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CITATIONS - Page 23

  • Octavio Paz

     

    Tu as tous les visages et aucun,
    Tu es toutes les heures et aucune,
    Tu ressembles à l'arbre et au nuage,
    Tu es tous les oiseaux plus un astre,
    Tu ressembles au tranchant de l'épée
    Et à la coupe de sang du bourreau,
    Lierre qui avance, enveloppe et déracine
    L'âme et la divise d'elle-même,
    Écriture de feu sur le jade,
    Crevasse dans la roche, reine des serpents,
    Colonne de vapeur, source dans le roc,
    Cirque lunaire, pic des aigles,
    Grain d'anis, épine minuscule
    Et mortelle qui donne des peines immortelles.


     

     

     

  • Pat Ryckewaert

     

    Mets-moi en mouvement

    fais que je tourne

    que je me torde et me tende

    vers les bruits et les voix qui appellent.

    Porte-moi à bout de lèvres

    fais moi une échelle avec tes mots

    sois le sabre

    ouvre-moi en dedans

    là où ça résiste encore

    pour que je ressente mieux le monde.

    Remplis-moi de ta force vive

    et de ta sève d’homme

    je veux dire d’humain

    qui sait étreindre la douleur

    pour en faire autre chose.

    Fais-moi vivante.

    Mets en moi le mouvement

    saisis-moi au cœur et aux hanches

    Serre-moi à réunir tous mes morceaux.

    Je tremble autant que les feuilles brunes

    et l’automne qui s’effraie déjà des pas de l’hiver.

    Serre-moi dans le chaud de tes bras

    et de tes mots d’amour.

    Je n’avais plus où me blottir avant toi.

    Fais-moi vivante.

     

     in Rose

     

     

     

     

     

  • Samuel Benchétrit

    - Tu sais Charly, il faut aimer... Il faut aimer dans la vie, beaucoup. Ne jamais avoir peur de trop aimer. C'est ça le courage... Ne sois jamais égoïste avec ton cœur. S'il est rempli d'amour alors montre-le. Sors-le de toi, et montre-le au monde... Il n'y a pas assez de cœurs courageux... Il n'y a pas assez de cœur en dehors... C'est de ton bonheur dont je te parle... Pour que ta vie sois belle, aime le plus possible. Et n'aie jamais peur de souffrir. Et méprise ceux qui te mettront en garde. Ils seront moins heureux que toi. Ceux qui redoutent la souffrance ne croient pas en la vie.

     

    in Le Cœur en dehors

     

     

     

     

  • Laura Kasischke

     

    Le diable sort au chant du corbeau
    La première nuit à tire-d’aile, nous avons pris notre envol.
    Tout juste sortis de l’enfer, nous avons niché
    dans l’arbre à lunes
    parce que l’arbre de vie
    était chargé de citrons
    et que l’arbre de mort
    avait blanchi sous les cocons laiteux des anges.
    Nous avons secoué l’arbre et les lunes
    sont tombées à côté des crânes de mastodonte
    éraflés et abrasés par le sable.

     

     

     

  • Marguerite Yourcenar


    Respect pour les hommes, respect pour leurs âmes invisibles, ou si rarement, si pathétiquement devinées ; respect pour leurs tristes corps qu’eux-mêmes ne respectent pas, se contentant de les chérir, de les torturer, ou de les nier. Respect pour les choses dont les hommes abusent avec plus d’inconscience encore, et qu’ils traitent plus mal qu’ils ne le font de leur propre cœur. Respect pour le silence, plein de pressentiments des voix futures ; respect pour le passé, qui est présent, comme dans l’écrin, la marque laissée par la bague disparue, et respect pour l’instant présent, qui ira bientôt s’ajouter au passé, attiré par l’aimantation du Temps. Respect pour les anges qui sont nos gardiens et sont peut-être nos âmes ; respect pour nos démons aussi, qui ne sont que l’ombre portée par nos anges. Respect pour Dieu, même s’il n’est pas, parce que ne pas être n’est après tout qu’une manière un peu plus noble et plus pure d’exister, et parce que nous le possédons du moins sous forme de désir et d’attente. Respect pour l’amour, que les hommes et les femmes ne respectent plus, parce qu’ils ont peur qu’on les oblige à en être dignes.



    Extrait d’un hommage à Reiner Maria Rilke, 1936

     

     

  •  Denise Desautel

     

    joggeuse de grand fond, tu cours

    jusqu’au bout du continent

    jusqu’au bout du siècle

    champs minés, océans, naufrages

    jets de plomb et de sang

    squelettes en pile

    le long de ton chemin

    tu repousses ce que tu hais

    cette panoplie d’objets blessants

    à la portée de n’importe quelle bouche

    de n’importe quelle main

    mensonges, rancunes et petits fusils

    tu cours, tu voles

    tu vas vers la beauté

    tes bras acrobates

    tes paumes

    béantes

     

    in La marathonienne

     

     

     

  • Louise Erdrich

     

    Life will break you. Nobody can protect you from that, and living alone won’t either, for solitude will also break you with its yearning. You have to love. You have to feel. It is the reason you are here on earth. You are here to risk your heart. You are here to be swallowed up. And when it happens that you are broken, or betrayed, or left, or hurt, or death brushes near, let yourself sit by an apple tree and listen to the apples falling all around you in heaps, wasting their sweetness. Tell yourself you tasted as many as you could.”

     

    La vie te brisera. Personne ne peut te protéger de cela, et vivre seul non plus, car la solitude te brisera aussi avec sa nostalgie. Tu dois aimer. Tu dois ressentir. C'est la raison pour laquelle tu es ici sur terre. Tu es là pour risquer ton cœur. Tu es là pour te faire avaler. Et quand il arrive que tu sois cassé, trahi, ou abandonné, ou blessé, ou que la mort balaye tout près, assieds-toi près d'un pommier et écoute les pommes tomber en tas tout autour de toi, dilapidant leur douceur. Dis-toi que tu en as goûté autant que tu as pu.

    (ma traduction)

     

     

     

  • Elisée Reclus

    Là où le sol s’est enlaidi, là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. Parmi les causes qui dans l’histoire de l’humanité ont déjà fait disparaître tant de civilisations successives, il faudrait compter en première ligne la brutale violence avec laquelle la plupart des nations traitaient la terre nourricière. Ils abattaient les forêts, laissaient tarir les sources et déborder les fleuves, détérioraient les climats, entouraient les cités de zones marécageuses et pestilentielles ; puis, quand la nature, profanée par eux, leur était devenue hostile, ils la prenaient en haine, et, ne pouvant se retremper comme le sauvage dans la vie des forêts, ils se laissaient de plus en plus abrutir par le despotisme des prêtres et des rois.

     

    in Du Sentiment de la nature dans les sociétés modernes, 1866

     

     

     

  • Heptanes Fraxion

     

    ce soir
    la faim lui a carrément coupé l'appétit
    ce soir
    elle ne serait pas contre une petite cure d'intoxication
    ce soir
    il n'y a qu'elle et le vent
    sur le balcon plein sud
    elle et le vent et les bleus sur ses jambes
    pas sûr que ce soit la parole du Seigneur
    qui fasse fredonner son cœur