Gaston Bachelard
Mon plaisir est encore d’accompagner le ruisseau,
De marcher le long des berges, dans le bon sens, dans le sens de l’eau qui coule, de l’eau qui mène la vie ailleurs, au village voisin. Mon « ailleurs » ne va pas plus loin.
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Mon plaisir est encore d’accompagner le ruisseau,
De marcher le long des berges, dans le bon sens, dans le sens de l’eau qui coule, de l’eau qui mène la vie ailleurs, au village voisin. Mon « ailleurs » ne va pas plus loin.
Triste petit train de vie
Celle qui pourrit dans mon cœur
c'est la lueur qui se nourrit des peurs
qui rôdent chantant le malheur,
en haut, en bas, toujours.
Nuit sur la nuit, c'est fête, enfonçons la
détresse
sous l'ouate d'une joie épaisse ;
nuit sur la nuit, c'est la faiblesse
du cœur brisé
La pourriture est dans mon souffle et ce
vent
c'est le siffleur fascinant, c'est la dent,
c'est le goût de saumure de ce gouffre avant
la fuite en bas.
Plaie du jour à mon flanc !
la nuit, c'est mon sang
qui s'enfuit par ce trou blanc,
soleil qui me baigne jusqu'au petit matin,
m'ôte la faim
au petit matin de ma fin,
personne n'entend, personne,
personne ne tend la main,
je suis l'aiguille,
l'aiguille dans le tas de foin,
le foin sans fin, l'étouffeur à la fin...
personne ne vient, personne ne pleure,
sauf toujours la même, la terreur.
in Le Contre-Ciel
et la morale de ceci, c'est : Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes.
in Les Aventures d'Alice au Pays des Merveilles, trad. Henri Parisot
et pas de pioche encore
pour les briques du mur
mais ça viendra
ça va casser futur proche
ça s’éboulera langue et sourire
boomerang.
in Démolition
Or comme disent les stars de l’économie numérique : si c’est gratuit, c’est que le produit, c’est toi ! La masse, le peuple quoi, a été de la chair à canon, puis à mines. C’est maintenant de la chair à écrans
in Barbarie 2.0
la tragédie est déjà écrite, nous on préface
in Tram 83
L'ennemi est con, il croit que c'est nous l'ennemi alors que c'est lui.
Les yeux du Chat :
Deux lunes jumelles
Dans la nuit.
in La Tête couronnée et autres poèmes
Lentement, doucement, de peur qu’elle se brise,
Prendre une âme ; écouter ses plus secrets aveux,
En silence, comme on caresse des cheveux ;
Atteindre à la douceur fluide de la brise ;
Dans l’ombre, un soir d’orage, où la chair s’électrise,
Promener des doigts d’or sur le clavier nerveux ;
Baisser l’éclat des voix ; calmer l’ardeur des feux ;
Exalter la couleur rose à la couleur grise ;
Essayer des accords de mots mystérieux
Doux comme le baiser de la paupière aux yeux ;
Faire ondoyer des chairs d’or pâle dans les brumes ;
Et, dans l’âme que gonfle un immense soupir
Laisser, en s’en allant, comme le souvenir
D’un grand cygne de neige aux longues, longues plumes.
in Le Chariot d'or
En un cri, comme un coup de lame,
Le temps éparpille ses feuilles de papier
in Traction Brabant n°65
il reste toujours au fond de soi quelque chose de minuscule et de fragile (…) comme un tout petit oiseau, qu’on aurait en plein cœur (…) en fait ce n’est pas du tout une faiblesse. Si on oublie que c’est là, on a de gros ennuis
in Je m’appelle Mina
Je sais le bruit de l’eau
Ses petits pas d’anémone
Dans un monde sans mélancolie les rossignols se mettraient à roter
Si tu savais ne jamais arriver, partirais-tu ?
le mot viande est aussi laid que son signifié
le mot viande est aussi laid que la viande
et c'est pourtant ce que nous sommes
nous vibrons
nous sommes en vie
nous sommes en viande
(...)
mais c'est chouette à peloter quand il y a de la peau dessus
comme c'est généralement le cas
in Je respire discrètement par le nez (Les Carnets du Dessert de Lune - 2016)