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RÉSONNANCE & COPINAGES - Page 11

  • Murièle Modély

     

    parfois on colmate     
    on fait un enfant ou deux, et      
    on utilise leurs rires ou leurs larmes comme plâtre       
    cela marche un temps, puis ils grandissent 
    ils s'en vont sur les chemins tracer leurs propres entailles    
    avec des pierres coupantes
    alors on reste un peu triste        
    sauf les dimanches   
    quand on se retrouve tous ensemble à table       
    à tenter de remplir à la cuillère ou d'une phrase  
    nos trous


     

     

  • Louve Matthieu 

     
    Vous êtes espagnole n’est-ce pas ?

    Je suis au Saguenay, dans une épicerie en train de payer à la caisse. Le proprio tout sourire emballe mes trucs

    Vous êtes proche! C’est presque pareil! Lui dis-je sensuellement.

    Là le monsieur est vraiment content! Et hop la salade dans le sac! J’ai presque eu une invitation à parler latino devant un expresso! Alors vite je me pousse!

    Le Saguenay est au cœur de l’habitat des autochtones, autour il y a les réserves. Parfois je me sens comme une immigrante qui ne comprend pas trop pourquoi elle est venue dans ce pays de merde! 
    Oups! De neige! 
    Et oui, parfois j’aimerais être cette mystérieuse espagnole.

    Je lui dis? Non. Mais je dois lui dire! C’est ridicule! Non?

    Toute en émoi, la nouvelle intervenante, toute jeune et jolie, me transmet son admiration et son plaisir à déguster les repas que je fais.

    Quelle joie de savourer la cuisine orientale! Je n’ai jamais mangé cela! J’adore goûter les mets de différents pays! Ça goûte le soleil du Mexique !

    Ça existe le Mexique oriental ?
    Je la laisse aller de même pendant deux semaines! Et là, je ris en vous disant cela… De plus, elle me trouvait jolie et géniale, alors pourquoi l’arrêter? Tous les jours cette jeune femme me trouvait merveilleuse! Jusqu’à une certaine pause, après un délicieux pâté chinois, alors que la discussion tourne autour de la chance que j’ai de pouvoir manger gratuitement à mon travail et même, de ramener parfois les restes pour ma famille. Les joies du communautaire!

    C’est vrai que dans ton pays vous ne devez pas manger à tous les jours surtout que la nourriture est rare, tu dois être vraiment heureuse de vivre au Canada!

    Ayoye!
    J’ai un grain de maïs coincé là, entre les dents!

    Je la regarde avec pitié et surtout je me sens coupable.
    Coupable d’avoir pu être admirée. Pour mon courage, ma force, pour moi! Moi. 

    Tu sais, je suis Ilnu Non! Pas du Pérou! Ilnu, autochtone!

    Hein?

    Oh non, je ne vis pas dans une réserve. Pourquoi! ? Parce que mon grand-père a été dans un pensionnat et le gouvernement… tu dis ? Non, je ne suis pas subventionnée!

    Le café est froid dans ma bouche.

    Elle s’en va. Très loin. Et elle ne reviendra plus jamais me parler du soleil.

    Loin de ma terre
    au sommet du ciel
    quand on frappe la neige
    sur mes ailes
    un tout petit vent
    aura beau dire
    toutes les écorces
    il restera
    son cri et ma plume
    dans les feuilles
    rouges

     

     

    Merci jlmi !

     

     

     

     

  • Alexandre Cabanel - Contemplation - 1848

    Alexandre Cabanel Contemplation, 1848 .jpg

     

    Sésame dévêtu.

    Le berger est il gardien des berges ? Au verger trouve-t-on des verges ?

    Qu’est-ce qui coule de source ? Comment peut-on envisager l’inconnu ? Souriant ?

    Y a-t-il mieux à faire que de contempler les mésanges ? 
    Plus bon que la joie défroissée, toute en crinière douce ? 

    Il y a bien sûr plus que l’instant dans nos têtes casiers.

    Que pourrais-je faire pour mes cheveux ? 
    C’est si important que ça la coiffure ?

     

    in Le poulpe et la pulpe

     

     

     

  • HF Thiéfaine

     

    Au souffle brumeux des vipères
    elle me montre du doigt la sphaigne
    où tritons, salamandres en guerre
    se battent au milieu des châtaignes
    tu sais déjà me murmure-t-elle
    qu'il faut séduire pour mieux détruire
    et dans un geste et des bruits d'ailes
    elle disparaît dans un sourire
    puis elle revient et me poursuit
    depuis des siècles et ma mémoire
    au fil des brouillards et des nuits
    se perd dans les ombres du soir

     

     

     

     

  • Jiddu Krishnamurti (1895 -1986)

    "Il est très important de sortir seul, de s'asseoir sous un arbre - non pas avec un livre, pas avec un compagnon, mais par soi-même - et d'observer la chute d'une feuille, entendre le lappage de l'eau, le chant des pêcheurs, Regardez le vol d'un oiseau, et de vos propres pensées alors qu'ils se poursuivent dans l'espace de votre esprit.
    Si vous êtes capable d'être seul et de regarder ces choses, vous découvrirez des richesses extraordinaires qu'aucun gouvernement ne peut taxer, aucune agence humaine ne peut corrompre, et qui ne peut jamais être détruite." (...)
    "Vous est-il déjà arrivé de rester assis, très tranquillement, les yeux clos, à suivre le mouvement de votre pensée ? Avez-vous observé le fonctionnement de votre pensée - ou, plutôt, votre esprit s'est-il regardé agir, rien que pour voir quelles sont vos pensées, quels sont vos sentiments, pour voir comment vous regardez les arbres, les fleurs, les oiseaux, les gens, comment vous répondez à une suggestion ou réagissez à une nouvelle idée ? Avez-vous déjà fait cela ? Si tel n'est pas le cas, vous passez à côté de quelque chose d'essentiel.
    Connaître le fonctionnement de notre esprit est l'un des buts essentiels de l'éducation. Si vous ignorez comment réagit votre esprit, si votre esprit n'est pas conscient de ses propres activités, jamais vous ne découvrirez ce qu'est la société. Vous aurez beau lire des ouvrages de sociologie, étudier les sciences sociales, si vous ignorez comment fonctionne votre propre esprit, vous ne pourrez pas réellement comprendre ce qu'est la société ; car votre esprit en fait partie: il est la société. Vos réactions, vos croyances, votre assiduité au temple, les vêtements que vous portez, les choses que vous faites ou que vous ne faites pas, ce que vous pensez - c'est de tout cela qu'est faite la société: elle est la réplique de ce qui se passe dans votre propre esprit. Votre esprit n'est donc pas distinct de la société, pas plus qu'il n'est distinct de votre culture, de votre religion, de vos différents clivages de classes, des ambitions et des conflits communs à la majorité des gens. C'est tout cela, la société, et vous en faites partie. Il n'existe pas de « vous » distinct de la société.
    Or la société cherche toujours à contrôler, à modeler, à mouler la pensée des jeunes. Dès votre naissance, dès les premières impressions que vous recevez, votre père et votre mère ne cessent de vous dire ce qu'il faut faire et ne pas faire, ce qu'il faut croire et ne pas croire, on vous dit que Dieu existe, ou qu'il n'y a pas de Dieu, mais que l'État existe et qu'un certain dictateur en est le prophète. Dès l'enfance, on vous abreuve de ces notions, ce qui signifie que votre esprit, qui est très jeune, impressionnable, curieux, avide de connaissances et de découvertes, est petit à petit enfermé, conditionné, façonné de telle sorte que vous allez vous conformer aux schémas d'une société particulière, au lieu d'être un révolutionnaire. Et comme cette habitude d'une pensée formatée s'est déjà ancrée en vous, même si vous vous « révoltez » effectivement, c'est sans sortir du cadre des schémas établis. A l'image de ces prisonniers qui se révoltent pour être mieux nourris, avoir plus de confort - mais en étant toujours dans l'enceinte de la prison.
    Lorsque vous cherchez Dieu, ou que vous voulez découvrir ce qu'est un gouvernement équitable, vous restez toujours dans le cadre des schémas de la société qui dit: « Telle chose est vraie, telle autre est fausse, ceci est bien et cela est mal, voici le leader à suivre, et voilà les saints à prier. » Ainsi votre révolte, comme la prétendue révolution suscitée par des gens ambitieux ou très habiles, reste toujours limitée par le passé. Ce n'est pas cela, la révolte ; ce n'est pas cela, la révolution: il s'agit là simplement d'une forme exacerbée d'action, d'un combat plus courageux que d'ordinaire - mais toujours dans le cadre des schémas établis. La vraie révolte, la vraie révolution consiste à rompre avec ces schémas et à explorer en dehors d'eux.
    Tous les réformateurs - peu importe qui ils sont - ne s'intéressent qu'à l'amélioration des conditions dans l'enceinte de la prison. Jamais ils ne vous incitent au refus du conformisme, jamais ils ne vous disent: « Abattez les murs de la tradition et de l'autorité, franchissez-les, dépouillez-vous du conditionnement qui emprisonne l'esprit. » Or la véritable éducation consiste à ne pas simplement exiger de vous la réussite aux examens en vue desquels on vous a bourré le crâne, ou la retranscription de choses apprises par cœur, mais à vous aider à voir les murs de cette prison dans laquelle votre esprit est enfermé.
    La société nous influence tous, elle façonne notre pensée, et cette pression extérieure de la société se traduit peu à peu sur le plan intérieur ; mais aussi profond qu'elle pénètre, elle agit toujours de l'extérieur, et l'intérieur n'existe pas pour vous tant que vous n'avez pas brisé l'emprise de ce conditionnement. Vous devez savoir ce que vous pensez, et savoir si c'est en tant qu'hindou, musulman ou chrétien que vous pensez - c'est-à-dire en fonction de la religion à laquelle vous vous trouvez appartenir. Vous devez être conscients de ce que vous croyez ou ne croyez pas. C'est de tout cela que sont faits les schémas de la société, et si vous n'en prenez pas conscience, vous en êtes prisonniers, même si vous croyez être libres.
    Mais dans la plupart des cas, nous ne nous préoccupons que d'une révolte circonscrite à l'enceinte de la prison ; nous voulons de meilleurs repas, un peu plus de lumière, une plus grande fenêtre pour voir un plus grand pan de ciel. Nous nous inquiétons de savoir si les intouchables devraient avoir accès au temple ou non ; nous voulons faire disparaître cette caste particulière, mais en l'éliminant nous en créerons une autre, une caste « supérieure » ; nous restons donc prisonniers, et en prison il n'y a pas de liberté.
    La liberté est hors des murs, hors des schémas établis de la société ; mais pour s'en libérer, vous devez en comprendre tout le contenu, c'est-à-dire comprendre votre propre esprit. C'est l'esprit qui a créé la civilisation actuelle, cette culture ou cette société esclave de la tradition, et si l'on ne comprend pas son propre esprit, se révolter simplement en tant que communiste, socialiste, ou que sais-je encore, ne présente guère d'intérêt. Voilà pourquoi il est si important d'avoir cette connaissance de soi, d'être conscient de tous ses actes, toutes ses pensées et tous ses sentiments - et c'est cela l'éducation, n'est-il pas vrai ? Car lorsque vous êtes pleinement conscients de vous-mêmes, votre esprit devient très sensible et très vif.
    Faites cette expérience - pas un jour quelconque dans un lointain avenir, mais demain ou cet après-midi: s'il y a trop de monde dans votre chambre, ou s'il y a foule chez vous, partez tout seuls vous asseoir sous un arbre ou au bord du fleuve, et observez tranquillement comment fonctionne votre esprit. Ne cherchez pas à le corriger, ne dites pas: « C'est bien, c'est mal », mais regardez-le simplement comme vous regarderiez un film. Quand vous allez au cinéma, vous ne faites pas partie du film ; les acteurs et les actrices, oui, mais vous, vous n'êtes que spectateurs.
    De la même façon, observez comment fonctionne votre esprit. C'est vraiment très intéressant, beaucoup plus que n'importe quel film, parce que votre esprit est le résultat global de l'ensemble du monde et il contient toutes les expériences vécues par les êtres humains. Vous comprenez ? Votre esprit est l'humanité, et lorsque vous saisirez cela, vous aurez en vous une immense compassion. De cette compréhension surgit un immense amour: alors vous saurez, en voyant de jolies choses, ce qu'est la beauté."

     

    in Conformisme et révolte

     

     

     

  • Asai Ryōi

    Vivre uniquement le moment présent,
    se livrer tout entier à la contemplation
    de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier
    et de la feuille d’érable… ne pas se laisser abattre
    par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître
    sur son visage, mais dériver comme une calebasse
    sur la rivière, c’est ce qui s’appelle ukiyo.

     

    in Les Contes du monde flottant

     

     

     

     

  • Jean Bédart

    Nous étions l’un devant l’autre dans ce lac enchanté et la toison rougie de la forêt nous encerclait. On aurait dit que le cosmos entier voulait s’amuser dans nos corps.

     

    in Marguerite de Porète

     

     

  • Féminicides en 2022

    Source : https://www.feminicides.fr/statistiques2022

     

     

    LES CHIFFRES DE 2022 (à minima)*

    FÉMINICIDES
    -> par (ex)compagnons : 111 (+ 16 tiers dont 10 enfants)
    * 95 tuées chez elles, 15 ailleurs, 1 non connue
    * 58 en contexte de séparation et/ou de violences connues (peu renseigné)
    * 70 étaient mères (dont 6 tuées avec leurs enfants) + 2 enceintes (5 mois et 8 mois) - pas toujours renseigné
    * 144 orphelins dont 38 témoins (34 présence, 4 découverte).
    * 32 suicides du tueur + 12 tentatives + 2 en fuite

    -> par compagne : 0 (0 suicide, 0 tentative)
    -> non conjugaux : 12 (dont 4 relations avec le tueur non renseignées, dont 0 personne trans,  dont 1 féminicide prostitutionnel)

    HOMICIDES
    -> par (ex)compagnes : 15 (dont 6 en probable légitime défense, 0 suicide, dont 1 par femme transgenre)
    -> par compagnon ou ex : 3 (0 suicide - 0 tentative de suicide)

    INFANTICIDES :
    * 14 par père (dont 1 double et 0 triple) -
    0 suicides + 1 tentative de suicide
    * 5 par beau-père
    * 0 par l'oncle maternel
    * 20 par mère (dont 3 doubles/dont 1 quadruple/dont 2 néonaticides - 2 suicide + 1 tentative de suicide, dont 1 sur fils adulte)
    * 0 par belle-mère
    * 2 par couple parental (dont 1 par mère et beau-père)
    * 3 en contexte de séparation (situation pas toujours renseignée)

    MATRICIDES :
    11 par le fils dont 8 internés d'office en HP (0 tentatives de suicide - 0 suicide)
    2 par la fille (1 tentative de suicide, 0 suicide)
    1 par beau-fils
    0 par ex beau-fils

    PARRICIDES :
    8 par le fils (0 suicide - 0 pour protéger sa mère victime de VC)
    4 par la fille (1 tentative de suicide, 0 suicide)
    0 par beau-fils
    0 par la belle-fille

    GRANDS-PARENTS :
    0 GM par petite-fille,
    0 GM par petit-fils (grand-mère)
    0 GP par petit-fils (0 Mari de la grand-mère)

    FRATRICIDE :
    3 par frère dont 0 jumeau
    1 par demi-frère  0 par soeur

    SORORICIDE :
    1 par demi-frère 0 par soeur
    2 par frère

    Autre homicide intra-familial :
    1 par le beau-père (1 gendre tué par le père)
    1 par beau-frère (0 homme tué par beau-frère / 1 femme tuée par beau-frère)
    3 par neveu (3 hommes tués par leur neveu/ 0 femme tuée par son neveu)
    0 par cousin sur cousin
    2 par le gendre : (1 belle-mère et 1 beau-père tuée par le gendre)


    TIERS VICTIME AVEC LIEN FAMILIAL : 4 adultes ( dont 2 par le gendre) et 10 enfants (9 par le père) et 1 enfant (par l'ex-compagnon)

    TIERS VICTIMES SANS LIEN FAMILIAL : 8 (dont 6 hommes par ex-compagnon de leur femme et 0 gendarmes/policièr.e.s)

     

    ************************************************
    E-mail : feminicidesfrance@gmail.com
    Twitter : https://twitter.com/feminicidesfr
    Instagram : @feminicidespar

    PÉTITION :
    https://www.change.org/p/mr-emmanuel-macron-elles-se-pr%C3%A9nommaient?fbclid=IwAR2Sv9UO03Btr-zMw6LxpeDwfB0TkCByH9uL8QpibEhlmXbwTKXztiOFKv8

    FLYER 2022 :
    https://cjoint.com/c/LCfqCcvFQvY

     

     

  • Zéno Bianu

    FEMME AUX CENT HUIT NOMS
     
    Je t'ai croisée souvent
    dans les villes indiennes
    femme-Bénarès femme-Jaïpur
    femme-Madras Femme-Bangalore
    souvent si souvent
    femme si femme aux yeux si vastes
    que l'on s'y perd en pleine nuit
    déesse fille déesse mère
    pupilles de gouffre
    fleur de nerf pulpe de terre
    tu avances par les rues
    comme si tu tournais
    autour des limites du monde
    tu tournes sur la terre comme au ciel
    tu tournes comme la sixième voyelle
    tu tournes
    toupie sur ton zénith
    femme-cosmos
    à l'écoute de toutes les rumeurs
    tu tournes depuis des siècles
    on dit que tu es vierge et mère
    sainte et prostituée
    on dit que tu es animale et divine
    éclairante et nocturne
    que tu enfantes en continu
    les mondes des êtres et des choses
    que tu déploies tous les possibles de la femme
    que tu es l'énergie même
    effervescence effervescence
    on dit que tu allumes des brasiers
    dans les yeux des dépossédés
    tu es la fiancée de Dieu
    qui glisse à travers les foules
    tu as vu Babylone entrer en horreur
    à Bhopal ou ailleurs
    tu ne sais qui tu es
    mais tu sais qui tu es
    caverne arbre et source
    rose et matrice
    tu es le centre du monde vivant
     
    in Le désespoir n'existe pas
     
     
     

  • Jean Bédard

     

    L’amour est beaucoup plus un jeu d’enfants que tu ne le crois. En revanche, les jeux d’enfants sont beaucoup moins des jeux d’enfants que tu ne le penses.

     

    in Marguerite de Porète