Massive attack - black milk
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Poème de la cassure
Je sais la cassure du petit matin, l’aplomb brutal de midi, la sournoise inversion du soir
Je sais le vertigineux à-pic de la nuit et l’accablante horizontalité du jour
Je sais les hauts et les bas, les hauts d’où l’on retombe à coup sûr, les bas dont on ne se relève pas
Je sais que le chemin de la douleur n’a de stations qu’en nombre limité
Je sais le souffle haché, le souffle coupé, l’haleine fétide, les effluves d’air cru et les émanations du gaz de ville
Je sais les étreintes vides, la semence crachée par dépit sur la porcelaine
Je sais la face du mot qui vous sera renvoyée comme une gifle
Je sais que l’amitié et l’amour n’ont pas d’aubier
Je sais que les amarres rompues, le cou brisé, la semelle usée ont pour commun dénominateur la corde
Je sais que la détonation contient le même volume sonore que les battements de cœur qui bâtissent toute une vie
J’ai vécu pour savoir et je n’ai pas su vivre.
(Septembre 1959)
Tout en ce monde est constamment en mouvement. La terre, le temps, les idées, l'amour, la vie, la foi, la justice, le mal. Tout est fluide, tout est transitoire. Rien ne reste éternellement au même endroit, sous la même forme.
in Kafka sur le rivage
C’est la mer qui s’emballe
Et débonde le cœur
C’est la main sur mon sein
Qui colmate la brèche
in Penser maillée
Oublier les mots, manger les mots. Chamade des nerfs. Neige majuscule.
Césure magicienne, le geste qui ouvre la mer.
cg in Le poulpe et la pulpe (Cardère 2010)
Il y a une émotion encore plus forte que celle de tuer, c'est celle de laisser la vie.
Je vous salue névrosés !
Parce que vous êtes sensibles dans un monde insensible, n’avez aucune certitude dans un monde pétri de certitudes
Parce que vous ressentez les autres comme si ils étaient vous-mêmes
Parce que vous ressentez l’anxiété du monde et son étroitesse sans fond et sa suffisance Parce vous refusez de vous laver les mains de toutes les saletés du monde, parce que vous craignez d’être prisonniers des limites du monde
Pour votre peur de l’absurdité de l’existence
Pour votre subtilité à ne pas dire aux autres ce que vous voyez en eux
Pour votre difficulté à gérer les choses pratiques et pour votre pragmatisme à gérer l’inconnu, pour votre réalisme transcendantal et votre manque de réalisme au quotidien
Pour votre sens de l’exclusivité et votre peur de perdre vos amis proches, pour votre créativité et votre capacité à vous extasier
Pour votre inadaptation à « ce qui est » et votre capacité d’adaptation à « ce qui devrait être », pour toutes vos capacités inutilisées
Pour la reconnaissance tardive de la vraie valeur de votre grandeur qui ne permettra jamais l’appréciation de la grandeur de ceux qui viendront après vous
Parce que vous êtes humiliés alors que vous veillez à ne pas humilier les autres, parce que votre pouvoir immense est toujours mis à bas par une force brutale; et pour tout ce que vous êtes capable de deviner, tout ce que vous n’exprimez pas, et tout ce qui est infini en vous
Pour la solitude et l’étrangeté de vos vies
Soyez salués !
La vraie beauté est terrifiante, elle surgit du chaos quand elle n’y conduit pas, création et destruction dansent ensemble jusqu’à la fin des temps. Vie et mort indissociables, tellement que c’en est inconcevable, terrible ! C’est pourquoi nous jurons du contraire, à corps et à cris, amour et haine.
cg in Calepins voyageurs et après ?