ALLONS-Y



    Le passé. Le passé réfugié derrière les remparts de la mémoire. Une clé avalée en entrant, en naissant je veux dire, né sans… Trop pleine déjà pourtant ! Déjà tracée l’étoile truquée, pour finir au panier de toute façon, oubliée. Automatiquement, fantomatique-ment oubliée.



    Dans mon passé à moi, mon cher passé, d’un puits profond, une flamme tremblante ne cesse de remonter, remonter. Les a-t-on déjà connus ces vents froids qui passent entre les grilles ?

    La mémoire ! Forteresse et oubliettes.



    Depuis quand cherche-t-elle à remonter cette flamme ronge-cœur ?



    Veuve. Femme frappée du destin. Femme vidée, juste une enveloppe, refroidie, pétrifiée par les larmes.



    L’enfant fuit à tire d’ailes, la femme deux fois amputée continue de marcher, continue de ronger. L’enfant fuit la mort, puis la défie, à défaut de pouvoir la défaire. Attirer loin au-dehors cette contagieuse tristesse, afin que la vie puisse éclairer enfin le fond du puits. La vie, l’émoi, la joie d’être femme. Habitée, vivante !



    Enfant de la veuve. Ma mémoire aux fossés pleins de larmes, pose encore l’interdit sur la douleur, les mots que je voudrais expulser.



    Tombe d’amour

    rongée de vers

    les vers, les vers

    la rime et la mort

    toujours et encore

    à jamais

    trop tard

    trop noir



    Ce trou dans lequel on tombe et dont on ne se relève pas. Le couvercle se referme. Les prêtres corbeaux, les ombres affamées, les fleurs puantes déjà fanées. J’avais peur de ces journées trop grises où il fallait aller au cimetière. J’avais peur des larmes de ma mère, peur de mon désert. Peur de la pluie quand elle engloutit.



    J’ai encore peur de la boite qui s'ouvre pour me montrer Mimie Jolie qui dort avec les vers.



    J’ai grandi portant en moi cette terreur en gestation. Elle m’a façonnée de l’intérieur, creusant grottes et gouffres. J’y ai mis des cauchemars, des monstres, des mystères et de méchantes humeurs. Je suis la petite fille près de son papa endormi. J’attends qu’il se réveille comme une princesse de son long sommeil. Je suis petit prince impuissant à soulager sa mère.



    L’écriture fleuve révèle des secrets enfouis, destins inaccomplis. Chercher, fouiller, sonder la vase, arracher de leur écorce moisie les vieilles douleurs muettes.



    Pourquoi ?

     

    2002

    in Ourse (bi)polaire

     

     

     

  • William Preston - L'oeil de la Providence

    William Preston L'oeil de la Providence_n.jpg

     

    LA DAME SAUVAGE

     

    Toutes les couleuvres que l'Église nous a fait avaler depuis des siècles ! À croire que depuis l'époque du paradis, les reptiles tentateurs sont reproduits en série ! Et la fameuse pomme croquée par Ève est une tradition celtique de mariage druidique. Je ne pardonne pas à l'Église tous les préceptes qu'elle a imprimé aux fers rouges sur bien des cultures qui ne lui avaient rien demandé... et qu'elle-même se garde bien d'appliquer. Ses crimes sont innombrables et se perpétuent encore. Je dis bien l'Église... Il y a eu et il y a encore des Chrétiens admirables mais qui le seraient tout autant s'ils n'étaient pas Chrétiens. Ceci et valable pour les Musulmans, les Juifs et tout être humain qui se définit par une religion ou même l’athéisme, qui est lui aussi une croyance.

     

    On n'a beau faire, on n'échappe pas à son milieu et athée ou pas, la religion est là, nous modèle sans même que nous nous en apercevions. Même si on écrit à un évêque pour que symboliquement il nous débaptise, ce qui entre nous est fort louable, symboliquement toujours.

     

    J'ai donc cherché le sens du mot religion : "se relier à...". Terme très vaste qui au cours des âges n'a eu de cesse d'être (mal) interprété, beaucoup ont utilisé la religion pour satisfaire leur quête de pouvoir, comme instrument politique et pour l'asservissement d’autrui... Mais dire que c'est la faute aux religions, c'est faire erreur, c'est la faute aux Hommes.

     

    À la base de chaque religion monothéiste, il existe un seul homme, ce qu'il aurait dit ou fait a été transcrit par d'autres, puis repris, traduit, déformé, falsifié, interprété... Qui peut se targuer de connaître la vérité ? Personne ! D'où la folie des religions monothéistes érigés en dogmes à suivre…. à la lettre !

     

    J'ai donc fouillé avec grand intérêt le pourquoi et le comment des religions et spiritualités monothéistes, hindouistes, bouddhistes et leurs différents dérivés (je ne considère pas le Bouddhisme Vajrayâna et le zen comme des religions, bien que par certains aspects cela puisse y ressembler). Je me suis intéressée aux animistes, aux cultes de toutes sortes, au Taoïsme, au Shintoïsme. Aux Celtes… Et puis aussi aux Amérindiens, aux Aborigènes, aux Maoris, aux peuplades sibériennes et tous ceux que l'on nomme Peuples Premiers... c'est d'ailleurs le sort de ceux-là qui me tient toujours et beaucoup à cœur.

     

    Je peux en conclure que je ne sais rien, juste assez pour être consciente de ça : de mon ignorance et de la multiplicité des cultures, de l’immense diversité des croyances et la vanité de tout jugement à l'emporte-pièce.

     

    Que signifie le mot Dieu ? Le lumineux.

    Lucifer ? Le porteur de lumière. Lugh, le dieu celte, poète et guerrier, musicien, magicien, expert dans tous les métiers (omniscient donc), son nom signifie lumière... sa fête était le 1er août (qui ne s'appelait pas août, l'empereur Auguste s'étant approprié cette fête).

     

    Ce n'est pas un secret que tous les jours fériés religieux, tous les lieux de cultes chrétiens sont en fait d'anciennes fêtes et d'anciens lieux de culte dits païens.

     

    Lumière, soleil... encore et toujours. Adoré partout.


    Atoum, Horus, Rê et Osiris chez les Égyptiens, Bel ou Baal chez les Chaldéens, Belissama, dont le nom signifie « la très brillante » et Bélénos « resplendissant », « éclatant », des gaulois. Les fonctions principales de ce dernier sont la médecine et les arts. Il est honoré lors de la fête de Beltaine en juin, qui marque le passage de la saison sombre à la saison lumineuse. Belissama est à la fois la parèdre et l’équivalent féminin de Belenos. Associée au feu domestique, elle a en charge la métallurgie (plus particulièrement la fabrication des armes), c’est la déesse des forgerons dans son aspect guerrier ; elle est aussi responsable des arts. Puis nous avons Tammuz ou Adonis chez les Phéniciens et les Syriens ; Utu - un œil étincelant - témoin et juge chez les Sumériens ; Shamash à Babylone ; Mithra chez les Perses ; Hélios et Apollon chez les Grecs et Phébus chez les Romains ; Surya en Inde ; Pachacamac chez les Incas.. Huitzilopochtli, dieu de la guerre et du soleil chez les Aztèques, qui le nourrissait par des sacrifices et le dieu soleil Tonatiuh qui symbolise la cinquième ère actuelle.

     

     

    Certains peuples nomades d’Asie centrale considéraient toutefois le soleil comme un principe féminin (la Mère soleil), c’est aussi le cas des Japonais pour qui le Soleil est le kami Amaterasu, la grande déesse, sœur de Tsukuyomi, le kami de la Lune. Chez les Chinois, c’est Xihe, la déesse du Soleil. Même dans la langue allemande, le Soleil est féminin selon son article (die Sonne). Dans la mythologie nordique, les enfants de Mundilfari et Glaur sont Sol (déesse du Soleil) et Máni (dieu de la Lune). Umai l’utérus ou la matrice en mongol s'appelle également Ymai or Mai et porte 60 tresses en or qui représentent les rayons du soleil.

     

    L’humanité cultivatrice, sédentaire, patriarcale remplaça le nomadisme matriarcal. Le symbolisme du soleil a également subi cette mutation, quelques 2800 ans avant J.C.

     

     

    Ma religion à moi, ma façon de me lier au monde est unique et son temple est à ciel ouvert, sans mur, sans dogme, elle est mouvante et changeante comme les dunes du désert.

     

    Ma religion est syncrétique, n'appartient à aucun courant spécifique sinon celui du vaste fleuve de l'humanité. Ma religion est du domaine du  ressenti. Dans ma quête, ce que je cherchais est venu à moi et je suis déjà morte plusieurs fois.

     

    L'humain n'a pas beaucoup changé depuis les balbutiements de l'espèce, et c'est pourquoi il devient fou dans un monde qui n'est plus à sa mesure. Nous sommes des marcheurs-cueilleurs pas des forçats-consommateurs.  

     

    Religion est un mot, ce dont je parle est au-delà des mots. Le profane et le sacré n'auraient jamais dû être séparés, la dualité est une illusion. Être. Voilà tout. Les pieds ancrés à la terre, respirer, boire, manger, sentir, créer, contempler, toucher, aimer....

     

    La poésie est naturelle à l'homme, là est sa transcendance, la poésie est rite magique, la poésie est spirale. Le poète est un chamane, le chamane est un poète. Ce sont ceux qui ont traversé leur folie. Dans la légende celte du fauteuil d'Idris, celui qui y passe une nuit, se retrouve le lendemain soit fou, soit poète.

     

    Le poète à l'origine était le meneur d'une société totémique de danseurs religieux. Ses vers ("versus" en latin correspondant au grec "strophè", signifiant mouvement en tournant) accompagnaient une danse autour d'un autel ou enclos sacré. Chaque vers donnait le départ d'un nouveau tour ou mouvement de danse. Le mot "ballade" a la même origine : poème dansé du latin "ballare", danser.

     

    Toutes les sociétés totémiques dans l'Europe antique étaient sous l'autorité de la Dame des Choses Sauvages.

     

    Je suis une dame sauvage.

     

     

    2004

    in Universelle

     

     

  • Gilbert Fastenaekens

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    Chercher le cercle vivifiant, la farouche saveur des marges

    où les plantes palpitent dans un froissement de forêt.

    Souffle et serpent dans un fouillis de luminaires.

    Une éclaboussure de pluie dans un giron de pollen.

     

    in Le poulpe et la pulpe

     

     

  • Toshiyuki Enoki

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    Je me prête à vos jeux

    Ô mes petits compagnons

    Et j’en invente aussi.

     

    J’écarquille mes perceptions, je lèche la lumière. Je trace au pinceau des sentiers échevelés,

    des seins de lune où je dilue les abysses.

     

    in Le poulpe et la pulpe

     

     

     

  • Victoria Kalaichi

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    Se perdre…

     

    Dans la touffeur du cœur, une quête et l’aube dépose une nouvelle rose dans la boite d’allumettes.

     

    Chaque solution n’est toujours qu’une étape.

     

    L’animal, l’étoile, la graine, le vent, l’eau, l’acide, les limbes et les cimes.

    La cueillette du jour lavée au lait des nuits.

     

    in Les mots allumettes

     

     

     

  • Andreea Dumuta

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    Me présenter sans masque  face au miroir, sans me laisser ni absorber, ni m'en détourner. Cette fois je ne veux pas m’échapper. Échapper à moi-même. Il me semble que je suis face à un miroir moins déformant, très limpide, très beau, très pur mais je sais que rien n’est seulement beau et pur. Il y a aussi la face cachée des miroirs, la crasse. Ce qui demande à être nettoyé justement. Toujours polir le miroir, toujours l’aimer pour sa franchise et ne jamais oublier que chaque affirmation a ses limites, à partir desquelles tout est possible : le meilleur comme le pire. Deux faces. Janus. La porte.

     

    in Journal 2006

     

     

  • Agnès Cécile

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    Turbulences mentales. Le poids des questions.

     

    Aux quatre faire où aller, sinon en l’air ?

     

    Confusion. Grand toboggan. Oppressant, n’est-il pas ?

     

    Savoir que nous ne sommes pas seuls permet d’être seul, car grande est la tentation du terrier. Seul on se torture et on aime ça.

     

    J’ai beaucoup d’envies mais n’ai plus l’envie de l’envie.

     

    in Le poulpe et la pulpe

     

     

     

  • Cate Edwards

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    BIZARRE
    Les chats de nos jours n’aiment plus le soleil.
     
    REBIZARRE
    Mais si jamais ils se mettent au soleil,
    c’est allongé de tout leur long sur le dos,
    les quatre pattes en l’air, style la plage…
     
     
    in Purgatoire du quotidien
     
     
     
     
     
     
  • Vija Celmins - Sea Drawing with Whale, graphite on paper, ca. 1969

    Vija Celmins, Sea Drawing with Whale, graphite on paper, ca. 1969.jpg

     

    Emmène-moi voir les aurores boréales, écouter le chant pur des étoiles et des baleines. Emmène-moi là où tu m’aimeras si fort et si vrai que je pourrais tracer du bout des doigts le contour de nos souffles sur le tableau noir de la nuit originelle. Nous baignerons nos âmes dans une vapeur de résine et les mettront à sécher au soleil de minuit. Puis dans une chambre de glace bleue translucide, nos corps se métamorphoseront en bêtes chaudes et suantes enlacées dans une même flamme.

     

    in Partie pour rester