Pascal Comelade ~ Promenade Des Schizophrenes
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L'amour, c'est que tu sois pour moi le couteau avec lequel je fouille en moi.
mais ce n’est pas la paix
ce n’est jamais la paix nulle part
ni dans la chambre close
ni sur le lit défait
qui ressemble soudain à un piège
où la mort assemble les pièces
de son misérable échiquier
In Terre de dénuement
Enfer vert
Dans l’enfer vert j’ai bâti une maison
de prières et de clameurs.
La nuit j’entends d’étranges sons.
Sont-ils des Séraphins,
des sombres démons d’avant Colomb.
Dans l’enfer vert je traîne ma vieille carcasse.
Je joue au poker. J’ai toujours trois as.
Je fume des cigares de Cuba
et je bois des alcools de fièvre.
J’écrase de grosses mouches
suceuses de sang sur mes lèvres.
J’ai bâti une maison d’air et d’ouragan.
J’ai préparé le lit nuptial pour la femme des femmes.
Le revolver est là, posé sur la table de bois sauvage.
Sous une lune froide j’attends crime et châtiment.
LA DERNIÈRE
C’est l’hiver et c’est la dernière, la seule,
L’unique survivante et elle cherche de la compagnie.
J’ai presque honte de m’être énervée après elle,
La mouche, celle qui m’attend
Chaque soir dans la chambre.
cg in Purgatoire du quotidien
ivres à l’égal
de ces jonchées de bleu
dans la tanière obscure du soleil
in Dans la tanière obscure du soleil
Expérience sans mesure, excédante, inexpiable, la poésie ne comble pas mais au contraire approfondit toujours davantage le manque et le tourment qui la suscitent. Et ce n’est pas pour qu’elle triomphe mais pour qu’elle s’abîme avec lui, avant de consommer un divorce fécond, que le poète marche à sa perte, d’un pied sûr. Sa chute, il n’a pas le pouvoir de se l’approprier, aucun droit de la revendiquer et d’en tirer bénéfice. Ce n’est qu’accident de route, à chaque répétition s’aggravant. Le poète n’est pas un homme moins minuscule, moins indigent et moins absurde que les autres hommes. Mais sa violence, sa faiblesse et son incohérence ont pouvoir de s’inverser dans l’opération poétique et, par un retournement fondamental, qui le consume sans le grandir, de renouveler le pacte fragile qui maintient l’homme ouvert dans sa division et lui rend le monde habitable.
in Moraines
Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos coeurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure. Ainsi allons-nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, et la beauté parfois nous brûle, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge.
in La folle allure
laisse les aurores déferler en mon centre
les marées animales noires et lisses
tourbillonne-moi
cg in Des volcans sur la lune