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FUSIONS POÉTIQUES - Page 33

  • Catherine Ursin - En corps - 2016

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    LES SORCIÈRES

     

    Les sorcières ont les veines

    ouvertes aux quatre vents

    les sorcières ont des chiens

    qui lèchent leur sang

    les sorcières sont trop bonnes

    on leur prend et elles donnent

    encore en corps et damnés soient

    ceux qui ne comprennent

    que les sorcières sont grandes d’âmes 

     

    même quand elles collent

    les lambeaux déchirés de leur cœur

    sur les murs gris et rêches

    des hommes

     

     

    cg in Mon collier de sel

     

     

     

     

     

  • Auteur inconnu

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    Vous qui savez le soufre et le mercure

    Et tous les secrets

    Ensorcelez-moi de vos génies, de vos fées

    Chuchotez-moi vos sources et fontaines sacrées

    Et surtout, enseignez-moi l'art de la mémoire

    Pour ne jamais les oublier.

     

    in Oniromancie

     

     

     

  • Ilann Vogt

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    Mes combats sont vains, mon armure est de papier, ma lance n’est que plume et mes larmes, un peu d’eau pour faire tourner mon moulin. Tourner, tourner de plus en plus vite, tourner, tourner de plus de plus fort.

     

    in (c)Ourse bipolaire

     

     

     

  • Anna Pronin

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    les mots arpentent la gorge

    comme chiens en cage

    quand les questions s’évaporent

    ils restent en rade

    les crocs affutés jusqu’au matin

    braises froides café amer

    au fond des tasses les langues rouillent

    et le temps fait ses passes

    la découpe des fenêtres

    la surface et les motifs de la nappe

    l’ombre du rideau

     

    cg, inédit

     

     

  • Karel Otto Hrubý

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    La vie ne serait-elle qu’un long dialogue de sourds avec les morts, nos morts ?

     

    Chacun charrie ses défunts, certains des villes entières, des peuples. Litanies sans fin de noms gravés dans le granit de l’âme. Parfois nous vivons à peine, certains morts pèsent si lourds. Nous devrions les lâcher, tous, lâcher nos morts, qu’ils s’envolent.

     

     

    cg in Celle qui manque

     

     

     

  • Sammy Slabbinck

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    Tandis que par la fontanelle, la sainte banquise déverse ses poissons, les écrans phosphorescents clignotent, tranquillisants. La palpitation lasse des jardins hallucinés trace un pont entre cimes et cimetière.

    Vers le calme éternel.

     

    cg in Aujourd'hui est habitable, Cardère éd. 2018

     

     

     

  • Thomas Moran - The Angry Sea - 1911

    Thomas Moran, The Angry Sea, 1911.jpg

     

    Agitée. Oppressée. Nuages noirs. Gorgée de larmes. Vide. En pression, compression. En colère. Tomber à l’intérieur de soi. Rien à quoi se raccrocher. Hypnotisée par la face sombre de chaque chose. Ne pas voir ce que cet état dissimule. Le trou, l’abîme de frustration. Et la fatigue jusqu’aux os.

     

    cg in Le livre des sensation

     

     

     

     

     

     

  • Lily Seika Jones - Acheron

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    Artémis d’Ephèse habite des régions portant en grec le nom d'eschatiai : les confins extrêmes des territoires des hommes, les montagnes, les bois et les forêts obscures ; elle descend aussi vers l'Océan, vers les embouchures, les lagunes, les marécages et les bords des lacs et des fleuves. Elle affectionne les zones fangeuses, limoneuses, et surtout - selon les Anciens - l'alliance de la terre, de l'eau et du sel. La déesse parcourt l'espace sauvage qui limite de toutes parts les territoires des hommes, elle ne descend que rarement dans les villes.  

    Comme moi.

     

    cg in Universelle

     

     

     

  • Bernard Buffet -1998

    Bernard Buffet squelettes-travestis-buffet-1998.jpg

     

    En guêpières résille

    Rimmel et rouge gras

    Fleurs des bas fonds

    Reines silicone

    Se graissent les ailes

    Avalent et passent

    Le venin

     

    Bouches mépris

    Veines poudrées

    Battement de faux-cils

    La griffe limée

    Passe la faucille

     

    Passe passe

    Pile ou face

    Et tombe la neige

    Sur les mouroirs

     

    cg in Claques et boxons, Nouveaux Délits éd. 2013

     

     

     

  • Mara Berendt Friedman

     

    Mara Berendt Friedman.jpg

     

    Savoir tisser de la joie avec tout ça, malgré tout ça et la faire partager, c'est ça le courage et rien d'autre. Il faut cependant dire, poser le noir, ne pas faire semblant. Ce n'est qu'en acceptant toutes nos émotions qu'on peut trouver cette joie inconditionnelle. Au début, un petit truc de rien du tout, la dernière étincelle d'une toute petite braise, on souffle dessus pour voir, on n'y croit pas, c'est mort mais cette dernière petite lueur, ce point rouge en soi, c'est ce qui ne meurt jamais. Alors on souffle dessus, on continue et un jour un peu de fumée, un autre une flamme, un autre encore un brasier à l'intérieur ! « Se consumer de joie », cette petite expression anodine. Puis l'incendie retombe, c'est le noir, on oublie, on n'y croit plus mais toujours ce petit point rouge. Si on s'en souvient, on le retrouve vite et on recommence, on souffle dessus. Vient le jour où l’on sait qu'on peut rallumer cette braise quand on veut, une paix s'installe, rien n'a changé dehors mais celles et ceux qui nous croisent aperçoivent la flamme. Elle illumine, elle réchauffe celles et ceux qui veulent bien s'approcher et une flamme rallume une autre flamme qui rallume une autre flamme et alors nous brûlons, libres et joyeux, nous brûlons de vie.

     

    in (c)Ourse bipolaire

     

     

  • Mark Keller - Bandonéon III

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    Le vieux musicien sait que sa musique tient à un fil. Au fil ténu d'une respiration, le premier chant du monde, mais les vieux musiciens au fond des bars sont fatigués. Leur regard fiévreux brille. Au fond des verres gisent des larmes d'alcool. Tout se trouble. Il est tard et la musique s'estompe.

    cg, in Calepins voyageurs et après ?