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CATHY GARCIA-CANALES - Page 16

  • Jan Richardson

    I cannot tell you
    how the light comes.
    What I know
    is that it is more ancient
    than imagining.
    That it travels
    across an astounding expanse
    to reach us.
    That it loves
    searching out
    what is hidden
    what is lost
    what is forgotten
    or in peril
    or in pain.
    That it has a fondness
    for the body
    for finding its way
    toward flesh
    for tracing the edges
    of form
    for shining forth
    through the eye,
    the hand,
    the heart.
    I cannot tell you
    how the light comes,
    but that it does.
    That it will.
    That it works its way
    into the deepest dark
    that enfolds you,
    though it may seem
    long ages in coming
    or arrive in a shape
    you did not foresee.


     

     

    Je ne peux vous dire 
    comment vient la lumière.
    Ce que je sais,
    c'est qu'elle est plus ancienne 
    que l'imagination.
    Qu'elle voyage 
    à travers un espace stupéfiant 
    pour nous atteindre.
    Qu'elle aime rechercher
    ce qui est caché
    ce qui est perdu
    ce qui est oublié
    ou en danger
    ou en souffrance.
    Qu'elle a une affection pour le corps
    pour trouver son chemin vers la chair
    pour tracer les contours des formes
    pour éclairer à travers l'œil,
    la main, 
    le cœur.
    Je ne peux vous dire 
    comment vient la lumière,
    mais peux vous assurer qu'elle vient.
    Qu'elle le fera.
    Qu'elle se forera une voie
    dans l'obscurité la plus profonde
    qui vous enveloppe,
    même si cela peut sembler
    prendre une éternité à venir
    ou arriver sous une forme
    que vous n'aviez pas prévue.

     

    traduit par moi-même

     

     

  • Anne Dufourmantelle

    La douceur a fait pacte avec la vérité ; elle est une éthique redoutable.

    Elle ne peut se trahir, sauf à être falsifiée. La menace de mort même ne peut la contrer.

    La douceur est politique. Elle ne plie pas, n'accorde aucun délai, aucune excuse. Elle est un verbe : on fait acte de douceur. Elle s'accorde au présent et inquiète toutes les possibilités de l'humain.

    De l'animalité, elle garde l'instinct, de l'enfance l'énigme, de la prière l'apaisement, de la nature, l'imprévisibilité, de la lumière, la lumière.

     

    in Puissance de la douceur

     

     

     

  • Lynn Bywaters - Christmas dove

    Lynn Bywaters Christmas dove.jpg

     

    Assise nue sur un tabouret haut, elle contemple les bougies, cherche le calme en elle, la paix qui tarde à venir tellement la peur est là, dans le ventre et elle voudrait qu’elle s’en aille. Elle respire, fait le vide, cherche l’oubli, que cette obsession de la mort la quitte enfin. Elle ferme les yeux, se projette ailleurs : rituel de purification, rituel de libération. Partir et laisser les morts reposer. En paix, en paix, trouver la paix. Obsession.

     

    Texte d'atelier du 26 janvier 2020

     

     

     

  • Georges de Cagliari

    LA BEAUTÉ

     

    Sous les pieds du désert, la beauté prend patience.

    Elle naîtra peut-être de l’épine dans le talon d’un nouveau-né,

    ou d’un foisonnement d’oracles à l’embouchure du silence,

    ou du parfum d’un trait entre le cri de l’œil et l’hégémonie des couleurs,

    mais toujours à partir d’un rien, comme une montagne d’un chant de pâtre.

    La beauté naîtra !

    Aussi évidente qu’un lait de brume sur l’aréole des matins.

    Elle aura pour berceau l’espace et le confinement,

    la laideur et le ciel marin,

    tout ce qui fait le sang de son enfantement.

    Contre les sentences des codes,

    malgré les griffons noirs assis sur les marches du trône,

    la beauté naîtra par surprise,

    par violence ou détournement,

    ou par magie d’esprit, dans la bure épaisse d’une folie élaborée !

    Et ce sera tresses d’azur dans l’échancrure des grottes

    et ce sera l’effarement des dunes,

    confites dans la comptabilité béates des ondulations.

    La beauté naîtra !

    Que les vagues le disent aux plages pachydermes :

    quelle que soit sa mature, elle accostera sur nos ères comme un galion d’épices pour l’ivresse des vents de terre,

    et ce sera jeux de vitrail dans la composition des pistes neuves à fouler.

    Qu’on l'assène aux masques assoupis sous la férule des beffrois !

    Ils peuvent faire rouler les dés,

    ils peuvent biseauter les cartes,

    la beauté viendra du dehors,

    par le chemin inexploré,

    par la douve vouée à la fermentation des herbes,

    par les premiers mots de l’enfant devant la porte condamnée !

    La beauté viendra.

    Déjà, des géométries impalpables s’instaurent entre le geste ancien et le battement d’ailes,

    déjà dans les pierres grises, une oasis mûrit .

    Regarde mieux !

    Non pas le cavalier et sa fanfare d’orgueil, mais la sculpture du vent entre sa monture et le ciel.

    Regarde mieux !

    Tu seras ébloui comme au commencement.

     

    in Cécité pour mieux voir, éd. de la Musaraigne