Emery Allen
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Redevenir levain, ferment, bufflesse, sauterelle ou oiseau. Redevenir sable.
in Marie d’Égypte
Marie des sables, oiseau nu du désert, insecte orant, buisson mobile, bufflesse, lézard et nourrisson de Dieu, mue d’insecte, nuée musicale, conque hantée et maintenant…
Cendre absolue. Calcinée d’anges.
in Marie d’Egypte
La Sagesse n’est pas dans les livres, elle est dans le vent et l’espace. Pas dans le plein mais dans le Vide. Pas dans les lettres mais dans les espaces entre les lettres. Le silence, et non la parole, est la conscience de l’univers.
in Le Monastère de l’aube
Rien ne mène,
Je le sais,
À l’amour.
C’est lui
Qui se jette
En travers de votre route.
in La vagabonde
Trinquons à ces folles. Les mésadaptées, les rebelles, les faiseuses de trouble. Des chevilles rondes dans des trous carrés. Celles qui voient les choses différemment. Elles ne sont pas portées sur les règlements. Et elles n’ont aucun respect pour le statu quo. Vous pouvez les citer, être en désaccord avec elles, les glorifier ou les vilipender. La seule chose que vous ne pouvez pas faire, c’est de les ignorer, parce qu’elles changent les choses. Elles inventent. Elles imaginent. Elles guérissent. Elles explorent. Elles créent. Elles inspirent. Elles poussent la race humaine vers l’avant. Peut-être faut-il qu’elles soient folles. Parce que celles qui sont assez folles pour penser qu’elles peuvent changer le monde, ce sont celles qui le font.
Il faut être seul pour être grand.
Mais il faut déjà être grand pour être seul.
nos illusions seront sans sépultures
in Une brèche dans la tapisserie des ombres
Les femmes de mon pays portent un joug sur leurs épaules.
Leur cœur lourd et lent oscille entre ces deux pôles.
À chaque pas, deux grands seaux pleins de lait s'entrechoquent
contre leurs genoux ;
L'âme maternelle des vaches, l'écume de l'herbe mâchée
gicle en flots écœurants et doux.
Je suis pareille à la servante de la ferme;
Le long de la douleur je m'avance d'un pas ferme;
Le seau du côté gauche est plein de sang;
Tu peux en boire et te gorger de ce jus puissant.
Le seau du côté droit est plein de glace;
Tu peux te pencher et contempler ta figure lasse.
Ainsi, je vais entre mon destin et mon sort;
Entre mon sang, liquide chaud, et mon amour, limpide mort.
Et lorsque je serai sûre que ni le miroir ni le breuvage
Ne peuvent plus distraire ou rassurer ton cœur sauvage,
Je ne briserai pas le miroir résigné ;
Je ne renverserai pas le seau où toute ma vie a saigné.
J'irai, portant mon seau de sang, dans la nuit noire,
Chez les spectres, qui eux du moins viendront y boire.
Mais avec mon seau de glace, j'irai du côté des flots.
Le gémissement des petites vagues sera moins doux que mes sanglots;
Un grand visage pâle apparaîtra sur la dune,
Et ce miroir dont tu ne veux plus reflétera la face calme de la lune.
je suis
Dans ce malaise
De savoir que la beauté existe
Sans que je sache
Ce que je puis espérer encore
D’elle et du monde
Dans l’horreur de son retrait
Ce sont mes voix qui chantent
pour qu’ils ne chantent pas, eux,
les muselés grisement à l’aube
les vêtus d’un oiseau désolé sous la pluie.
Il y a, dans l’attente,
une rumeur de lilas qui se brise.
Et il y a, quand vient le jour,
un morcellement du soleil en petits soleils noirs.
Et quand c’est la nuit, toujours,
une tribu de mots mutilés
cherche asile dans ma gorge,
pour qu’ils ne chantent pas, eux,
les funestes, les maîtres du silence.
in Les travaux et les nuits, traduction de Jacques Ancet