Helen Levitt

et je rêve d’un amour revenant, relevé des décombres,
un amour flambant neuf pour chasser les ombres.
cg in Calepins voyageurs et après ?
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et je rêve d’un amour revenant, relevé des décombres,
un amour flambant neuf pour chasser les ombres.
cg in Calepins voyageurs et après ?

Moi je voudrais être nue
là où ta lumière danse
je voudrais être ton levain d’amour
la calligraphie conjointe de tes courbes
être sur tes côtes une vague endormie
entre tes doigts le pli d’un paysage mûr
Oublier pour un temps
les reptations aveugles
des marées humaines
cg in Universelle

SOLAIRE
Fleur parmi les fleurs
se tourner ouverte
vers la lumière
dans la brèche
laisser couler le miel
l'âme est une abeille
les seins blancs
les cheveux
tout autant
femme
éclosion d'amour
en bouche
sur mes hanches
le feu des parfums
jus et pollen
et le poison
dans le creux
la juste dose
cg in Des volcans sur la lune

il est bon de voir l’âme
phosphorescente
radiante à la proue
du vaisseau du cœur
âme capitaine
âme mousse
âme sirène
l’âme étoile
immortelle
cg in Vieillir

Je vois le vaste océan là-bas, qui lèche et sanctifie le rivage de ses langues d'écumes, raconte en boucle sa longue histoire, ses peines infinies. Le vieil océan qui pour combler sa solitude, à l’heure où le soleil chavire, berce la lumière moribonde, pendue aux flots de la baie de Guanabara. C’est Yemanja la déesse, qui nous protège et charrie nos débris, nos ordures, nos scories. Une fois l’an, pour l’honorer, les fidèles vêtus de blancs de l’umbanda, jette dans ses bras bleus des brassées de glaïeuls et plantent des milliers de petits soleils sur ses flancs ensablés.
cg in Calepins voyageurs et après ?

un bouquet pourrissant
dans le crépuscule de paille
l’obsession d’une prairie
bourgeon de tourterelle
feuille de pommier
le mystère ruisselle
dans un losange de lumière
sur les veines de l’initiée
cg in Aujourd'hui est habitable, Cardère éd. 2019

la terre grasse s'empiffre
au festin des choses mortes
d'un bol de lait étincelant
naissent crapauds à mandibules
gros vers fluorescents
tous les enfants de la lune
cg in Mon collier de sel
à paraître "bientôt"

Condamnée à vivre avec les absorbeurs, celle qui manque est une mer asséchée. Une ombre rouge creusée au couteau, sous laquelle pourtant le cœur s’acharne à battre.
cg in Celle qui manque

Nous purgeons nos peines de vie et pouvons saisir dans une fraction de temps, de soleil, de silence, quelques visions et parfums fugaces de paradis.
cg in Le poulpe et la pulpe, Cardère 2010

ouvrir la fenêtre
du bout des lèvres happer la lune
la laisser fondre sous la langue
manger la nuit
recracher ses étoiles
ces milliards de soleils dans les yeux
dans nos yeux
toujours noirs
cg in Salines, à tire d'ailes 2007

Du ciel baratté s’échappe une tornade.
Exodes, insurrections, liturgies volcaniques.
cg in Fugitive, Cardère 2014

Le hamac, à mi-chemin entre la chenille et l’oiseau, se balance accompagné des percussions à bec de la sittelle.
Le vent froisse les ramures, frissons de feuilles, chute des glands où dorment les rêves d’arbres futurs. C’est l’heure du goûter des oiseaux.
Un papillon blanc agite ses pages, la douceur y inscrit un poème éphémère.
Je tangue sereine entre terre et ciel, le ciel aussi sous nos pieds, on l’oublie trop souvent.
cg in Chroniques du hamac, à tire d'ailes 2008

JARDIN DE NUIT
Vigie de gouttières
les chats guettent
sous la haie touffue
le hérisson furète
des bains de lune
les souris prennent
et dans leurs nids
terre et salive
elles rêvent
les hirondelles
trèfles, plantain, pâquerettes
consoude, soucis, quelques orties
le lilas blanc et les roses si belles
mystères odorants
d’un paradis
à portée de main
et sous les ongles
comme une promesse :
la terre
2001
cg 2001
in Je l'aime nature

Nous adultes avortés
faisons de l’art comme on cherche la surface
de l’art ou bien autre chose
pour ne pas se noyer
mais tout se résume à
« cherche cherche ! »
avec la ferveur des chiens
la dévotion des chiennes…
un peu de leur brute chaleur
cg in Salines

Sens-tu les yeux froncés du soir cerner ton âme de crépuscule ?
Le vent s’est tu, les ombres conspirent. Viendra la nuit envahissante au souffle ample. Viendront les bras et le corps, viendra la chair à refermer comme dernière page.
En hiver, les hamacs sont décrochés.
cg in Chroniques du hamac, 2008