Nadine Le Noc
quand la parole se débride
enfile une petite robe de faille
In Traction Brabant 87
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quand la parole se débride
enfile une petite robe de faille
In Traction Brabant 87
Déployant l'essence de la vie à la subsistance du ciel
Elle a brûlé au romantisme du chagrin éternel.
La lumière était telle que sur le fil de l’eau on voyait des rasoirs
In Traction Brabant 87
chaque jour tu approchais de mon silence
pour y mêler le tien
je me voyais poser la main sur une ombre
moi-même j’étais une ombre
sans paupières
nous étions notre propre désert
pierre au vif des sables
et source dans l’amour du monde
nous étions l’oiseau blanc
qui porte le nuage entre ses ailes
nous étions le vol et l’oiseau
fendant le ciel du regard
quand s’abolit la distance
et que renaît le feu
soleil à son lever
chaque jour tu rattrapais la lune
qui fuyait
nous étions la lune et le soleil
et la couleur qui soutient le ciel
et son commencement
nous étions lumière et ténèbres
nous étions la roue
qui assemble le jour et la nuit
nous étions l’homme la femme
et l’enfant que je voyais en toi
chaque jour tu approchais de mon silence
pour y mêler le tien
nous étions la totalité
des voyelles et des consonnes
que scellaient nos bouches de chair
nous étions le feu vif et la cendre
et nos propres décombres
nous étions tout ce qui n’eut pas lieu
et qui dure
in « soleil à son lever », La douleur des seuils
Le ventre est encore fécond,
D'où a surgi la bête immonde.
in La Résistible Ascension d'Arturo Ui, 1941
Je buvais pour noyer ma peine
mais cette garce a appris à nager.
nous pleurons,
nous pissons,
nous chions,
nous saignons,
le bas des immeubles s’effrite sous un battement de paupière,
les dunes s’abattent comme des automnes sur des vies
plus pauvres qu’un sablier de verre bâti dans une bouteille
en plastique tranchée.
et on ne nous apprend pas
la terreur d’un homme seul entretenant une plante séchée
dans la condamnation éternelle
d’une honte privatisée.
non,
nous ne sommes pas heureux.
nous pleurons,
nous pissons,
nous chions,
nous saignons.
À trop fréquenter le monde
On devient un ramassis de
Ce que l’on est pas
in Traction Brabant 87
C'était passerose et ras de ruines j'allais vers toi
remonter l'en haut tirait doucement d'abord
par les yeux
tout cet enfer de tranquillité saoûlerie de solitude
pour un arbre je ne sais pas quelque chose comme
bourgeon avant terme éclaté
branche fourrée de fourmis
feuille
méprisée lors de la cassure du froid
un ressuiement
de terre tôt dégelée
un arbre juste un arbre
inqualifiable
lacis noir gris de fond de pluie
et toi innommée inaperçue ma vieille usure
ma peau de petitesse
l'extase de vivre
malade minable rouillé roulé par les rues
comme une boîte de conserve à la bouche ébréchée
de vivre un peu à peine ce petit reste croûton de pain
séché blêmi fade ton visage de laideur qu'un arbre là
aimait sans rien dire
et je viens les yeux fermés
où tu étais venue
je viens me souvenir
avec des douleurs réapprises
aux épaules
je viens comme un matou de nuit
rôdeur parmi les
détritus
c'est toi que je trouve grise cernée de folie
vigne tombante contre un mur de briques
et cela aussi près de l'en dessous cette splendeur
de bric-à-brac de broche à foin
est
le plus pur amour
L’idée basique qui traverse l’histoire moderne et le libéralisme moderne, c’est que le public doit être marginalisé. Le public en général est simplement vu comme un groupe d’ignorants exclus qui interfèrent, tels des brebis égarées.
La poésie n'est pas un monument. C'est une ligne rapide et inattendue, un coup de massue dans un mur, un coup de couteau dans la toile de l'indifférence, c'est la frontière qui file, qui file, qui défile, c'est le dessous du volcan, bouillant et fumant, toujours en mouvement. C'est la danse, le cri, le corps. La poésie, c'est la vie. Celui qui fait du texte un monument est un meurtrier : il emmure un corps vivant.
La poésie
n'est pas
un monument.
in Your mind is a nightmare that has been eating you : now eat your mind
Et tu es comme un drap bleu
J’aimerais m’enrouler dans ta lumière
in Retentir
in Traction Brabant 87