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CITATIONS - Page 53

  • Martin Caparrós

     

    En 1958, le président Mao Tsé-toung décida que la Chine devait accomplir son Grand Bond en Avant  ˗ lequel permettrait à leur économie de dépasser en dix ans celle de la Grande-Bretagne, disait-il. Pour cela, le pays devait s’industrialiser -  et des millions de paysans devenir ouvriers.

    Des millions de personnes se mirent en marche. La terre, collectivisée, devait être travaillée par des communes rurales si mal improvisées qu’il n’y avait pas moyen qu’elles fonctionnent.  Et les innovations pouvaient être délirantes (…). La famine dura plus de trois ans. On eut recours dans bien des cas à l’anthropophagie. Dans leur désespoir, la population ne mangeait pas seulement les morts : beaucoup d’enfants furent sacrifiés. Les gens tentaient de respecter les vieux tabous et d’éviter de manger les membres de leur propre famille. Ils trouvèrent la solution en exhumant une vieille coutume chinoise : les voisins s’échangeaient les enfants pour ne pas avoir  à manger leur propre sang. «  Ils cessèrent de nourrir les filles ; ils ne leur donnaient que de l’eau. Ils troquèrent le corps de leur fille contre celui de la fille du voisin. Ils firent bouillir le corps dans une espèce de soupe... » raconterait bien plus tard un survivant au journaliste anglais Jasper Becker. Il n’y en avait pas assez et le nombre de morts augmentait. Des révoltes ont éclaté, écrasées par l’Armée rouge. On n’a jamais disposé de chiffres précis, mais on sait qu’au moins trente millions de personnes ont péri de faim entre 1958 et 1962.

     

     

    in La Faim, éd. Buchet-Chastel, octobre 2015

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Don Quichotte à Sancho

     

    C’est comme la beauté, mon ami , elle ne vit que dans les yeux de celui qui la contemple. Mais patience et bientôt tu seras riche de milliers d’émerveillements.

    in L'Homme de la Mancha de Jacques Brel

     

     

  • Noam Chomsky

     

    Toute l’histoire du contrôle sur le peuple se résume à cela : isoler les gens les uns des autres, parce que si on peut les maintenir isolés assez longtemps, on peut leur faire croire n’importe quoi.

    in Comprendre le pouvoir, deuxième mouvement, 1993

     

     

  • Mary Oliver

     

     

    Qui a fait le cygne et l’ours noir ?

    Qui a fait la sauterelle ?

    Je veux dire cette sauterelle-ci − celle qui a bondi hors de l’herbe,

    celle qui mange du sucre au creux de ma main, qui bouge ses mandibules de gauche à droite, plutôt que de haut en bas − qui regarde autour d’elle avec ses énormes yeux compliqués.

    La voilà qui lève ses pâles avant-bras et se nettoie soigneusement la tête.

    La voilà qui déploie ses ailes, et s’envole au loin.

    Je ne sais pas exactement ce qu’est une prière.

    Mais je sais comment prêter attention, comment tomber dans l’herbe, comment m’agenouiller dans l’herbe, comment flâner et être comblée, comment errer à travers champs,

    ce que j’ai fait tout au long de la journée.

    Dis-moi, qu’aurais-je dû faire d’autre ?

    Tout ne finit-il pas par mourir, trop rapidement ?

    Dis-moi, qu’entends-tu faire de ton unique, sauvage et précieuse vie ?

     

    in La journée d’été

     

     

     

  • Erri de Luca

     

    Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d’élégance. La beauté qui leur est nécessaire c’est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d’étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches. 

     

    in Trois chevaux

     

     

     

  • Noam Chomsky

     

    J’essaie d’encourager les gens à penser de façon autonome, à remettre en question les idées communément admises. Ne prenez pas vos présomptions pour des faits acquis. Commencez par adopter une position critique envers tout idée « politiquement correcte ». Forcez-la à se justifier. La plupart du temps, elle n’y arrive pas. Soyez prêts à poser des questions sur tout ce qui est considéré comme un fait acquis. Essayez de penser par vous-même. Il y a beaucoup d’information en circulation. Vous devez apprendre à juger, à évaluer et à comparer les choses. Il vous faudra faire confiance à certaines choses, sinon vous ne pourriez pas survivre. Mais lorsqu’il s’agit de choses importantes, ne faites pas confiance. Dés que vous lisez quelque chose d’anonyme, il faut se méfier. Si vous lisez dans la presse que l’Iran défie la communauté internationale, demandez-vous qui est la communauté internationale ? L’Inde est opposée aux sanctions. Le Brésil est opposé aux sanctions. Le Mouvement des pays Non-Alignés est opposé aux sanctions et l’a toujours été depuis des années. Alors qui est la communauté internationale ? C’est Washington et tous ceux qui se trouvent être en accord avec lui. C’est le genre de choses que vous pouvez découvrir par vous-mêmes, mais pour ça il faut travailler. Et c’est pareil pour tous les sujets, les uns après les autres.

     

    2010

     

     

  • Noam Chomsky

     

    L’endoctrinement n’est nullement incompatible avec la démocratie. Il est plutôt, comme certains l’ont remarqué, son essence même. C’est que, dans un État militaire, ce que les gens pensent importe peu. Une matraque est là pour les contrôler. Si l’État perd son bâton et si la force n’opère plus et si le peuple lève la voix, alors apparaît ce problème. Les gens deviennent si arrogants qu’ils refusent l’autorité civile. Il faut alors contrôler leurs pensées. Pour se faire, on a recours à la propagande, à la fabrication du consensus d’illusions nécessaires.

     

    in Interview à la radio étudiante American Focus

     

     

     

     

     

     

  • Noam Chomsky

    Cette société durera, avec ses souffrances et ses injustices, tant et aussi longtemps qu’on prétendra que les engins de mort créés par les hommes sont limités, que la Terre est inépuisable et que le monde est une poubelle sans fond. À ce stade de l’histoire, il n’y a plus qu’une alternative. Ou bien la population prend sa destinée en main et se préoccupe de l’intérêt général guidée en cela par des valeurs de solidarité ou bien c’en sera fait de sa destinée tout court.

    Angleterre, 1974

     

     

     

     

     

     

  • Noam Chomsky

     

    À maints égards, certes, la société américaine est ouverte et les valeurs libérales y sont honorées. Toutefois, comme les pauvres, les Noirs et les membres des autres minorités ethniques ne le savent que trop, le vernis libéral est très mince. Comme l’a écrit Mark Twain, “c’est par la bonté de Dieu que notre pays dispose de trois choses infiniment précieuses : la liberté de parole, la liberté de conscience et la prudence de ne pratiquer aucune des deux.” Ceux à qui cette prudence fait défaut pourraient bien en payer le prix. 

    in Quel rôle pour l’État ?

     

     

  • Noam Chomsky

     

    Il existe deux ensembles de principes. Les principes de pouvoir et de privilège et les principes de vérité et de justice. Si vous courez après le pouvoir et les privilèges, ce sera toujours au détriment de la vérité et de la justice.