Edvard Munch - 1919
une maladie
débilité chronique
désespoir colossal
cyclone dans le cœur
marteau dans la tête
allogène
étrangère
à tout
à tous
cg in Mon collier de sel
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une maladie
débilité chronique
désespoir colossal
cyclone dans le cœur
marteau dans la tête
allogène
étrangère
à tout
à tous
cg in Mon collier de sel
La peau respire, brille comme les plantes. Cette envie de se retourner envers, endroit, comme un gant pour sentir encore et encore plus avec la chair, les veines, les organes et les muscles, les os. Sentir à quel point nous sommes fait de la même étoffe que les fleurs, les nuages, le vent, la pluie et que nos limites ne sont là que pour jouir de toutes les sensations possibles.
cg in Le livre des sensations
« Combien ça dure une poule », me demande ma fille,
et je m’entends lui répondre « ça dépend des piles ».
cg in Calepin paisible d'une pâtresse de poules
Je crache en vain et m’estourbis de fumée, je vomis le venin qui n’en finit plus de me blesser et je rêve d’un amour revenant, relevé des décombres, un amour flambant neuf pour chasser les ombres.
cg in Calepins voyageurs et après ?
Que m’as-tu fait terre du Quercy ?
Des racines me poussent, je me noie dans ton ciel.
Les oiseaux me parlent et je capte la langue nomade des nuages
Sans même plus avoir le désir de les suivre.
Que m’as-tu fait ? Agenouillée dans ton hiver,
Je guette avide tes premières érections printanières, tes orchis clitoris.
Qu’as-tu fait terre pour que je me sente si ancienne
Entre la rose chienne et les sortilèges du chèvrefeuille ?
J’arpente tes courbes et tu me découvre les secrets de ton causse.
Me rendras-tu fertile et profonde comme l’échancrure de tes combes et vallées ?
Te joues-tu de moi pour que je me sente reine avec des bois sur la tête ?
M’enverras-tu tes chasseurs ? La bête se cache
Et je deviens ta bête, ô terre du Quercy.
cg in Calepins voyageurs et après ?
J’entends rire les arbres et pleurer aussi.
Et tout leur travail d’arbre.
cg in Calepins voyageurs et après ?
La musique frappe à mes oreilles, m’entraîne à bord d’un souffle qui galope, qui galope sur les naseaux de la nuit. Devant nous la route, interminable. Le bus comme un film surréaliste et moi, mosaïque éclatée.
cg in Calepins voyageurs
Envie de désert, de roche rouge et brûlante, de forces terrestres, d’alcool et d’air, d’un corps vivant et brûlant lui aussi, d’un sorcier de l’amour, un capteur de vie, une antenne de chair, des tensions extrêmes pour des jouissances infinies.
Envie de nager avec des dauphins, danser comme une sauvage, chanter avec les loups, de brûler comme une étoile, bronzer sous la lune, boire à la plus fraîche et la plus pure des sources, me livrer nue aux caresses du vent, exploser le carcan, cette armure qui me sépare de moi-même, lutter pour vaincre la peur, cette gueuse aux vilaines dents. Je cherche encore celui qui…
Une autre vie, une autre culture, un autre soleil. Je veux être initiée à la vie. La mienne, bien que paraissant originale, ressemble trop encore à ce que je connais déjà. Je veux du neuf, réellement neuf, que tous mes repères volent en poussière !
cg in Journal, 1998
Rien d’autre que soi ne peut être connu. D’un souffle à l’autre, expérience.
cg in Celle qui manque
je prend avec moi
la douce amorce de fil tendu
et puis soudain
à jouer avec les mots
à tisser avec une étonnante ardeur
la trame de la rencontre
un craquement
dans le cœur
cg
Et moi, pauvre créature enflée d’orgueil, l’orgueil de vivre, d’exister, moi ! Ce « moi » énorme, cette montagne d’illusions ! Je brûle à en avoir le vertige et je crains parfois à trop vénérer la vie, de ne faire que passer à côté d’elle, tellement fascinée par son mystère que j’en oublie d’en profiter.
La folie de chacun de nous peuvent-elles cohabiter dans l’amour ?
Tolérants en surface, intolérants en profondeur ! A chacun ses parades, à chacun son courage qui ne se mesure qu'à la lâcheté ambiante, chacun et tous dans la même salade, condiments ou cons déments…
J’ai le vertige de ma propre existence et les autres sont des gouffres. J’y plonge souvent avec joie mais parfois je recule de terreur, avec au cœur un hurlement muet, déchirant et sans issu. Je le ravale.
Je suis folle et j’en redemande, jusqu’à l’épuisement. Masochiste ? J’aime creuser…
cg, 12 février 1998
Celle qui manque ici n’a besoin de rien. Ses trous laissent passer l’air et la lumière.
Celle qui manque s’adonne à l’amour du vivant.
Celle qui manque préfère le vide où rêver encore.
cg in Celle qui manque
Seule la beauté de la vie reste pure, sous l’apparence d’une fleur fraîchement éclose, d’une nuée de mésanges joyeuses et gourmandes, d’une belle lumière dans un feuillage ou d’une gouttelette scintillante prise dans une toile d’araignée. La nature est mon plus sûr repère, ce vers quoi je reviens toujours, quand le reste n’est que brouillard et incertitudes.
cg, 1998
nous irons célébrer l’élan
avant le vermoulu de la neige
et du vieux bois d’hiver
quand les sarments seront noirs
et qu’il nous faudra être chaste
à cause des filets tendus
pour les papillons perdus
à l’envers des fleurs
cg in Aujourd'hui est habitable, Cardère éd. 2018
Sous les girandoles salées
Creuser à mains nues
La fosse de l’âme
Y saluer les licornes
Venues par deux
Jumeler silence
A la nacre du monde
cg in Mystica perdita, à tire d'ailes 2009