Jenny Wildfang

il pleut du plomb
sur mes ailes
de sourds tambours
battent une marche
funèbre
et funambule
je tombe
je tombe
je tombe
et les oiseaux
les vrais oiseaux
se moquent
gentiment
cgc, 9 juin 2020
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il pleut du plomb
sur mes ailes
de sourds tambours
battent une marche
funèbre
et funambule
je tombe
je tombe
je tombe
et les oiseaux
les vrais oiseaux
se moquent
gentiment
cgc, 9 juin 2020

LES SORCIÈRES
Les sorcières ont les veines
ouvertes aux quatre vents
les sorcières ont des chiens
qui lèchent leur sang
les sorcières sont trop bonnes
on leur prend et elles donnent
encore en corps et damnés soient
ceux qui ne comprennent
que les sorcières sont grandes d’âmes
même quand elles collent
les lambeaux déchirés de leur cœur
sur les murs gris et rêches
des hommes
cg in Mon collier de sel

Vous qui savez le soufre et le mercure
Et tous les secrets
Ensorcelez-moi de vos génies, de vos fées
Chuchotez-moi vos sources et fontaines sacrées
Et surtout, enseignez-moi l'art de la mémoire
Pour ne jamais les oublier.
in Oniromancie

Mystères odorants
D’un paradis
À portée de main
Et sous les ongles
Comme une promesse
La terre
cg, 2001
in Je l'aime nature

Libellule nuage
Coulures de ciel
cg in Le poulpe et la pulpe, Cardère, 2010

Mes combats sont vains, mon armure est de papier, ma lance n’est que plume et mes larmes, un peu d’eau pour faire tourner mon moulin. Tourner, tourner de plus en plus vite, tourner, tourner de plus de plus fort.
in (c)Ourse bipolaire

les mots arpentent la gorge
comme chiens en cage
quand les questions s’évaporent
ils restent en rade
les crocs affutés jusqu’au matin
braises froides café amer
au fond des tasses les langues rouillent
et le temps fait ses passes
la découpe des fenêtres
la surface et les motifs de la nappe
l’ombre du rideau
cg, inédit

La vie ne serait-elle qu’un long dialogue de sourds avec les morts, nos morts ?
Chacun charrie ses défunts, certains des villes entières, des peuples. Litanies sans fin de noms gravés dans le granit de l’âme. Parfois nous vivons à peine, certains morts pèsent si lourds. Nous devrions les lâcher, tous, lâcher nos morts, qu’ils s’envolent.
cg in Celle qui manque

Tandis que par la fontanelle, la sainte banquise déverse ses poissons, les écrans phosphorescents clignotent, tranquillisants. La palpitation lasse des jardins hallucinés trace un pont entre cimes et cimetière.
Vers le calme éternel.
cg in Aujourd'hui est habitable, Cardère éd. 2018

Agitée. Oppressée. Nuages noirs. Gorgée de larmes. Vide. En pression, compression. En colère. Tomber à l’intérieur de soi. Rien à quoi se raccrocher. Hypnotisée par la face sombre de chaque chose. Ne pas voir ce que cet état dissimule. Le trou, l’abîme de frustration. Et la fatigue jusqu’aux os.
cg in Le livre des sensation

Artémis d’Ephèse habite des régions portant en grec le nom d'eschatiai : les confins extrêmes des territoires des hommes, les montagnes, les bois et les forêts obscures ; elle descend aussi vers l'Océan, vers les embouchures, les lagunes, les marécages et les bords des lacs et des fleuves. Elle affectionne les zones fangeuses, limoneuses, et surtout - selon les Anciens - l'alliance de la terre, de l'eau et du sel. La déesse parcourt l'espace sauvage qui limite de toutes parts les territoires des hommes, elle ne descend que rarement dans les villes.
Comme moi.
cg in Universelle

Dans leurs ténèbres, je joue à ronce amère.
Colombe de sang, crachat de suie.
cg in Fugitive, Cardère éd. 2014

En guêpières résille
Rimmel et rouge gras
Fleurs des bas fonds
Reines silicone
Se graissent les ailes
Avalent et passent
Le venin
Bouches mépris
Veines poudrées
Battement de faux-cils
La griffe limée
Passe la faucille
Passe passe
Pile ou face
Et tombe la neige
Sur les mouroirs
cg in Claques et boxons, Nouveaux Délits éd. 2013

Mais dans le chiffon de l’univers,
la mort serait-elle un trou de ver ?
cg in Fugitive, Cardère 2014

Savoir tisser de la joie avec tout ça, malgré tout ça et la faire partager, c'est ça le courage et rien d'autre. Il faut cependant dire, poser le noir, ne pas faire semblant. Ce n'est qu'en acceptant toutes nos émotions qu'on peut trouver cette joie inconditionnelle. Au début, un petit truc de rien du tout, la dernière étincelle d'une toute petite braise, on souffle dessus pour voir, on n'y croit pas, c'est mort mais cette dernière petite lueur, ce point rouge en soi, c'est ce qui ne meurt jamais. Alors on souffle dessus, on continue et un jour un peu de fumée, un autre une flamme, un autre encore un brasier à l'intérieur ! « Se consumer de joie », cette petite expression anodine. Puis l'incendie retombe, c'est le noir, on oublie, on n'y croit plus mais toujours ce petit point rouge. Si on s'en souvient, on le retrouve vite et on recommence, on souffle dessus. Vient le jour où l’on sait qu'on peut rallumer cette braise quand on veut, une paix s'installe, rien n'a changé dehors mais celles et ceux qui nous croisent aperçoivent la flamme. Elle illumine, elle réchauffe celles et ceux qui veulent bien s'approcher et une flamme rallume une autre flamme qui rallume une autre flamme et alors nous brûlons, libres et joyeux, nous brûlons de vie.
in (c)Ourse bipolaire