Jean Marc La Frenière
J’habite la lumière où mes mots
font un bruit de chevaux emballés.
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J’habite la lumière où mes mots
font un bruit de chevaux emballés.
« Plus un homme travaille, moins il gagne ; moins il produit, plus il bénéficie. Le mérite n’est donc pas considéré. Les audacieux seuls s’emparent du pouvoir et s’empressent de légaliser leurs rapines. De haut en bas de l’échelle sociale tout n’est que friponnerie d’une part et idiotie de l’autre. […] Vous appelez un homme “voleur et bandit”, vous appliquez contre lui les rigueurs de la loi sans vous demandez s’il pouvait être autre chose. A-t-on jamais vu un rentier se faire cambrioleur ? J’avoue ne pas en connaître. Mais moi qui ne suis ni rentier ni propriétaire, qui ne suis qu’un homme ne possédant que ses bras et son cerveau pour assurer sa conservation, il m’a fallut tenir une autre conduite. La société ne m’accordait que trois moyens d’existence : le travail, la mendicité, le vol. le travail, loin de me répugner, me plaît, l’homme ne peut même pas se passer de travailler ; ses muscles, son cerveau possèdent une somme d’énergie à dépenser. Ce qui m’a répugné, c’est de suer sang et eau pour l’aumône d’un salaire, c’est de créer des richesses dont j’aurais été frustré. En un mot, il m’a répugné de me livrer à la prostitution du travail. La mendicité c’est l’avilissement, la négation de toute dignité. Tout homme a droit au banquet de la vie. […] Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend. […] Le vol c’est la restitution, la reprise de possession. Plutôt que d’être cloîtré dans une usine, comme dans un bagne ; plutôt que mendier ce à quoi j’avais droit, j’ai préféré m’insurger, combattre pied à pied mes ennemis en faisant la guerre aux riches, en attaquant leurs biens. Certes, je conçois que vous auriez préféré que je me soumette à vos lois ; qu’ouvrier docile et avachi j’eusse créé des richesses en échange d’un salaire dérisoire et, le corps usé et le cerveau abêti, je m’en fusse crever au coin d’une rue. Alors vous ne m’appelleriez pas “bandit cynique”, mais “honnête ouvrier”. Usant de la flatterie, vous m’auriez accordé la médaille du travail. »
Extrait de sa défense qu‘il a assuré lui-même lors de son procès, texte publié dans Germinal le 19 mars 1905. Il prendra 25 ans de bagne, il est le modèle de l'’Arsène Lupin de Maurice Leblanc.
« Peut-être que maintenant vous êtes assez construite »
je me répète en boucle la phrase du docteur
mais sur le chemin du retour
je trébuche sur une pierre, et
en me relevant, je m’aperçois
qu’il me manque une brique ou deux au niveau de l’épaule
j’entends aussi rouler sur le trottoir un de mes boulons
je suis assez construite, certes, mais je fais de drôles de bruits
les murs grincent, craquent, les volets claquent
je ne sais toujours pas si c’est le vent
ou les esprits errants dans la maison
la nuit
ces grincements aux portes des cafés
c’est peut-être le vent
ou ces clients
qui n’avaient pas fini leurs verres
Ils buvaient de l’absinthe,
Comme on boirait de l’eau,
L’un s’appelait Verlaine,
L’autre, c’était Rimbaud,
Pour faire des poèmes,
On ne boit pas de l’eau,
Toi, tu n’es pas Verlaine,
Toi, tu n’est pas Rimbaud,
Mais quand tu dis “je t’aime”,
Oh mon dieu, que c’est beau,
Bien plus beau qu’un poème,
De Verlaine ou de Rimbaud
Le bleu du ciel c'est à travers
des picrates rouge sang
que je l'ai regardé
1958
D’une certaine façon, à l’échelle planétaire, tous les ressortissants des pays dits développés sont des parvenus, et cela dès la naissance : nous sommes en effet redevables aux très pauvres du Sud de toutes sortes de biens que nous leur volons, non pas nous personnellement, mais le système dans lequel nous vivons. L’organisation mondialisée de la dette du tiers-monde en est l’expression la plus évidente : nous vivons à crédit sur le dos des très pauvres, et en ce sens, par rapport à l’extrême misère que connaissent deux ou trois milliards d’humains, nous sommes bel et bien des parvenus.
in L'anarchie ou le chaos
Les hommes sont comme les pommes,
quand on les entasse ils pourrissent
L'enfer ?
L'enfer c'est le désert des déserts
cinquante jours par 45 degrés dans le Majâbat al-Koubrâ
sept chameaux squelettiques
le huitième s'est enfui
avec le dernier bidon d'eau
les djinns mangent l'ombre
on devient fou
in Traction Brabant n°82
L’homme à Montagne Froide
Sorti se rafraîchir
Glisse au sentier tombe tombe
Nulle branche avant le torrent
in Homme Montagne
Ma grand-mère m'a un jour donné un conseil: dans les moments difficiles, fais de petits pas. Fais ce que tu as à faire, mais petit à petit. Ne pense pas à l'avenir ou à ce qui pourrait arriver demain. Lave la vaisselle. Retire la poussière. Écris une lettre. Fais une soupe. Tu vois? Tu avances pas à pas. Fais un pas et arrêtes toi. Repose-toi. Félicite-toi. Fais un autre pas. Ensuite un autre. Tu ne le remarqueras pas, mais tes pas grandiront de plus en plus. Et le moment viendra où tu pourras penser à l'avenir sans pleurer.
La mort a des égards envers ceux qu’elle traque :
Elle enivre d’azur nos yeux, en les fermant,
Puis passe un vieux frac noir et se coiffe d’un claque
Et vient nous escroquer nos sous, courtoisement.