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CATHY GARCIA-CANALES - Page 907

  • Pieds nus dans R. de Perrine Le Querrec

     

    Ed. Les Carnets du Dessert de Lune, collection Pousse-café, février 2015.

     

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    28 pages, 5 €.

     

     

    Petit joyau ce pousse-café là, tête-bêche en plus : Pieds nus dans R. ou Barefoot in R. dans sa version anglaise, traduit en anglais par Derek Munn. Petit joyau car la plume de Perrine Le Querrec quand elle ne la laboure pas, vole au-dessus de la page, et il pleut des mots, il pleut de la langue de poète, de celle qui enivre, que l’on boirait encore et encore, jusqu’à tomber par terre ivre vivant ! Ce livre dédié à N. parle d’un il qui revient de R. pieds nus : j’ai perdu mes chaussure à R., me dit-il en arrivant. (…) R. qui se targue d’être la Ville, une ville tout en cadres en bordures en netteté. Comment cela a-t-il pu arriver ? Comment perdre ses chaussures, sa raison, son assise et son apparence, comment se délacer - ô savoureux double sens -, s’égarer, se soustraire aux codes de R., nation d’ordre, de discipline où le premier pas de l’enfant est calculé à la courbe du rendement de R. ? Oui, comment ? Dans un rythme entrainant, envoûtant qui galope sur la page comme une épidémie de pieds nus justement, on se laisse gagner par l’exaltation liberterre de ce nudisme, deux pieds, nus de chair de veines et d’os, de pieds sans semblants, sans artifices ni parures. Ô délicieuse impudence, n’hésitez pas, emparez-vous de ces petites pages de rien du tout, énormes, qui dévalent, osez cette vision insupportable, crue, cruelle mordante, miraculeuse. N’hésitez pas, déchaussez vous !

     

    Cathy Garcia

     

     

     

    perrine le querrec.jpgPerrine Le Querrec est née à Paris en 1968. Ses rencontres avec de nombreux artistes et sa passion pour l’art nourrissent ses propres créations littéraires et photographiques. Elle a publié chez le même éditeur Coups de ciseaux, Bec & Ongles (adapté pour le théâtre par la Compagnie Patte Blanche) et Traverser le parc et La Patagonie. Et puis No control, Derrière la salle de bains, 2012 ; Jeanne L’Étang,  Bruit Blanc, avril 2013 ; De la guerre, Derrière la salle de bains, 2013 ; Le Plancher, Les doigts dans la prose, avril 2013. Elle vit et travaille à Paris comme recherchiste indépendante. Les heures d’attente dans le silence des bibliothèques sont propices à l’écriture, une écriture qui, lorsqu’elle se déchaîne, l’entraîne vers des continents lointains à la recherche de nouveaux horizons. Perrine Le Querrec est une auteure vivante. Elle écrit dans les phares, sur les planchers, dans les maisons closes, les hôpitaux psychiatriques. Et dans les bibliothèques où elle recherche archives, images, mémoires et instants perdus. Dès que possible, elle croise ses mots avec des artistes, photographes, plasticiens, comédiens.

     http://entre-sort.blogspot.be/

     

      

    derek munn.jpgDerek Munn est né en Angleterre en 1956. Installé en France en 1988, il a enseigné l’anglais dans une école de langues à Paris pendant six ans. En 1994, il a déménagé dans le Sud-Ouest. Il a publié Mon cri de Tarzan, Laureli/Léo Scheer, Un paysage ordinaire, Christophe Lucquin Éditeur.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Jean Gédéon

    Grands nuages de la faim, morcelés,

     Souffrant nuages de la douleur sans nom,

     Passants d’un autre monde sitôt oubliés,

      

    Si riches d’espérances, de lendemains

     Qui hantent,

      

    Nuages fracassés.

     

    in Crispations

     

     

     

  • Justin Jin - Artique

    Justin-Jin-Arctic-Tents, or ‘chums’, shield herders from temperatures of -45 Celsius (-40F) in the Nenets Autonomous Region..jpg

    Tentes , ou « chums » , des éleveurs dans la région autonome des Nenets,

    avec des températures de -45 degrés Celsius

     

     

     

    Justin-Jin-A Nenets herder rounds up his reindeers. The meat is sold to sausage factories and the horns to China for use as aphrodisiacs..jpg

    Un éleveur de rennes Nenets éleveur. La viande est vendue aux usines de saucisses

    et les cornes en Chine comme aphrodisiaques.

     

     

     

    Justin-Jin-Arctic A bay in Teriberka, a once-prosperous fish-processing community.jpg

    Baie Teriberka, une communauté autrefois prospère (activité de transformation du poisson)

     

     

     

    Justin-Jin-Gas emitted from the nickel mining combine in this Russian Arctic town kills almost all vegetation within a 5 km radius. The combine, built in 1937 during Stalin's sulphur dioxide.jpg

    Le dioxyde de soufre émis par l'exploitation du nickel dans cette ville Arctique russe tue

    presque toute la végétation sur un rayon de 5 km. L'usine a été construite en 1937 sous Staline.

     

     

     

    Justin-Jin-Lights shine from the last occupied flat in an apartment block in Komi.jpg

    Immeuble de Komi, si le chauffage s'arrête dans ces appartements c'est la mort assuré

    pour les occupants.

     

     

     

     

  • Le mémo d’Amiens de Jean-Louis Rambour

    éd. Henry, coll. La main aux poètes, octobre 2014. Vignette de couverture : Isabelle Clement.

     

     

     96 pages, 8 euros

     

    « C’est un pays étrange, cette ville, avec tous ces gens », c’est sur cette citation du Clézio que s’ouvre ce recueil, qui bien que tenant dans la poche, pèse son poids de vies humaines et d’un siècle condensé. 90 « poèmes-photos », 90 portraits de 14 lignes. Une ville, Amiens et des gens, des habitants. Des prénoms, quelques noms, des histoires, des rêves, des ambitions, des douleurs, des misères, des saloperies aussi de tout un siècle découpé en guerres, en entre-deux, en révolutions.

     

    « Ici Julia parle de la grande souffrance d’Amiens (…)

    La grande souffrance dit-elle Deux guerres mondiales

    À elle seule L’idée qu’on a pris forme humaine

    Pour vivre la somme des malheurs la note élevée

    Pris forme humaine pour offrir ses ruines »

     

    Toute cette grande machinerie de l’Histoire à coups de bottes, de pieds résolus, de pieds nus, de pieds noirs, d’escarpins tourbillonnant après l’amour, la grande marche de l’Histoire à coups de bombes, de bulldozers, de bâtiments qui s’effondrent, de bâtiments qui se dressent, de fermes qui disparaissent, de zones et d’entreprises aux noms anglo-saxons qui engraissent. Et les gens, les gens qui vivent tout ça, des gens qui habitent, font et défont la ville, des gens venus de là et d’ailleurs, tout plein de mémoire et de trous.

     

    On construit on construit Les ouvriers de Pi and Dji

    Ont besoin de murs autour de leurs lits

    De fenêtres pour imaginer des libertés

    Sans compter qu’il y a Good Year Cyclam

    Plastic Omnium Unither Scott Bader Vidam

    Whirpool Faiveley Mersen France Sans compter

    La guerre d’Algérie qui jusqu’ici distribue ses exils

     

    Beaucoup de noms dans le mémo d’Amiens, un mémo c’est fait pour ça, pour ne pas oublier, les noms de personnes, noms de rues, de places, de quartiers et de ciel et de pays aussi laissés derrière, mais dont quelques graines sont venus les unes après les autres, fleurir la ville de couleurs nouvelles. De parfums nouveaux.

     

    Geneviève, Rémi, Georges, Laurent, Isabelle, Lucienne, Léon… A eux seuls, les prénoms, tout un poème. Nemrod venu du Tchad jusqu’à cette ville d’Amiens où L’eau ne fait que glisser dans les tuyaux de cuivre et où la misère pourtant est belle de ses salle de bains/Et ses terrasses de café où la bière est en or. Là où Boris flotte avec les nuages des gitanes/La bière sa petite odeur d’urine d’âne surie.

     

    Il y a le travail, ses travailleurs et ses exclus et il y a le foot. Daniel (…) estime qu’un ballon est un bon résumé/De l’aventure humaine Tous les globes d’ailleurs/Plus généralement Les globes et les nombrils.

     

    Jennifer, Chaïma, Yliès, Caetano, Germain, Gilles, Jacqueline. Gilles qui se fait appeler Njango. Habib, Jésus, Anna et puis les épiciers, Monsieur et Madame Tellier. On ne pèse plus les pâtes/Le riz, la levure On ne râpe plus le fromage/On ne surveille plus l’intégrité des grains de café/On ne se fait plus servir  C’est le début du non-partage/On apprend le mot de self-service On s’en repaît (…) Le curé tente d’excommunier le chewing-gum/Mais en vain/On entre dans l’ère du self et du look

     

    Le château d’eau du Pigeonnier devient le poste de surpression d’eau potable dépendant du département eau et assainissement/De la mairie d’Amiens sous la responsabilité de l’agent Matthieu Bernard.

     

    Les temps changent, tout change mais la nuit a t’elle perdu la manie misérable d’accoucher ses cauchemars chats noirs/Ses ogres bossus aux manches de chandail/Luisantes de pailles et du mucus des limaces ?

     

    Amiens sous la plume de Jean-Louis Rambour nous laisse découvrir son intimité, les dessous de ses visages innombrables, son grand théâtre…

     

    Ch’est nous chés tchots/Conmédiens/Chés viux cabotants d’Anmiens*

     

    Le mémo d’Amiens est un hommage poignant, sensible mais surtout pas mièvre, au contraire digne, lucide, sans concession, hommage aux femmes et aux hommes, d’où qu’ils viennent, qui forment le vrai ciment des murs d’une ville, qui la font tenir debout, en lui offrant encore un souffle d’humanité, aussi chargé soit-il.

     

    Cathy Garcia

     

     

    *(C’est nous les petits comédiens/les vieux cabotins d’Amiens, dans la chanson d’adieu des marionnettes traditionnelles picardes, par Maurice Domon)

     

     

    Jean-Louis Rambour né en 1952, à Amiens, vit toujours en Picardie.

    Bibliographie :

    Mur, La Grisière, 1971
    Récits, Saint-Germain-des-Prés, 1976
    Petite biographie d’Édouard G., CAP 80, 1982
    Le poème dû à Van Eyck, L’Arbre, 1984
    Sébastien, Cahiers du Confluent, 1985
    Le poème en temps réel, CAP 80, 1986
    Composition avec fond bleu, Encres Vives, 1987
    Françoise, blottie, Interventions à Haute Voix, 1990
    Lapidaire, CAP 80, 1992
    Le bois de l’assassin, Polder, 1994
    Le guetteur de silence, Rétro-Viseur, 1995
    Théo, Corps Puce, 1996 / La Vague verte, 2005
    L’ensemblier de mes prisons, L’Arbre à paroles, 1996
    Le jeune homme salamandre, L’Arbre, 1999
    Scènes de la grande parade, Le Dé bleu, 2001
    Pour la fête de la dédicace, Le Coudrier, 2002
    La nuit revenante, la nuit, Les Vanneaux, 2005
    L’hécatombe des ormes, Jacques Brémond, 2006
    Ce monde qui était deux, Les Vanneaux, 2007

    Le seizième Arcane, Corps Puce, 2008 (préface de Pierre Garnier)
    Partage des eaux, Ateliers des éditions R. & L. Dutrou, 2009 (dessins de René Botti)
    Cinq matins sous les arbres, Vivement dimanche, 2009
    Clore le monde, L'Arbre à paroles, 2009 (frontispice de Benjamin Rondia)
    Anges nus, Le Cadran ligné, 2010
    mOi in the Sky, Presses de Semur, 2011
    La Dérive des continents, Musée Boucher-de-Perthes d'Abbeville, 2011 (huiles de Silère et préface de Pierre Garnier)
    Démentis, Les Révélés, 2011 (livre d'artiste réalisé avec le peintre Maria Desmée)
    La Vie crue, Corps Puce, 2012 (encres de Pierre Tréfois et préface de Ivar Ch'Vavar)
    Au Commencement était la bicyclette, Université de Picardie Jules-Verne, 2014 (25 textes pour le catalogue d'une exposition du peintre Silère)


    Jean-Louis Rambour a également publié des recueils de nouvelles et des romans : Les douze Parfums de Julia (sous le nom de Frédéric Manon), La Vague verte, 2000 (Prix du livre de Picardie Club de lecteurs 2001) ; Dans la Chemise d'Aragon, La Vague verte, 2002 (Prix du livre de Picardie 2003) ; Carrefour de l'Europe, La Vague verte, 2004 ; Et avec ceci, Abel Bécanes, 2007.

     

     

  • Keltoum Staali

    Celui qui est mort sans dire son nom

    Dans la barbarie de la guerre

     Front immobile contre l’horizon

     Celui qui dort au fond de la terre

     Dans la paix des cimetières

     Et nous attend

     

     in je déserterai mon nom