Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

CITATIONS - Page 82

  • Isabelle Bonat-Luciani

     

    On va se séparer doucement, là
    voilà,
    gentiment,
    comme on est venus
    de l'un à l'autre
    de l'autre à l'un.
    On va apprendre à se désapprendre,
    là, doucement
    comme on est devenus
    un peu
    de l'un en l'autre
    à se chercher l'horizon.
    On va en rester là, les deux pieds
    alignés bien droits.
    On va garder pour après
    C'est toute une vie ça, tu sais.
    Et tout sera comme avant.

    Il suffit d'écarter le coeur
    et le ventre
    De couper à la racine
    que ça ne repousse pas
    Couper chaque membre
    l'un après l'autre
    et demeurer silencieux à ce qu'on croit bouger encore.

    Il suffit d'arracher les yeux
    qu'il n'y ait plus de ciel trop grand
    Il suffit d'ôter la peau, qu'une autre vienne
    la même
    mais pas tout à fait.
    Il suffit de tailler les hanches
    comme on taille les arbres pour qu'un printemps plus vif renaisse
    Il suffit de remuer ce qui n'est pas tout à fait mort
    Ailleurs
    Laisser la place à ce qui fut
    Chercher d'où vient le courant des eaux mortes du fleuve
    Etreindre une fois encore les regrets
    les mêmes
    sans que l'on sache lequel est usure lequel est usé
    On n'a jamais su vraiment
    si on voulait savoir tout à fait

    Il suffit d'être
    sans toi
    Il suffit qu'aimer ne suffit pas
    là, gentiment
    du fond de nos inutiles

     

     

     

     

  • Marc Chagall

     

    J’ai vu hélas dans la vie un cirque ridicule :

    Quelqu’un tonitruait pour effrayer le monde, et

    Un tonnerre d’applaudissements lui répondait.

    J’ai vu aussi comment on se pousse vers la gloire et

    Vers l’argent : c’est toujours le cirque.

    Une révolution qui ne conduit pas vers son idéal

    Est, peut être aussi, un cirque.

    Je voudrais toutes ces pensées et ces sentiments,

    Les cacher dans la queue opulente d’un cheval de

    Cirque et courir après lui, comme l’autre petit clown,

    En demandant la pitié afin qu’il chasse la tristesse

    Terrestre.

     

     

     

     

  • Parole de psy

     

    "Certaines personnes ont besoin pour vivre de projeter leur souffrance sur quelqu'un d'autre, elles projettent aussi les parties d'elles-mêmes qu'elles ne tolèrent pas en elles. Par exemple quelqu'un qui a un profond mépris de soi va traiter l'autre de manière méprisante, quelqu'un qui aurait tendance à s'angoisser va faire en sorte d'angoisser l'autre ou encore très fréquemment c'est la culpabilité qui est projetée. C'est une forme d'abus narcissique de l'autre qui est déchu de son statut d'être humain pour devenir une sorte de "poubelle" dans laquelle on déverse tout ce qui ne va pas. Et lorsque la violence monte d'un cran, on attaque chez l'autre ces côtés projetés de soi-même. Lorsque c'est à un enfant que le rôle de poubelle est dévolu, il y a de graves conséquences pour sa vie d'adulte puisqu'il va devoir évacuer à la place du parent toutes ces facettes noires qui de fait ne sont même pas les siennes. (...) Cette relation est éminemment destructrice "

     

    source : forum de psychologie.com

     

     

     

  • Hermann Hesse

     

    La vérité existe, mon cher, mais la 'doctrine' que tu réclames, l'enseignement absolu qui confère la sagesse parfaite et unique, cela n'existe pas. Il ne faut pas non plus avoir le moins du monde la nostalgie d'un enseignement parfait, mon ami; c'est à te parfaire toi-même que tu dois tendre. La divinité est en toi, elle n'est pas dans les idées ni dans les livres. La vérité se vit, elle ne s'enseigne pas ex cathedra.

     

    in Le jeu des perles de verre

     

     

     

     

     

  • Allen Ginsberg

     

    Nul repos            

    sans amour,

    nul sommeil            

    sans rêves d'amour

    -             soyez fou ou glacé obsédé d'anges            

    ou de machines, le vœu dernier            

    est amour

     

     in Song

     

     

     

     

  • Unica Zürn

     

    "C'est fini" dit-elle à voix basse et elle se sent déjà morte avant que ses pieds ne quittent le rebord de la fenêtre. Elle tombe sur la tête et se brise le cou. Son petit corps gît, étrangement tordu dans l'herbe.

     

    in Sombre printemps

     

     

     

  • René Magritte

     

    Toutes ces choses ignorées qui parviennent à la lumière me font croire que notre bonheur dépend lui aussi d’une énigme attachée à l’homme et que notre seul devoir est d’essayer de la connaître. 

     

     


     

  • Thomas Bernhard

     

    Mais les causes de cette dernière – et plus grave – crise de ma maladie, il ne faut pas les chercher seulement dans mon travail scientifique, dans le fait que je me sentais insupportablement écrasé, et, par-là, dupé et perturbé de la manière la plus douloureuse par ce travail – mais elles étaient également, profondément, dans tout ce qui m’entourait, tout mon « entourage », le plus proche comme l’assez proche, l’assez éloigné comme le plus éloigné, était cause de cette crise dans laquelle j’avais été précipité, et, pour une large part, la bassesse et la méchanceté et la dissimulation de mon entourage immédiat, dont toutes les manifestations, de plus en plus, semblaient distinctement se ramener à un but unique : me détruire et m’anéantir, ce contre quoi j’étais totalement impuissant et conscient d’être totalement impuissant et sans défense contre cette volonté de destruction et d’anéantissement, s’ajoutant à mon incapacité de travailler, à mon impuissance absolue devant le travail, tout cela avait contribué à provoquer ce terrifiant déchaînement de ma maladie, et la situation politique révoltante dans ce pays qui est le nôtre, et dans toute l’Europe, avait peut-être été l’élément décisif qui avait déclenché la catastrophe parce que toute l’évolution politique allait contre tout ce dont j’avais la conviction que cela aurait été juste, et dont, maintenant encore, j’ai la conviction que ce serait juste. La situation politique s’était à ce moment-là brusquement détériorée, d’une manière qu’on ne pouvait plus qualifier que de révoltante et de mortelle. Les efforts de dizaines d’années étaient annulés en quelques semaines, l’Etat, déjà instable depuis toujours, s’était effondré en quelques semaines, la stupidité, la cupidité, l’hypocrisie régnaient tout à coup comme aux pires époques du pire régime, et les hommes au pouvoir œuvraient à nouveau sans scrupules à l’extirpation de l’esprit. Une hostilité générale à l’esprit, que j’avais observée depuis des années déjà, avait atteint un nouveau paroxysme répugnant, le peuple, ou plutôt les masses populaires étaient poussées par les gouvernants à assassiner l’esprit et excitées à se livrer à la chasse aux têtes et aux esprits. Du jour au lendemain, tout était à nouveau dictatorial, et, depuis des semaines et des mois, j’avais déjà éprouvé dans ma chair à quel point on exige la tête de celui qui pense. Le sens civique des braves bourgeois, bien décidé à se débarrasser de tout ce qui ne lui convient pas, c’est-à-dire avant tout de ce qui est tête et esprit, avait pris le dessus, et tout à coup, était à nouveau exploité par le gouvernement, et pas seulement par ce gouvernement d’Europe. Les masses, esclaves de leur ventre et des biens matériels, s’étaient mises en mouvement contre l’esprit. Il faut se méfier de celui qui pense et le persécuter, telle est la devise ancienne selon laquelle on se remettait à agir de la manière la plus atroce. Les journaux parlaient un langage répugnant, ce langage répugnant qu’ils ont toujours parlé, mais qu’au cours des dernières décennies ils n’avaient au moins plus parlé qu’à mi-voix, ce à quoi ils ne se croyaient tout à coup plus tenus : presque sans exception, ils jouaient les assassins de l’esprit, comme le peuple et pour plaire au peuple. Pendant ces semaines-là, les rêves d’un monde voué à l’esprit avaient été trahis, livrés à la populace et jetés au rebut. Les voix de l’esprit s’étaient tues. Les têtes étaient rentrées dans les épaules. La brutalité, la bassesse et la vulgarité régnaient désormais sans partage. Ce fait, s’ajoutant à la stagnation de mon travail, n’avait pu qu’entraîner une profonde dépression de tout mon être et m’affaiblir d’une manière qui, pour finir, avait provoqué la pire crise de ma maladie.

     

     in Vomissons

     

     

     

     

     

  • Heptanes Fraxion

     

    mauvais cheval

    il boite
    mauvais cheval que son squelette ce soir
    les cheveux gris c'est lui
    le sang en plastique c'est lui
    il vient d'apercevoir son ex sortant d'un bar bouillant
    bouillante elle aussi au bras d'un type aux yeux clairs
    probable passé d'athlète
    bossant probablement dans la téléphonie mobile
    ils ont tous des rires débiles dans ce milieu
    et des pantalons qui leur rentrent bien dans le fion
    chaussures ultra pointues évidemment
    plus t'es gentil
    plus elles se barrent les meufs
    il pense surtout à tous les bons skeuds qu'il a perdu pendant le déménagement
    enfin bref
    il quitte les beaux quartiers stériles
    la nuit s'annonce bien froide qui arrive avec la pluie
    avec la zone
    avec le vide
    avec le corps qui ne produit pas assez de cortisone
    boulevards circulaires comme des scies
    le long des rails
    le long de l'eau qui marche du canal du Midi
    il boite
    et même sa béquille boite