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FUSIONS POÉTIQUES - Page 26

  • Hétaïre jouant de l'aulos - Bas relief trône antique dit de Ludovisi, Rome

    Hétaïre jouant de l'aulos - Bas relief trône antique dit de Ludovisi, Rome.jpg

     

    L’aube originelle se fraye un chemin au travers les ténèbres contractées, elle en émerge enfin, écorchée, écarlate. La pluie se mêle à la lumière. Noces sanguines pour baigner la nouvelle-née. Une flûte insolente marque le début d'une danse. La nuit grouillante de cauchemars est refoulée à l’angle de l’oubli. Les fleurs ont remplacé la boue, c'est la naissance de l'amour !

    cg in Calepins voyageurs et après ?

     

     

     

     

  • Lilith au soleil

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    photo©Cédrick Hoffmann

     

    L'homme du solaire et la femme du lunaire (si ce n'est par tempérament, au moins par l'éducation encore, quoiqu'en en dise, la plus généralement en vigueur). La femme tend vers le solaire (car sa nature profonde est solaire) et cela peut passer par la phase Lilith, la lunaire révoltée et donc pas encore libre puisqu'en réaction, en colère, et l'homme lui devra passer par le lunaire soumis pour devenir un lunaire évolué, à terme cela donne deux androgynes ultra évolués, complets.

    Je suis restée longtemps bloquée entre la lunaire hypersensible et la lunaire révoltée et là je tends je crois, j'espère, vers la solaire. L'énergie masculine de la femme solaire, l'Animus, est mise au service de l'expression de ses qualités féminines, elle ose enfin être elle-même, douce et forte à la fois, sans contradiction. La femme solaire est une femme spirituelle branchée sur le cœur rayonnant, les pieds bien ancrés à la Terre où elle prend Source.

    Les femmes lunaires révoltées attirent les lunaires soumis qui retrouvent en elles la mère inaccessible et dominante. Soit ils tentent de les dominer et c'est le conflit interminable, soient ils acceptent la transition : vivre leur faiblesse, accepter d'être ce qui n'est pas conforme à l'image de l'homme exigée par la société, rencontrer et accepter jusqu'au bout la part féminine qui est en eux : l'Anima. Le danger alors est de ne plus arriver à sortir de ça, afin de pouvoir passer au lunaire évolué et donc à l'androgyne accompli, car la société est impitoyable avec ces hommes sensibles qui paraissent faibles, fragiles, passifs, et les femmes aussi, surtout si ce sont des femmes lunaires révoltées, bloquées sur leur colère, parce qu'elles les détruisent en les voulant à la fois soumis pour ne pas être soumises, tout en ne supportant pas leur faiblesse. Alors qu'une femme solaire évoluée va accompagner l'homme dans cette traversée jusqu'à ce qu'il puisse renouer paisiblement avec sa force masculine et devenir ainsi un homme vraiment lumineux, en qui s'unissent harmonieusement part masculine et féminine. L'homme spirituel, fort et doux à la fois et donc l'action devient alors extrêmement féconde.

    Voilà la voie qui nous est indiquée depuis les débuts de l'humanité, autant pour les individus que pour les sociétés.

     

    cg, vers 2007

     

     

  • Carol Nelson

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    nous invoquerons

    le serpent sorcier

    son sillage envoûtant

    sur les parois des canyons

    des torches entre les paumes

    pour éclairer ses entrailles

    poudre de suif baroque

    le frisson sur la nuque

    et des visions dans le ventre

    nous poursuivrons le vertige

    entre les cendres du rêve

     

    cg in Aujourd'hui est habitable, Cardère 2018

     

     

     

  • Antony Gormley - De la série "Connection"

     

    Antony Gormley - De la série Connection - Aniline dye (2).jpg

    HORIZONS INTÉRIEURS

      

    Il y a des mots qui plaisent.

    Chamane, homme chat ?

    Un esprit qui sommeille

    tout au fond de moi

     

    Toucher à la source même

    des miroirs

    et ne pas se méprendre

    sur le sens du mot

    « Pouvoir ».

     

    Dans le sang ça se traîne

    et ça nous parle.

    Tout se rejoint au centre

    du pain ou du divin

    c'est la même chose

     

    J'y ai mis les doigts

    Pourquoi moi ?

     

    Nous savons tout

    depuis le commencement.

    Enfants magiques

    nous avons oublié

    perdu les clés

    mais elles sont là

    juste sous notre nez

     

    Il n'y a qu'à tendre la main

    Faire résonner la corde humaine

    La juste note

    Laisser le souffle

    Chevaucher.

     

    1996



     

     

  • Eva Antonini

    Eva Antonini - Tutt'Art@ - (37).jpg

     

    Le chant de La Vieille

     

    corps tordu

    incendie

    calcinée

    je suis

     

    soumise

    tel fut mon satori

    ma beauté demeure

    hors de ta portée

     

    vie et mort

    j’ai la connaissance

    des profondeurs

    c’est pour cela

    que le serpent m’a aimée

     

    toutes les bêtes

    m’ont apprivoisée

    pattes griffes

    plumes toisons

    ma flèche touche au cœur

    tout prédateur nommé homme

    je règne animale

    sur toute la création

     

    j’ai initié bien des peuples

    qui m’ont nommée lunaire

    de la génisse à la brebis

    pour m’asservir

    nombre de lois

    ont été dictées

    mais joug après joug

    je demeure l’indomptée.

     

    je parle la langue des oiseaux

    qui lisent dans mon cœur

    les mauvais augures

    ne portent pas de plumes

    mais des bâtons cracheurs de feu

    des couteaux et des bombes

     

    au commencement des temps

    j’étais déjà penchée

    sur le berceau de l’humanité

    en moi était contenue

    l’empreinte de toute forme

    et la mémoire des abysses

     

    ma puissance est immense

    je suis la porte des mondes

    je suis le cobra

    prends garde humain

    si tu ne respectes pas l’équilibre

    tu seras balayé pulvérisé

     

    à genoux homme

    ferme les yeux

    ouvre ton cœur

    ton sexe est sacré

    l’as-tu donc oublié ?

     

    allez viens danser avec moi

    sens-tu sous tes pieds

    le frisson des racines ?

    sens-tu le rythme du vent

    les tourbillons de la sève ?

    viens danser avec moi

    viens sentir l’étreinte

    et la lune dans nos veines

     

    je connais les partitions du frisson

    et les passes secrètes

    qui font du plaisir

    un art sacré

     

    je connais les paysages intérieurs

    des quêtes et des illuminations

    vers le nord hypothétique

    je vois au loin sur les plaines

    la lente pérégrination des hommes

     

    pour se connaître

    il leur faut pénétrer la terre

    ériger des totems

    pour ensemencer les cieux

    mais ils se trompent

    et n’encensent

    que faux dieux.

    pour me connaître

    qu’ils suivent la piste

    féline.

     

    ils pourront me trouver aussi

    nue et lisse au creux des pierres

    s’ils posent leur oreille

    contre les os de la terre

    ils entendront battre

    mon cœur

     

    je suis l’innocence faite chair

    mais ne te laisse pas bercer

    par la douceur de mes courbes

    une part de moi ne dort jamais

    sous le regard de l’éveillée

    tu es nu comme un nouveau né

     

    mystère et magie

    art des saltimbanques

    depuis le début des temps

    j’accompagne les nomades

    car mon nom est mouvement

     

    je suis la première et la dernière

    sœur amante mère épouse

    je suis toutes en une

    et une en toutes

    je suis la voie du cœur

    la voix enchanteresse

     

    j’ai pouvoir de vie et de mort

    tant de fois j’ai enfanté les ténèbres

    huilé la nuit de mon corps

    je suis le serpent primordial

    qui enlacera le monde

     

    après tant de siècles à m’humilier

    comprendras-tu enfin ?

     

     

    cg, 2009

    in Universelle

     

     

     

     

     

     

  • Alain Etchepare - de la série La thébaïde

    Alain Etchepare La thébaïde 6.jpg

     

    Thébaïde

     

    Elle est entrée en silence comme dans un bain d’huiles, quand les parfums se font médecine. Elle est entrée en silence et n’en est plus ressortie. Certains disent qu’elle s’est noyée, d’autres — mauvaises langues —, que le bain a refroidi. Tout cela est faux. Elle est entrée en silence et elle y a découvert un vaste univers, nul besoin de revenir puisque elle n’est même pas partie. Elle est simplement entrée. Entrée en silence. Les pieds léchés par les vagues, la place immense où il ne fait jamais nuit, pas plus que jour d’ailleurs, il y fait seulement un léger, un merveilleux, un dense silence. Elle y est entrée comme on entre dans son lit, comme on glisse en soi. Elle n’est pas partie. Elle est là, minuscule et immense, en silence.

     

    cg in Le baume, le pire et la quintessence

     

     

     

     

     

     

     

  • Zdzisław Beksiński - 1979

    Zdzisław Beksiński 1979.jpg

     

    La sève ruisselle. Son chant écorce l’univers

    et la nuit frissonne en songeant au festin.

    Nous voici disloqués. Éblouis, transis, illuminés.

     

    Tout brûler et repartir, de déchirure en déchirure. Faisceaux d’un élan unique.

     

    La toile se recréé. Perdre en apparence, gagner en vigilance.

     

    cg in Les mots allumettes, Cardère éd. 2012

     

     

     

     

     

     

     

  • Karmax

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    Ma maison est de traviole ? Tant mieux, les oiseaux en rigolent.

    Ça, c’est le pied de nez rouge, qui tache si on insiste. La caracole du clown.

     

    cg in Celle qui manque

     

     

     

     

     

     

  • Jonk

     

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    il ne peut y avoir de grandes visions neuves, que des redites, des espoirs lancés au ciel ou semés en terre, qui retombent en pluie ou en missiles, qui poussent ou crèvent. Il ne peut y avoir qu'une multitude de petites visions en souhaitant que chacune d'elle soit à la fois unique et universelle, une multitudes de petites actions qu'il faudrait belles, juste et bonnes.

     

    in (c)Ourse bipolaire

     

     

  • Amy Weil

    Amy Weil.jpg

     

    Découper en petits morceaux ridicules l’exaspération,

    le sentiment d’absurdité grandissant au fur et à mesure

    que le temps compte nos chutes.

     

    cg in à la loupe, tout est rituel

     

     

     

  • Rostislav Košťál

    Rostislav Košťál.jpg

     

    le corps comme

    un vieux livre

    dont les pages

    jaunissent

    combien encore

    à tourner ?

    l’horloge bloquée

    sur l’heure de

    la décrépitude

    un demi siècle

    a sonné

    le cœur pourtant

    semble solide

    dessinées sur les pages

    des cartes de territoires

    s’en retournent en jachère

    la terre appelle la chair

    quelques poèmes peut-être

    dont l’encre s’efface

    des partitions de frissons

    d’exultations

    et puis des pages sales

    des pages piquées

    de chagrins

    quelques grandes auréoles

    noires sur des pages

    muettes

    des pages trouées

    des pages envolées

    aussi

    qu’on ne retrouvera

    plus jamais

    des pages qui tremblent

    sous le vent qui les tourne

    et voudrait les arracher

     

    cg in Vieillir