Albert Einstein
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Rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Les pleurs peuvent inonder toute la vision. La souffrance peut enfoncer ses griffes dans ma gorge. Le regret, l’amertume, peuvent élever leurs murailles de cendre, la lâcheté, la haine, peuvent étendre leur nuit, Rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Nulle défaite ne m’a été épargnée. J’ai connu le goût amer de la séparation. Et l’oubli de l’ami et les veilles auprès du mourant. Et le retour vide, du cimetière. Et le terrible regard de l’épouse abandonnée. Et l’âme enténébrée de l’étranger, mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Ah ! On voulait me mettre à l’épreuve, détourner mes yeux d’ici-bas. On se demandait : « Résistera-t-il ? » Ce qui m’était cher m’était arraché. Et des voiles sombres, recouvraient les jardins à mon approche, la femme aimée tournait de loin sa face aveugle mais rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Je savais qu’en dessous il y avait des contours tendres, la charrue dans le champ comme un soleil levant, félicité, rivière glacée, qui au printemps s’éveille et les voix chantent dans le marbre en haut des promontoires flotte le pavillon du vent.
Rien n’obscurcira la beauté de ce monde. Allons ! Il faut tenir bon. Car on veut nous tromper, si l’on se donne au désarroi on est perdu. Chaque tristesse est là pour couvrir un miracle. Un rideau que l’on baisse sur le jour éclatant, rappelle-toi les douces rencontres, les serments, car rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
Il faudra jeter bas le masque de la douleur, et annoncer le temps de l’homme, la bonté, et les contrées du rire et la quiétude. Joyeux, nous marcherons vers la dernière épreuve le front dans la clarté, libation de l’espoir, rien n’obscurcira la beauté de ce monde.
— in Beauté de ce monde
Blessures faites à l’enfant
entailles dans l’écorce et l’aubier
à le faire mourir ou à le rendre fou
frêle racine au sombre dessein
dans une terre de safre
flou de la mémoire et du ciel
l’eau de pluie sur les plaies.
Blessures faites aux femmes
à les rendre dociles
à les fendre
dans leur unité et leur désir.
Blessures d’amour
à priver de sève et de sens
à faire couler le sang
assoiffer à jamais la bouche.
Blessures de l’attachement
quand tout ne tient qu’à un fil
qui ne relie à rien
la peau sans odeur
le silence des yeux et des gestes.
Blessures de la langue
celle qui nous fait sujet
celle qui nous fait vivant
celle qu’on n’a pas entendue
celle qu’on n’a pas parlée
parole enroulée dans la gorge
ou écrasée entre deux dents.
Blessures à priver d'air
à essouffler le cœur et l'en vie
.
in À la folie
N’aie pas peur. La mort n’existe pas. Non, il y a la peur de la mort, et c’est une peur affreuse. Parfois, elle pousse les gens à faire des choses qu’ils ne devraient pas. Mais combien les choses seraient différentes si seulement nous pouvions cesser de craindre la mort.
in Le Sacrifice, son dernier film
Partout où nous posons l’œil, nous rencontrons un savoir dense qui fait le cosmos. Nous seuls, les hommes, ne savons pas nous comporter et dédaignons de l’apprendre.
Pourtant, certains jours, le corps que nous méprisons de façon si hautaine nous rappelle à l’ordre. Alors que nous flânons dans les vastes solitudes de notre inconnaissance, nous gaussant des coqs et des ânes, notre corps fait soudain appel à nous.
in Marguerite de Porète
Nous portons le collier serré de l’insouciance
Sur nos coups durs, nos coups de foudre et de soleil.
On nous a enseigné la fugue et les buissons ;
Le bonheur fait toujours partie de nos absences.
Nous sommes juste injustifiés ; en même temps
que le temps passe, nous passons la main sur vous.
La caresse est en nous et le poing hors de nous.
In Dehors s’enlise dans nos plaies
ses fossettes, un halo lumineux
sur la toile recouverte de suie et de sueur
l'empreinte de ses doigts érige des ponts
le long du temps qui goutte à intervalle régulier
et forme une flaque pourpre à ses pieds
la fêlure dans sa voix, un frisson dans la nuit
qui engloutit les sourires les caresses les envies de cavale
des corps qui ne savent plus s'ils jouissent pour de bon
ou s'ils ont appris malgré eux à se confondre
dans ce décor sinistre où leurs yeux ne brillent plus ;
ses pommettes, un volcan en feu
que creuse les agendas où la vie se débat aux heures aux lieux
aux petits cercueils prévus à cet effet
les codes les couleurs c'est pas fait pour les chiens
en-dessous de ses ongles y'a un peu de bleu
un peu de rouge aussi ce sont des choses qui arrivent
quand on refait le monde de ses propres mains
et comme elle fait de grands gestes
on dirait qu'elle sculpte une musique dans le noir
la poésie c'est pas fait pour les chaînes
"Il existe un tunnel obscur dans la Lumière Infinie. On l'appelle « Temps ».
Lorsqu'un humain entre dans ce tunnel,
On appelle cela « naître ».
Lorsqu'un humain marche au long de ce tunnel, On appelle cela « vivre ».
Lorsqu'un humain sort de ce tunnel,
On appelle cela « mourir ».
Considérer que vivre se réduit à évoluer au long de ce tunnel obscur,
Cela s'appelle « illusion ».
Percer des trous dans ce tunnel obscur,
Cela s'appelle « science ».
Savoir que la Lumière est autour du tunnel,Cela s'appelle « Foi ».
Voir la Lumière dans le tunnel obscur,
Cela s'appelle « Amour ».
Voir la Lumière à travers le Tunnel obscur,
Cela s'appelle « Sagesse ».
Éclairer le tunnel obscur de sa propre Lumière, Cela s'appelle « Sainteté ».
Confondre la Lumière et le Tunnel obscur,
Cela est au-delà des mots."
extrait du Tao Te King
Je suis celle qui part sans partir, celle qui reste-fuit
Écrire est une nuit. Mes pas dans cette nuit profonde.
Vertige. Tige de feu. Pensée morbide. Taire. Se taire.
Mycélium de pourriture répandu en soi, en silence.
Lancinant ce bruit sans bruit. Bouffée-désir de l’explosion.
Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été.
Je vois comme ma tâche particulière de stimuler la réflexion sur ce qu’il y a d’éternel et de spécifiquement humain, qui vit dans l’âme de chacun, mais que l’homme ignore le plus souvent, bien qu’il ait là son destin entre les mains : il poursuit à la place des chimères. En fin de compte, pourtant, tout s’épure jusqu’à ce simple élément, le seul sur lequel l’homme puisse compter dans son existence : la capacité d’aimer. Cet élément peut se développer à l’intérieur de l’âme de chacun, jusqu’à devenir le principe directeur capable de donner un sens à sa vie. Mon devoir est de faire en sorte que celui qui voit mes films ressente le besoin d’aimer, et qu’il perçoive l’appel de la beauté.
in Le Temps scellé, 2004, Petite Bibliothèque des Cahiers
De peur que je n'apprenne à te connaître trop facilement, tu joues avec moi. Tu m'éblouis de tes éclats de rire pour cacher tes larmes. Je connais tes artifices. Jamais tu ne dis le mot que tu voudrais dire. De peur que je ne t'apprécie pas, tu m'échappes de cent façons. De peur que je te confonde avec la foule, tu te tiens seule à part. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends le chemin que tu voudrais prendre. Tu demandes plus que les autres, c'est pourquoi tu es silencieuse. Avec une folâtre insouciance, tu évites mes dons. Je connais tes artifices. Jamais tu ne prends ce que tu voudrais prendre.
in Le Jardinier d'amour, XXXV