Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

FUSIONS POÉTIQUES - Page 25

  • Tessa Horrocks

    Tessa Horrocks .jpg

     

    J’atteindrai le mot ultime. Le mot qui a vu le visage de la mort. En attendant ce jour, je polis mes cailloux, mes pacotilles.

     

    Vieilles mémoires à nettoyer, tiens Saturne, je te les offre. Prends ! Fais en des os, des pierres.

     

    Cailloux, galets, encore libres de droits, de brevet, j’entends vos chants.

     

    cg in Celle qui manque

     

     

     

  • Christian Schloe

    Christian Schloe.jpg

     

    Moi aussi, je fais partie du clan des Cicatrices et je ne puis être telle qu’on me souhaite, l’incohérence est naturelle, bien plus que l’ordre et la logique !

    Je suis un sacré bout de bonne femme ! Et chaque mot à son importance !

    Louve parmi les hommes, me reste à trouver ma place parmi les femmes… Que de mystères !

    Amoureuse ? Oui ! De ces choses insaisissables que sont le vent et le soleil, la lumière des étoiles, le parfum de la lune, l’eau, le feu et les chants qui montent au ciel !

    Les autres m’ont rendue méfiante mais ils m’ont également appris la sagesse. Parfois, c’est si facile de lire en eux que c’en est effrayant ! Des enfants, voilà la vérité, peu d’êtres humains ont quitté leur enfance ! Devenir « adulte » exige un courage que nous avons perdu ou oublié. Je n’en ai pas beaucoup de ce courage là mais j’ai l’avantage de pouvoir me déployer dans toutes les directions, je suis une antenne multipliée vers l’infini. J’ai mis un pied dans le monde d’en bas, celui qui se dissimule sous la croûte dorée des réalités superficielles, et jamais je ne pourrais oublier. Je n’ai pas d’autre choix que d’avancer là où le courant me porte, en tâchant de danser, de danser avec lui autant que je le peux !

     

    cg, in Journal 1998

     

     

     

     

  • Zeynep Beler - Andromeda

    Zeynep Beler Andromeda.jpg

     

    Mes yeux sont des miroirs en flammes, mon sexe un coquillage dans ta paume fraîche.

    Poumons, torse, seins, veines. Météores de désir aux frontières de chair. Écume de jasmin.

     

    Les dés sont jetés. Exil de la flèche en déroutante verticalité. Incision. Je décrypte le signe.

    La chair, la sève et le squelette des rêves. La substantielle énigme de verre.

     

    cg in Les mots allumettes, Cardère éd. 2012

     

     

     

     

     

  • Christian Guerder

    Christian Guerder 6.jpg

     

    Silence épinglé au ciel

    Boutons d'étoiles mal cousus

    Aux vestes des poucets

    Chuchotis de rivière

    Soupirs des fossés

    Libellules ensorcelées

    Par les folles herbes

     

    cg, in Au fond du tiroir, Livre d'artiste n°2, 2012

     

     

     

     

     

  • Selva

    Selva maquette.jpg

     

    Selva

     

    Ombres pâles sous la lune, le petit groupe avance, en silence. En tête, l’Ancien, celui qui sait. La nuit aux yeux d’onça les observe, les couve de désir phosphorescent, de douceur oppressante. Ténèbres végétales gorgées de sucs et de venins. Les transes stridentes des insectes s’élèvent, s’apaisent. Pulsations, ondulations, symphonies d’un autre monde. Océan de cuirasses, carapaces, antennes, crocs, mandibules, pattes, mâchoires. Copulation. Mutilation. Vie et mort s’entredévorent.

     

    Les hommes marchent. Des traits rouge vif marquent leurs pommettes saillantes. Colliers, perles d’os, flûte gravée, calebasses remplie de feuilles, graines, poudres, pierres secrètes. Les hommes marchent vers le monde des morts. Bientôt leur terre ne sera plus. Atteinte depuis trop longtemps d’une étrange maladie, elle rétrécit et personne ne sait comment la guérir, pas même celui qui sait, l’Ancien.

     

    Une étrange maladie et bien d’autres fléaux aux mains d’un envahisseur blanc, cruel, avide, au pouvoir venimeux. L’Ancien ne peut que s’incliner ; les Esprits semblent avoir rétréci avec son monde. Il ne les entend plus. Fouillés, prospectés, clôturés, abattus, démembrés, brûlés, souillés, massacrés, les Esprits ne parlent plus.

     

    L’Ancien pourtant continue à marcher. Solide. D’autres le suivent. Ombres de plus en plus pâles sous la lune rouge. Et des ténèbres vers la voûte lactée, monte la plainte de la Mère qui pleure.

     

    cg in Sursis (à tire d'ailes 2017)

    Collage originale du même nom

     

     

     

  • Mes fous chez Voix Dissonantes

    extraction-de-la-pierre-de-folie-par-jerome-bosch

    texte cathy garcia  / jérôme bosch  L’excision de la pierre de folie  1494

     

     

    Il existe sur cette terre un peuple dont on ne parle jamais mais ils se reconnaissent entre eux ; ils s’aiment ou se haïssent mais surtout sans cesse, ils se renvoient la même question, la seule à leurs yeux qui mérite d’être posée. Ils cherchent, cherchent sans répit, sinon quelques plages de mensonges et certaines formes d’oubli. Cette question murmurée, implorée, chantée, hurlée, ils s’en frappent la tête. Ils s’en mettent le cœur à vif. Ils la boivent tel un vin rare, se saoulent et se régénèrent, la perdent pour mieux la retrouver jusqu’au bout des nuits blanches, des journées sans soleil. Ils la décortiquent, l’aspirent, la crachent et l’offrent parfois sans calcul comme un bouquet de fleurs à une âme de passage.

     

    Certains disent qu’ils sont fous. Et alors ?

     

    Il en faut des fous pour exorciser nos démons, pour donner corps à nos monstres et nous permettre de dormir en paix ! Il en faut des fous pour se mettre à nu et se poignarder avec tous nos pieux mensonges ! Il en faut des fous pour se lancer dans ce vide que nous n’affrontons pas même du regard. Il en faut des fous pour aller décrocher les étoiles qui brillent derrière nos paupières cousues.

     

     

    Il en faut des fous pour accoucher le monde !

     

    Fous ! Les fous battent la campagne et la breloque !

    Fous ! désaxés ! détraqués ! dérangés !

    Siphonnés, piqués, cinglés, timbrés, cintrés!

    Mabouls, marteaux ! Toqués, tapés ! Tordus, toc-toc,

    Cinoques, louftingues, dingues loufoques !

     

    Z’ont perdu la raison,

    La boule et la boussole,

    Une araignée au plafond,

    Mais qu’importe Monsieur,

    Les fous travaillent et pas qu’un peu

    Les fous travaillent du chapeau !

     

    Les fourres tout

    Les foutrement gais

    Les inspirés

    Chercheurs de vérité

    Fous téméraires

    Et foutu bordel !

     

    Les fous à lier

    Les fous de liberté

    Les fous d’amour

    Les fous de bonheur

    Les fous de joie

    Les fous de rire

    Les fous des bois

    Fous de toi

    Et fous au galop

    Les fous échappés du jeu de tarot

    Les fous en marche

    Sur l’échiquier

     

    Il y a aussi les foutez-moi la paix

    Les foutez-vous de ma gueule

    Et tous ces fous qui en veulent

    Il y a les vieux fous sans lendemain

    Les fous qui combattent les moulins

     

     

    Les fous parlent à leur chien

    Les fous respectent la terre

    Les fous donnent tout

    Les fous ne mentent pas

    Les fous flânent en chemin

    Nourrissent les oiseaux

    Les fous pleurent

    La mort d’une fleur

    Les fous se rient des frontières

    Les fous traversent les déserts

    Gravissent les montagnes

    Franchissent les mers

    À la nage ou à la rame

    Les fous disent paix et tolérance

    Brûlent leur carte d’identité

    Pour être sans-papier

    Refusent de s’alimenter

    Parce que d’autres sont affamés

    Les fous ne ferment jamais leur porte à clé

     

    Les fous vivent dans les arbres

    Les fous sèment des jardins

    Les fous se couchent au sol

    Devant les tanks les bulldozers

    Il y a des fous qui aiment tellement les animaux qu’ils ne les mangent pas

    Il y a les fous qui balaient devant leurs pas

    pour ne pas écraser les fourmis

    Les fous parlent d’amour quand on leur fait la guerre

    Les fous pardonnent à leurs tortionnaires

    Les fous luttent, résistent, inventent

    Aiment et cultivent la différence

     

    Les fous vivent leurs idéaux

    Les fous crachent des poèmes

    Sur les façades des cités

    Les fous refusent télé, supermarchés

    Refusent d’être vaccinés, pucés

    S’entêtent à ne pas se résigner

     

    Les fous un jour partent

    Sans se retourner

    Les fous voyagent à pied

    À dos d’ânes, en roulottes

    Il y a des fous qui vont dans une grotte

    Méditer pendant des années

    Il y a des fous qui peuvent

    Se passer d’électricité

    Les fous font de leurs rêves une réalité

    Les fous s’aiment malgré tout

    Les fous refusent le garde à vous

    Les fous croient en la justice

    Et pensent pouvoir changer le monde

     

    Mais les fous craignent les fous

    Les fous vraiment malades

    Les fous nocifs, les fous dangereux

    Les foutez-les dehors

    Les fous qui veulent rester entre eux

    Les fous offensifs

    Führers et fous sanguinaires

    Des fous pervers

    Fous du violent

    Foudre de guerre

    Fous psychopathes

    Et fous de la gâchette

    Des fous furieux

    Des fous maniaques

    Des fous avides

    Des fouilles-merde

    Des fous stupides

    Fous des grandeurs

    Fous persécuteurs

    Fous délirants

    Fous paranoïaques

    Et fous de la matraque

    Des fous forcenés

    Fous d’odieux

    Des fous banquiers

    Fous scientifiques

    Fous fanatiques

    Des fous déguisés en flic

    Fous de fric de pouvoir

    Des fous politicards

    Fous qui veulent tout diriger

    Fous qui veulent tout acheter

    Y’a pas pire fous que ceux-là.

    Fous qui pensent qu’ils n’en sont pas

     

    Et qui proclament :

     

    Est fou celui qui ne pense pas comme nous…

    Est fou celui qui n’est pas comme nous…

     

    Et ils enferment, détruisent, asservissent et assassinent.

     

    Monde foutu par ceux-là ?

    Planète foutue par ces fous ci ?

     

    Plutôt fou-rire !

     

     cg, in Follement autre

     

     

    Source et merci à :

    http://voixdissonante.eklablog.com/dans-les-textes-les-fous-a203062156

     

     

     

  • Trois profondes entailles, en partie créées par l’homme, entourées de deux chevaux - Paléolithique supérieur - Forêt de Fontainebleau

     

    Emilie Lesvignes trois profondes entailles, en partie créées par l’homme paléolithique supérieur, entourées de deux chevaux Forêt de Fontainebleau. s.jpg

    photo : Émilie Lesvignes 

     

     

    RÉSURGENCE 

     

    Je suis la Truie dit-elle

    et la Lionne.

    Mon jardin fut des plus fertiles,

    ma fontaine des plus sacrées.

    Je contiens tous les âges,

    le temps devant moi

    docilement s’inclinait.

     

    Ils sont venus

    en mon ventre

    arracher le soleil.

    Ils m’ont liée à la lune,

    jetée à la nuit

    mais jamais lumière

    ne fut plus blanche

    qu’entre mes cuisses

     

    Toi le frère, le fils, le père

    et l’Ancien qui a trahi,

    tu te dresses en conquérant

    sur des ruines et des cendres.

    Tu invoques l’amour

    glaive à la main,

    des fusils des roquettes,

    innombrables phallus

    de destruction.

     

    Tu n’as jamais été pourtant

    aussi impuissant,

    homme émasculé du sens,

    depuis que les déesses de l’amour

    tu as maudites.

     

    Innana, Ishtar, Astarté

    Brûlés le fruit le jardin

    Symboles de ta perdition

     

    Tu as réduit les mères nourricières

    au rang de putains de l’agro-industrie,

    tu leur a mis le joug

    de tes folies mécanistes.

     

    Cérès Déméter pleurent sans fin,

    quelle que soit la saison,

    Perséphone ne quitte plus les enfers.

    La vulve de Gaïa est sèche,

    ses seins sont crevés,

    ses veines lourdes et souillées.

     

    La vérité n’est plus voilée,

    elle est violée sans répit

    mais tu as beau pilonner homme

    je reste l’Inviolable

    et la Vierge éternelle

     

    « car je suis la première et la dernière.

    Je suis l’honorée et la méprisée.

    Je suis la prostituée et la sainte.

    (…)

    Ayez du respect pour moi.

    Je suis la scandaleuse et la Magnifique. » *

     

     

    in Salines, 2007

     

     * transcrit de papyrus gnostiques traduits en copte au IIIe ou Ive siècle,

    découvert vers 1945 à Nag’ Hammâdi, en Haute-Egypte

     

     

     

  • Hétaïre jouant de l'aulos - Bas relief trône antique dit de Ludovisi, Rome

    Hétaïre jouant de l'aulos - Bas relief trône antique dit de Ludovisi, Rome.jpg

     

    L’aube originelle se fraye un chemin au travers les ténèbres contractées, elle en émerge enfin, écorchée, écarlate. La pluie se mêle à la lumière. Noces sanguines pour baigner la nouvelle-née. Une flûte insolente marque le début d'une danse. La nuit grouillante de cauchemars est refoulée à l’angle de l’oubli. Les fleurs ont remplacé la boue, c'est la naissance de l'amour !

    cg in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

  • Lilith au soleil

    Cédrick Hoffmann.jpg

    photo©Cédrick Hoffmann

     

    L'homme du solaire et la femme du lunaire (si ce n'est par tempérament, au moins par l'éducation encore, quoiqu'en en dise, la plus généralement en vigueur). La femme tend vers le solaire (car sa nature profonde est solaire) et cela peut passer par la phase Lilith, la lunaire révoltée et donc pas encore libre puisqu'en réaction, en colère, et l'homme lui devra passer par le lunaire soumis pour devenir un lunaire évolué, à terme cela donne deux androgynes ultra évolués, complets.

    Je suis restée longtemps bloquée entre la lunaire hypersensible et la lunaire révoltée et là je tends je crois, j'espère, vers la solaire. L'énergie masculine de la femme solaire, l'Animus, est mise au service de l'expression de ses qualités féminines, elle ose enfin être elle-même, douce et forte à la fois, sans contradiction. La femme solaire est une femme spirituelle branchée sur le cœur rayonnant, les pieds bien ancrés à la Terre où elle prend Source.

    Les femmes lunaires révoltées attirent les lunaires soumis qui retrouvent en elles la mère inaccessible et dominante. Soit ils tentent de les dominer et c'est le conflit interminable, soient ils acceptent la transition : vivre leur faiblesse, accepter d'être ce qui n'est pas conforme à l'image de l'homme exigée par la société, rencontrer et accepter jusqu'au bout la part féminine qui est en eux : l'Anima. Le danger alors est de ne plus arriver à sortir de ça, afin de pouvoir passer au lunaire évolué et donc à l'androgyne accompli, car la société est impitoyable avec ces hommes sensibles qui paraissent faibles, fragiles, passifs, et les femmes aussi, surtout si ce sont des femmes lunaires révoltées, bloquées sur leur colère, parce qu'elles les détruisent en les voulant à la fois soumis pour ne pas être soumises, tout en ne supportant pas leur faiblesse. Alors qu'une femme solaire évoluée va accompagner l'homme dans cette traversée jusqu'à ce qu'il puisse renouer paisiblement avec sa force masculine et devenir ainsi un homme vraiment lumineux, en qui s'unissent harmonieusement part masculine et féminine. L'homme spirituel, fort et doux à la fois et donc l'action devient alors extrêmement féconde.

    Voilà la voie qui nous est indiquée depuis les débuts de l'humanité, autant pour les individus que pour les sociétés.

     

    cg, vers 2007

     

     

  • Carol Nelson

    carol nelson 0.jpg

     

     

    nous invoquerons

    le serpent sorcier

    son sillage envoûtant

    sur les parois des canyons

    des torches entre les paumes

    pour éclairer ses entrailles

    poudre de suif baroque

    le frisson sur la nuque

    et des visions dans le ventre

    nous poursuivrons le vertige

    entre les cendres du rêve

     

    cg in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018