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CATHY GARCIA-CANALES - Page 805

  • Dévore l’attente, Laurent Bouisset

     

    avec des images d’Anabel Serna Montoya,

    Édition Le Citron Gare, novembre 2015

    http://lecitrongareeditions.blogspot.fr/

    CouvertureDévorel'attenteLaurentBouisset.jpg

    85 pages, 10 €.

     

     

    Avec Dévore l’attente, le ton est donné, l’auteur a les crocs, il a faim, il en veut. Il exulte, ressent et aspire le monde par tous les pores, autant qu’il en recrache venin et sueur. Il en veut le poète et il en veut aussi à ceux qui commettent l’indifférence.

     

    Comment ils font pour faire ?

    Comment ils actionnent, eux ?

    Et ils actionnent quoi ? Du chiffre

    encore ? Et du numéralisable ?

     

    Alors il balance, il crache, il tempête, il fait claquer les mots, la rage, va se perdre pour mieux se retrouver, entre banlieue lyonnaise, Guyane et Guatemala, entre Mostar, Mexique et Marseille. Il fonce vers le suicide de son je-cage.

     

    Dévore l’attente, c’est de l’impatience brute, des poèmes en désordre chronologique rassemblant une bonne dizaine d’années de vie, soulignés par de belles photos en noir et blanc et des peintures d’Anabel Serna Montoya, une énergie difficile à contenir, même les mots n’y suffisent pas, M’emmerdent les mots ! Je jette la feuille ! Explose mon Bic !, le cri peut-être mais alors quelle solitude car crier c’est tout seul

     

    L’énergie du poète là elle est physique, adolescente au meilleur sens du terme, elle a les yeux trop ouverts pour ne pas voir, elle grimpe aussi haut qu’elle dégringole aussi vite, le spleen et l’idéal, toute en pulsions, répulsions, impulsions, alors elle cherche un exutoire, écrire comme crier, ou partir dribbler, ou partir tout court, loin, très loin et là l’énergie elle trouve des combats à mener. Car partout et surtout loin, il y a la beauté mais aussi l’injustice, la misère, la violence… et un monumental sentiment d’impuissance. Ce choc que tout voyageur ne peut éviter, le vrai voyageur, à nu.

     

    On voudrait le foutre à poil le monde et puis on réalise à quel point il est déjà nu et si maigre par endroit, on lui voit les os et le cœur aussi, qui bat boum boum jusqu’à exploser et on ne peut l’oublier cette explosion là, bien loin des tympans du Paris chic qui au passage en prend plein la gueule dans un long poème nommé La explosión del fruto gigantesco.

     

    Dévore l’attente ne fait pas dans la dentelle, c’est un peu oui, l’explosion d’un fruit gigantesque presque trop mûr et ça gicle de partout, férocement, mais la vie dans laquelle on a beau mordre, persiste à demeurer intacte, alors

     

    Accroupis face à l’œuf intact

    À l’âge mûr

     

    Nous rêvons sidérés l’éclat

    D’un hiver lent.

     

    Mais nulle résignation cependant chez Laurent Bouisset, il ne lâche rien, les crocs bien plantés dans la chair du vivre, Il ne partage pas ce défaut d’enthousiasme, dit il dans un poème nommé Coltrane et on y croit volontiers.

     

    Ah si le monde pouvait n’être qu’un grand festin sans barbelés

     

    Cathy Garcia

     

     

    Laurent Bouisset.jpgLaurent Bouisset est né à Lyon en 1981. Après avoir chanté et joué dans divers groupes de rock, il a décidé de se consacrer à l'écriture poétique et romanesque au début des années deux mille. Plusieurs de ses textes sont parus dans les revues Traction-brabant, Verso, Décharge, Nouveaux Délits, Pyro, Fureur et mystère, Incertain regard... Co-fondateur, en compagnie du peintre guatémaltèque Erick González, du blog de création collective http://fuegodelfuego.blogspot.fr/ où sont publiées ses réécritures et traductions de poètes latino-américains : Il lit régulièrement ses textes sur les ondes de Radio Galère, à Marseille (dans l'émission « DATAPLEX, RESISTANCES MUSICALES), et travaille à leur mise en musique (et en voix) en compagnie du musicien-photographe Fabien de Chavanes (https://soundcloud.com/ecriture-pentue/). Enfin nu le silence, son deuxième long poème (après Java dans Chaoïd n°10) est paru dans l'anthologie Triages 2014 des éditions Tarabuste.

     

    Des extraits lus par l'auteur :

     

     

     

     

     

     

  • Kouki Rossi

     

    Je suis morte à ta porte

    cette nuit en chienne

    Tu m’as laissée

    éparpillée

    sur le trottoir

    et tu lisais

    probable

    ton journal

     

    in Demain l’Amazone

     

     

     

  • Paul Guiot

     

     ILS

    saisissent le jour nouveau

    à bras le corps

    et lui font passer un sale quart d'heure

    Ensuite ils ont quartier libre

    Jusqu'au lendemain

     

    in Mais qui sont-ils ? Minicrobe 33

     

     

     

     

  • Vera Feyder

     

    dégorgez des chimères la

    crinière trempée et qu’appareille

    enfin le galion des embruns

    cinglant ses sortilèges

    délavez des légendes la pourpre et la dorure

    mettez à nu le blanc dont le temps fait des spectres

     

     in Ah ! salines des aubes…