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CATHY GARCIA-CANALES - Page 755

  • André Laude

     

    Enfer vert

     

    Dans l’enfer vert j’ai bâti une maison

    de prières et de clameurs.

    La nuit j’entends d’étranges sons.

    Sont-ils des Séraphins,

    des sombres démons d’avant Colomb.

    Dans l’enfer vert je traîne ma vieille carcasse.

    Je joue au poker. J’ai toujours trois as.

    Je fume des cigares de Cuba

    et je bois des alcools de fièvre.

    J’écrase de grosses mouches

    suceuses de sang sur mes lèvres.

    J’ai bâti une maison d’air et d’ouragan.

    J’ai préparé le lit nuptial pour la femme des femmes.

    Le revolver est là, posé sur la table de bois sauvage.

    Sous une lune froide j’attends crime et châtiment.

     

     

  • Laetitia Caraud

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    LA DERNIÈRE

     

    C’est l’hiver et c’est la dernière, la seule,

    L’unique survivante et elle cherche de la compagnie.

    J’ai presque honte de m’être énervée après elle,

    La mouche, celle qui m’attend

    Chaque soir dans la chambre.

     

    cg in Purgatoire du quotidien

     

     

     

  • Jacques Dupin

     

    Expérience sans mesure, excédante, inexpiable, la poésie ne comble pas mais au contraire approfondit toujours davantage le manque et le tourment qui la suscitent. Et ce n’est pas pour qu’elle triomphe mais pour qu’elle s’abîme avec lui, avant de consommer un divorce fécond, que le poète marche à sa perte, d’un pied sûr. Sa chute, il n’a pas le pouvoir de se l’approprier, aucun droit de la revendiquer et d’en tirer bénéfice. Ce n’est qu’accident de route, à chaque répétition s’aggravant. Le poète n’est pas un homme moins minuscule, moins indigent et moins absurde que les autres hommes. Mais sa violence, sa faiblesse et son incohérence ont pouvoir de s’inverser dans l’opération poétique et, par un retournement fondamental, qui le consume sans le grandir, de renouveler le pacte fragile qui maintient l’homme ouvert dans sa division et lui rend le monde habitable.

    in Moraines

     

     

  • Christian Bobin

     

    Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos coeurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure. Ainsi allons-nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, et la beauté parfois nous brûle, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge. 

     

    in La folle allure

     

     

  • Alphonse de Lamartine

     

    Cependant la nuit marche, et sur l’abîme immense

    Tous ces mondes flottants gravitent en silence,

    Et nous-mêmes, avec eux emportés dans leurs cours

    Vers un port inconnu nous avançons toujours !

     

     in Les étoiles

     

     

     

  • Eric Frey - Mirage

    eric frey mirageb.jpg

     

     À une fleur, à la graine qui va peut-être germer, au nuage qui passe. À un rayon de lune ou de soleil. C’est ça la poésie et pas autre chose, c’est trouver une réalité à laquelle s’accrocher. La nature, la douleur, l’amour, la haine. La possibilité d’échapper à sa propre carcasse.

     

    cg in Journal 2001

     

     

     

  • Muriel Modély

     

    Tu sais briser les fers

    L’azur ouvre les bras

    Il t’offre des abeilles

     

    Est-ce que cela fait mal

    D’arracher les dards

    De la tête du ciel ?

     

    in Penser maillée