Nom Kinnear King

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.


Quarante ans d’écriture pour dire une seule et même chose, tenter de dire. Empêchée de vivre, empêchée d’être, bonzaï abandonné. La forme n’a pas plu, le fond sera et pour toujours, délibérément ignoré. Le reste ne sera que la même et minable pièce jouée et rejouée devant une salle vide. Pas qu’une impression, pas une illusion. Quarante années de tentative d’intégration et l’ombre qui n’a cessé de me grignoter : l’araignée avide de ma non-existence. J’ai beaucoup essayé, différemment essayé, je suis épuisée. Asséchée, non, des océans de larmes encore disponibles et un amour, amputé de tous ses membres mais pugnace. J’ai le cœur tabassé, la peur jusque sous les ongles, respirer devient de plus en plus laborieux. Je suis une cible parfaite et je rage et déteste pour le mal que ça me fait. I’m lost since ever. Une cible idéale pour conforter la normalité. Je n’ai jamais été protégée, balancée molle et nue dans ce monde de marteaux, de pilons, de masques ricaneurs, de rouleaux compresseurs. Mais quelque chose en moi cependant terrifie, quelque chose à bâillonner, à détruire. Je n’ai jamais été protégée. J’ai tout pris de plein fouet, l’âme trouée comme une lune, martelée. Et comment ne serais-je pas polie avec autant de coups ? Miroir. Je vous renvoie ce que vous êtes, pas ce que je suis. Je n’ai jamais été. Juste dépouillée continuellement de l’intérieur, par l’ordre de ne pas être. Rebelle pourtant, oui rebelle de toute mon âme, le cœur en miettes.
in Ourse bipolaire

La nuit est tombée, claire, la lune s'y baigne tout en demeurant invisible. Une brume de légende flotte sur les champs, le repère des saisons s'est égaré. Qu'est-ce que la réalité lorsque nous bougeons sans cesse ? Qu'est-ce qui ne change pas ?
Le mouvement, le courant.
cg in Calepins voyageurs et après ?

Savoir tisser de la joie avec tout ça, malgré tout ça et la faire partager, c'est ça le courage et rien d'autre. Il faut cependant dire, poser le noir, ne pas faire semblant. Ce n'est qu'en acceptant toutes nos émotions qu'on peut trouver cette joie inconditionnelle. Au début, un petit truc de rien du tout, la dernière étincelle d'une toute petite braise, on souffle dessus pour voir, on n'y croit pas, c'est mort mais cette dernière petite lueur, ce point rouge en soi, c'est ce qui ne meurt jamais. Alors on souffle dessus, on continue et un jour un peu de fumée, un autre une flamme, un autre encore un brasier à l'intérieur ! « Se consumer de joie », cette petite expression anodine. Puis l'incendie retombe, c'est le noir, on oublie, on n'y croit plus mais toujours ce petit point rouge. Si on s'en souvient, on le retrouve vite et on recommence, on souffle dessus. Vient le jour où l’on sait qu'on peut rallumer cette braise quand on veut, une paix s'installe, rien n'a changé dehors mais celles et ceux qui nous croisent aperçoivent la flamme. Elle illumine, elle réchauffe celles et ceux qui veulent bien s'approcher et une flamme rallume une autre flamme qui rallume une autre flamme et alors nous brûlons, libres et joyeux, nous brûlons de vie.
in Ourse bipolaire

nos petits bateaux
nos petites histoires
ont rendez-vous
au grand océan
de lumière
c’est lui qui fait battre nos cœur
tourner nos petites centrales
in Le livre des sensations

Sentir à quel point nous sommes fait de la même étoffe que les fleurs, les nuages, le vent, la pluie et que nos limites ne sont là que pour jouir de toutes les sensations possibles.
cg, in Le livre des sensations

Il y a dix, vingt, trente ans et la vie passe. Inconsciente. Même nœuds, mêmes impasses. Nos grimaces et nos cris, étranges colifichets empruntés au théâtre d’ombres. Impasse des tourments, des rancœurs à déloger, des caillots de vanité.
Passez-moi la lame qui incise la matière du langage. Sève d’étoiles, draille des signes. Babel fond sous ma langue. J’en fixe simplement l’ombre sur le papier. Infini fugitif. Mes empreintes sur les neiges éternelles de l’inconnaissance.
in Celle qui manque

avant qu’il ne faille démêler
dans la chambre d’automne
le pelage et les ronces
le miroir aux corneilles
et les linges souillés
il nous faudra suivre
le sentier de cire
trouver la gâtine
où l’on a brûlé les lucioles
de nos crânes roussis
cg in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2019

je serai ta brèche
secret prodige
questionne cette faim
sous nos ailes tremblantes
vertige-moi
je serai cascade
ta résurgence dans l’immensité
in Des volcans sur la lune

Mystique dieu
Des herbes folles
Soleil ouragan
Œil du dragon
in Ailleurs simple, Nouveaux Délits éd. 2013

Y a-t-il mieux à faire que de contempler les mésanges ?
Plus bon que la joie défroissée, toute en crinière douce ?
cg in Le poulpe et la pulpe, Cardère 2010

Laisser boire les loups dans nos casseroles de rêves
se peindre une nuit blanche dans un onctueux dégradé
des souvenirs comme des trains à prendre
quelques orages surlignés
cg in (c)ourse bipolaire
MAINS
Ce n’est pas une main satiable
c’est une main vide
pour donner forme
au repos
Ce n’est pas une main tenue
c’est une main tenant
libre vraiment
de maintenir en vie
le désir
Ce n’est pas une main courante
c’est une main buissonnière
aux capiteuses fragrances
une main pleine de terre
Ce n’est pas une main sensée
c’est une main croyable
un orgasme entêtant
à filer frisson
à l’ordinaire jetable
Ce n’est pas une main délicate
c’est une main forte
puissante assurément
une main pressée
sur l’aorte
Ce n’est pas une main constante
ma main dans la vôtre
juste un instant de joie
dans un écrin
de paumes
cg in Toboggan de velours, à tire d'ailes 2019

La solitude me permet de retrouver la paix, avant ce que je pourrais appeler un cataclysme intérieur. Le temps ne me laisse pas le temps ! Je dois me réadapter sans cesse et me voilà au point de commettre un meurtre qui me pèse...
Tuer un peu de moi, pour que le reste reprenne de plus belle. Un coup de sécateur !
Mais, il y a des vieilles branches dont j'ai du mal à me séparer, peut-être me sont-elles plus utiles que ce que je crois.
J'ai toujours autant de mal à former un tout cohérent avec mes morceaux épars. Je ne parviens à me rassembler que dans la solitude, mais ce n'est peut-être qu'une illusion, car sitôt que je me confronte de nouveau au monde, aux autres, tout part en vrille...
La part essentielle, est probablement celle qui tente de réunir les autres ! Une bergère, une étoile, une gardienne...
cg in Journal 1996

quand j’entends des violons
inexistants
et oublie ces mots ces gestes
qui bafouillent
je t’aime
je naufrage au revers
d’un alcool de brume
ma robe est noire
mes yeux brûlés
des accents nomades
me font couler
mes sourires
tournent grimaces
et je tremble et grince
le vent se lève
tempête dans ma tête
gicle à mes lèvres
un jus noir amer
cg in Salines