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FUSIONS POÉTIQUES - Page 40

  • Maurice Sapiro

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    Je me souviens du trou que je creusais dans le jardin de mon enfance, à la pelle en plastique, et qui devait me conduire en Australie. J’avais 5 ou 6 ans, et j’étais convaincue d’y arriver… Je ne me suis pas encore découragée, ça viendra, j’ai tout mon temps !

    On peut creuser pendant plus de vingt ans sans savoir si on va arriver quelque part, voyage souterrain… Il y a longtemps, j’avais écrit que nous autres, êtres humains, nous étions comme des taupes, c’est peut-être vrai.

    Écrire devient pesant, je préférerai laisser mes mots monter au plafond, plutôt que de les coincer sur une page.

    Qu'est ce qu'écrire, sinon tenter de saisir au vol des pensées pour les figer sur du papier ? Les mots-papillons : certains perdent vite leurs couleurs, d’autres conservent leur éclat pendant longtemps, mais ce ne sont que des tentatives, du décryptage, très souvent les pensées nous échappent et c’est peut-être très bien ainsi.

    Que les pensées lumineuses aillent rejoindre les ruisseaux de joie qui parcourent la terre, quant aux autres elles sauront toujours trouver leur chemin, pas de soleil sans ombre…

     

    cg in Journal 1998

     

     

     

     

  • Zdzisław Beksiński

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    Rêve du 31 octobre 2011

     

    Entrepôt immense, je suis avec X. et je fouille et tri tout ce qui est entassé là depuis... la guerre  ! Je réalise que ce sont toutes les affaires des gens morts en camps de concentration, y compris leurs vêtements enfouis avec leurs ossements à un endroit dans la terre, je vois des crânes mais plutôt d'animaux dont un qui a des os d'une autre personne dans la mâchoire, tout est emmêlé ; des tas de boîtes, dont des petites en plastique rose où il y a des affaires de chaque personne, genre les seuls trucs qu'il pouvaient garder avec eux. L'une d'elle, il n'y a que des dés, une autre de petites bricoles d'enfants etc. Je retrouve des espèces de mini-compteurs, des mesureurs de je ne sais quoi, "encore allumés !!!!", je m'exclame à X. Je trouve des caisses avec des journaux d'époques où hitler, la croix gammée, côtoient mickey et tintin, un carton de livres pour petite filles pour coudre, avec un set de fils et aiguille tout neuf, des photos (mais on dirait des photos de reconstitution de gens en train de mourir dans des chambres en gaz, on dirait que les gens sont en plâtre), des sacoches de cuir lourdes de pièces de monnaie, une enclume je crois et des tas d'outillages. L'entrepôt est immense et plein de tout ça, il y a des établis où j'étale les choses.

    Je suis entre l'extraordinaire richesse de tout ça pour la mémoire, la récup type brocante (une manne) et le bouleversement, je me demande si on peut prendre ces affaires, si ce n'est pas les voler encore une fois et puis je me dis qu'ils sont partis depuis longtemps, je me dis qu'il faut mettre beaucoup de douceur là et je vois comme un tissu indigo vaguement illuminé en pensant ça, je suis pas mal dans les pensées en fait. 

    Et puis X. n'est plus là, je sors dehors, vers un groupe de gens, il y a un homme, grand, blond, avec un pantalon un peu bouffant kaki, comme des rangers, il a l'air très sûr de lui, il parle fort, il me dit d'une grosse voix et l'air content "on va tout brûler" en parlant de ce qu'il y a dans l'entrepôt. Je me dis que oui peut être ce serait le mieux mais quelque chose chez cet homme me parait louche, faux, je me demande alors s'il ne serait pas un ancien nazi.

    Je retourne dans l'entrepôt, c'est le soir, genre bientôt la nuit va tomber et là les portes se referment, des grilles, j'ai un pressentiment, je vois le cul d'un mec en pantalon kaki s'asseoir devant, je me précipite, ils sont plusieurs, je suis derrière une grille, je crie pour qu'on m'ouvre, ils ne font pas attention à moi, ce sont donc des militaires, des gardes, ils ont des bergers allemands...  Ma fille est avec moi, et l'un d eux lâche un chien sur elle qui veut le caresser mais je crie "non !". Le chien passe comme s'il n'y avait pas de grille et commence à mordre la jambe de ma fille.

    Je sais que je suis prise au piège, genre les nazis sont toujours là, heureusement le réveil sonne à ce moment là.

     Le rêve me colle, comme un suaire j'allais dire : la précision des objets, des sensations, c'était vraiment très fort.

     

     

     

  • Lorenzo Cicconi Massi

    Lorenzo Cicconi Massi .png

     

    tandis que s’envole la chimère

    libre et merveilleuse

    nous secouerons la pesanteur

    pour fuir l’étreinte des goudrons

    roulerons sous les horizons

    tranchants comme des rasoirs

    à la gorge du ciel

     

    cg in Aujourd'hui est habitable

     

     

     

     

     

  • Alexandra Dvornikova

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    Je dois marcher encore, vers les jachères où les sources vives, brassent des runes de rocs et d’ongles. Ça ulule, ça hurle, les nuits sont glacées, les étoiles toujours inaccessibles mais le cœur résonne dans le bois, dans les pierres.

     

    Tambours, feux couvés. Flammèches, camouflage des crinières.

     

    Nuques renversées. Transe insolente.

    L’âme s’encorde aux cailloux sorciers.

     

    cg in Fugitive, Cardère 2014

     

     

     

     

  • Sheela na gig - Blackhall Castle, Kildare - Irlande

    Sheela na gig Blackhall Castle (Kildare) Irlande.jpg

     

    « La treizième revient, c’est encore la première… »

    Gérard de Nerval dans les Chimères

     

    Arthémis de Tauride

    Sathana, la Diane des Scythes

     

    Notre-Dame-de-la-Nuit

    Notre-Dame-de-Sous-Terre

     

    La « Sheela na gig » des églises d’Irlande, d’Angleterre.

     

    Déesse labyrinthique

    Signes séculaires serpentiformes

     

    Notre-Dame-de-la-Joie

    Notre-Dame-des-Douleurs

    Notre-Dame-de-la-Lune

     

    cg in Universelle

     

     

     

     

  • Ernest Quost - Fleurs de Pâques

    Ernest Quost Fleurs de Pâques - .jpg

     

    Toutes les Rosa pleurent et leurs larmes alimentent l'océan de toutes les peines. Toutes les Rosa pleurent à genoux, devant leurs fleurs piétinées, mais jamais elles ne désespèrent de ce jardinier, celui dont elles ont tant entendu parler : l'homme avec un petit "h" comme humilité, deux « m » pour mieux aimer, grand cœur, belle âme, aux mains tendres et fertiles.

    cg in Rosa pleure

     

     

     

  • Joan Fullerton

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    Le manque creuse, appelle la quête. Celle qui manque devient celle qui cherche. Chercheuse d’espace, de lumière dans le cœur de l’Autre.

     

    Je suis née d’un étrange ailleurs, exilée en marche perpétuelle.

    Par les veines de la terre, sa chair, ses vertèbres résonantes, je suis reliée.

     

    Reliée vive.

     

    in Celle qui manque

     

     

     

     

  • Stanka Kordic

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    SI ON M’AVAIT DIT…

     

    Si on m’avait dit

    que j’allais t’aimer comme ça !

    Si on m’avait dit

    que tu allais me remplir comme ça !

    Si on m’avait dit

    à quel point tu serais jolie…

    Si on m’avait dit tout ça !

     

    cg 2003

     

     

     

     

     

     

  • Benjamin Victor - The Angel

    Benjamin Victor The Angel.jpg

     

    Nous sommes de grands pliés, de grands replis, dans l’attente de la vague des doigts. Densité étrange de la peau, parchemin du rêve. Un jour, notre rêve aura la précision du laser. Nous taillerons la frange des anges.

     

    cg in Celle qui manque

     

     

     

     

     

     

  • l'oeil & la plume... calepins voyageurs et après ? fragment juillet 1998

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    texte cathy garcia                                                                     ill. jlmi 2014

     

    Des larmes se déchirent sur l'archet d'un violon discordant mais voici que du brouillard, montent des accords de fête. Vieux trombone et percussions tanguent sur les pas d'un accordéon. Cortège fragile, si vite dissipé par les accords graves et lourds du piano. Des lumières flottent dans le néant, c'est la noria des atomes. Des créatures de boue et de nuit se redressent, dégoulinantes. Lentement les unes après les autres, elles se lèvent et commencent à marcher. 

    L’aube originelle se fraye un chemin au travers les ténèbres contractées, elle en émerge enfin, écorchée, écarlate. La pluie se mêle à la lumière. Noces sanguines pour baigner la nouvelle-née. Une flûte insolente marque le début d'une danse. La nuit grouillante de cauchemars est refoulée à l’angle de l’oubli. Les fleurs ont remplacé la boue, c'est la naissance de l'amour ! Une guitare romantique glisse des lueurs de bonheur dans les regards tout juste éclos. Les doigts se frôlent en tremblant, tout à la joie de l'éveil. Les hanches se balancent au rythme d'une houle langoureuse qui monte à la gorge pour jaillir, champagne, en rires empourprés. Instant magique, unions des cœurs sous les eaux caressantes d'une seule et même chanson, celle du temps qui nous reste à vivre, berçant nos tendres illusions et portant sur nos lèvres l’étrange sourire de ces enfants, qui disparaissent avant même d'avoir vécu. Le vertige des années qui glissent sur une partition ponctuée de silences. Le vieux musicien sait que sa musique tient à un fil. Au fil ténu d'une respiration, le premier chant du monde, mais les vieux musiciens au fond des bars sont fatigués. Leur regard fiévreux brille. Au fond des verres gisent des larmes d'alcool. Tout se trouble. Il est tard et la musique s'estompe. 

     

     

     

    Merci à "Au Hasard des connivences"

    http://auhasarddeconnivences.eklablog.com/l-oeil-la-plume-calepins-voyageurs-et-apres-fragment-juillet-1998-a163424360