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FUSIONS POÉTIQUES - Page 36

  • Alain Rivière-Lecoeur

    Alain Rivière Lecoeur Chair de pierre +7556.jpg

     

    Elle est dans le noir. Quoiqu'elle fasse, quoiqu'elle dise, c’est toujours mal. C’est toujours la preuve. Elle est un monstre. Tout le monde l’attend au tournant, le monde l’a toujours attendu au tournant. Elle voudrait aimer tf1 et être abonnée à femme actuelle. Elle voudrait avoir des copines. Elle voudrait être intégrée, mais on ne peut à la fois être intègre et intégrée. A quoi sert l’originalité ? Un mauvais sort jeté sur les berceaux ? Votre fille, votre fils sera original(e) ! « Quelle horreur, s’écrit l’assemblée, pauvre enfant ! » Mais qu’y faire ? Se battre, se taire, se couper quoi ? Être soi ou être aimé, il faut choisir. Elle est coupée, coupée de l’intérieur. Lacérée. Toutes ses plaies qui ne demandent qu’à s’ouvrir, à saigner encore et toujours, la saigner à blanc… Mais non, elle est sage maintenant et elle encaisse, il y a sûrement pire, il y a toujours pire. C’est juste qu’il y a si longtemps qu'elle cherche une berge, et non pas une verge. Mais on ne retourne jamais en arrière, on s’éloigne, toujours plus, on va vers l’oubli. Il n’y a rien à comprendre, qui veut comprendre devient fou. Quand elle sera grande, elle sera ermite et elle ne parlera qu’aux oiseaux, aux montagnes et aux légumes.

     

    cg, 2008

     

     

     

  • Anselm Kiefer

    Anselm Kiefer 14804.jpg

     

    Captive d’une hallucination

    barbouillée de mauvaises semailles

    j'ai des ailes mais je déraille

    y'a de la houle et je dérouille

    est-il l'heure du bye-bye ?

    j'en sais rien mais ça fait un bail

    que l'eau mouille quand elle pleure

    j'ai le bas qui file

    ça me fait un beau rail

    le nez qui rouille

    qui se cocaïne

    mais ça fait longtemps qu'on sait

    que les trains ne partent jamais à l'heure

    on pourra toujours coucher nus

    à l'envers à l'endroit

    avec le cœur qui démaille

    entre deux draps de beurre

    ou sous un ciel troué

    comme un vieux chandail

     

    cg in Mon collier de sel

     

     

     

  • Giuseppe Cellini - Illustration pour "Isaotta Guttadàuro ed altre poesie” de Gabriele D’Annunzio

    Giuseppe Cellini (1855-1940), Illustration for Isaotta Guttadàuro ed altre poesie” de Gabriele D’Annunzio._n.jpg

     
    "je sens la pierre sous mes reins, l’averse a redoublé, les coups de tonnerre aussi, mais je ne crains plus rien, nous sommes l’orage, sa langue est électrique, sa bouche de sirène m’aspire comme elle sait si bien le faire, je ne suis plus qu’un sexe, immense et elle une langue immense, puis elle vient sur moi, m’aspire avec sa bouche d’en bas, sa bouche de mousse et de bois tendre, lisse, douce, si douce, chaude, si chaude, elle bouge, bouge comme un serpent, la tête en arrière et une fois de plus, elle me pénètre tout entier de sa force de femelle, je n’avais jamais connu ça avant elle, jamais… C’est d’une douceur et d’une puissance incroyable, je me redresse, l’enserre de mes bras et nous ondulons comme deux serpents sur la pierre, sous la pluie. La source c’est mise à siffler, à chanter, les odeurs nous tournent la tête, ses cheveux sentent l’humus et la sève, ses seins, ses fesses, je pourrais m’évanouir, à la place je jouis comme un fou, je hurle comme le tonnerre et je l’entends grogner doucement comme une louve apaisée."
     
     
    cg in sans titre provisoirement
     
     
  • Diane Meunier

    Diane Meunier_n.jpg

     

    Alors elle creuse un tunnel sous les tombes qui mène au vaste ciel, à la mer tiède du ventre, à la bouche de sève qui fait pousser les arbres, au souffle d’où naissent toutes les musiques.

     

    cg in Le baume, le pire et la quintessence

     

     

     

  • Şehmus Altay

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    Quand le temps se ralentit, l’ancienne malle à trésors oubliés s’entrouvre et toute chose retrouve sa mémoire, le souvenir de ce qui n’a pas encore tout à fait disparu.

    cg in à la loupe

     

     

     

  • Şehmus Altay

    Şehmus Altay 48_n.jpg

     

     

    Maintenant qu’elle a été nettoyée

    que sont tombées une à une les croûtes d’illusions

    que les fils uns à uns se sont résorbés

    elle peut voir l’ampleur de la plaie

    les contours de la blessure

    elle peut y promener ses doigts sans trembler

    elle pourrait encore pleurer

    si ce n’était qu’un énième apitoiement sur soi

    jamais plus elle ne confondra, dit-elle

    le coton et le couteau

     

    cg in Le baume, le pire et la quintessence

     

     

     

     

  • Felix Gonzales-Torres - 1991

    Felix Gonzales-torres 1991 (2).jpg

     

    Le mot juste, un souffle. Le premier déchire les poumons. Le dernier les recoud.

    Le mot juste, pas un soufflet. Le mot juste ne dit pas je t’aime mais le fait. Il ouvre le cœur, ça fait mal, mais l’air est juste.

     

    L’air qui sépare le mot de la mort.

     

    cg in Les mots allumettes, Cardère 2012