Benes Knüpfer
le pli de ses rêves échoués
au bout d’une jetée blanchie
profondeurs façonnées
de peau et d’âme
sous leurs draps de ciel
éclaboussés
cg in Le baume, le pire et la quintessence
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le pli de ses rêves échoués
au bout d’une jetée blanchie
profondeurs façonnées
de peau et d’âme
sous leurs draps de ciel
éclaboussés
cg in Le baume, le pire et la quintessence
Bâtir sa vie sur des chimères…
Je n’ai aimé que le rêve, à la folie.
in (c)ourse bipolaire
photo©Cédrick Hoffmann
L'homme du solaire et la femme du lunaire (si ce n'est par tempérament, au moins par l'éducation encore, quoiqu'en en dise, la plus généralement en vigueur). La femme tend vers le solaire (car sa nature profonde est solaire) et cela peut passer par la phase Lilith, la lunaire révoltée et donc pas encore libre puisqu'en réaction, en colère, et l'homme lui devra passer par le lunaire soumis pour devenir un lunaire évolué, à terme cela donne deux androgynes ultra évolués, complets.
Je suis restée longtemps bloquée entre la lunaire hypersensible et la lunaire révoltée et là je tends je crois, j'espère, vers la solaire. L'énergie masculine de la femme solaire, l'Animus, est mise au service de l'expression de ses qualités féminines, elle ose enfin être elle-même, douce et forte à la fois, sans contradiction. La femme solaire est une femme spirituelle branchée sur le cœur rayonnant, les pieds bien ancrés à la Terre où elle prend Source.
Les femmes lunaires révoltées attirent les lunaires soumis qui retrouvent en elles la mère inaccessible et dominante. Soit ils tentent de les dominer et c'est le conflit interminable, soient ils acceptent la transition : vivre leur faiblesse, accepter d'être ce qui n'est pas conforme à l'image de l'homme exigée par la société, rencontrer et accepter jusqu'au bout la part féminine qui est en eux : l'Anima. Le danger alors est de ne plus arriver à sortir de ça, afin de pouvoir passer au lunaire évolué et donc à l'androgyne accompli, car la société est impitoyable avec ces hommes sensibles qui paraissent faibles, fragiles, passifs, et les femmes aussi, surtout si ce sont des femmes lunaires révoltées, bloquées sur leur colère, parce qu'elles les détruisent en les voulant à la fois soumis pour ne pas être soumises, tout en ne supportant pas leur faiblesse. Alors qu'une femme solaire évoluée va accompagner l'homme dans cette traversée jusqu'à ce qu'il puisse renouer paisiblement avec sa force masculine et devenir ainsi un homme vraiment lumineux, en qui s'unissent harmonieusement part masculine et féminine. L'homme spirituel, fort et doux à la fois et donc l'action devient alors extrêmement féconde.
Voilà la voie qui nous est indiquée depuis les débuts de l'humanité, autant pour les individus que pour les sociétés.
cg, vers 2007
nous invoquerons
le serpent sorcier
son sillage envoûtant
sur les parois des canyons
des torches entre les paumes
pour éclairer ses entrailles
poudre de suif baroque
le frisson sur la nuque
et des visions dans le ventre
nous poursuivrons le vertige
entre les cendres du rêve
cg in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018
HORIZONS INTÉRIEURS
Il y a des mots qui plaisent.
Chamane, homme chat ?
Un esprit qui sommeille
tout au fond de moi
Toucher à la source même
des miroirs
et ne pas se méprendre
sur le sens du mot
« Pouvoir ».
Dans le sang ça se traîne
et ça nous parle.
Tout se rejoint au centre
du pain ou du divin
c'est la même chose
J'y ai mis les doigts
Pourquoi moi ?
Nous savons tout
depuis le commencement.
Enfants magiques
nous avons oublié
perdu les clés
mais elles sont là
juste sous notre nez
Il n'y a qu'à tendre la main
Faire résonner la corde humaine
La juste note
Laisser le souffle
Chevaucher.
1996
Le chant de La Vieille
corps tordu
incendie
calcinée
je suis
soumise
tel fut mon satori
ma beauté demeure
hors de ta portée
vie et mort
j’ai la connaissance
des profondeurs
c’est pour cela
que le serpent m’a aimée
toutes les bêtes
m’ont apprivoisée
pattes griffes
plumes toisons
ma flèche touche au cœur
tout prédateur nommé homme
je règne animale
sur toute la création
j’ai initié bien des peuples
qui m’ont nommée lunaire
de la génisse à la brebis
pour m’asservir
nombre de lois
ont été dictées
mais joug après joug
je demeure l’indomptée.
je parle la langue des oiseaux
qui lisent dans mon cœur
les mauvais augures
ne portent pas de plumes
mais des bâtons cracheurs de feu
des couteaux et des bombes
au commencement des temps
j’étais déjà penchée
sur le berceau de l’humanité
en moi était contenue
l’empreinte de toute forme
et la mémoire des abysses
ma puissance est immense
je suis la porte des mondes
je suis le cobra
prends garde humain
si tu ne respectes pas l’équilibre
tu seras balayé pulvérisé
à genoux homme
ferme les yeux
ouvre ton cœur
ton sexe est sacré
l’as-tu donc oublié ?
allez viens danser avec moi
sens-tu sous tes pieds
le frisson des racines ?
sens-tu le rythme du vent
les tourbillons de la sève ?
viens danser avec moi
viens sentir l’étreinte
et la lune dans nos veines
je connais les partitions du frisson
et les passes secrètes
qui font du plaisir
un art sacré
je connais les paysages intérieurs
des quêtes et des illuminations
vers le nord hypothétique
je vois au loin sur les plaines
la lente pérégrination des hommes
pour se connaître
il leur faut pénétrer la terre
ériger des totems
pour ensemencer les cieux
mais ils se trompent
et n’encensent
que faux dieux.
pour me connaître
qu’ils suivent la piste
féline.
ils pourront me trouver aussi
nue et lisse au creux des pierres
s’ils posent leur oreille
contre les os de la terre
ils entendront battre
mon cœur
je suis l’innocence faite chair
mais ne te laisse pas bercer
par la douceur de mes courbes
une part de moi ne dort jamais
sous le regard de l’éveillée
tu es nu comme un nouveau né
mystère et magie
art des saltimbanques
depuis le début des temps
j’accompagne les nomades
car mon nom est mouvement
je suis la première et la dernière
sœur amante mère épouse
je suis toutes en une
et une en toutes
je suis la voie du cœur
la voix enchanteresse
j’ai pouvoir de vie et de mort
tant de fois j’ai enfanté les ténèbres
huilé la nuit de mon corps
je suis le serpent primordial
qui enlacera le monde
après tant de siècles à m’humilier
comprendras-tu enfin ?
cg, 2009
in Universelle
en ces lieux pour des siècles
je serai ton puits d’intuitions
ton estuaire de nuit
l’empreinte de ton archet
combe échancrure
fêlures effluves
que la pluie vienne
que la pluie nous lave
de toute nostalgie
in Des volcans sur la lune
Thébaïde
Elle est entrée en silence comme dans un bain d’huiles, quand les parfums se font médecine. Elle est entrée en silence et n’en est plus ressortie. Certains disent qu’elle s’est noyée, d’autres — mauvaises langues —, que le bain a refroidi. Tout cela est faux. Elle est entrée en silence et elle y a découvert un vaste univers, nul besoin de revenir puisque elle n’est même pas partie. Elle est simplement entrée. Entrée en silence. Les pieds léchés par les vagues, la place immense où il ne fait jamais nuit, pas plus que jour d’ailleurs, il y fait seulement un léger, un merveilleux, un dense silence. Elle y est entrée comme on entre dans son lit, comme on glisse en soi. Elle n’est pas partie. Elle est là, minuscule et immense, en silence.
cg in Le baume, le pire et la quintessence
La sève ruisselle. Son chant écorce l’univers
et la nuit frissonne en songeant au festin.
Nous voici disloqués. Éblouis, transis, illuminés.
Tout brûler et repartir, de déchirure en déchirure. Faisceaux d’un élan unique.
La toile se recréé. Perdre en apparence, gagner en vigilance.
cg in Les mots allumettes, Cardère éd. 2012
Ma maison est de traviole ? Tant mieux, les oiseaux en rigolent.
Ça, c’est le pied de nez rouge, qui tache si on insiste. La caracole du clown.
cg in Celle qui manque
il ne peut y avoir de grandes visions neuves, que des redites, des espoirs lancés au ciel ou semés en terre, qui retombent en pluie ou en missiles, qui poussent ou crèvent. Il ne peut y avoir qu'une multitude de petites visions en souhaitant que chacune d'elle soit à la fois unique et universelle, une multitudes de petites actions qu'il faudrait belles, juste et bonnes.
in (c)Ourse bipolaire
Découper en petits morceaux ridicules l’exaspération,
le sentiment d’absurdité grandissant au fur et à mesure
que le temps compte nos chutes.
cg in à la loupe, tout est rituel
le corps comme
un vieux livre
dont les pages
jaunissent
combien encore
à tourner ?
l’horloge bloquée
sur l’heure de
la décrépitude
un demi siècle
a sonné
le cœur pourtant
semble solide
dessinées sur les pages
des cartes de territoires
s’en retournent en jachère
la terre appelle la chair
quelques poèmes peut-être
dont l’encre s’efface
des partitions de frissons
d’exultations
et puis des pages sales
des pages piquées
de chagrins
quelques grandes auréoles
noires sur des pages
muettes
des pages trouées
des pages envolées
aussi
qu’on ne retrouvera
plus jamais
des pages qui tremblent
sous le vent qui les tourne
et voudrait les arracher
cg in Vieillir
L’argile au feu a éclaté, le sang en bouillon a coulé.
L’homme abattu s’est mis à ramper.
Son empreinte n’est pas lisse comme celle du serpent.
cg in Chroniques du hamac
La chair exposée aux rayonnements, aux radiations a noirci. La peau depuis longtemps est tombée en lambeaux de pluie, en parchemins, en poussières. Le verbe a été effacé des mémoires. La mémoire n’est plus qu’une passoire, elle n’est plus que le trou par où filent les étoiles.
Fumigènes, effraction, sentier. Voir derrière les choses, lire derrière les mots, entendre les sons entre les sons.
cg in Chroniques du hamac