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CATHY GARCIA-CANALES - Page 193

  • Martin Caparrós


    Martín Caparrós est un journaliste et écrivain argentin né à Buenos Aires le 29 mai 1957, son livre La faim que j'ai lu avant sa sortie (épreuves non corrigées) en 2015 est un des livres qui m'a le plus bouleversée, il est à lire, à faire lire, à étudier même. Ci-dessous, quelques citations :

     


    (…) Le Niger compte un million de kilomètres carrés, dont seuls 40 000 cultivables. Partout ailleurs vivent  des bergers nomades qui gardent quelques 20 millions de têtes de bétail : chèvres, moutons, ânes, chameaux, zébus. Le prix des médicaments pour ces animaux ˗ antiparasites, vaccins, vitamines ˗ est monté en flèche depuis que le Fond Monétaire  a obligé le gouvernement à fermer son Office national vétérinaire, ouvrant son marché aux multinationales. Depuis, les bergers, de plus en plus nombreux à perdre leur troupeau, ont dû fuir vers les faubourgs de Niamey — ou des capitales alentour : Abidjan, Cotonou. C’est encore le Fond monétaire qui a obligé le gouvernement nigérien à fermer ses dépôts de grains — environ 40 000 tonnes de céréales, principalement du mil — lesquels servaient  à intervenir lorsque les sécheresses répétées, les invasions de sauterelles ou la soudure annuelle affamaient la population. Le Fond considérait que ces interventions faussaient le marché ; le gouvernement, pris à la gorge par sa dette extérieure, dut plier.

    Le Niger est le deuxième producteur mondial d’uranium : ses réserves au milieu du désert sont immenses ˗ et l’uranium est l’un des minerais les plus convoités. Pourtant, le pays n’en tire pas beaucoup de bénéfices : l’entreprise d’État française Areva a toujours eu le monopole* de son exploitation et la redevance qu’elle payait à l’État nigérien était dérisoire. 

    * jusqu’en 2007, depuis les Chinois ont rejoint la parti, l’auteur en parle plus loin

     

    (…) Le Niger dépense cinq dollars annuels par habitant en matière de santé. Les États-Unis, par exemple, en déboursent 8600 ; la France, 4950 ; l’Argentine, 890 ; la Colombie, 432. En 2009, il y avait 538 médecins dans tout le Niger, un pour 28000 habitants, alors que dans un pays moyennement riche comme l’Équateur, les Philippines ou l’Afrique du Sud, on en compte un pour 1000. Ce chiffre figure dans une publication officielle du gouvernement qui précise que l’année suivante, en 2010, il n’en restait que 349 ; un médecin pour 43 000 habitants. L’émigration de ceux qui savent ou peuvent et veulent échapper à la misère et aux maladies génère un surcroit de maladies et de misère. Les pays riches — qui dressent des barrières murs bateaux mitrailleuses pour stopper les migrants au bord du désespoir — font venir volontiers les rares professionnels qui parviennent à se former dans ces parages désolés.


    (…) Au commencement, il y eut la chasse et le trafic d’esclaves : à partir du XVe  siècle, certains Arabes et certains Européens décimèrent une bonne partie de la population d’Afrique : la moitié, affirment certains historiens. Ensuite, l’invasion européenne à la fin du XIXe siècle démolit ce qui restait des économies africaines. Les industries locales furent démantelées, le commerce ruiné, les terres occupées, les cultures vivrières remplacées par des produits convoités par les métropoles.


    (…) Si nous mangions tous comme les Américains, qui avalent entre 800 et 1 100 kilos de grain par an et par personne, surtout par le biais de la viande que ce grain a produit, la récolte mondiale de céréales pourrait nourrir 2,5 milliards de personnes. Si nous mangions tous comme les Italiens, qui consomment deux fois moins de viande, soit environ 400 kilos de céréales par an, on pourrait nourrir 5 milliards de personnes. Si nous mangions  tous selon le régime végétarien des Indiens, nous pourrions nourrir 10 milliards de personnes. 


    (…) Dharavi était un marais périphérique cerné par deux voies de chemin de fer et habité par quelques pêcheurs.  Aujourd’hui, incrusté au-milieu de Bombay, c’est le plus grand bidonville d’Asie, ruelles étroites sales puantes, des gens, des gens et encore des gens, des animaux, des cris : la densité de tout espace indien puissance huit. Dharavi est un agrégat de mondes très divers, un million de personnes et une douzaine de communautés différentes agglutinées dans moins de deux kilomètres carrés.


    (…) La moitié des habitants de Bombay n’ont pas de toilettes et chient donc où ils peuvent. Il y a quelques années, on a calculé que six ou sept millions d’adultes chiaient chaque jour dans les bidonvilles de Bombay : si chacun évacue une livre, cela signifie quelques 3000 tonnes de merde tous les matins – dispersée dans des ruisseaux archi immondes ou s’amassant autour des huttes et des allées.
    L’absence de toilettes entraine bien-sûr des problèmes sanitaires extrêmes : dans les bidonvilles de Bombay, deux morts sur cinq sont dues à une infection ou à des parasites à cause de la contamination de l’eau et faute d’égouts. Cela entraine aussi d’autres problèmes : les femmes, qui ne veulent pas que les hommes les voient, y vont en groupe avant l’aube ; elles s’aventurent parfois sur des terrains éloignés où les rats et les serpents leur tiennent compagnie. Où les attendent parfois des hommes pour les violer, si elles s’écartent trop.

     

    (…) En 1880, un journaliste militant du nom de William Stead est engagé comme rédacteur en chef d’un journal anglais du soir à tendance conservatrice appelé Pall Mall Gazette. Stead le transformerait du tout au tout. Sa mission, écrivait-il, consisterait à « œuvrer pour la régénération sociale du monde ». Pour ce faire, il produisait des récits vivants, écrits à la première personne dans une langue simple et presque violente, illustrés de dessins, plans, cartes, photos, grands titres, qui racontaient des histoires d’individus des plus misérables. Son plus grand succès est une série sur la traite des blanches qu’il intitula "The Maiden Tribute of Modern Babylon". Pour expliquer comment fonctionnait la vente de fillettes aux bordels londoniens, il organisa, moyennant la somme de cinq livres, l’achat d’une fille de treize ans pour la prostituer. La série fit grimper le tirage du journal à 120 000 exemplaires ; grâce à sa répercussion, le Parlement anglais décida de porter l’âge de la majorité sexuelle de 13 à 15 ans. En même temps, Stead serait jugé et condamné à trois mois de prison pour l’achat de la mineure.»

     

    (…) Alors que 200 milliards de dollars atterrirent sur le marché alimentaire, 250 millions de personnes tombèrent dans l’extrême pauvreté. Entre 2005 et 2008, le prix de la nourriture augmenta de 80 % (…). Quelques gouvernements tombèrent, les prix finirent par chuter, des millions de personnes basculèrent dans l’extrême pauvreté et le monde eut plus d’affamés que jamais dans son histoire. Ils atteignirent pour la première fois le milliard de personnes.

    Un milliard d’affamés.

     

    (…) « La nourriture est le nouvel or », écrivit alors un journaliste du Washington Post, dans une formule qui fit mouche : elle signifiait surtout que ce n’était plus un bien de consommation mais un bien de thésaurisation et de spéculation, et pas n’importe lequel : le bien dont le prix avait le plus augmenté durant les dernières années.

    Pour beaucoup, cela signifiait qu’ils avaient cessé d’en manger.

     

    (…) Elles s’appellent Archer Daniel Midlands, Bunge, Cargill, Louis Dreyfus et on les appelle, cela va de soi, ABCD. Elles contrôlent à elles quatre 75 % du marché mondial  des grains : les trois quarts des grains de la planète. En 2005, leur chiffre d’affaires s’élevait à 150 milliards de dollars ; en 2011, à 320 milliards.

     

    (…) Aujourd’hui, le ravitaillement alimentaire mondial doit non seulement se battre contre une offre moindre et une demande accrue de grains réels, mais les financiers ont en outre créé un système qui augmente artificiellement le cours futur des grains. Résultat : le blé imaginaire détermine le prix des céréales réelles, puisque les spéculateurs — autrefois un cinquième du marché — sont aujourd’hui quatre fois plus nombreux que les acheteurs et les vendeurs réels. Aujourd’hui les banquiers et les spéculateurs sont assis au sommet d’une chaîne alimentaire : ce sont les carnivores du système, ils mangent tout ce qu’il y a en dessous.


    (…) 

    « Il y a une lutte des classes depuis vingt ans, et ma classe l’a gagnée. Nous sommes les seuls à avoir vu leur taux d’imposition baisser de manière spectaculaire. En 1992, les 400 personnes qui ont payé le plus d’impôts aux États-Unis avaient un revenu moyen de 40 millions de dollars. L’an dernier, le revenu moyen de ces 400 personnes étaient de 227 millions, soit cinq fois plus. Durant cette période, la proportion de ce qu’ils ont payé sur leurs revenus est passée de 29% à 21%. Grâce à la baisse de ces impôts, ma classe a gagné la guerre : ce fut un vrai carnage. »

    Warren Buffet, la quatrième fortune du monde, 2011

     

     

    (…)

    « Aujourd’hui nous produisons environ quatre milliards de tonnes de nourriture par an. Et pourtant, en raison de mauvaises pratiques de récolte, de stockage et de transport, ainsi que du gaspillage à la vente et à la consommation, on calcule qu’entre 30 et 50% de cette nourriture — 1,2 à 2 milliards de tonnes  — n’arrive jamais dans un estomac humain. Et encore, cette estimation ne reflète pas les grandes quantités de terre, d’énergie, d’engrais et d’eau qui sont également gâchées dans la production d’aliments qui finissent tout simplement à la poubelle. »

    Rapport de l’Institution of Mechanical Engineers (Royaume-Uni), janvier 2013

     

    (…) La stratégie des dominants a toujours été de maintenir leurs dominés au niveau le plus bas possible. De déterminer à chaque fois ce niveau par la méthode empirique : essais et erreurs. L’erreur a pu consister en ce que des milliers de gens meurent de faim ou en ce qu’ils se dressent et exigent. (…) Alors entre en action la charité chrétienne ou sa version contemporaine, l’assistanat : donner aux pauvres le minimum pour qu’ils survivent et n’éclaboussent pas de leur sang ou de leurs os les écrans de télévision. 

     

    (…) Mais nous ne sommes pas trop  de manière abstraite, en général : certains sont en trop (…) Si on administrait un jour aux patrons argentins — les riches et leurs représentants  — la dose adéquate de pentothal, il serait amusant de les entendre : ils pourraient parler de la manière de se débarrasser de cinq ou six millions de personnes. Ils l’envisageraient comme un véritable service à la patrie : le reste de la population vivrait plus confortablement, l’indice de criminalité chuterait, les sectes évangélistes perdraient de leur influence, il y aurait beaucoup d’espace libre pour de nouvelles cultures ou quartiers résidentiels, les transports en commun marcheraient mieux, l’État économiserait des ressources — en subsides, organismes, policiers, gardiens de prison — qu’il pourrait employer à améliorer par exemple les écoles, les universités et les hôpitaux que des usages éduqués utiliseraient avec discernement. On perdrait peut-être quelques footballeurs et quelques boxeurs, deux ou trois chanteurs ringards ; (…) et  ils auraient tous plus de difficultés à trouver des femmes de ménage mais, globalement, ils y gagneraient plus qu’ils n’y perdraient.

     

    (…) Si les États-Unis ne subventionnaient pas leurs producteurs de coton — dit Oxfam — les cours internationaux de celui-ci grimperaient de 10 à 14 % et, dans huit pays pauvres producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest, les revenus par foyer augmenteraient de 6 %. Cela semble peu, mais cela suffit bien souvent à faire la différence entre manger et ne pas manger.

     

    (…) L’Africom est une organisation militaire dotée d’une finalité : en 2008, son sous-commandant, un certain amiral Robert Moeller, déclarait que sa mission consistait à «  garantir la libre-circulation des ressources naturelles africaines vers le marché mondial. » (…) Le pétrole d’Afrique présente un avantage et un inconvénient : il n’est pas détenu par deux ou trois États puissants face auxquels il faudrait faire des concessions mais par une douzaine de petits  États faiblards, plus faciles à manipuler. Il y a le Nigeria bien-sûr, mais aussi la Libye, l’Algérie, l’Egypte, l’Angola, la Guinée, le Ghana, le Tchad — et de nouveaux gisements continuent à s’ajouter à la liste : l’Afrique est aussi un des derniers territoires inexploités de la planète. Il n’y a pas si longtemps, à la frontière entre la République démocratique du Congo et l’Ouganda, on a découvert le plus grand gisement de tout le continent.

     

    (…) une des plus grandes famines du siècle, qui tua plus de trois millions de personnes. La faim bengalie fut  une conséquence de l’envoi de milliers de tonnes de grain vers la métropole coloniale. L’Angleterre afin de suppléer à ce que la guerre empêchait de récolter. Il resta des vivres sur place, mais leurs prix avaient tant augmenté que les pauvres ne pouvaient se les payer — et mourraient comme des rats. Pourtant, le Premier ministre britannique Winston Churchill n’était pas inquiet lors d’une réunion de cabinet, il dit que cela n’était pas grave car les «  Indiens se reproduisaient comme des lapins. »

     

    (…)

     « On a beaucoup débattu dernièrement de l’idée  que l’approvisionnement de vivres n’arrive pas à suivre la croissance démographique. D’un point de vue empirique, ce diagnostic n’a qu’une faible assise. En réalité, dans nombre de régions du monde — excepté l’Afrique — l’augmentation de l’approvisionnement de vivres a accompagné ou dépassé l’accroissement de la population. Ceci ne signifie pas pour autant que les famines soient automatiquement évitées puisque la faim est fonction du droit à l’alimentation et non pas de la disponibilité des denrées alimentaires. J’irais même plus loin : les pires famines ont généralement eu lieu alors qu’il n’y avait pas de diminution significative de la disponibilité de vivres par habitant.

     Amartya Sen in Pauvreté et famine. Un essai sur le droit et la privation.(1982)

     

    (…) Les deux tiers de ces terres se trouvent dans des régions où un grand nombre de gens ont faim. Les terres sont là, leurs fruits sont là, seulement ceux qui détiennent le pouvoir et l'argent les emportent là où ils peuvent en tirer le plus grand profit. Ils conservent même des terres incultes pour spéculer sur l'augmentation des prix — car tout compte fait, moins on produira d’aliments, plus il y aura de demandes insatisfaites et plus les aliments deviendront chers.

     

    (…) Une évidence : en général, ceux qui prennent toutes ces terres sont des gens qui n’en n’ont pas besoin. Des gens qui font des affaires — autrement dit des gens qui par définition pourraient ne pas en faire. Autrement dit : des gens qui ont suffisamment d’argent pour vivre tranquillement mais qui consacrent leur vie à en gagner encore plus, sans quoi ils n’arrivent pas à vivre tranquillement. Des gens qui font cela parce qu’ils incarnent l’esprit capitaliste. Parce qu’ils veulent le risque et le pouvoir. Parce qu’ils veulent l’argent.

     

    Un des fonds qui détient le plus de terres africaines, Emergent, est très bien placé à Londres. Il est dirigé par un ancien de Goldman Sachs et un ancien de J.P. Morgan.

     

    (…)

    Il n’est pas de plus grande victoire idéologique que le respect de la propriété privée. La base miraculeuse de tout l’édifice. Le fait surprenant que les propriétaires n’aient généralement pas besoin de recourir à la violence pour empêcher quelqu’un de prendre ce dont il a impérieusement besoin et qu’il a sous ses yeux.

     

    (…)

    En attendant, le monde est toujours là, aussi rude, aussi grossier, aussi épouvantable que d’habitude. Il m’arrive de penser que tout ceci est laid avant tout. La grossièreté des possédants, qui gaspillent sans vergogne ce qui manque cruellement à d’autres, rebute tous les modes de perception. Ce n’est plus une question de justice ni d’éthique ; cela relève de l’esthétique pure. Je dis : trouver le moyen de faire un monde moins horrible. L’humanité devrait éprouver devant ce qu’elle a fait d’elle-même le mécontentement du créateur qui recule d’un pas pour contempler son œuvre et trouve qu’elle est nulle. Je connais.

    Ce livre est un livre sur la laideur, la plus extrême que je puisse concevoir. Ce livre est un livre sur le dégoût — que nous devrions éprouver devant ce que nous avons fait et, ne l’éprouvant pas, sur celui que nous devrions éprouver de ne pas l’éprouver.

    (…)

    L’échec d’une civilisation.

    L’échec insistant, brutal, scandaleux d’une civilisation.

    Dénutris, jetables, déchets.

     

    Nous disions : la machine capitaliste ne sait que faire de centaines de millions de personnes. Elles sont en trop.

    (…)

    Le problème est politique.

    (…)

    Les jetables demeurent donc jetables : maintenus dans des limbes pénibles. Et en même temps ils font peur. Un peu peur : ils sont trop nombreux et remuent, s’agitent. Finiront-ils par devenir une menace ? Quand ? Comment ? Dans combien de temps, quelles difficultés devront affronter les plus riches, combien de problèmes financiers supporteront-ils encore avant qu’ils ne commencent à se dire sérieusement qu’ils ne peuvent pas se payer le luxe d’entretenir toute cette population inutile ? Ils ont déjà énormément réduit les sommes qu’ils dépensaient en « aides » et coopération » : c’est un début de réponse. Et si cela progresse, s’étend, quel poids aura « l’opinion publique humanitaire » ? Quel mal  aura-t-on à transformer les jetables en terrorisme, en menace pour les belles-âmes et à commencer à s’en débarrasser ?

    Je dis : à commencer à s’en débarrasser de manière délibérée, systématique. Pas comme maintenant, de façon chaotique.

    (…)

    Les affaires sont mondialisées, pas les gouvernements ; les affaires contournent les législations nationales, les petits gouvernements n’ont pas les moyens de les contrôler. Le système alimentaire mondial est un produit et un reflet de ce monde nouveau où les entreprises sont mondiales et font partout ce qui les arrange tandis que les pays sont locaux et limités par leurs frontières et autres impuissances. Chose que  — bien entendu — les nationalismes contribuent à maintenir, à perfectionner.

     

    "Quand je donne à manger aux pauvres, on me dit que je suis un saint. Quand je demande pourquoi les pauvres sont pauvres, on me dit que je suis communiste"

    Hélder Câmara, évêque brésilien (1909-1999)

     

     


    in La faim, éd. Buchet-Chastel, octobre 2015
     
     
     
     
     
  • Revue Nouveaux Délits - Numéro 70

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    Outre que j’en écris depuis maintenant 18 ans, il devient de plus en plus difficile pour moi d’écrire un édito. Comme la sensation de rajouter juste du bruit au bruit et la cacophonie actuelle qui ferait honte à une cour de récré est devenue juste insupportable. Pour, anti, vérité, complot, contrôle, propagande, QR code, labos, dollars, économie, dépistage, pandémie, puçage, data, reset, hashtag, merde, bite, cul… ! De quoi choper la Tourette ! On devient fou ! C’est effrayant !

     

    Aujourd’hui pour moi, l’image de la réussite c’est d’être allée chercher des mûres et d’en avoir fait un clafoutis. Loin de l’écran, loin des batailles nudgiennes et des spectres de guerres, catastrophes, folies en cours et à venir. Il m’a été dit tout récemment que j’étais d’un autre monde… J’espère bien ! Et j’espère bien qu’on sera de plus en plus nombreux à être d’un autre monde. Pas un monde sans ancrage, un monde nébuleux qui deale ses chamallows pastels, non un monde multidimensionnel, relié, branché à la terre et à l’humus, à ce bon sens qui semble avoir foutu le camp avec la biodiversité. Un monde qui se réveillerait de ce cauchemar que je ne saurais plus qualifier tellement il est doté de tentacules ! Et pas un monde qui accélère exponentiellement vers la dystopie totalitaire en se berçant de climat de confiance, refonte, optimisation, économie positive, smart à toutes les sauces, capitalisme cognitif, sécurité globale, objets connectés, futur augmenté, rajeunissement, vie éternelle…

     

    Une histoire antique en somme, toujours la même, celle du syndrome d’hubris, thème central des tragédies grecques, considéré comme le plus grand des crimes. Y entendait-on mieux alors la parole des aèdes et des pythies résonner comme autant de mises en garde ? L’humain, même milliardaire et transhumanisé, n’échappera pas à la loi des cycles, la Némésis tôt ou tard viendra frapper pour ramener tout imbécile trop imbu à un peu plus d’humilité. En attendant, allons ramasser des mûres et buvons à même la langue des poètes et des pythonisses, ces rescapés de toutes sortes de tragédies qui continuent à naître, siècle après siècle, apportant avec eux les graines vives d’un monde autre.

     

    Ce numéro 70 correspond justement à l’année de ma naissance, cette revue est une des toutes petites graines que je lance au vent de cette époque si agitée, merci à vous de lui permettre de germer encore et encore entre vos mains !

    CG

     

     

    Un virus dans le monde entier, confine des peuples qui se révoltaient

    contre les injustices du Capitalisme mondial.

    Philippe K. Dick in La Vérité avant-dernière (1964)

     

    SOMMAIRE et cie : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/

     

     

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    Welcome to the playground, 2021

     

     

     

     

  • Stéphane Mallarmé

     

    Le vierge et le vivace et le bel aujourd’hui

    Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre

    Ce lac dur oublié que hante sous le givre

    Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

     

     

     

     

  • Julos Beaucarne - Femmes et hommes

    Pour la troisième fois sur ce blog, je reposte ce magnifique texte et aujourd'hui pour saluer le départ du poète :

     

    Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
    Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
    Ne vous laissez pas attacher
    Ne permettez pas qu’on fasse sur vous
    Des rêves impossibles
    On est en amour avec vous
    Tant que vous correspondez au rêve que l’on a fait sur vous
    Alors le fleuve Amour coule tranquille

    Les jours sont heureux sous les marronniers mauves
    Mais s’il vous arrive de ne plus être
    Ce personnage qui marchait dans le rêve
    Alors soufflent les vents contraires
    Le bateau tangue, la voile se déchire
    On met les canots à la mer
    Les mots d’amour deviennent des mots couteaux
    Qu’on vous enfonce dans le cœur
    La personne qui hier vous chérissait
    Aujourd’hui vous hait.
    La personne qui avait une si belle oreille
    Pour vous écouter pleurer et rire
    Ne peut plus supporter le son de votre voix

    Plus rien n’est négociable
    On a jeté votre valise par la fenêtre
    Il pleut et vous remontez la rue
    Dans votre pardessus noir
    Est-ce aimer que de vouloir que l’autre
    Quitte sa propre route et son propre voyage ?
    Est-ce aimer que d’enfermer l’autre
    Dans la prison de son propre rêve ?

    Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
    Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
    Ne vous laissez pas rêver par quelqu’un d’autre que vous-même
    Chacun a son chemin qu’il est seul parfois à comprendre
    Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
    Si nous pouvions être d’abord toutes et tous
    Et avant tout et premièrement
    Des amants de la Vie
    Alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs, ces éternels mendiants
    Qui perdent tant d’énergie et tant de temps
    À attendre des autres, des signes, des baisers, de la reconnaissance

    Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la Vie
    Tout nous serait cadeau, nous ne serions jamais déçus
    On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
    Moi seul connais le chemin qui conduit au bout de mon chemin
    Chacun est dans sa vie et dans sa peau
    À chacun sa texture, son tissage et ses mots.

     

     

     

     

     

  • Atelier Collage & écriture du 13 septembre 2021

     

     

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    K.

     

     

    Une explosion de vie, des tapis de couleurs, des fleurs acidulées, dans un kaléidoscope en accordéon. Celui de l’herboriste du coin de la rue qui fume une clope et boit son café d’un air désabusé. 

    J.

     

     

    Je me balade dans ton printemps, je le visite en herboriste curieuse au son d’un accordéon imaginaire. Chant de lumière et de miroirs à travers un kaléidoscope à géométrie variable. Marelle improbable de petits carrés brillants qui fredonnent la vie en rose.

    O.

     

     

    Mes yeux voient des tâches géométriques dispersées dans ce kaléidoscope coloré, parsemé de bouquets de fleurs variés d’herboristes.

    On semble voir fleurir le printemps mais cet œil sévère veut-il nous priver de la joie de nous emplir de toute cette lumière fortifiante ?

    S.

     

     

    La vie est comme le soufflet de l'accordéon.

    Elle est à géométrie variable.

    Le cycle des saisons amène le printemps; cet herboriste qui éclaire de sa lumière 

    Et permet de faire tourner le kaléidoscope de la vie.

    K.

     

     

    Aujourd’hui, c’est le printemps. La lumière et le son d’un accordéon filtrent à travers les persiennes. Alanguie sur des tapis profonds, tu bois la vie en rose. Ton œil au kaléidoscope s’extasie. Géométries mouvantes. Tu vis l’instant présent très longtemps. Tu n’as pas vu s’avancer la pénombre et le manque qui te submergent. L’herboriste du coin de la rue sera-t-il encore là ?

    L.

     

     

    Rideaux de perles bonbons, fractions de réalité à géométrie variable, visions kaléidoscopes, bouquets de lumière, labyrinthes phosphorescents en accordéons de printemps…

    Dans la tasse rose que nous a tendu l’herboriste, le breuvage n’était certainement pas que du thé ! Nous voilà, voyageant sur des tapis volants, l’œil fixe, pupilles dilatées. Les lièvres, la tortue, le serpent, nous invitent au cœur de la matière.

    Comment s’appelle-t-elle l’herboriste ? Oui, il se pourrait bien que ce soit Alice.

    C.

     

    *

     

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    J.

     

     

    Je comprends pourquoi ce chat est en colère… des gallinacées qui jouissent de toute liberté sous ses yeux… quel désordre !!! 

    Un coq ironique, une poule indifférente et l’oiseau haut perché toise tout ce monde à moins qu’il soit inquiet de voir le danger dans le lointain … pour lui, pas de mystère, notre Terre est en péril… 

    S.

     

     

    Parlons de mystère !!!

    Nous attendons une révolution mais l'ironie c'est qu'une minorité

    reste indifférente à cette liberté.

    Alors règne le désordre.

    K.

     

     

    L’ironie et le mystère de ces temps perturbés, génèrent le désordre dans l’indifférence. Notre planète demande que nous l’aimions et même les animaux résistent.. mais si peu. Une révolution des cerveaux, pour une liberté de la vie, est à clamer...

    J.

     

     

    Les corps en liberté dérisoire s’entassent sur la plage. Ils se cachent derrière des bouts de tissu. Oubliés la révolution sexuelle et Fritz le chat ! Tel un oiseau à l’ironie primesautière, je préfère regarder en face l’origine du monde, perchée sur mon échelle. Au fond du jardin, très loin de l’indifférence, je sens le joyeux désordre s’emparer de mes sens et niché au creux de mes reins ce picotement qui ne fait plus aucun mystère. Avec envie, je contemple par-dessus la haie, mon voisin nu au soleil.

    L.

     

     

    C’est l’histoire d’un mystère, celui de l’indifférence profonde. Je n’ai jamais su dire. Bouche muette, je crie ma révolte et ma colère, invente une révolution de plus, liberté chérie, en dessinant l’ironie du désordre de l’esclavagisme moderne. Concert de poules et d’oiseaux tonitruants, la basse-cour dit l’opinion qui rappelle une chanson, celle des poulaillers d’acajou. Tout le monde s’en fout : personne ne voit , personne n’entend !

    O.

     

     

    Dans le désordre d’un système devenu fou, où l’humain civilisé est un poulet arrogant qui se pavane sur les plages, où la bouche lisse des usines détruit les dernières réserves d’oxygène et où bientôt le brin d’herbe et l’oiseau ne seront plus qu’un souvenir, les chats de gouttière sortent la nuit et viennent pisser sur les murs des jets de couleurs indélébiles qui clament justice et liberté. Des chats sauvages qui fomentent aux pieds des échelles, des révolutions-mystères, des flammes vives, des pas de côté, qui trempent dans le rouge de leur colère, les bombes d’une inaliénable ironie.

    C.

     

     

    *

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    S.

     

     

    La nature est exubérance ; les pratiques chamaniques en attestent.

    Ces pratiques d'or qui soignent les troubles d'une certaine Maëva.

    K.

     

    Les Maoris aujourd’hui, célèbre Maèva. Les fleurs de tiaré embaument, dans l’exubérance de la nature. La cérémonie chamanique trouble les participants. Le soir tombe sur l’or du ciel, les chants dureront toute la nuit. 

    J.

     

     

     

    L’appel hypnotique te pénètre. Tu rejoins sur le sable Maeva, déesse de l’exubérance, invoquée dans le trouble de la transe. La nature saupoudrée d’or, de parfums et de poudres chamaniques t’emporte au paradis.

    L.

     

     

    Maeva, ton exubérance nous éblouit, tu portes toute la beauté de la nature en te parant de trésors sortis des mers ou de la Terre…

    Trop de beauté appelle les esprits chamaniques, ces petits hommes rouges surgissant et ce ciel menaçant tombant nous troublent… Maeva reste avec nous … On veut croire que le monde peut être aussi beau !!!

    S.

     

     

    Incantation de feu. Danse du soleil. Sous l’influence des adjurations chamaniques, Maéva, l’enchanteresse, dégrafe l’exubérance de sa nature : explosion de fleurs et de coraux, jets de senteurs exquises. Je retiens l’or au creux de ma paume, l’or du temps que je sens glisser vers le lagon. Il enfante un trouble cristallin, m’entraîne dans un tourbillon sauvage, trop limpide pour m’y noyer.

    O.

     

     

    Maeva ferme les yeux, sent le sable sous ses pieds, la mer dans ses oreilles, le coeur-tambour. Maeva danse, le corps tatoué d’ocre rouge, elle danse et tourne et le ciel tourne avec elle. Les hommes frappent dans leurs mains et Maeva, femme nature, parée de fleurs, de coquillages, toute en courbes et exubérance, entre en transe. Rituel chamanique, cérémonie océanique, Maeva a de l’or plein les doigts, tous ceux qu’elle touche s’illuminent et les novices ont le regard qui se trouble. Maeva, Maeva déesse-étoile, se fond en eux, pollinise leur âme.

    C.

     

     

    *

     

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    O.

     

     

    La maison du sage est éclairée, les regards convergent vers la mer et la forêt des grands singes frissonnent. C’est là que se déclare l’origine du monde, le primitif ne doit pas être une fracture. Donner un sens à la vie moderne devra être respecté, car nos ancêtres vivent toujours en nous.

    J.

     

     

    Comme un idéogramme chinois en haut à droite du collage m'interpelle et m'évoque le caractère  "grand" en chinois constitué du caractère "homme ".

    Si l'on doit donner un sens à la vie, elle débuterait plutôt à l'origine par un mode primitif mais nous pouvons constater qu'une fracture est observable.

    K.

     

     

    Qui est-ce ? Lucie, notre bipède des origines…

    Regarde t-elle le Monde avec ce regard ensablé, voit elle que la vie humaine primitive qu’elle a vécu a tant évolué, créant bien des fractures … 

    Après ces millions d’années, comme elle, on cherche à survivre et le sens qui nous mènera à un Monde plus supportable.

    S.

     

     

    Les tombes et les non-humains sont des vestiges d’un monde primitif, premier. L’homme entraîne la civilisation dans sa course effrénée vers le mur. Mais il avance quand même tête baissée. Sans connaître le sens, malgré son GPS. Sans connaître la vie et le secret des origines. La fracture qui le pourfend, seul son regard la trahit.

    L.

     

     

    La grande fracture a divisé l’être humain, l’a déchiré entre la Terre et le monde. Sa quête arrogante de transcendance l’a égaré, il s’est détourné de lui-même, s’est coupé de sa nature et dans l’abîme qu’il a peu à peu creusé, croyant toucher aux cieux, il n’a saisi que matière morte. Il a perdu les savoirs primitifs, l’instinct de survie, la sagesse des plantes, le cœur animal connecté à celui de la Terre, ses battements, sa pulsation… Il a perdu le sens de sa vie, la boussole intérieure.

    C.

     

     

    Singe ou poisson, pattes ou nageoires, origines de l’évolution de l’homme ressassées à l’endroit ou à l’envers. Pauvre mémoire ancrée dans la peau pour tenter d’éradiquer le primitif et trouver un sens à la vie ! « De l’inconvénient d’être né » écrivait Cioran. Nous sommes tous des coups pour rien dans le ventre de la terre, nous nageons dans le placenta de l’absurde : blessures dès l’enfance, fractures ouvertes, grands fracas, séismes à fleur de vie, pendant que s’inscrivent le numérique, l’informatique et tous les hic pour réinventer le monde. 

    Singe ou poisson, la belle affaire !

    O.

     

     

    *

     

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    L.

     

     

    Portons un regard sur l'Occident : " quelle empreinte de vie l'humain laissera sur cette terre ?"

    K.

     

     

    Je vois les empreintes de la vie, dans tous ces regards humains.

    C’est un jeu, l’occident maintenant ressemble à un théâtre de masques.

    J.

     

     

     

    L’empreinte du pied, les regards tristes, animaux et humains, donnent de la vie à la matière terre qui est partout, seul un coin de ciel bleu de l’occident soulage cette oppression.

    S.

     

     

    Raconte-moi l’Occident comme le voient encore les humains, ceux qui savent les regards purs. Emmène-moi au creux de la terre où la vie existe encore. Insuffle-moi le désir ! Qu’il exulte, sans empreinte aucune ! Oublie les pitreries du clown blanc, raconte-moi l’espoir !

    O.

     

     

    Nombril, première empreinte indélébile. Avant la main sur la paroi et le pied dans la glaise de la grotte, premier abri des humains et des bêtes. La vie et la mort dépendent d’un regard. Chaque être a su trouver sa fragile place sur cette terre et disparaître sa tâche achevée. Et tout a recommencé.

    « C’est ainsi depuis la nuit des temps » dit l’homme sage. « Redeviens petit et humble mon ami clown Occident. Le nombril du monde, c’est l’abeille, pas ton dard venimeux ». 

    L.

     

     

    La ruche a perdu son miel, la main froide de la violence a marqué la Terre de son empreinte. Humain, sauras-tu soutenir le regard de l’animal que tu extermines ? La vie qui t’a été transmise depuis l’origine ? Cet ADN que t’ont légué tes ancêtres, a-t-il toujours été contaminé par ce gène de domination ? Ô toi, clown blanc d’Occident à la si grosse tête, si tu pouvais contempler ton crâne et voir à quel point il est vide quand il n’est plus connecté au tambour du vivant. Qu’as-tu fait de ta vie, humain, pourquoi as-tu laissé la ruche perdre son miel ?

    C.

     

     

    *

     

     

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    C.

     

     

    L’œil de notre monde visionne l’anachronisme et l’écartèlement de toutes ses richesses, il joue à colin-maillard en désignant une cible dans la malveillance. Cette épopée est cruelle et génère des décalages dans le jeu de la vie et dans notre futurisme.

    J.

     

     

    C’est le cas de le dire, nous jouons à colin-maillard dans cette société.

    Si la cible, c'est de vivre, drôle d'épopée entre l'écartèlement de nos vraies origines et ce monde futuriste.

    Quel anachronisme !

    K.

     

     

     

    Je ne comprends pas ce collage…

    Il en est ainsi d’œuvres trop complexes ou trop futuristes…

    Bien sûr cette cible centrée me dirige vers l’anachronisme entre la limousine flambante et cette dame d’un autre siècle jouant à colin-maillard…

    Faut il se transposer dans une épopée imaginaire pour y voir un sens ?

    Je comprends la démarche de l’artiste qui interpelle ou interroge…

    Pour moi il y a « écartèlement » entre le désir de rentrer dans l’œuvre et l’incapacité à la déchiffrer. Mais faut–il la déchiffrer ?

    S.

     

     

    Nous vivons une épopée formidable au futurisme et aux anachronismes assumés. Le western cyberpunk aborigène a rendez-vous avec la Mondaine. Tarantino et Robocop déboulent sur la planète du jeu de l’amour et du hasard. La mère de Cupidon joue à colin-maillard les fesses à l’air et prend pour cible un Spiderman lascif. Englué dans sa propre toile, il est en proie à l’écartèlement et s’interroge : « suis-je un homme ? Suis-je une femme ? »

    L.

     

     

    Partie de colin-maillard pour déjouer le temps de notre épopée infernale où nous confondons les anges et les démons. Je reste ta cible, même si tu t’enfermes, buté et muet, dans un futurisme inventé où la vie ne peut être qu’écartèlement. Quel avenir pour deux étrangers ? Ballotés par l’anachronisme de nos rêves, isolement ou légèreté, recul ou puissance, nous oublions la roue qui tourne. Le compte à rebours a commencé. Tic-tac. Pourtant, j’aime jouer à avancer vers toi, les yeux bandés.

    O.

     

     

    Sur son terrain de jeu, Homo sapiens joue à colin-maillard entre futurisme et anachronisme. Sa tragédie est cet écartèlement entre infiniment petit et infiniment grand, il chute au cœur de sa propre cible, rêve de déesses-mères dominatrices et d’angelots libres. L’épopée de la vie lui demeure un mystère, d’aussi loin qu’il se souvienne, il a toujours été habile à perdre la mémoire de son origine cosmique.

    C.

     

     

    *

    Un grand merci à toutes les participantes !

    PROCHAIN ATELIER EN OCTOBRE