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CITATIONS - Page 60

  • Roberto Juarroz

     

    Le poète est un marginal et un exilé : c est dans cette position-là, précisément, qu'il peut s adresser à l'homme. Le poète n'enseigne rien : il crée, et il partage. La poésie consiste à être, et c'est en cela qu'elle offre l'ultime planche de salut en un monde qui se noie. 

     

     

     

  • Estelle Gillard

     

     

    Les rues luisantes

    Étaient une mise en scène

    La lune une mystification

    Le chant des oiseaux un artefact

    Mes poèmes étaient bidon

    Et moi en toc

     

    in Traction Brabant 76

     

     

     

  • Günther Anders

    « Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.

    L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.

    Surtout pas de philosophie. Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser. On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.

    En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur – qu’il faudra entretenir – sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur.

    L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. »

    in L’Obsolescence de l’homme, 1956

     

     

     

  • Éric Barbier

     

    Sur le coteau un troupeau paisse l’herbe maigre jusqu’à mordre de jeunes soleils.

    Tout semble paisible, rien n’est silence.

     

     

     in D’un silence inachevé

     

     

     

  • Arthur Rimbaud

     

    Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
    Échouages hideux au fond des golfes bruns
    Où les serpents géants dévorés des punaises
    Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

     

    in Le bateau ivre

     

     

     

  • Isabelle Le Gouic

     

    La mer y est nomade,

    rouge,

    sous un ciel détrempé.

     

    Elle palpite

    comme au sursaut des veines.

    Des hublots sont ouverts sur nos âmes sereines.

    Nous avons effacé les tempêtes.

     

     

     

     

     

  • HD Marinella

     

    à y regarder de près

    toute chose que le jour t’apporte

    est mystère et étrangeté

    appel au silence

     

    & terreur d’écorché vif

     

    in Traction Brabant 78