Anna Akhmatova
C’est parfois un serpent magicien,
Lové près de ton cœur.
C’est parfois un pigeon qui roucoule,
Sur la fenêtre blanche.
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C’est parfois un serpent magicien,
Lové près de ton cœur.
C’est parfois un pigeon qui roucoule,
Sur la fenêtre blanche.
Frêles épaules du poème. Un
arbre grogne. Un violon hésite.
La brume sort un mouchoir.
Dans son costume de dresseur, le
musicien rentre à pied.
In Traction Brabant 87
Il y a ceux qui ne savent de chez eux
que le bord d'eux même
et ne le franchiront jamais
in Petite histoire essentielle de la futilité, Nouveaux Délits 2018
Si, après avoir perdu le cadre qui servait de structure à notre vie passée, nous devons chercher seuls à devenir nous-mêmes, et nous engager dans ce monde hostile avec une personnalité qui n'est pas encore développée totalement, le jour où nous parvenons à trouver notre route, nous émergeons avec une humanité hautement épanouie.
in Psychanalyse des contes de fées
Des deux côtés s'ouvre le monde,
Vaste autant que l'âme est profonde.
Au-dessus, le ciel sans défaut
N'est haut que si le cœur est haut.
in Renaissance
Fais du bien à ton corps pour que
ton âme ait envie d'y rester.
On ne fera pas un monde différent
avec des gens indifférents
Tu es aveugle. Je suis sourd-muet.
Que ta main touche la mienne et que la communication soit.
in Le sable et l'écume
Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit.
Je me souviendrai de ta fragile révolte
Je me souviendrai de ta robe de bal
Le déguisement de ta beauté démasqué déjà
Et tout entière dans la peine immense de t’être
trompée peut-être de jeunesse
Je me souviendrai du bal où tout était masqué sauf le
masque
Je me souviendrai de ta robe verte et rouge qui pleurait
dans tes yeux
Je me souviendrai du glas de la profonde misère
in De colère et de haine
or, c’est mon affaire, c’est ma vie
tu le sais bien, nos morts
par poignées
leur tatouage s’empourpre
dans ma chair, dans ma bouche
entre mes dents, leur débris d’âmes
cependant on ne le dit pas assez
leur vagabondage a lieu
ailleurs, à distance, au-dessus
de notre chaos humain
déformé par l’écho
les âmes, en chœur trépignent
amour, envie, dévastation, colère
peu importe, elles pataugent
les âmes en déroute
au fond de cette voûte
ce Ciel extravagant
le leur, le tien
parfois c’est fou, maman
on dirait des bandes de corbeaux
pris au piège
du Ciel, les âmes
in Pendant la mort
merci à jlmi
Le droit à la liberté, sans les moyens de la réaliser, n’est qu’un fantôme. Et nous aimons trop la liberté pour nous contenter de son fantôme. Nous en voulons la réalité. Mais qu’est-ce qui constitue le fond réel et la condition positive de la liberté ? C’est le développement intégral et la pleine jouissance de toutes les facultés corporelles, intellectuelles et morales pour chacun. C’est par conséquent tous les moyens matériels nécessaires à l’existence humaine de chacun ; c’est ensuite l’éducation et l’instruction. Un homme qui meurt d’inanition, qui se trouve écrasé par la misère, qui se meurt chaque jour de froid et de faim, et qui, en voyant souffrir tous ceux qu’il aime, ne peut venir à leur aide, n’est pas un homme libre, c’est un esclave. Un homme condamné à rester toute sa vie un être brutal, faute d’éducation humaine, un homme privé d’instruction, un ignorant, est nécessairement un esclave. Et s’il exerce des droits politiques, vous pouvez être sûrs que, d’une manière ou d’une autre, il les exercera toujours contre lui-même, au profit de ses exploiteurs, de ses maîtres. Quant à nous, qui ne voulons ni fantômes, ni néant, mais la réalité humaine vivante, nous reconnaissons que l’homme ne peut se sentir libre et se savoir libre — et par conséquent ne peut réaliser sa liberté — qu’au milieu des hommes. Pour être libre, j’ai besoin de me voir entouré, et reconnu comme tel, par des hommes libres. Je ne suis libre que lorsque ma personnalité se réfléchissant, comme dans autant de miroirs, dans la conscience également libre de tous les hommes qui m’entourent, me revient renforcée par la reconnaissance de tout le monde. La liberté de tous, loin d’être une limite de la mienne, comme le prétendent les individualistes, en est au contraire la confirmation, la réalisation et l’extension infinie. Vouloir la liberté et la dignité humaine de tous les hommes, voir et sentir ma liberté confirmée, sanctionnée, infiniment étendue par l’assentiment de tout le monde, voilà le bonheur, le paradis humain sur terre.
Conférence de 1871