Albert Camus
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Bienvenue sois-tu comète
intime
lumière de l'âme
pluie
cascade d'eau rêveuse
collier de musique et de silence
ta matière d'un autre monde
lavera mon visage
mes mains deviennent nids
pour recevoir ton souffle
Personne au monde, personne dans l'histoire n'a jamais obtenu sa liberté
en faisant appel au sens moral de ceux qui l'oppriment.
Pourtant, l'Afghanistan nous hantera parce qu'il s'agit de la carte de retournement de notre immoralité, de nos prétentions de civilisation, de notre incapacité à comprendre que la violence ne génère que la violence.
in Lettres contre la guerre (2002)
Les pierres font partie du chemin.
Toutes deux regardaient s’enfuir les hirondelles :
L’une pâle aux cheveux de jais, et l’autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d’elles.
Et toutes deux, avec des langueurs d’asphodèles,
Tandis qu’au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l’émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles,
Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.
Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
Emphatique comme un trône de mélodrames
Et plein d’odeurs, le Lit, défait, s’ouvrait dans l’ombre.
L’affolement en moteur de désir
Et la route qui se barre en chewing-gum
La vrille
Les pieds sur le vide
Plongeons profonds dans l’univers
Je pensais avec un serrement au cœur, que rien n'est plus lent
que la véritable naissance d'un homme.
in Mémoires d'Hadrien
Tu as tous les visages et aucun,
Tu es toutes les heures et aucune,
Tu ressembles à l'arbre et au nuage,
Tu es tous les oiseaux plus un astre,
Tu ressembles au tranchant de l'épée
Et à la coupe de sang du bourreau,
Lierre qui avance, enveloppe et déracine
L'âme et la divise d'elle-même,
Écriture de feu sur le jade,
Crevasse dans la roche, reine des serpents,
Colonne de vapeur, source dans le roc,
Cirque lunaire, pic des aigles,
Grain d'anis, épine minuscule
Et mortelle qui donne des peines immortelles.
Mets-moi en mouvement
fais que je tourne
que je me torde et me tende
vers les bruits et les voix qui appellent.
Porte-moi à bout de lèvres
fais moi une échelle avec tes mots
sois le sabre
ouvre-moi en dedans
là où ça résiste encore
pour que je ressente mieux le monde.
Remplis-moi de ta force vive
et de ta sève d’homme
je veux dire d’humain
qui sait étreindre la douleur
pour en faire autre chose.
Fais-moi vivante.
Mets en moi le mouvement
saisis-moi au cœur et aux hanches
Serre-moi à réunir tous mes morceaux.
Je tremble autant que les feuilles brunes
et l’automne qui s’effraie déjà des pas de l’hiver.
Serre-moi dans le chaud de tes bras
et de tes mots d’amour.
Je n’avais plus où me blottir avant toi.
Fais-moi vivante.
in Rose