Irving Penn - Dorian Leigh - Yoga, 1946
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Je ne pars pas en Asie les mains vides. Je pars avec des bagages de lumière. A moi de savoir les utiliser. La nervosité me guette mais je connais les moyens de l’apaiser. C’est l’esprit qui créé cet état alors c’est l’esprit qu’il faut calmer. Pour cela le corps est un instrument exceptionnel. L’esprit est le cheval, le souffle est le cavalier. Seul le cavalier peut maîtriser le cheval.
cg in Journal 1999
Je ne pense guère de bien de ce que les gens racontent. Un sourd a entendu un muet raconter qu'un aveugle a vu un paralytique danser sur une corde raide.
in La Nuit sous le pont de pierre
Les mouches fermières ronronnent sur la peau de lait. Déguisé en mendiant, un bleuet part en fumée. Sur les toits, une pie s’effarouche et dans les herbes hautes, les cailles s’endorment en rêvant à des nids sur la lune. Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.
Aux portes de la ville, valse de muses infécondes. Cantiques de murailles à faire froid dans le dos. La langue râpeuse de l’étranger, sa langue hachée, servie juste trop cuite à ceux qui pensaient pouvoir l’avaler. Des gorgones, des maux de têtes apparaissent les soirs de grand vent. Ces soirs où les passants passent comme des mortes-feuilles, où les enfants s’accrochent aux lampadaires qui urinent sans façon sur des chiens vêtus de noir.
Dans les jardins publics, qu’il vente ou qu’il pleuve, les mantes non religieuses sucent des fourmis à miel. Cela offusque et excite les vieilles coquettes, chapeau, gants, eau de violette. Diamants concassés dans leurs regards éteints.
Oui, juste un peu de poussière.
cg 2000
in Trans(e)fusées
En ligne sur http://jlmi22.hautetfort.com/
Issu de la pensée avide d’absolu qui ne trouve rien à sa mesure, le spleen garde de cette aspiration brisée quelque chose d’âpre et de tendu. Et d’autre part, d’avoir à son origine la sensation implacable du vide des choses et de la fugacité des êtres lui donne on ne sait quel air de condamnation perpétuelle et de paralysie sans remède. Démuni à la fois de résignation et d’espérance, le spleen est une sorte de violence immobile.
On s’entasse ici une identité, comme on amasse de la sécurité. Des murs, des enceintes, des cocons d’objets. Je suis comme une éternelle étrangère, cherchant désespérément ses semblables et cette solitude là est abyssale, mais à quoi cela sert-il de ressasser. La poésie est le langage de l’étranger.
cg in Journal 2006
Il faut avoir un chaos en soi-même
pour accoucher d'une étoile qui danse.
La laideur nous fait subir un interrogatoire. Hantise de nos forêts ténébreuses, de nos landes glauques. Nous devons réintégrer nos monstres, qu’ils cessent d’errer seuls, désespérément cruels. Laisser s’exprimer le réprimé, le refoulé, l’exilé. Nos migrations intimes, nos frontières, nos gardes chiourme, gardes chiottes. Toute cette merde en nous, ordure ou fumier ?
cg in Vous avez dit satyre ?
in Qué wonderful monde (Nouveaux Délits 2012)
Qui n'aime pas les loups n'aime pas la nuit, la nuit pour ce qu'elle est, c'est-à-dire la face obscure de notre immense liberté.
in Quinze lieux communs