Maud Lewis - Three black cats - 1955
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La magnifique histoire de la fameuse artiste-peintre Maud Lewis et de son amour pour Everett.
La vraie voie passe sur une corde tendue non dans l'espace, mais à ras du sol.
Elle semble plutôt destinée à faire trébucher qu'à être parcourue.
deux des sept poèmes de Julio Serrano Echeverría publiés dans ce numéro bilingue, en collaboration avec Fuego del Fuego - http://fuegodelfuego.blogspot.fr/ - traduction de Laurent Bouisset. Lus par Cathy Garcia Canalès.
Versions originales :
Ok,
nos vencieron.
Como si aún significara algo la derrota.
Como si a este valle de esqueletos
y carros viejos
aún le pudiéramos llamar desierto.
Para cuando nos dieron el golpe
el desierto ya no era desierto
los parques ya no eran los parques
ustedes seguían siendo los mismos
y nosotros,
a los que vencieron,
éramos la sombra de los cuerpos que los crearon,
la ceniza,
el polvo.
Nos vencieron,
caímos,
molieron nuestros huesos.
Pronto volverán a saber de nosotros
*
Entendemos
por los libros de geografía,
que los cuerpos en resistencia
que una dictadura lanzó a un cráter
en Centroamérica,
llovieron un día en Filipinas
sobre un cultivo de arroz
que alimentó a una familia completa
durante un largo período de lluvias
en la década de los setenta.
(c) Julio Serrano Echeverría
Et si mourir était revenir à la
densité des choses
Non pas pour leur échapper mais
pour les habiter
Depuis le début du chemin nos pas
nous y mènent, dans le mouvement
qui ralentit, dans le coeur lourd qui
bat, dans l'essence du bois sec.
Sous nos pieds les mousses
mortes nous font déjà des nids
d'oiseaux.
La marche sombre tombe sur le
sang frais d'un coquelicot froid.
À pétrir le pain nos mains blanches
sont poussière de farine
Il n'est pas de jour sans l'appel d'un
festin de l'ombre.
Deux des neuf poèmes de Luis Carlos Pineda publiés dans ce numéro bilingue, en collaboration avec Fuego del Fuego - http://fuegodelfuego.blogspot.fr/ - traduction de Laurent Bouisset. Lus par Cathy Garcia Canalès.
Versions originales :
En Guatemala todos somos deportistas
Todas las personas sin excepción
nadamos y salimos a correr
todos los días.
Nadamos contra corriente
y salimos a correr riesgos.
Nuestro deporte oficial:
la vida.
*
Un hombre sale de la peor cantina del mercado Colón,
Una mujer duerme en esa banqueta bajo el sol de marzo
a medio día,
El hombre se aproxima, se sienta y coloca la cabeza de ella
en su regazo,
El hombre saca con sus manos sucias —y las uñas más—
Un octavo de aguardiente y le da el salvador trago,
La mujer despierta,
Se sienta, lo observa,
El hombre saca de su saco hecho más de mugre que de tela,
Una flor fucsia, radiante y recién cortada,
La asquerosa ciudad cambia de color,
La mujer la recibe, sonríe, derrama una lágrima,
El hombre la besa, la abraza,
Se acuestan y se duermen.
—Yo camino,
Rascándome el amor—
(c) Luis Carlos Pineda
Gallimard, collection Blanche, 24 août 2017
288 pages, 20 €.
On finit par s’attacher à ce personnage, ce Serge Horowitz qui à 44 ans, vit toujours chez sa sœur Anièce, elle aussi célibataire et qui semble vouée à demeurer pour lui et ce, sans qu’il ne se questionne à ce sujet, une mère de substitution. Serge Horowitz, hypocondriaque, a le goût des vitamines et de la prévention en matière de santé, la pharmacie est un son jardin d’Éden :
« À condition d’être capable d’écouter un minimum son corps, n’importe quelle personne à priori bien portante est à même de ressortir de là rassurée, un léger sourire aux lèvres, une babiole nichée au creux d’un sachet en papier orné d’un fascinant logo de serpent buvant dans une coupe. »
Et il n‘imagine rien de meilleur que la simplicité et la facilité de son train-train quotidien, sans se risquer plus avec le monde extérieur et les relations humaines, que le minimum obligé. Et ce minimum obligé passe par le fait d’avoir un travail.
Serge a un autre frère, François, et c’est grâce à ce frère, Ministre des Finances aux dents longues, qu’il a un emploi sans avoir besoin de s’engager, de s’impliquer plus que ça. Ça tombe bien parce qu’en vérité Serge le trouve détestable et ennuyeux ce travail, même s’il est capable d’être un bon analyste, trop bon justement.
« Je travaille pour l’influente autant que secrète Offshore Investment Company. Un petit monde échappant à toute logique, au cœur du VIIIe arrondissement. À tout contrôle aussi. Ici les associés se creusent les méninges pendant des heures pour créer les meilleurs montages financiers permettant à leurs clients d’investir et de ressortir de boîtes dans lesquelles ils ne mettront jamais les pieds, sans que l’argent ne transite jamais par la France. »
Or, cette compagnie s’apprête à revendre à un prix très surévalué à des Japonais, une petite entreprise provençale. Alors que ce n’était pas du tout prévu, c’est Serge qui à la dernière minute est envoyé au Japon, lui qui n’aime pas sortir et il y a aussi Laura, une vraiment très séduisante, voire irrésistible collègue, qui n’est pas insensible au charme de Serge. Seulement voilà, aux antipodes de ce dernier qui n’est prêt à rien, l’ambition peut transformer en un tour de main, la belle et sympathique Laura en horrible Laura very corporate, prête à tout pour grimper les échelons.
Ce que Serge n’a pas révélé, c’est que depuis quelques temps, outre que son tempérament naturel ne fait pas de lui un complice aisé de magouilles, c’est qu’il est victime d’incompréhensibles et soudaines crises d’aphasie, une aphasie qui peut le prendre n’importe où, n’importe quand, comme par exemple en pleine réunion au Japon.
Un élément perturbateur est une comédie un peu amère, même si toute ressemblance avec des personnes ou des évènements réels est fortuite, l’auteur nous plonge dans les dessous malpropres des magouilles financières et politiciennes. Serge y joue le rôle d’une sorte de Candide pantouflard et cultivé, la naïveté en moins donc, mâtiné d’un Gaston Lagaffe doté d’un sex appeal qui va l’obliger à sortir de sa zone de confort. Il y a en lui une sorte de pureté pas fait exprès et en référence à Candide encore on pourrait dire que : « sa physionomie annonçait son âme ». En le suivant dans ses mésaventures, on finit par s’attacher à ce personnage narrateur car il nous fait du bien, il est vraiment drôle, même si énervant dans sa peur d’accéder à l’autonomie, sa dépendance puérile à sa sœur et aux pharmaciennes.
Courageux malgré lui dans un monde où il faut être fort, ambitieux, malin et sans scrupule, comme le sont d’autres personnages du roman jusqu’à la caricature, les tares de Serge ne sont finalement pas grand-chose dans ce monde où la fin justifie comme on dit les moyens et ses qualités ne demandent peut-être qu’à trouver le bon terrain pour se déployer.
Dans ce roman, un premier roman, l’auteur n’a pas peur de flirter avec la comédie sentimentale et de faire gagner la « faiblesse » et si ça peut paraître parfois convenu, l’ensemble est sauvé par un humour décapant. Olivier Chantraine semble se régaler à faire quelques égratignures sur la belle carrosserie des sphères dominantes et on apprécie son côté sale gosse.
Cathy Garcia
Olivier Chantraine travaillait comme responsable de l’innovation pour une multinationale agroalimentaire, qu’il a quitté saturé « de l’inculture, de l’obsession de la performance et de la surenchère des chiffres » pour un retour aux sources en 2013, dans les Alpilles. Il y crée la biscuiterie artisanale bio A & O. « Une entreprise humaniste avec un modèle d’économie durable. Plus proche de mes convictions », confie-t-il. Le moyen, surtout, de donner enfin une chance à l’écrivain qui attend sagement son heure depuis l’adolescence. Un élément perturbateur est son premier roman.
(éléments biographiques tirés d’un article du Parisien)