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CITATIONS - Page 55

  • Fanny Sheper

     

    Tu te baladeras dans le pays gris

    Des taupes à cul rose.

    Et avec tes grands yeux, tu pourras même cajoler

    Des requins noirs aux dents de satin.

     

    in Cheval Rouge

     

     

     

     

  • Empédocle

     

    Ne cesserez-vous pas ce meurtre au bruit funeste ?

    Ne voyez-vous pas que vous vous dévorez les uns les autres

    dans l'étourderie de vos cœurs ? 

     

     

     

     

  • Sarah Roubato

     

    Un animal a envie de chialer en moi. Mais il a perdu son cri. Je me sens sec. Sec comme un arbre mort qui a encore assez de feuilles pour ne pas que ça se voie. Il faudrait quelque chose pour me rendre à nouveau vivant. Un autre regard qui se poserait sur ma vie. Quelqu’un qui verrait ce que je ne m‘autorise pas à être. Quelqu’un qui ferait bien plus que m’apprécier. Qui pourrait m’espérer.

     

    In 30 ans dans une heure 

     

     

     

  • Jiddu Krishnamurti

     

    Indéniablement, l'amour, c'est être en communion avec quelqu'un, mais y a-t-il une communion - autre que physique - entre vous et votre femme? La connaissez-vous - excepté physiquement ? Et elle, vous connaît-elle? N'êtes vous pas l'un comme l'autre isolés, l'un comme l'autre à la poursuite de vos propres intérêts, de vos propres ambitions, chacun attendant de l'autre une gratification, une sécurité d'ordre économique ou psychologique? Une telle relation n'en est pas vraiment une - c'est un processus d'enfermement réciproque et de repli sur soi, né d'une nécessité psychologique, biologique et économique, dont le résultat évident est le conflit, le malheur, les reproches incessants, une possessivité doublée de peur, de jalousie et ainsi de suite.

     

    in Amour, sexe et chasteté 

     

     

     

     

     

     

  • Antoine Emaz

     

    Ce monde est sale de bêtise, d’injustice et de violence ; à mon avis, le poète
    ne doit pas répondre par une salve de rêves ou un enchantement de langue ;
    il n’y a pas à oublier, fuir ou se divertir. Il faut être avec ceux qui se taisent
    ou qui sont réduits au silence. J’écris donc à partir de ce qui reste vivant dans
    la défaite et le futur comme fermé. S’il n’est pas facile d’écrire sans illusion,
    il serait encore moins simple de cesser et supporter en silence. Donc, j’aime
    à penser la poésie comme un lichen ou un lierre, avec le mince espoir que
    le lierre aura raison du mur.

    in Entretien, in revue "Scherzo" n° 12-13, été 2001

     

     

     

  • Louis Calaferte

     

    LE MONDE EST NOUS TOUS, OU RIEN

    Haïssez celui qui n’est pas de votre race.
    Haïssez celui qui n’a pas votre foi.
    Haïssez celui qui n’est pas de votre rang social.
    Haïssez, haïssez, vous serez haï.
    De la haine, on passera à la croisade,
    Vous tuerez ou vous serez tué.
    Quoi qu’il en soit,
    vous serez les victimes de votre haine.
    La loi est ainsi :
    Vous ne pouvez être heureux seul.
    Si l’autre n’est pas heureux,
    vous ne le serez pas non plus,
    Si l’autre n’a pas d’avenir,
    vous n’en aurez pas non plus,
    Si l’autre vit d’amertume,
    vous en vivrez aussi,
    Si l’autre est sans amour,
    vous le serez aussi.
    Le monde est nous tous, ou rien.
    L’abri de votre égoïsme est sans effet dans l’éternité.
    Si l’autre n’existe pas, vous n’existez pas non plus.



     

  • Jorge Amado

     

    (…) c’était encore trop pour les pauvres de vivre, vivre en résistant à tant de misère, à des difficultés sans fin, à cette extrême pauvreté, aux maladies, au manque total d’assistance, vive quand ils n’avaient que les moyens de mourir. Pourtant ils vivaient, c’étaient des gens obstinés, et ils ne se laissaient pas liquider facilement. Leur capacité de résistance à la misère, à la faim, aux maladies, venait de loin, elle était née sur les bateaux des négriers, et elle s’était affermie dans l’esclavage. Leurs corps étaient aguerris ; ils s’étaient endurcis au dénuement.

    Et non contents de vivre, ils vivaient heureux, qui plus est. Et plus ils avaient des difficultés, plus ils riaient au son des guitares et des harmonicas (…). Ils affrontaient la misère avec allégresse, se moquaient de leur pauvreté et allaient de l’avant. Lorsqu'ils ne retrouvaient pas dès leur naissance les angelots des cieux, élus par Dieu et par la dysenterie, la faim et le manque de soins, les enfants s’élevaient à cette dure et joyeuse école de la vie, ils héritaient de leurs parents la résistance et la capacité de rire et de vivre. Ils ne se rendaient pas, ils ne se soumettaient pas au destin, humiliés et vaincus. Non, ils résistaient à tout, affrontaient la vie et ne la trouvaient pas nue et froide, ils la revêtaient de rires, de musique, de chaleur humaine et de gentillesse (…).

    Voilà comment ils sont ces gens simples, des durs à cuire. Voilà comment nous sommes nous hommes du peuple, joyeux et obstinés. C’est ceux de la haute qui sont des mous, des piliers de pharmacie bourrés de barbituriques, rongés d’angoisse et de psychanalyse (…).

     

     in Les pâtres de la nuit (1970)

     

     

     

     

     

     

  • Jean Giono

     

    Dès que les sens sont suffisamment aiguisés, ils trouvent partout ce qu’il faut pour découper les minces lamelles destinées au microscope du bonheur. 
    Tout est de grande valeur : une foule, un visage, des visages, une démarche, un port de tête, des mains, une main, la solitude, un arbre, des arbres, une lumière, la nuit, des escaliers, des corridors, des bruits de pas, des rues désertes, des fleurs, un fleuve, des plaines, l’eau, le ciel, la terre, le feu, la mer, le battement d’un cœur, la pluie, le vent, le soleil, le chant du monde, le froid, le chaud, boire, manger, dormir, aimer.


    in La Chasse au bonheur

     

     

     

  • Boris Vian

     

    A tous les enfants
    Qui sont partis le sac au dos
    Par un brumeux matin d’avril
    Je voudrais faire un monument
    A tous les enfants
    Qui ont pleuré le sac au dos
    Les yeux baissés sur leurs chagrins
    Je voudrais faire un monument
    Pas de pierre, pas de béton
    Ni de bronze qui devient vert
    Sous la morsure aiguë du temps
    Un monument de leur souffrance
    Un monument de leur terreur
    Aussi de leur étonnement
    Voilà le monde parfumé
    Plein de rires, plein d’oiseaux bleus
    Soudain griffé d’un coup de feu
    Un monde neuf où sur un corps
    Qui va tomber
    Grandit une tache de sang
    Mais à tous ceux qui sont restés
    Les pieds au chaud sous leur bureau
    En calculant le rendement
    De la guerre qu’ils ont voulue
    A tous les gras tous les cocus
    Qui ventripotent dans la vie
    Et comptent comptent leurs écus
    A tous ceux-là je dresserai
    Le monument qui leur convient
    Avec la schlague, avec le fouet
    Avec mes pieds avec mes poings
    Avec des mots qui colleront
    Sur leurs faux-plis sur leurs bajoues
    Des larmes de honte et de boue.

     

     

     

  • Jacqueline Kelen

     

    Dans la vie de tous les jours, on reconnaît un être bon à ce qu'il aime l'incognito, à son goût de la discrétion, voire de l'effacement. Il ne déroule jamais son curriculum vitae, ses diplômes ni ses prouesses. Il a à peine de biographie et se désintéresse de l'événementiel. Mais il veille sur la neige, le vent, les taupinières, le duvet des peupliers, les étoiles, les enfants, le silence, bref sur tout ce qui est vivant.


    in Inventaire vagabond du bonheur

     

     

     

  • Fanny Sheper

     

    Ils sont les hémophiles de l’amour.

    A peine une égratignure

    Et ils se répandent sur les murs.

     

    Une coupure

    Et c’est l’hémorragie

    Et des litres et des litres

    D’émotion qui se vident au sol.

     

    in Cheval Rouge

     

     

  • Empédocle

     

    Car son corps n'est pas pourvu d'une tête humaine ; deux rameaux ne s'élancent pas de ses épaules ; il n'a pas de pieds, pas de genoux agiles, pas de parties velues ; il est seulement un esprit sacré et ineffable, dont les pensées rapides traversent le monde entier comme des éclairs.