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RÉSONNANCE & COPINAGES - Page 8

  • Roberto Sosa (Honduras) - Les Indiens

     

    Je suis allé leur parler dans leurs refuges, 
     là-bas, sur ces monts protégés par des idoles 
     où je les sais gais comme les cerfs 
     mais aussi tranquilles et profonds 
     comme les prisonniers. 

    J'ai senti leur regard 
     frapper mes yeux jusqu'à l'ultime lumière 
     et dès lors mon pouvoir m'est apparu 
     infondé et fragile. 

    Aux côtés de leurs pieds 
     détruits sur tant de routes 
     je dépose mon sang écrit 
     sur une branche obscure.

     

     

     

  • Pascal Perrot

     

    Crimes en fragments en copeaux que ne condamne nulle justice humaine vices parcimonieux dont les parfums putrides saturent l’atmosphère exactions minimalistes basses œuvres du dédain dont quelques gouttes à peine empoisonnent et dissolvent nos forêts de mystères nous succombons par lassitude par abandon nous courbons  agenouillés face au charme vénéneux des apocalypses

     

    in Une brèche dans la tapisserie des ombres

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Jim Harrison

     

    Roumi m'a conseillé de loger mon esprit
    en haut des branches d'un arbre et de ne pas le quitter
    trop longtemps des yeux, alors j'installe le mien
    dans les très grands saules derrière le fossé d'irrigation,
    un endroit non contaminé par l'infecte
    culture de la cupidité et de l'assassinat de l'esprit.
    Les gens oublient que leur esprit étouffe pour un rien,
    qu'ils doivent le placer tout en haut d'un arbre
    d'où ils peuvent le faire revenir n'importe quand.
    Mieux vaut être en plein air, car l'esprit a du mal
    à entrer dans les maisons, les immeubles ou les avions.

     

    in Esprit

     

     

  • Victor Ozbolt    

    Il y aura toujours

    Ce rien qui nous échappe

    Cette couleur qui fuit

    Là-bas au crépuscule

    Cette corde qui vibre

    Dans des cœurs enflammés

    Ces amours qui façonnent

    Leurs corolles secrètes

    Cette encre qui frémit

    Envoûtée par les mots

    Cet enfant qui déchiffre

    Des fragments d'univers

    Ces êtres chers qui glissent

    Vers un astre inconnu

    Il y aura toujours

    Ce rien qui nous échappe

    Nous ronge ou nous fascine

    Sur les marches des jours

     

     

     

  • À l’Oreille des Politiques, d’Aurore Gorius, La Revue Dessinée / Les Jours (2022)

    Capture.pngVous n’allez pas voter pour eux. Quelle que soit l’élection, aucun bulletin de vote ne porte jamais leur nom. Pourtant, leur pouvoir est colossal. « Eux » ? Ils sont lobbyistes, communicants, conseillers. Leur mission ? Influencer les élus, amender les textes de lois, orienter les discours et façonner l’action publique. Le tout dans l’ombre, toujours dans l’ombre. Armement, nucléaire, pesticides, banques… Il n’est aucun dossier sensible qui ne porte leur patte. Pourtant, le rôle et les pratiques de ces rouages discrets de la décision publique restent mal connus. La Revue Dessinée et Les Jours ont décidé de s’unir pour vous proposer À l’oreille des politiques, l’adaptation en trois bandes dessinées de cette œuvre de salubrité publique, sous le trait précis et inspiré du dessinateur Vincent Sorel, auxquelles viennent s’ajouter des grandes fresques, consacrées aux lieux de pouvoir, signées Vincent Mahé.

     

    A l’Oreille des Politiques, co édité par La Revue Dessinée et Les Jours, fait partie des cinq ouvrages retenus pour concourir au premier Prix pour un ouvrage sur la transparence et l’éthique créé par Transparency International France et l’Observatoire de l’Ethique Publique (OEP). Consacrée aux lobbyistes, communicants et conseillers qui influencent la décision publique, sans que le grand public n’en ait forcément conscience, cette bande-dessinée documente de manière pédagogique et précise le poids de ces différents acteurs privés sur la décision publique. Son autrice, la journaliste Aurore Gorius, explique ici (suivre le lien) pourquoi ce travail d’enquête et sa diffusion à un public le plus large possible est essentiel pour notre démocratie : 

    https://transparency-france.org/actu/il-est-essentiel-dexpliquer-que-voter-pour-quelquun-cest-voter-aussi-pour-son-entourage-et-sa-maniere-de-gouverner/#.ZIIRSXZByCo

     

     

  • Transition "verte" et métaux "critiques" - Alternatives Sud

    Titre Transition « verte » et métaux « critiques »
    La collection Alternatives Sud
    Volume XXX - 2023, n°2
    Date 04/2023
    Coord. / Auteur Laurent Delcourt
    Edition Syllepse, CNCD 11.11.11
    Format 135 x 215
    Pages 176
    ISBN 979-10-399-0130-7

     

    "Promesse d’un monde libéré de sa dépendance aux combustibles fossiles, la transition énergétique n’est ni écologiquement neutre ni socialement juste. Substituant une addiction à une autre, elle réclame pour se déployer des quantités infinies de métaux dits « rares », « critiques » ou « stratégiques ». En relançant la course entre grandes puissances pour sécuriser leur approvisionnement, elle participe d’une « extension du domaine de la mine », repousse les frontières de l’extractivisme et sape les écosystèmes locaux et les droits des populations exposées.

    Présentée aux pays du Sud riches en minerais comme levier de développement, elle les enferme dans le rôle historique de fournisseurs de matières premières, pérennisant ainsi les rapports d’exploitation néocoloniaux et les inégalités systémiques. Du moins pour les plus pauvres d’entre eux, peu outillés pour profiter du boom technologique ou transformer sur place leurs ressources, alors qu’ils assument déjà l’essentiel des coûts sociaux et écologiques du verdissement des économies riches et émergentes.

    Si des solutions (mécanismes de compensation, climate-smart mining facilities…) sont avancées pour adoucir l’impact de cette conversion aux énergies dites « renouvelables », aucune ne questionne les fondements et les limites de ce nouveau « capitalisme vert ». Une juste transition doit s’attaquer aux asymétries dans la distribution des coûts et bénéfices. Et passer nécessairement par une révision en profondeur du productivisme et du consumérisme élitaire à l’origine des déséquilibres planétaires."

     

    Gagnants et perdants de la course aux énergies « vertes » : une perspective (...)

    Points de vue du Sud

    L’impact de la transition énergétique mondiale sur les pays riches en (...)
    Comment l’industrie minière compte profiter de la transition énergétique

    Amérique latine

    La transition verte européenne, tremplin de l’extractivisme latino-américain
    Le lithium au Mexique : quels coûts pour quels bénéfices ?
    L’Argentine, pire élève du lithium en Amérique latine

    Afrique et Asie

    Les nouvelles frontières des « zones de sacrifice » à Madagascar
    Colonialisme et accaparements « verts » en Afrique du Nord
    Le « devoir de vigilance » dans l’approvisionnement en minerais du Congo
    Myanmar : de la « terre du jade » à la « terre du peuple » ?

     

     

    Voir :  https://www.cetri.be/Transition-verte-et-metaux

     

     

     

  • Noam Chomsky

    La publicité a grandement favorisé la concentration des médias , même parmi les concurrent avides des mêmes budgets commerciaux : pour un journal ou une station de télévision, une part supplémentaire de marché et un avantage publicitaire peuvent permettre d’augmenter les recettes, l’agressivité commerciale et la variété des programmes à un point tel que leurs rivaux ne s’en relèvent pas : ceci explique la mort de nombreux journaux et magazines. Dès l’introduction de la réclame, les journaux populaires de gauche ont été désavantagés par les moyens de leurs lecteurs. Comme le disait un publicitaire en 1856, “leurs lecteurs ne sont pas des acheteurs ; autant jeter son argent par les fenêtres !”

     

    in La fabrication du consentement]

     

     

  • Raoul Vaneighem - Retour à la base

     

     

    9782390490326-475x500-1.jpg« Jouissez d’aujourd’hui car demain sera pire » a été le slogan consumériste le plus efficace du capitalisme. Désormais, il n’en a plus l’usage car il nous met devant un fait accompli. Il décrète « Le pire est arrivé, force est de vous en accommoder. » Le modèle chinois est en place, en attente de technologies toujours plus efficaces.

     

    (…)

     

    Le capitalisme ne voit dans la vie qu’un objet marchand. Il ne tolère pas qu’elle échappe à la toute-puissance de l’argent.

     

    (…)

     

    Le consumérisme avait fondé son pouvoir de séduction sur le mythe de l’abondance édénique. Le « tout à la portée de tous » prêtait une éphémère séduction à ces libertés de supermarché qui s’arrêtent au tiroir-caisse. Le salaire durement gagné trouvait sa récompense dans un laisser-aller qui avait les vertus d’un défoulement. Avec la paupérisation qui vide le « panier de la ménagère » l’exhortation à se sacrifier remonte en surface, tel le péché originel que l’on croyait enfoui dans le passé. Il faut accepter la Chute, il faut admettre que la vie s’assèche. Le temps est venu de rappeler qu’on ne travaille jamais assez, qu’on ne sacrifie jamais assez. L’existence non-lucrative est un délit. Vivre est un crime à expier.

     

    (…)

     

    L’État n’est plus qu’un instrument manipulé par les firmes multinationales, qui, avec ou sans le relais de l’Europe, lui imposent leurs lois et leurs juridictions. La répression policière est la seule fonction qui lui incombe encore.

     

     

    (…)

     

    De défenseur de la République qu’il prétendait être, l’État en est à se protéger contre les citoyens à qui il arrache les droits dont il était le garant. (…) Hochet du capitalisme financier, l’État règne sans gouverner. Il n’est plus rien. Son inanité sonne pour nous l’heure d’être tout.

     

     

    (…)

     

    Pendant que s’affrontent rétro-bolchévisme et rétro-fascisme, les mafias mondialistes empoisonnent et polluent impunément villes et villages.

     

    (…)

     

    L’État et ses commanditaires font primer leurs intérêts en méprisant les nôtres. À nous de nous préoccuper de notre propre sort. Le sens humain est notre légitimité.

     

    (…)

     

    Que risquons-nous à expérimenter des sociétés du vivre ensemble alors qu’en permanence nous servons de cobayes dans les laboratoires de la déshumanisation et du profit ?

     

    (…)

     

    Le dialogue avec l’État n’existe plus. Aucune doléance du peuple n’a été reçue, si ce n’est à coups de matraque. Pourtant, malgré la rupture effective — et sans même espérer des manifestations de rue qu’elles obtiennent le retrait de décrets iniques —, il est bon de soumettre l’État à un harcèlement constant. Rappeler leur parasitisme aux instances gouvernementales gagnera en pertinence lorsque les micro-sociétés qui font retentir dans la rue les cris de la liberté offensée, opposeront aux diktats du totalitarisme démocratique la légitimité de décrets votés en assemblées de démocratie directe.

     

    (…)

     

    L’insurrection planétaire en cours émane de la vie quotidienne des femmes, des hommes, des enfants. Le phénomène n’est pas nouveau, c’est la prise de conscience qui la propage. Ses revendications vont bien au-delà de la satisfaction consumériste. Sa poésie s’échappe du panier de la ménagère avant même qu’il ne soit vidé par la paupérisation.

     

    L’insurrection de la vie quotidienne offre une surprenante singularité. Elle est une insurrection pacifique en ce qu’elle veut dépasser la lutte traditionnelle entre pacifisme réformiste et révolution barricadière. En ce qu’elle brise ce piège des dualités — du pour et du contre, du bien et du mal — qui a besoin pour fonctionner du terrain miné et militarisé où le pouvoir est roi.

     

    La vie est une arme qui harcèle sans tuer. L’ennemi ne manque pas une occasion de nous entraîner sur un terrain qu’il connaît parfaitement car il en possède la maîtrise militaire. En revanche, il ignore tout de la passion de vivre qui renaît sans cesse, abandonne un territoire dévasté, se le réapproprie, multiplie les occupations de zones à défendre, disparaît et reparaît comme le chat de Cheshire. Il est incapable de comprendre que le combat de la vie pour l’être dissout l’avoir et révoque l’ordre de la misère. Notre guérilla est sans fin au contraire de la lutte pour l’avoir qui, elle, ne survit pas au dépérissement de l’être qu’elle provoque. La cupidité est un étouffement.

     

    « Ne jamais détruire un être humain et ne jamais cesser de détruire ce qui le déshumanise » est un principe de lutte qui a le mérite de s’en prendre à un système d’oppression et non à ceux qui s’en croient le moteur et n’en sont que les rouages. Saboter l’implantation d’une nuisance n’est pas tuer ceux qui en sont responsables.

     

    Le temps est avec nous. L’insurrection de la vie quotidienne commence à peine à faire preuve de sa créativité et de sa capacité de renaître sans cesse. Mieux vaudrait se soucier non d’aller plus vite mais d’aller plus loin.

     

    (…)

     

    L’important n’est pas le nombre des insurgés mais la qualité des revendications. L’autonomie des individus est la base de l’autogestion. Elle émancipe de l’individualisme, cette liberté fictive assignée aux moutons de la servitude volontaire. Elle apprend à distinguer militantisme et militarisme. L’engagement passionnel ne peut se confondre avec le sacrifice. Le combat pour la liberté refuse les ordres. La confiance et le mandat que lui accorde la solidarité lui suffit.

     

    L’autonomie individuelle dispose d’une puissance de harcèlement inépuisable. Or, la peau du Léviathan en ne cessant de se distendre devient vulnérable aux piqûres de moustiques.

     

    (…)

     

     

    Dans un univers de plus en plus en proie à la laideur de l’argent et du calcul égoïste, le retour à la beauté, à l’amitié, à l’amour, à la générosité, à l’entraide propage une subversion qui ridiculise la ritournelle des belles intentions morales et caritatives.

    Le sens humain se moque de l’humanitarisme, tout ainsi que la vie authentique se fout des mises en scène qui la falsifient.

     

    Le consumérisme a démontré qu’un plaisir acheté est un plaisir gâché. En éteignant le néon des supermarchés, la paupérisation s’éclaire de lumières moins trompeuses. En annonçant l’effondrement de l’inutilité rentable, elle laisse à la disette à venir le temps de renaturer la terre, de retrouver une nourriture saine et des agréments qui ne soient plus frelatés. De même que le coronavirus nous a enseigné à mieux renforcer notre immunité, la faillite économique nous enjoint de recourir à nos ressources créatives. Le « do it yourself » fait la nique au self made man dont l’affairisme avait fait son héros.

     

    68 pages, Cactus Inébranlable éd., été 2021

     https://cactusinebranlableeditions.com/produit/retour-a-la-base/

     

    B9715630370Z.1_20180511170844_000+GKPB82LRE.2-0.jpgRaoul Vaneigem est né en 1934 à Lessines. Son Traité de savoir vivre à l’usage des jeunes génération, paru en 1967, a contribué, avec La société du spectacle de Debord, à insuffler au Mouvement des Occupations de Mai 1968 une radicalité qui commence à peine à démontrer aujourd’hui ses effets novateurs.

     

     

     

  • L’érotisme de vivre d'Alice Mendelson

     

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    Ne jamais bâcler de vivre.

    5 février 2019

     

    *

     

    Pour te plaire je dis

    Qu’une main d’artisan façonne le temps

    Qui nous gorge de cuivres, de peaux,

    De futailles, d’étains…

    Pour me plaire je dis

    Que tu es la matière première

    Brute et pourtant raffinée,

    De l’amour.

     

     

    (…)

     

    Retiens mon vertige, grand arbre,

    Mur,

    Ma lancée,

    Mon abri,

    Ligature de terre et de ciel.

     

    (…)

     

    Je n’ai d’autres mots que sacrés,

    Plus d’autres,

    Pour dire combien tu me rends

    Claire, et fervente,

    Et surprise,

    Inépuisablement.

     

    in Chant des heures d’amour

     

     

    *

     

    Le plaisir d’être douce

    Encore

    Et plus douce que l’eau sous la barque

     

    Bois mon sillage

    Et pour toi je respire

    Plus douce que le lac au signal de la nuit

     

    In Délire

     

     

    *

     

    Tu traceras de tes mains toutes

    Mes lignes de flux

    Et chaque doigt et tes paumes et ta bouche

    Dresseront derrière eux

    Une fulgurante limaille de plaisir

    Je ne suis pas à voir

    Je suis à sillonner

    Fais donc de moi tes champs et non ton paysage

     

    (…)

     

    Tracer de tes mains mes lignes de fierté

    Mes lignes de défaites

     

    in Si tu veux que je sois belle

     

     

     

    *

     

    Mais tu mords dans ce jour avec moi

    Dans la pulpe et l’écorce

    Le jus de la joie

     

    Buvons notre force.

     

    In Beau fruit

     

     

    *

     

    Protection : le cauchemar c’est c’qui s’arrête !

     

    in Joies princières minimales

    4 août 2020

     

     

     

    *

     

    Peu, c’est déjà beaucoup.

    C’est entre peu et rien qu’est le grand TROU.

    30 juillet 2018

     

     

     

    *

     

    Patience, mon ressuscité,

    Mon lointain que je palpe,

    Mon agonie.

     

    Je cicatrise.

     

    In Le retour

     

     

    *

     

    Dans mille ans serons-nous mon amour

    La dalle qui porte le vide et enfonce l’humus

    Le cordage qui casse le vent

    La chaîne qui lutte à chaque maillon

    Le long couloir noir où s’étire la peur

    Et naît le plaisir d’à peine mourir ?

     

    In Dans mille ans mon amour

     

     

    *

     

    Aimer simplement, en tranquillité, en couvrance, en magnanimité pour soi-même et l’autre, sans perdre la transe de simplement exister, quel bienfait pour les racines des plantes et des arbres !

     

    in Le confort des racines

    14 février 2020

     

     

    *

     

     

    Pour bien vieillir il est bon d’avoir

    le vice de la joie.

     

    3 août 2018

     

     

    Alice Mendelson in L’érotisme de vivre Rhubarbe Ed. décembre 2021

     

     

     

     

  • L'Étendard déployé des vrais niveleurs - Gerrard Winstanley - 1649

    La longue histoire des possédant et des possèdent néant, toujours la même :
     
     
    book_66_image_cover.jpgLe dimanche 1er avril 1649, Angleterre, un petit groupe d’individus visiblement fort pauvres prend illégalement possession des friches d’une colline dans le Surrey. Ils entendent faire de cette action le point de départ d’une vaste opération de réappropriation collective des terres d’Angleterre, et mettre en œuvre l’abolition complète de la propriété privée. C’est le début du mouvement des Diggers (qui inspirera un mouvement de contre culture à San Francisco dans les années 60/70 qui reprendra ce nom, voir livre sur le sujet par Alice Gaillard), qui se surnommaient “les vrais niveleurs”, et dont Gerrard Winstanley était le chef de file. De lui, on sait peu de choses. Il fut baptisé dans le Lancashire en 1609, il partit pour Londres en 1640 et y exerça la profession de marchand de drapier, avant de voir son activité ruinée par la guerre civile qui ravageait l’Angleterre. Sa tentative d’instaurer une communauté égalitaire et fraternelle, qui aurait vu la stricte application des principes bibliques, ne dura qu’un an, victime de la réaction des propriétaires terriens. Mais il reste de ce magnifique dessein le manifeste que Winstanley a laissé, L’Étendard déployé des vrais niveleurs, un texte fondateur du communisme libertaire.
     
    La première édition de L’Étendard déployé des vrais niveleurs a été publiée à Londres en 1649. La page de titre de l’édition originale portait les signatures de Jerrard (sic) Winstanley, William Everard, Richard Goodgroome, John Palmer, Thomas Starre, John South, William Hog-grill, John Courton, Robert Sawyer, William Taylor, Thomas Eder, Christopher Clifford, Henry Bickerstaffe, John Barker, John Taylor, etc. “ayant entrepris de travailler et de fertiliser les terres incultes de George-Hill, en la paroisse de Walton, comté de Surrey.”
     
    “Par la force de la raison, de la loi de droiture qui réside en nous, nous entreprendrons de soulager la création de cette servitude sous laquelle elle gémit : la propriété privée.”
     
    Traduit de l’anglais par Benjamin Fau. © Editions Allia, Paris, pour la traduction française.