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RÉSONNANCE & COPINAGES - Page 9

  • Joseph Delteil 

     

    Là règne un homme qu'on appelle le Paysan. Les Tranchées, c'est affaire de remueurs de terre, c'est affaire de paysans. C'est l'installation de la guerre à la campagne, dans un décor de travaux et de saisons. Les Tranchées, c'est le retour à la terre.
    En fait, il restait surtout des paysans dans les tranchées. A la mobilisation, tout le monde était parti gaiement. Se battre, le Français aime ça (pourvu qu'il y ait un brin de clairon à la cantonade). L'offensive, la Marne, la course à la mer, un coup de gueule dans un vent d'héroïsme : ça va, ça va ! Avec un sou d'enthousiasme, on peut acheter cent mille hommes. Mais après les grandes batailles, dès qu'on s'arrêta, lorsque vint l'hiver avec ses pieds gelés, et la crise des munitions aidant, l'occasion, la chair tendre, les malins se débinèrent. Chacun se découvrit un poil dans les bronches, un quart de myopie, et d'ailleurs une vocation chaude, une âme de tourneur. Les avocats plaidèrent beaucoup pour l'artillerie lourde. Les professions libérales mirent la main à la pâte. Ce fut un printemps d'usines.

    Le paysan, lui, resta dans les Tranchées.

    Il se tient là, dans son trou, tapi comme ces blaireaux, ces fouines qu'il connaît bien. Creuser le sol, ça le connaît, n'est-ce pas ! Il creuse, de Dunkerque à Belfort, des lignes profondes. De l'époque des semailles jusqu'au mois des moissons, il creuse. A l'heure où le raisin mûrit, à l'heure où le colza lève, il creuse. Il creuse, dans la longue terre maternelle, des abris comme des épouses, des lits comme des tombes. Chaque tranchée est un sillon, et chaque sape un silo. Ces boyaux, ils sentent la bonne cave. Mille souvenirs champêtres fleurissent dans les entonnoirs. La terre est une grande garenne. Les copains soufflent comme des vaches à l'étable. Le flingot a un manche de fourche. Et toutes ces armes industrielles, ces engins nouveaux comme des étoiles, ces crapouillots à quatre pattes, ces lance-mines et ces tas d'obus fauves, tout a un grand air animal, un air d'animaux à cornes. La lune est toujours la lune des prairies. Il y a un merle sur une gueule de canon. De la pluie, de la pluie qui fait germer les avoines. Et le vent des tuiles passe sur les hommes de chair.

     

    extraits des Poilus (1926), Grasset

     

    Merci jlmi !

     

     

     

  • Désir et rébellion, L'art de la joie - Goliarda Sapienza par Coralie Martin (2023)

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    Ce film nous offre une rencontre inédite avec Goliarda Sapienza, l’autrice culte de L’art de la joie et son héroïne insoumise Modesta, pour révéler la charge révolutionnaire, subversive et même scandaleuse de ce chef-d’œuvre incontournable de la littérature du 20ème siècle, refusé pendant près de 30 ans par les éditeurs italiens et finalement publié en France, dix ans après sa mort. Les trajectoires de ces deux femmes désirantes s’entremêlent vers une même puissance émancipatrice : la joie d’écrire sa propre vie. 

     

    En ce moment sur Arte : 

    https://www.arte.tv/fr/videos/113602-000-A/desir-et-rebellion-l-art-de-la-joie-goliarda-sapienza

     

    Voir aussi : http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2023/02/24/goliarda-sapienza-l-art-de-la-joie-6429991.html

     

     

     

     

     

     

     

  • Quand les jeunes et les scientifiques dialoguent avec les Kogis

    J'ai connu Tchendukua dès sa naissance, passionnée par les Kogis et ce qu'ils ont à nous apprendre. Les peuples premiers et moi c'est une histoire que je ne m'explique pas qui remonte à mon enfance, avec toujours cette cruelle sensation d'être née chez l'ennemi... mais donc j'ai soutenu, participé à l'époque où je le pouvais (au rachat des terres ancestrales notamment), maintenant les Kogis viennent ici ausculter nos terres, nos montagnes, nous dire à quel point elles sont malades, ce n'est pas du folklore, c'est de la connaissance, séculaire, extraordinaire, qui est confrontée aujourd'hui à celle de scientifiques ouverts d'esprit (ça semble une lapalissade et pourtant... hélas non), bref, c'est juste essentiel :

     

     

     

     

  • C'était il y a 20 ans...

    "Quelques oranges émergent de la terre... Ici, les oranges ne sont pas accrochées à des branches, elles sortent de terre. Ici on ne cueille pas les oranges, on les déterre.Ces orangers de Gaza mis à bas, détruit, enfouis sous terre par les bulldozers israéliens sont, comme les oliviers arrachés de Cisjordanie, une image du peuple palestinien, que l'armée israélienne veut arracher à sa terre. Quand elle ne peut pas arracher, elle enfouit. Mais comme ces oranges qui restent à fleur de terre et donnent couleur au terrain détruit, les Palestiniens continuent à vivre et à résister à cette occupation sauvage, puisqu'à côté des orangers et des palmiers arrachés, des fraises rouges et joufflues semblent narguer les machines destructrices."
    Iman Abu Kmil, 15 ans, 2003


    C'était il y a 20 ans, en 2003, avec leur professeur Ziad Medoukh, les élèves du collège Ramla, collège public de jeunes filles situé dans un quartier défavorisé à Gaza, participent à la Journée de la Terre en Palestine par des poèmes, récits, histoires... écrits en français et dédiés à tous les francophones solidaires de la Palestine. 


    Que sont devenues ces jeunes adolescentes ? Où sont-elles aujourd'hui ?

     

     

  • Mahmoud DARWICH - La Palestine comme une métaphore

    à lire ou à relire en ces temps où il faudra bien affronter ce qui est réel et remettre de la dignité et de la justice partout sur cette planète, partout où elles ont été ignorées, détournées, occultées... faisant le lit de toutes les horreurs, les désespoirs, de tous les extrémismes violents et haineux...

     

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    Dans ces entretiens, Mahmoud Darwich revient sur ses années d’apprentissage et l’expérience de l’exil, livrant en même temps son “art poétique”, au croisement de la tradition classique et de la grande aventure de la modernité. De ses premiers poèmes, qui en ont fait le porte-parole de tout un peuple, jusqu’à ses derniers ouvrages, autrement complexes par leurs structures et leurs matériaux historiques ou mythiques, le récit de son itinéraire devient un témoignage d’une brûlante actualité sur les multiples facettes de l’identité palestinienne.
     
    Actes Sud, septembre 2002

    https://www.actes-sud.fr/node/12476

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Mahmoud Darwich

    Les souvenirs sont parfois l’identité des étrangers. Mais le temps s’unit au souvenir. Il enfante des réfugiés que le passé abandonne et laisse sans souvenir.

     

     

    (…)

     

    Il y a des morts qui sommeillent dans des chambres que vous bâtirez. Des morts qui visitent leur passé dans les lieux que vous démolissez. Des morts qui passent sur les ponts que vous construirez. Et il y a des morts qui éclairent la nuit des papillons, qui arrivent à l'aube pour prendre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les abandonnèrent. Laissez donc, Ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu'ils vous donnent lecture des conditions de la paix avec les défunts.

     

     in La terre nous est étroite et autres poèmes (2000)

  • Perrine Le Querrec - WARGLYPHES

     

    "WARGLYPHES" - Poésie - aux éditions Bruno Doucey - parution janvier 2023

    WARGLYPHES commémore toutes les guerres et participe à l’élaboration d’une mémoire collective. Par le langage poétique, je traque la forme de la guerre, sa forme mouvante, ses déplacements, je me heurte à ses tragiques répétitions, parcours son atlas, écris son anthropologie.