Gustav Klimt - Mare à Schloss Kammer sur l'Attersee - 1909

Un nénuphar sur l’étang.
Dans un vase translucide chutent des fragments de paupières.
cg in Les mots allumettes
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Un nénuphar sur l’étang.
Dans un vase translucide chutent des fragments de paupières.
cg in Les mots allumettes

Arracher l’automne de mes veines, lécher du regard ces émeraudes de sève et se débarrasser une bonne fois pour toutes de ces champignons qui nous dévorent. Avoir la plume au cul, arrogante, savoir dire à quel point on apprécie pourtant la douceur. Découper en petits morceaux ridicules l’exaspération, le sentiment d’absurdité grandissant au fur et à mesure que le temps compte nos chutes.
cg in à la loupe

une maladie
débilité chronique
désespoir colossal
cyclone dans le cœur
marteau dans la tête
allogène
étrangère
à tout
à tous
cg in Mon collier de sel

La peau respire, brille comme les plantes. Cette envie de se retourner envers, endroit, comme un gant pour sentir encore et encore plus avec la chair, les veines, les organes et les muscles, les os. Sentir à quel point nous sommes fait de la même étoffe que les fleurs, les nuages, le vent, la pluie et que nos limites ne sont là que pour jouir de toutes les sensations possibles.
cg in Le livre des sensations

« Combien ça dure une poule », me demande ma fille,
et je m’entends lui répondre « ça dépend des piles ».
cg in Calepin paisible d'une pâtresse de poules

Je crache en vain et m’estourbis de fumée, je vomis le venin qui n’en finit plus de me blesser et je rêve d’un amour revenant, relevé des décombres, un amour flambant neuf pour chasser les ombres.
cg in Calepins voyageurs et après ?

Que m’as-tu fait terre du Quercy ?
Des racines me poussent, je me noie dans ton ciel.
Les oiseaux me parlent et je capte la langue nomade des nuages
Sans même plus avoir le désir de les suivre.
Que m’as-tu fait ? Agenouillée dans ton hiver,
Je guette avide tes premières érections printanières, tes orchis clitoris.
Qu’as-tu fait terre pour que je me sente si ancienne
Entre la rose chienne et les sortilèges du chèvrefeuille ?
J’arpente tes courbes et tu me découvre les secrets de ton causse.
Me rendras-tu fertile et profonde comme l’échancrure de tes combes et vallées ?
Te joues-tu de moi pour que je me sente reine avec des bois sur la tête ?
M’enverras-tu tes chasseurs ? La bête se cache
Et je deviens ta bête, ô terre du Quercy.
cg in Calepins voyageurs et après ?

J’entends rire les arbres et pleurer aussi.
Et tout leur travail d’arbre.
cg in Calepins voyageurs et après ?

La musique frappe à mes oreilles, m’entraîne à bord d’un souffle qui galope, qui galope sur les naseaux de la nuit. Devant nous la route, interminable. Le bus comme un film surréaliste et moi, mosaïque éclatée.
cg in Calepins voyageurs

Envie de désert, de roche rouge et brûlante, de forces terrestres, d’alcool et d’air, d’un corps vivant et brûlant lui aussi, d’un sorcier de l’amour, un capteur de vie, une antenne de chair, des tensions extrêmes pour des jouissances infinies.
Envie de nager avec des dauphins, danser comme une sauvage, chanter avec les loups, de brûler comme une étoile, bronzer sous la lune, boire à la plus fraîche et la plus pure des sources, me livrer nue aux caresses du vent, exploser le carcan, cette armure qui me sépare de moi-même, lutter pour vaincre la peur, cette gueuse aux vilaines dents. Je cherche encore celui qui…
Une autre vie, une autre culture, un autre soleil. Je veux être initiée à la vie. La mienne, bien que paraissant originale, ressemble trop encore à ce que je connais déjà. Je veux du neuf, réellement neuf, que tous mes repères volent en poussière !
cg in Journal, 1998

Rien d’autre que soi ne peut être connu. D’un souffle à l’autre, expérience.
cg in Celle qui manque

je prend avec moi
la douce amorce de fil tendu
et puis soudain
à jouer avec les mots
à tisser avec une étonnante ardeur
la trame de la rencontre
un craquement
dans le cœur
cg

Et moi, pauvre créature enflée d’orgueil, l’orgueil de vivre, d’exister, moi ! Ce « moi » énorme, cette montagne d’illusions ! Je brûle à en avoir le vertige et je crains parfois à trop vénérer la vie, de ne faire que passer à côté d’elle, tellement fascinée par son mystère que j’en oublie d’en profiter.
La folie de chacun de nous peuvent-elles cohabiter dans l’amour ?
Tolérants en surface, intolérants en profondeur ! A chacun ses parades, à chacun son courage qui ne se mesure qu'à la lâcheté ambiante, chacun et tous dans la même salade, condiments ou cons déments…
J’ai le vertige de ma propre existence et les autres sont des gouffres. J’y plonge souvent avec joie mais parfois je recule de terreur, avec au cœur un hurlement muet, déchirant et sans issu. Je le ravale.
Je suis folle et j’en redemande, jusqu’à l’épuisement. Masochiste ? J’aime creuser…
cg, 12 février 1998

Celle qui manque ici n’a besoin de rien. Ses trous laissent passer l’air et la lumière.
Celle qui manque s’adonne à l’amour du vivant.
Celle qui manque préfère le vide où rêver encore.
cg in Celle qui manque

Seule la beauté de la vie reste pure, sous l’apparence d’une fleur fraîchement éclose, d’une nuée de mésanges joyeuses et gourmandes, d’une belle lumière dans un feuillage ou d’une gouttelette scintillante prise dans une toile d’araignée. La nature est mon plus sûr repère, ce vers quoi je reviens toujours, quand le reste n’est que brouillard et incertitudes.
cg, 1998