Cédrick Hoffmann
je serai ta brèche
secret prodige
questionne cette faim
sous nos ailes tremblantes
vertige-moi
je serai cascade
ta résurgence dans l’immensité
in Des volcans sur la lune
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
je serai ta brèche
secret prodige
questionne cette faim
sous nos ailes tremblantes
vertige-moi
je serai cascade
ta résurgence dans l’immensité
in Des volcans sur la lune
Mystique dieu
Des herbes folles
Soleil ouragan
Œil du dragon
in Ailleurs simple, Nouveaux Délits éd. 2013
Y a-t-il mieux à faire que de contempler les mésanges ?
Plus bon que la joie défroissée, toute en crinière douce ?
cg in Le poulpe et la pulpe, Cardère 2010
Laisser boire les loups dans nos casseroles de rêves
se peindre une nuit blanche dans un onctueux dégradé
des souvenirs comme des trains à prendre
quelques orages surlignés
cg in (c)ourse bipolaire
MAINS
Ce n’est pas une main satiable
c’est une main vide
pour donner forme
au repos
Ce n’est pas une main tenue
c’est une main tenant
libre vraiment
de maintenir en vie
le désir
Ce n’est pas une main courante
c’est une main buissonnière
aux capiteuses fragrances
une main pleine de terre
Ce n’est pas une main sensée
c’est une main croyable
un orgasme entêtant
à filer frisson
à l’ordinaire jetable
Ce n’est pas une main délicate
c’est une main forte
puissante assurément
une main pressée
sur l’aorte
Ce n’est pas une main constante
ma main dans la vôtre
juste un instant de joie
dans un écrin
de paumes
cg in Toboggan de velours, à tire d'ailes 2019
La solitude me permet de retrouver la paix, avant ce que je pourrais appeler un cataclysme intérieur. Le temps ne me laisse pas le temps ! Je dois me réadapter sans cesse et me voilà au point de commettre un meurtre qui me pèse...
Tuer un peu de moi, pour que le reste reprenne de plus belle. Un coup de sécateur !
Mais, il y a des vieilles branches dont j'ai du mal à me séparer, peut-être me sont-elles plus utiles que ce que je crois.
J'ai toujours autant de mal à former un tout cohérent avec mes morceaux épars. Je ne parviens à me rassembler que dans la solitude, mais ce n'est peut-être qu'une illusion, car sitôt que je me confronte de nouveau au monde, aux autres, tout part en vrille...
La part essentielle, est probablement celle qui tente de réunir les autres ! Une bergère, une étoile, une gardienne...
cg in Journal 1996
quand j’entends des violons
inexistants
et oublie ces mots ces gestes
qui bafouillent
je t’aime
je naufrage au revers
d’un alcool de brume
ma robe est noire
mes yeux brûlés
des accents nomades
me font couler
mes sourires
tournent grimaces
et je tremble et grince
le vent se lève
tempête dans ma tête
gicle à mes lèvres
un jus noir amer
cg in Salines
Nous sommes chacun des fractions, d’infimes fractions d’expérience et nous nous pensons tellement importants, mon expérience versus ton expérience, votre expérience versus notre expérience… Vanité ! Un claquement de doigts dans une bulle de rêve. Le plus difficile est de marcher sur le fil de ce rêve sans basculer d’un côté ou de l’autre. Réel, irréel, le même mirage, miroir, miracle.
cg in Le livre des sensations
Il faut tenir bon, s’accrocher à la barre, museler le mental, l’attacher au mât… Il faut tenir bon, océan, désert, jungle étouffante, être les héros de nos tragi-comédies, les aventuriers du néant quotidien, les chevaliers du rêve, les ninjas de nos emmerdes banales et ridicules, naufragé de la méduse en plastique, recalés de la Grande Parade. Il nous faut tenir et surtout, rester bons.
cg in Le livre des sensations
Pavillons cossus, bien alignés, auxquels succèdent usines aux cours désertes, cheminées sinistres braquées vers le ciel. Voie ferrée, wagons rouillés, immenses cuves en métal, tuyaux, amas de débris graisseux... Voilà le port et ses grues fantômes. Containers de toutes les couleurs comme des boîtes d'allumettes empilées sur un vaste parking. Une poignée de caravanes sur un terrain vague parle plus de galère que de vacances et voici enfin le bateau massif de la P&O, le Norland.
cg, en route pour le port de Zeebruge, novembre 1997
in Calepins voyageurs et après
Trêve de noël
trinquer à la paix
vin et schnapps
à l’amitié
à l’absurdité
au courage obligé
au retour
à l’oubli
gueules cassées
de ce qui ne pourra jamais
cicatriser
la honte le dégoût
d’être tombé au plus bas
de l’humanité
et pour qui ?
et pour quoi ?
de chaque côté sectionnés
par une ligne mouvante
ligne mortelle
héros meurtriers
patriotes assassins
du frère épuisé
qui s’est endormi
en faisant le guet
La machine de guerre
hachoir fou
recrache ce qu’elle ne peut
avaler
ossements pierres
justice et vérité
les cœurs qui battent
ba boum ba boum
pour la liberté.
cg in La grande boucherie
Statues guerrières
Au coucher flamboyant
Brandissant meurtrières
Vos étendards sanglants
Vous qui vous tenez
Hautes, droites
Immobiles et féroces
Tandis que sonne le glas
Que l'on recouvre la fosse
Splendides épouvantails
Sur vos socles maudits
Statues gorgées
De tant de sang répandu
Foutez donc la paix
Aux soldats inconnus.
cg, in Guerres et autre gâchis, Nouveaux Délits éd. 2014
illustration originale de JL Millet
ces cargaisons de rêves
éventrés sous nos paupières
où nagent des visions
poissons essoufflés
tambours de sang de sel
nous traverserons
cg in Aujourd'hui est habitable
Liqueur sombre
Des maux secrets
Flacons de nuits
Dont l’âme se soûle
En grande océane
cg in Mystica perdita, à tire d"ailes 2009
Parfois, j’ai des orgasmes de nature, qui m’ouvrent le cœur en deux comme une graine mûre. Je suis l’arbre, la mésange, la grenouille, le nuage, la pluie, l’orage, je pourrais dévaster un bureau de pôle emploi, en faire une jungle pleine de feuilles, de cris et de fouillis odorant. Où est la case poète ? S’il n’y a plus de place pour les arbres, les plantes, les oiseaux, les animaux, il n’y en a pas non plus pour les enfants, les mystiques et les poètes, tout ça c’est la même chose, tout ça est connecté directement à la source, la source vitale, la source de toute chose. Pur ressenti, pure perception, en résonance avec le monde des formes mais totale inadéquation avec celui des normes et des apparences. Il n’y a pas de mystère, tout est mystère et la normalité est une affreuse invention, réduction, supercherie.
cg in Le livre des sensations