Ben Shahn - Citation de John Viscount Morley - 1874
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L'enfer ?
L'enfer c'est le désert des déserts
cinquante jours par 45 degrés dans le Majâbat al-Koubrâ
sept chameaux squelettiques
le huitième s'est enfui
avec le dernier bidon d'eau
les djinns mangent l'ombre
on devient fou
in Traction Brabant n°82
L’homme à Montagne Froide
Sorti se rafraîchir
Glisse au sentier tombe tombe
Nulle branche avant le torrent
in Homme Montagne
Ma grand-mère m'a un jour donné un conseil: dans les moments difficiles, fais de petits pas. Fais ce que tu as à faire, mais petit à petit. Ne pense pas à l'avenir ou à ce qui pourrait arriver demain. Lave la vaisselle. Retire la poussière. Écris une lettre. Fais une soupe. Tu vois? Tu avances pas à pas. Fais un pas et arrêtes toi. Repose-toi. Félicite-toi. Fais un autre pas. Ensuite un autre. Tu ne le remarqueras pas, mais tes pas grandiront de plus en plus. Et le moment viendra où tu pourras penser à l'avenir sans pleurer.
La mort a des égards envers ceux qu’elle traque :
Elle enivre d’azur nos yeux, en les fermant,
Puis passe un vieux frac noir et se coiffe d’un claque
Et vient nous escroquer nos sous, courtoisement.
Notre civilisation est un cloaque.
Et nous sommes au fond de ce cloaque comme autant de bêtes immondes en rut d’amour ou d’argent, d’orgueil, d’ambition ou de puissance, comme autant de démons imbéciles acharnés à se violer de l’âme au corps, à se dominer, à se contraindre, à se pressurer, à se dépecer dans une épouvantable sanie de pensées rongeantes, de théories truquées, de fausses sciences, de théologies sans ciel, de doctrines à double fond et de dogmes morts…
Comment s’évader de cette prison de boue ? Comme rompre nos chaînes, culbuter nos barrières et renverser notre fatalité ?...
A coups de compromis politiques ou de replâtrages d’idées ? A coup de codicilles d’articles subsidiaires et de clauses résolutoires ?
Le mal est trop profond.
Les remèdes extérieurs ont fait faillite. Ils sont comme autant d’emplâtres de papier mâchés sur des cancers à leur dernier degré. Tous les arbres de la forêt humaine sont malades et c’est la sève qu’il faut soigner.
Mais comment ? Comment ?
Il fait sombre parce que tu essayes trop fort.
Doucement, mon enfant, doucement.
Apprends à tout faire légèrement.
Oui, goûte avec légèreté même si tu ressens profondément.
Laisse les choses arriver légèrement et ainsi fais-leur face.
Jette donc tes bagages et avance.
Il y a des sables mouvants tout autour de toi, ils essayent de t'aspirer vers la peur, l'auto-apitoiement et le désespoir.
C'est pourquoi tu dois marcher si légèrement.
Légèrement, mon très cher enfant...
in L'île
Nous étions l’un devant l’autre dans ce lac enchanté et la toison rougie de la forêt nous encerclait. On aurait dit que le cosmos entier voulait s’amuser dans nos corps.
in Marguerite Porète
« Si ta révolution ne sait pas danser, ne m’invite pas à ta révolution »
Le monde ne mourra jamais par manque de merveilles
mais uniquement par manque d'émerveillement.
Le pré est vénéneux mais joli en automne
les vaches y paissant, lentement s'empoisonnent.
in Alcools, Les colchiques (1913)
Je nous vois déjà dans 20 ans. Tous enfermés chez nous. Claquemurés (j’adore ce verbe, et ce n’est pas tous les jours qu’on peut le sortir pour lui faire faire un petit tour). Les épidémies se seront multipliées: pneumopathie atypique, peste aviaire, et toutes les nouvelles maladies. Et l’unique manière d’y échapper sera de rester chez soi. Et puis il y aura toujours plus de menaces extérieures: insécurité, vols, attaques, rapts et agressions — puisqu’on aura continué de s’acharner sur les (justes) punitions en négligeant les (vraies) causes. Et le terrorisme, avec les erreurs à répétition des Américains, sera potentiellement à tous les coins de rues. La vie de « nouveaux prisonniers » que nous mènerons alors sera non seulement préconisée, mais parfaitement possible, et même en grande partie très agréable. Grâce au télé-travail qui nous permettra de bosser à la maison tout en gardant les enfants (qui eux-mêmes suivront l’école en vidéo-conférence). Grâce à Internet qui nous épargnera bien des déplacements: on n’aura plus besoin ni de poster les lettres, ni d’acheter un journal « physique », ni d’aller faire la file dans les administrations. (…). Dans les rues, il ne restera plus que des chiens masqués qui font seuls leur petite promenade (pas de problème, sans voitures), et du personnel immigré sous-payé en combinaison étanche, qui s’occupera de l’entretien des sols et des arbres. D’autres s’occuperont de la livraison de notre caddy de commandes à domicile. Alors nous aurons enfin accompli le dessein de Big Brother. Nous serons des citoyens disciplinés, inoffensifs, confinés, désocialisés. Nous serons chacun dans notre boîte. Un immense contingent de «je», consommateurs inertes. Finie l’agitation. Finie la rue.
dans sa rubrique « Humoeurs » (TéléMoustique), 2003
Marc Moulin, né le 16 août 1942 et mort le 26 septembre 2008, pianiste, compositeur, animateur et producteur radio, humoriste, chroniqueur et touche-à-tout belge.
Égoïste : Dénué de respect pour l'égoïsme des autres.
in Le dictionnaire du diable
L’animal en soi sommeille
On le dit
Mais l’animal en moi est éveillé
Je vibre aux odeurs de terre mouillée
Je hume la mer d’aussi loin que le chien hume sa pâtée
Nulle fleur odorante ne passe inaperçue
Ma peau est sensible aux alizés
J’entends la petite vie qui grouille, sable ou gravier
Humus, lichen, pourriture organique
Je vois la douceur tendre du vert des jeunes pousses
Les feuillages éclaboussent ma rétine
Les pétales blancs ou pastel y impriment leur pointillisme
Toute bête qui croise mon chemin me rend l’extase des lointains jours d’avant
D’avant que ne se séparent femmes et femelles
in Animalité
Jean Oury, définit une folie très répandue chez les gens qui ne sont pas dans les asiles, ceux qu'il appelle les normopathes, en ces termes :
"des gens qui se prennent pour leur fonction".