Vera Feyder
Il viendrait. Il aurait l’âge de ses mains – de très charnels arpèges,
un regard à dépecer la nuit, une voix à prendre feu aux mots.
in L’inconnu
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Il viendrait. Il aurait l’âge de ses mains – de très charnels arpèges,
un regard à dépecer la nuit, une voix à prendre feu aux mots.
in L’inconnu
Dans le ciel, les oiseaux semblent pétris d’infini.
J’ai gardé au fond de ma poche le ticket froissé.
in L'éponge des mots
De quoi souffres-tu ? Comme si s’éveillait dans la maison sans bruit l’ascendant d’un visage qu’un aigre miroir semblait avoir figé. Comme si, la haute lampe et son éclat abaissés sur une assiette aveugle, tu soulevais vers ta gorge serrée la table ancienne avec ses fruits. Comme si tu revivais tes fugues dans la vapeur du matin à la rencontre de la révolte tant chérie, elle qui sut, mieux que toute tendresse, te secourir et t’élever. Comme si tu condamnais, tandis que ton amour dort, le portail souverain et le chemin qui y conduit. De quoi souffres-tu ? De l’irréel intact dans le réel dévasté. De leurs détours aventureux cerclés d’appels et de sang. De ce qui fut choisi et ne fut pas touché, de la rive du bond au rivage gagné, du présent irréfléchi qui disparaît. D’une étoile qui s’est, la folle, rapprochée et qui va mourir avant moi.
in Rémanence
Quand je serai morte, et que sur moi, avril rayonnant
Secouera sa chevelure lourde de pluie,
Même si tu te penchais sur moi, le cœur brisé,
Je ne m'en soucierais pas. ...
J'aurai la paix, la paix des arbres feuillus
Quand la pluie courbe leurs branches,
Je serai plus muette et mon cœur plus froid
Que tu ne l'es aujourd'hui.
in Fleuves vers la mer
Je jure de ne plus savoir retourner chez moi.
in L'éponge des mots
On mesure l’intelligence d’un individu à la quantité d’incertitudes
qu’il est capable de supporter.