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CATHY GARCIA-CANALES - Page 774

  • Franz Kafka

     

    Je cherche toujours à communiquer quelque chose d’incommunicable, à expliquer quelque chose d’inexplicable. Ce n’est peut-être rien d’autre, au fond, que cette fameuse peur dont je parle si souvent, mais étendue à tout : peur du grand et du petit ; peur convulsive de dire un mot. Peut-être pourtant, à vrai dire, cette peur n’est-elle pas uniquement peur, mais aussi désir passionné de quelque chose de plus grand que tout ce qui la provoque. 

     

     

     

  • Anne Jullien

     

    il veut tout dire de l’univers abrupt

    qui se précipite en lui en cascades violentes

    il étouffe il ahane il aspire il chante

    il meurt il est mort sa voix de caverne dorée

    habite des demeures qui n’existent plus, le poète est hanté

     

    in Les yeux des chiens

     

     

     

     

     

  • Revue Nouveaux Délits, le numéro 53

     

     

    Janv. fév. mars 2016

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    Après la panne d’édito, la panne de vœux ?

     

    Même quand je travaillais dans le spectacle, je n’aimais déjà pas les répétitions. Je préférais le moment vrai et unique du spectacle lui-même, car dans le théâtre de rue, chaque représentation est toujours unique, remplie d’imprévus, d’inattendu. On n’y est pas à l’abri de la pluie, du vent, de toutes sortes d’obstacles et surprises et surtout pas séparé d’un public par une scène, ou pire encore, par une fosse. On est avec et dans le public, parmi les gens qui font et défont le spectacle, tout autant que nous-mêmes. L’idée même d’un public disparait dans un échange interactif et vivant, une grande fête commune. C’est ça que j’aimais dans le théâtre de rue, le véritable théâtre de rue. Ce moment vrai qui nous mettait en danger. Et je continue à préférer le spontané, l’imprévu, le non-préconçu, et plus encore quand il s’agit de fêtes ou de belles déclarations. Faire un vœu, oui, pourquoi pas ! Parce qu’il nous vient à la bouche comme une source jaillissante ou parce que l’étoile filante… Si j‘avais un vœu à faire là maintenant, au moment précis où j’écris cet édito, ce serait : « délivrons-nous de nos certitudes ! ». On étouffe sous les certitudes, on en perd tout contact sensoriel avec la vie, toute capacité de penser de façon inédite et donc libre. Mes certitudes, vos certitudes, leurs certitudes. Les certitudes sont aussi nombreuses que les individus susceptibles de vous les asséner, même les certitudes d’un groupe sont en réalité un assemblage de certitudes uniques, chacune attachée à un seul individu. C’est comme les patates, les ensembles qu’on nous faisait faire à la maternelle. Alors oui, pour y voir plus clair, il y a des certitudes qu’on peut mettre dans une même patate, puis les patates empiètent sur d’autres patates, ce qui forme des espaces inter-patates, qui eux-mêmes empiètent les uns sur les autres, et au final on a de nouveau un grand bordel auquel on ne comprend rien du tout. Alors ouvrons toutes ces patates et délivrons-nous des certitudes ! Voilà, c’est mon vœu instantané et il a disparu aussi vite qu’il a été formulé. Les patates mathématiques ne sont rien d‘autres que des bulles qui nous éclatent au nez. Certaines sont très belles, tout dépend de comment elles prennent la lumière. Et voilà : tout dépend de comment on prend la lumière.

     

    CG

     

    Cet homme est comme une forêt, il se croit tout obscur,

    il est partout troué de rayons de soleil.

    Henri Gougaud in L'Expédition

     

     

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    Nouveaux Délits - Janvier 2016 - ISSN : 1761-6530

    Dépôt légal : à parution

     Imprimée sur papier recyclé et diffusée par l’Association Nouveaux Délits

    Coupable responsable et correctrice : Cathy Garcia

    Illustratrice : Ana Minski   

    http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com