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FUSIONS POÉTIQUES - Page 29

  • Justus Juncker - L'alchimiste

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    Quand le mental trouve à foison de la nourriture à broyer, de la bien noire, il ne s’en prive pas, à croire qu’il aime ça le goinfre ! Il en fait de la belle pâte, bien lourde, qui obstrue toute la lumière ou bien il la distille pour en tirer du venin pour le cœur. Une seule solution alors : le virer de la cuisine ! Allez, ouste, du balai ! Ouvrir grand toutes les fenêtres, fermer le gaz et laisser l’air et le silence emplir tout l’espace.

     

    in Le livre des sensations

     

     

     

     

  • Alfred Wierusz-Kowalski

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    Pluie de cœurs en torches. Moisson brûlante de coquelicots.

     

    Je marche, je cours, je suis la sorcière parfumée d’épices.

    Voyez les déluges rougissant entre mes seins d’ambre.

     

    Je cours et je danse.

     

    cg in Fugitive, Cardère 2014

     

     

     

  • Carmen Spitznagel

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    Apprendre à tisser des toiles, à capter la rosée. Manger l’herbe neuve.

    Faire de sa vie un art d’aimer. Ma solitude est hors d’usage.

     

    Je suis humus, humaine.

     

    Quelle est ma graine ? Ma fleur, mon arbre, mon fruit ?

    Qu’est ce qui en moi n’est pas fumier mais graine ?

     

    Comment cultiver mes jachères, me respecter ? 

     

    Je crois savoir, saisir parfois, mais le savoir ne vaut rien pour lui seul. Terre stérile.

     

     

    cg, in Celle qui manque, à tire d'ailes 2019 (rééd.)

     

     

     

  • Matthieu Delaunay - Enfants des rues de Manille

     

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    Inégalités extrêmes, dégueulasses ! Je pense à Sao Paulo, à Rio. Les gens dorment partout, n’importe où, des jeunes, des vieux, des familles, des bébés… La misère et son escorte : saleté, maladies, détresse, violence, prostitution… Injustifiable ! Ici, donner devient une obsession. Ce que je peux, ce que j’ai, de l’argent, de la nourriture, une main, un sourire, ce que nous sommes venus faire ici, avec nos rêves et nos histoires. Une fois de plus l’injustice me bouleverse, ne me laisse pas en paix. Donner, ne serait ce qu'un regard, faire ce geste vers l'autre, car il est un peu de moi et je suis un peu de lui et j’emmerde ceux qui me prennent pour une apprentie-Teresa, malgré que je ne puisse pas leur en vouloir. Il y a eu un soir ce môme, à qui il manquait une jambe, un enfant mutilé comme il y en a tant. Ce gamin pourtant était plus entier que moi ! Je lui ai donné un sachet de riz encore chaud, les restes de notre repas dans un bon restau indien… et il m’a offert une danse de joie, une danse si spontanée et un sourire si radieux que ça m’a fauché, je ne le méritais pas.

     

    cg, Manille, juin 1999

    in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

  • Auteur inconnu - Irlande

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    Selon Jean, dans le Nouveau Testament, au pied de la croix,

    Elles étaient trois :

    la mère Miriâm (Maria), la sœur de sa mère,

    Miriam de Clôpas, et Miryâm de Magdala.

     

    Trois, les Saintes Maries, trinité, comme dans les triades celtiques.

     

    cg in Universelle

     

     

     

     

     

     

  • Elfi Cella

     

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    Ici l’obscurité a des reflets. Au fond des puits précieux, gisent des clés, mais rien ne se dit, tout se tait.

     

    Ici s’achèvent les cycles, grande mer minérale, sa longue chevelure agitée d’oiseaux.

     

    D’ici on ne repart plus, les jambes prises, langueur ensorcelée que seul le vent sait rompre. Pour partir il faut des ailes, les ailes sont si lentes à pousser et la nuit exhibe ses étoiles, si vous saviez, il y en a tant, étranges cristaux rivés au triangle obscur du ciel.

     

    Ici est le pays des mondes souterrains, méandres secrets, sources blanches, tanières où veille le gibier des rêves.

     

    Ici est le pays où on est seul ensemble.

     

     

    cg in Chroniques du hamac, à tire d'ailes 2008

     

     

     

  • Graszka Paulska - Blue bird

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    Nous sommes les pâles fantômes aux faces écrans écrasées. Nous sommes les fumées hésitantes, les eaux lasses des cuvettes. Nous sommes les oiseaux mal cicatrisés des plafonds embrumés. Nous sommes des laveurs de barreaux, des rond-points barrés, des quésaco, des quais déserts, des trains murés.

     

    cg in Qué wonderful monde ! Nouveaux Délits, coll. Délits vrais n°1, 2011

     

     

  • Inna Kapustenko

     

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    Veuillez, je vous prie, me laisser procéder à ma défragmentation. Laissez-moi me rassembler, me ressembler, contempler le temps qu’il faudra la belle couleur orangée de cette tisane qui n’a rien coûté si ce n’est le gaz pour amener l’eau à ébullition. Il y a encore quelques sources buvables et gratuites. Il y a encore des fleurs sur des arbustes qu’on débroussaille au tractopelle. Il y a cette incroyable faculté du monde végétal de continuer à germer, à jaillir, à grandir, à pousser sans qu’on ne le lui demande. Quelques boutons de pissenlit, quelques feuilles de mélisse et le corps jouit d’être compris, tandis que les oiseaux cherchent ce qu’il faut pour faire leurs nids.

     

    cg in (c)Ourse bipolaire