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CITATIONS - Page 49

  • Martín Caparrós

    Plus de la moitié de l’argent qui transite par les bourses du monde riche est confié au HFT – High Frecuency Trading -, la forme la plus extrême de spéculation algorithmique ou automatisée. Un nom à rallonge pour quelque chose de très compliqué et de très simple à la fois : des ordinateurs surpuissants qui réalisent des millions d’opérations en quelques secondes ou millisecondes ; ils achètent, vendent, achètent, vendent achendent ventent vachètent achentent vachendent véchendent sans trêve, tirant parti d’infimes changements des cours qui, en pareilles quantité, se transforment en montagnes d’argent. Ce sont des machines qui opèrent beaucoup plus vite que n’importe quel être humain, indépendantes de quiconque. (…)

    Le HFT, c’est de la spéculation à l’état pur : des machines qui ne servent qu’à gagner toujours plus d’argent. Ce sont des opérations que personne ne réalise sur des contrats qui ne sont pas faits pour être honorés concernant des marchandises dont personne ne verra jamais la couleur : achat et vente de néant en quelques secondes, marché pur sans l’intrusion de quelque réalité que ce soit. Argent sur de l’argent, fumée produisant du feu, la fiction la plus rentable.

     

    in La faim

     

     

     

  • Martín Caparrós

     

    Leslie – appelons-le Leslie - est courtier dans une des quatre ou cinq grandes compagnies céréalières du monde, une entreprise qui brasse plusieurs milliards de dollars par an (…)

    (…) - Tout de cela peut-être synthétisé de manière très simple : tous ces gars veulent gagner de l’argent. Comment font-ils pour gagner de l’argent ? Aujourd’hui il existe beaucoup de manières. Il faut les connaître, être capable de les manier : prendre des positions à moyen et long terme, prendre et liquider ces positions en l’espace de deux minutes. Il y a de plus en plus de manière de gagner de l’argent avec ces opérations là.

    Dans certains pays du globe – tels que celui-ci -, on peut dire qu’on fait quelque chose dans le seul but de gagner de l’argent. Dans d’autres, non. Mais, en règle générale, il n’est pas facile de dire qu’on fait monter le prix des aliments dans le seul but de gagner de l’argent. On agite des justifications : qu’en réalité le grain augmente en raison de la hausse de la demande chinoise, la pression des agro carburants, les facteurs climatiques. (…)

    - Et vous arrive t-il de penser au coût de ce que vous faites dans le monde réel ?

    - À quel genre de coût fais-tu allusion ? Le coût économique, le coût social ? De quel coût parles-tu ?

     

    in La faim (à la Bourse de Chicago)

     

     

     

  • Martín Caparrós

    (…) «  L’histoire de la nourriture prit un tournant abominable en 1991, à un moment où personne n’était très regardant. Ce fut l’année où Goldman Sachs décida que notre pain quotidien pouvait devenir un excellent investissement. (…) en 1991, ils avaient déjà fait main basse sur presque tout ce qui pouvait être transformé en abstraction financière. La nourriture était à peu près tout ce qui restait. Ainsi, avec leur soin et leur précision habituels, les analystes de Goldman se sont employés à transformer la nourriture en concept.

    (…) La transformation de la nourriture en moyen de spéculation financière dure depuis plus de vingt ans. Pourtant nul ne semblait l’avoir vraiment remarqué jusqu’en 2008.

    (…) Quelques gouvernement tombèrent, les prix finirent par chuter, des millions de personnes basculèrent dans l’extrême pauvreté

     

    in La faim

     

     

     

     

  • Frederick Kaufman

     

    (…) alors que 200 milliards de dollars atterrirent sur le marché alimentaire, 250 millions de personnes tombèrent dans l’extrême pauvreté. Entre 2005 et 2008, le prix de la nourriture augmenta de 80 % et personne ne fut étonné lorsque The Economist annonça que le prix réel de la nourriture avait atteint son niveau le plus élevé depuis 1845, l’année où le magazine l’avait calculé pour la première fois »

    in son article : « The food bubble : How Wall Street starved millions and got away with it » Harper’s 2011

     

     

     

  • Martín Caparrós

     

    L’éthanol nord-américain est fabriqué à partir de maïs, une de leurs principales cultures. Les Etats-Unis produisent 35 % du maïs mondial, plus de 350 millions de tonnes par an.  Selon une loi fédérale, la Renewable Fuel Standard, 40 % de cette céréale doit être utilisé pour remplir les réservoirs des voitures. Cela représente près d’un sixième de la consommation mondiale d’un des aliments les plus consommés dans le monde. Avec les 170 kilos de maïs nécessaires pour remplir un réservoir d’éthanol-85, un enfant zambien ou mexicain ou bangladais peut survivre toute une année. Un réservoir, un enfant, un an. Et l’on remplit chaque année près de 900 millions de réservoirs.

    in La faim

     

     

     

     

     

  • Stranieri Ovunque

     

    Contrairement à ce que voudrait nous faire croire la propagande raciste, les migrations ne concernent que pour 17 % les riches pays du Nord, et concernent tous les continents (en particulier l’Asie et l’Afrique) ; ce qui signifie que pour chaque pays pauvre, il s’en trouve un encore plus pauvre d’où fuient des migrants. La mobilisation totale imposée par l’économie et les Etats est un phénomène planétaire, une guerre civile non déclarée et sans frontière : des millions d’exploités errent dans l’enfer du paradis marchand, ballottés de frontière en frontière, enfermés dans des camps de réfugiés, encerclés par la police et l’armée, et gérés par les organisations dites de charité — complices des tragédies dont elles ne dénoncent pas les causes réelles dans le seul but de profiter de leurs conséquences —, entassés dans les « zones d’attente » des aéroports ou dans les stades, enfermés dans des camps […] pour être enfin ficelés et expulsés dans l’indifférence la plus totale.

     

    Stranieri Ovunque (Partout des étrangers), groupe anarchiste italien in le manifeste Agli erranti, cité par Philippe Godard in L'anarchie ou le chaos

     

     

  • Martín Caparrós

    Aujourd’hui, nourrir les affamés n’est qu’une question de volonté. S’il y a des gens qui ne mangent pas suffisamment – s’il y a des gens qui tombent malades de faim, qui meurent de faim, c’est parce ce que ceux qui ont de la nourriture ne veulent par leur en donner ; nous, qui avons de la nourriture, ne voulons pas leur en donner. Le monde produit plus de nourriture que ses habitants n’en ont besoin ; nous savons tous qui sont ceux qui n’en ont pas suffisamment ; leur envoyer ce dont ils ont besoin  peut être l’affaire de quelques heures. Voilà pourquoi la faim actuelle est, en un sens, plus brutale, plus horrible qu’il y a cent ou mille ans.

     

    Ou, du moins, en dit beaucoup sur ce que nous sommes.

     

    in La faim

     

     

     

  • Élisée Reclus

      

    Là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. Parmi les causes qui dans l’histoire de l’humanité ont déjà fait disparaître tant de civilisations successives, il faudrait compter en première ligne la brutale violence avec laquelle la plupart des nations traitaient la terre nourricière. Ils abattaient les forêts, laissaient tarir les sources et déborder les fleuves, détérioraient les climats, entouraient les cités de zones marécageuses et pestilentielles ; puis, quand la nature, profanée par eux, leur était devenue hostile, ils la prenaient en haine, et, ne pouvant se retremper comme le sauvage dans la vie des forêts, ils se laissaient de plus en plus abrutir par le despotisme des prêtres et des rois. 

     

    1866

     

     

     

     

     

     

  • Marc Tison

     

    Tes mains sur les marbres de nerfs

    Mets tes paumes de paix

    sur les pensées en charpie

     

    Ne rassure pas

    Ne console pas

    Aime

     

    in des nuits au mixer

     

     

     

     

     

  • Martin Caparrós

    La moitié des habitants de Bombay n’ont pas de toilettes et chient donc où ils peuvent. Il y a quelques années, on a calculé que six ou sept millions d’adultes chiaient chaque jour dans les bidonvilles de Bombay : si chacun évacue une livre, cela signifie quelques 3000 tonnes de merde tous les matins – dispersée dans des ruisseaux archi immondes ou s’amassant autour des huttes et des allées.

    L’absence de toilettes entraine bien-sûr des problèmes sanitaires extrêmes : dans les bidonvilles de Bombay, deux morts sur cinq sont dues à une infection ou à des parasites à cause de la contamination de l’eau et faute d’égouts. Cela entraine aussi d’autres problèmes : les femmes, qui ne veulent pas que les hommes les voient, y vont en groupe avant l’aube ; elles s’aventurent parfois sur des terrains éloignés où les rats et les serpents leur tiennent compagnie. Où les attendent parfois des hommes pour les violer, si elles s’écartent trop.

     

    in La faim, 2015

     

     

     

     

     

  • Martin Caparrós

     

    Dharavi était un marais périphérique cerné par deux voies de chemin de fer et habité par quelques pêcheurs.  Aujourd’hui, incrusté au-milieu de Bombay, c’est le plus grand bidonville d’Asie, ruelles étroites sales puantes, des gens, des gens et encore des gens, des animaux, des cris : la densité de tout espace indien puissance huit. Dharavi est un agrégat de mondes très divers, un million de personnes et une douzaine de communautés différentes agglutinées dans moins de deux kilomètres carré.

     

    in La faim, 2015

     

     

     

  • Noam Chomsky

     

    Si l’on veut transformer les gens en consommateurs décervelés pour qu’ils ne gênent pas le travail quand on réorganise le monde, on doit les harceler depuis leur plus tendre enfance.

    in La fabrication du consentement