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CITATIONS - Page 25

  • Andréi Tarkovski

    Je vois comme ma tâche particulière de stimuler la réflexion sur ce qu’il y a d’éternel et de spécifiquement humain, qui vit dans l’âme de chacun, mais que l’homme ignore le plus souvent, bien qu’il ait là son destin entre les mains : il poursuit à la place des chimères. En fin de compte, pourtant, tout s’épure jusqu’à ce simple élément, le seul sur lequel l’homme puisse compter dans son existence : la capacité d’aimer. Cet élément peut se développer à l’intérieur de l’âme de chacun, jusqu’à devenir le principe directeur capable de donner un sens à sa vie. Mon devoir est de faire en sorte que celui qui voit mes films ressente le besoin d’aimer, et qu’il perçoive l’appel de la beauté.

     

    in Le Temps scellé, 2004, Petite Bibliothèque des Cahiers

     

     

  • Jean d'Ormesson

    Ne vous laissez pas abuser. Souvenez-vous de vous méfier. Et même de l'évidence : elle passe son temps à changer. Ne mettez trop haut ni les gens ni les choses. Ne les mettez pas trop bas. Non, ne les mettez pas trop bas. Montez. Renoncez à la haine : elle fait plus de mal à ceux qui l'éprouvent qu'à ceux qui en sont l'objet. Ne cherchez pas à être sage à tout prix. La folie aussi est une sagesse. Et la sagesse, une folie. Fuyez les préceptes et les donneurs de leçons. Jetez ce livre. Faites ce que vous voulez. Et ce que vous pouvez. Pleurez quand il le faut. Riez. J'ai beaucoup ri. J'ai ri du monde et des autres et de moi. Rien n'est très important. Tout est tragique. Tout ce que nous aimons mourra. Et je mourrai moi aussi. La vie est belle.
     
     
     

  • Rabindranath Tagore


    De peur que je n'apprenne à te connaître trop facilement, tu joues avec moi. Tu m'éblouis de tes éclats de rire pour cacher tes larmes. Je connais tes artifices. Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire. De peur que je ne t'apprécie pas, tu m'échappes de cent façons. De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule à part. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre. Tu demandes plus que les autres, c'est pourquoi tu es silencieuse. Avec une folâtre insouciance, tu évites mes dons. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre.



     in Le Jardinier d'amour, XXXV

     

     

     

     

  • Barbara le Moene

     

    Dans le ventre mou de la nuit
    Aux pattes encre repliées
    Sur les immeubles de l’avenue,
    Les lumières aux fenêtres
    Comme cœurs las
    Faiblement battent,
    Et tremblent les intérieurs feutrés



     in Traction Brabant 75

     

     

     

  • Marc Tison

     

    Je ne descends plus des grands singes
    La lignée est éteinte
    Exterminée dans les salons climatisés des banques d’investissement
    Je n’enfante plus des gens sauvages
    Mon sperme est défolié, il est minable et minuscule

     

    in Des nuits au mixer

     

     

  • Victor Hugo

    Autrefois, quand septembre en larmes revenait,
    Je partais, je quittais tout ce qui me connaît,
    Je m'évadais ; Paris s'effaçait ; rien, personne !
    J'allais, je n'étais plus qu'une ombre qui frissonne,
    Je fuyais, seul, sans voir, sans penser, sans parler,
    Sachant bien que j'irais où je devais aller ;
    Hélas ! je n'aurais pu même dire : Je souffre !
    Et, comme subissant l'attraction d'un gouffre,
    Que le chemin fût beau, pluvieux, froid, mauvais,
    J'ignorais, je marchais devant moi, j'arrivais.
    Ô souvenirs ! ô forme horrible des collines !
    Et, pendant que la mère et la sœur, orphelines,
    Pleuraient dans la maison, je cherchais le lieu noir
    Avec l'avidité morne du désespoir ;
    Puis j'allais au champ triste à côté de l'église ;
    Tête nue, à pas lents, les cheveux dans la bise,
    L’œil aux cieux, j'approchais ; l'accablement soutient ;
    Les arbres murmuraient : C'est le père qui vient !
    Les ronces écartaient leurs branches desséchées ;
    Je marchais à travers les humbles croix penchées,
    Disant je ne sais quels doux et funèbres mots ;
    Et je m'agenouillais au milieu des rameaux
    Sur la pierre qu'on voit blanche dans la verdure.
    Pourquoi donc dormais-tu d'une façon si dure
    Que tu n'entendais pas lorsque je t'appelais ?

     

    Guernesey, 2 novembre 1855, jour des morts.

     

     

     

     

  • Jean Joseph Rabearivelo (1901-1937)

    Que nous fera la chute brusque
    de ce qui est notre royaume?

    Comme ta tour, comme la mienne,
    comme la perfide que foulent nos pieds,
    cette joie dont pétillent nos yeux,
    si elle doit bientôt s’éteindre,
    ne nous reviendra-t-elle pas autre et nouvelle?
    Sœurs du silence en la tristesse,
    les fleurs qui n’ont que leur beauté
    et leur solitude,
    les fleurs- morceaux de cœur terrien
    palpitant à l’unisson des nids-
    dorment-elles ici, font-elles des rêves
    sur la fin de leur destinée?

    Les doigts
    qui ne voulaient d’elles que leur jeunesse,
    les doigts se sont tous joints
    dans la chaude blancheur des draps-
    sauf les miens qui sont si frêles
    et qui savent tant choyer
    les choses délicates.

    Mes lèvres aussi frôlent les fleurs,
    les fleurs devenues plus mystérieuses,
    et plus belles, et brusquement hardies.

    Et j’entends,
    mêlées à la respiration des herbes,
    leurs dernières confidences.
    Ah! comme elles seraient douloureuses
    sans ces parfums pacifiques, Seigneur,
    qui s’évadent avec leur vie!
    Écoute les filles de la pluie
    qui se poursuivent en chantant
    et glissent
    sur les radeaux d’argile
    ou d’herbes de glaïeuls
    qui couvrent les maisons des vivants.

     

    in Traduit de la nuit

     

     

     

  • Irène Andrieu

    On lui a donné de multiples noms Conscience, Conscience d’Être, Témoin, Observateur, Vigilance, Dieu, ou Cela chez les Bouddhistes. (…) « Cela » est absolument neutre. « Cela » n’interprète rien, n’exprime rien et semble n’avoir aucune origine. Rien au-delà… mais tout peut être perçu à partir de cette position, dans la sérénité, le Calme parfait, signalé par la Roue de la  Vie comme Sagesse du Lion.

    Cet état parfaitement tangible, plus vivant que chaque instant de notre vie quotidienne, est indéfinissable. La première rencontre avec la Conscience bouleverse tous les concepts que nous projetions sur elle. (…) Elle se manifeste d’abord par une impression de stabilité interne, à partir de laquelle le monde commence à être perçu avec plus de sérénité. Puis survient une zone de silence. Il devient très difficile de parler et l’on peut comprendre alors à quel point notre expression quotidienne est reliée aux réactions émotionnelles. Sans intérêt pour quelque chose, il n’y a rien à en dire. La neutralité est silence. Le monde intérieur et extérieur apparaît dans sa mouvance et sa fugacité. Oui, tout est bien impermanent et cela n’a plus d’importance, car le sentiment de Vie qui nous habite se révèle non dépendant de tout fonctionnement mental habituel. Il n’existe plus que complétude, acceptation naturelle et beauté. En avançant encore, dans l’acceptation de tout ce qui se présente, il arrive qu’on débouche à l’improviste dans la lentille de lumière. L’ego se volatilise d’un coup sans avertissement. Il n’existe plus que le monde, le mouvement, les couleurs, la lumière, les sons… et tout cela ne laissera aucune trace dans la mémoire une fois l’expérience achevée. Et puis plus rien. Nous avons cessé de nous approprier le monde, comme le fait sans cesse la Conscience de veille. Nous sommes sortis de la séparation qu’opère le mental d’avec la réalité. Lorsque le phénomène s’inverse, parce qu’il existe une nécessité d’opérer à nouveau la jonction mentale avec le monde extérieur, on peut percevoir l’esprit fonctionnant avec un extrême ralenti. Le mental associatif essaye péniblement de reprendre la barre. Il faut faire un effort pour nommer les choses perçues, comme un enfant en train d’apprendre à parler. On cherche ses mots. Et puis, très vite, le mouvement s’accélère. Quelques instants après, l’enchaînement mental est rétabli et l’on oublie que la moindre pensée exige la mise en œuvre de toute cette alchimie qui s’opère à l’intérieur de nous à la vitesse de l’éclair.

      

    In Lecture karmique du zodiaque