David Mayhew - Islande
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Ils portent le fer dans le ciel,
ils construisent des murs partout,
pour chaque mouvement du bras, une loi.
S'ils pouvaient faire des parcelles
...avec le ciel, ils le feraient.
Assis dans l'herbe
entre les fleurs et les reflets du ciel,
je les regarde courir dans tous les sens.
Ils n'avancent pas.
Pire : ils reculent.
Les martinets s’insurgent en jouant contre la suie qui recouvre le ciel. Les pieds couverts de boue, nous rêvons, seulement rêvons, d’une échappée, d’un défi aux clôtures qui soit définitif.
in Veille le vent
Je marche.
Je dois marcher.
Le ciel a mordu. Les chiens sont lâchés.
Dans les poitrines, les cœurs s’épavent.
On offre les hirondelles aux crocs du boucher.
Partout, s’installent des cirques funèbres.
Les ébréchés se font berner par les miroirs.
Torpeur... Foutoir irrespirable.
Je dois marcher.
cg in Fugitive, Cardére 2014
Et ceux qui en ce moment font tomber les nids d’hirondelles de leurs façades ? Faut-il être crétins insensés pour à ce point ne rien comprendre !
cg in Calepin paisible d'une pâtresse de poule (Ed. Nouveaux Délits 2012)
Edition: Gros Textes
S’embarquer avec Cathy Garcia dans sa Trans(e)efusée, c’est faire un voyage d’humour et de non-sens, ponctué de belles images en pleine page (collages et gouaches de l’auteur qui les appelle des gribouglyphes) mêlant lettres et figures dans un joyeux désordre coloré qui donne le ton de ce recueil ludique et surréaliste, regroupant une trentaine de textes écrits entre 1993 et 2013.
Surréaliste ? Dada même, tant l’auteur se joue des codes de la bien-disante bienséance, dans ces poèmes et images en liberté, qui ne sont pas tant dénués de sens qu’ils ne secouent les clichés et tics du langage, pour en faire sourdre un sens autre, ordinairement inaccessible sous les couches policées du discours ou du jargon fleuri d’une certaine littérature – Langue embrouillée de poètes. Ici Une guêpe allumée dessine des jarretelles sur les pattes d’une musaraigne. Les laitues sont aux champs, les biches aux abois. Les murmures pourrissent sur des chemins d’épines.
Entre hypallage et contre-emploi des images, on a une idée de l’imagerie bouffonne qui accompagne le lecteur, partagé entre le rire et le plaisir de découvrir les contraintes d’écriture qui président aux poèmes – à-peu-près, logorallye… – on pense à Oulipo, à Prévert, à Raymond Roussel aussi, évidemment, dans ces textes qui ne se prennent pas le chou, ainsi que nous le précise l’auteur à sa façon dans le poème liminaire, fort justement intitulé D’Asile à Zoo : C’est en toute quiétude que je ne fais nulle rature à ce texte savant. / J’étais déjà têtue dans l’utérus, malle à la dextre, à espérer n’importe quel joueur de yo-yo ou de balafon qui m’emporterait au Zaïre ou au plafond.
Extravagantes, ces jongleries nous promettent « trente essais de décollage du réel » – et nous promènent dans un cirque de mots, par-delà le cercle rugueux du réel, entre rêverie fantaisiste et réalités hétéroclites, où jongle la peau-était-ce ? (titre d’un poème) – amenant le lecteur à se demander si ce recueil – par ailleurs mine d’idées pour l’animation d’ateliers d’écriture – n’est pas aussi l’envers d’un art poétique – art peau-éthique en liberté – selon des termes proches de ceux utilisés par Cathy Garcia – par ailleurs rédactrice de la revue Nouveaux Délits – comme slogan de son blog : Une quête d’éthique plutôt qu’une étiquette.
Marilyne Bertoncini
en ligne sur : http://www.lacauselitteraire.fr/transefusee-cathy-garcia
Tu sais qu’en fin de compte
Le mystère l’emportera
Sur l’évidence ou la raison.
Toutes les choses qu'on a oubliées hurlent à l'aide dans nos rêves
Ne pas s’attarder
sur les traces du malheur
car il pourrait faire volte-face
in Naissance quotidienne
Dents de mousse, doigts de laine, foie mi-cuit
Et le cerveau parti un jour je ne sais très ailleurs
Où vaguent les chimères
Tout au bout de ma laisse
Pour ne pas déranger