Mars Reconnaissance Orbiter - Cratère d'impact Victoria - octobre 2006
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Là règne un homme qu'on appelle le Paysan. Les Tranchées, c'est affaire de remueurs de terre, c'est affaire de paysans. C'est l'installation de la guerre à la campagne, dans un décor de travaux et de saisons. Les Tranchées, c'est le retour à la terre.
En fait, il restait surtout des paysans dans les tranchées. A la mobilisation, tout le monde était parti gaiement. Se battre, le Français aime ça (pourvu qu'il y ait un brin de clairon à la cantonade). L'offensive, la Marne, la course à la mer, un coup de gueule dans un vent d'héroïsme : ça va, ça va ! Avec un sou d'enthousiasme, on peut acheter cent mille hommes. Mais après les grandes batailles, dès qu'on s'arrêta, lorsque vint l'hiver avec ses pieds gelés, et la crise des munitions aidant, l'occasion, la chair tendre, les malins se débinèrent. Chacun se découvrit un poil dans les bronches, un quart de myopie, et d'ailleurs une vocation chaude, une âme de tourneur. Les avocats plaidèrent beaucoup pour l'artillerie lourde. Les professions libérales mirent la main à la pâte. Ce fut un printemps d'usines.
Le paysan, lui, resta dans les Tranchées.
Il se tient là, dans son trou, tapi comme ces blaireaux, ces fouines qu'il connaît bien. Creuser le sol, ça le connaît, n'est-ce pas ! Il creuse, de Dunkerque à Belfort, des lignes profondes. De l'époque des semailles jusqu'au mois des moissons, il creuse. A l'heure où le raisin mûrit, à l'heure où le colza lève, il creuse. Il creuse, dans la longue terre maternelle, des abris comme des épouses, des lits comme des tombes. Chaque tranchée est un sillon, et chaque sape un silo. Ces boyaux, ils sentent la bonne cave. Mille souvenirs champêtres fleurissent dans les entonnoirs. La terre est une grande garenne. Les copains soufflent comme des vaches à l'étable. Le flingot a un manche de fourche. Et toutes ces armes industrielles, ces engins nouveaux comme des étoiles, ces crapouillots à quatre pattes, ces lance-mines et ces tas d'obus fauves, tout a un grand air animal, un air d'animaux à cornes. La lune est toujours la lune des prairies. Il y a un merle sur une gueule de canon. De la pluie, de la pluie qui fait germer les avoines. Et le vent des tuiles passe sur les hommes de chair.
extraits des Poilus (1926), Grasset
Merci jlmi !
Voix : Carolyne Cannella
il ne s'agit déjà plus de vivre, mais de l'attitude à adopter face à notre anéantissement
in Lettres de Westerbock
Ce film nous offre une rencontre inédite avec Goliarda Sapienza, l’autrice culte de L’art de la joie et son héroïne insoumise Modesta, pour révéler la charge révolutionnaire, subversive et même scandaleuse de ce chef-d’œuvre incontournable de la littérature du 20ème siècle, refusé pendant près de 30 ans par les éditeurs italiens et finalement publié en France, dix ans après sa mort. Les trajectoires de ces deux femmes désirantes s’entremêlent vers une même puissance émancipatrice : la joie d’écrire sa propre vie.
En ce moment sur Arte :
https://www.arte.tv/fr/videos/113602-000-A/desir-et-rebellion-l-art-de-la-joie-goliarda-sapienza
Voir aussi : http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2023/02/24/goliarda-sapienza-l-art-de-la-joie-6429991.html
Quelques extraits de ce numéro sorti en octobre 2023, avec des textes de Sandrine Davin, Jean-Louis Clarac, Amandine Gouttefarde-Rousseau, Alain Nouvel, Josette Soulas Moyes, Bruno Giffard, Cathy Garcia Canalès & un poème d'Abdellatif Laâbi. Morceaux choisis et lus par Cathy Garcia Canalès.
En savoir plus : http://larevuenouveauxdelits.hautetfort.com/
Coulée dans le béton
coulée mais pas touchée
d'un bloc comme un mur
coulée compressée
grise béton
cauchemar
dont il faudra se réveiller
coulée coincée
sous les bombes
in en cours
Éclaboussures à l'horizon
grand ciel en miettes
des tâches sur mon cœur
quelque chose qui rampe
vers la lumière
in en cours