Albert Camus

in éditorial pour Combat, 8 août 1945
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in éditorial pour Combat, 8 août 1945
Francis Combes a fondé les célèbres éditions Le Temps des Cerises en 1993. Près de trente ans plus tard, il invite la poésie et la littérature humaniste à se poser à La Courneuve en y créant Le Merle moqueur, une association à vocation culturelle et artistique. Une initiative des «Poètes de le Planète» et des éditions du Merle Moqueur : la Maison de la citoyenneté, en partenariat avec la ville de La Courneuve, a accueilli une soirée dédiée à la poésie polyglotte. Des poètes et poétesses venus des quatre coins du monde, et de France, se sont réunis pour faire entendre leurs voix pour la paix.
Adresse publique
Adoptée par les poètes, écrivains et artistes réunis aux journées RESPAIX,
(Poètes de la Planète, les 19, 20, 21 Septembre 2025 à Paris - La Courneuve) - PROJET -
Nous pouvons explorer les trous noirs de l’univers mais nous laissons s’agrandir autour de nous et en nous des trous noirs qui s’ouvrent sous nos pieds et dans notre propre conscience et peuvent nous engloutir.
Tout se passe actuellement comme si le droit international, qui s’était à peu près imposé après les deux guerres mondiales, n’existait plus. C’est le règne de la loi du plus fort. Dans tous les domaines. La coexistence pacifique est oubliée et la guerre est à nouveau considérée comme normale ; dans l’économie, comme dans les rapports entre États, voire dans les relations entre individus. On peut envahir un pays voisin, envoyer la jeunesse à la mort et tuer des civils, comme dans la guerre en Ukraine.
On peut organiser un génocide, affamer et assoiffer délibérément des millions d’êtres humains, hommes, femmes, enfants, dans le but de les faire disparaître ou de les contraindre à l’exil, comme cela se passe sous nos yeux, à Gaza.
Le racisme le plus bestial, qui consiste à dénier à l’autre jusqu’à sa qualité d’être humain, est à nouveau ouvertement prôné par des hommes d’État.
Plus généralement, personne ou presque ne prend plus en considération le droit des peuples à l’auto-détermination ; ce qui serait pourtant un élément essentiel à la résolution de bien des conflits.
Au moment où le réchauffement planétaire apparaît évident et où les incendies et les catastrophes climatiques se multiplient à la surface de la Terre, les pays les plus développés, au lieu de se mobiliser pour faire face ensemble aux défis communs de l’humanité, s’engagent dans une nouvelle course aux armements.
C’est bien sûr le moyen de relancer les affaires, mais ce n’est pas que cela. Face à l’émergence de nouvelles puissances, et à un déclin relatif des anciens empires, il s’agit comme à la veille de la Première et de la Deuxième Guerre mondiales, de se partager le monde et ses richesses. Et aussi, par la militarisation des esprits, de juguler les protestations contre la corruption et les injustices qui soulèvent l’indignation des opinions publiques.
Vu l’accumulation démentielle des armes, notamment nucléaires, le moindre de ces conflits peut nous entraîner vers une nouvelle conflagration mondiale. La puissance que l’humanité détient entre ses mains est telle qu’elle peut sans doute surmonter ses problèmes les plus difficiles mais aussi s’auto-détruire et détruire ses propres conditions d’existence.
Mais il n’est pas écrit dans les étoiles que l’humanité est prête à se suicider.
Nous savons que toutes les guerres qui visent à modifier les rapports de force s’achèvent obligatoirement par des discussions et nous refusons que la vie des enfants, des femmes, des hommes passe par pertes et profits.
En tant que poètes, écrivains, artistes, hommes et femmes de langage nous savons que c’est par la parole que nous accédons à l’humanité. Et c’est par la parole que l’humanité peut se sauver. Il faut que la force du langage se substitue au langage de la force, que le dialogue l’emporte sur le monologue inégalitaire et meurtrier des armes.
Bien sûr, un poème, une chanson ne peuvent pas arrêter un missile. Mais nous ne sommes pas sans pouvoir. Nous pouvons dire la vérité, dénoncer les coupables et redonner vigueur aux raisons d’espérer. Nous sommes ici non seulement pour sauver l’honneur mais pour affirmer un courant culturel pro-paix.
Face à la guerre, face à l’échec de la mondialisation ultra-libérale qui engendre partout la montée du chauvinisme et du néo-fascisme, nous pouvons faire vivre l’idée que nous appartenons tous à la même nation, multicolore et solidaire, des habitants de la Terre.
Nous saluons les peuples qui se mobilisent et cette génération nouvelle qui se lève un peu partout dans le partage de l’indignation et de la fraternité. Nous sommes le Peuple-monde, le peuple des femmes et des hommes qui viennent des quatre coins du monde et qui se retrouvent ici et partout, car « le centre du monde est partout et chez nous ». Nous sommes partie prenante de ce peuple d’hommes et de femmes solidaires de leurs semblables et de la vie sur terre, ce Peuple-monde en puissance qui doit accéder à la conscience et à l’existence car c’est par lui que passera notre commun salut.
En tant qu’artistes, écrivains, poètes, nous n’avons pas de plus haute aspiration que d’y contribuer.






Tarmac Éditions, avril 2025, 99 pages
Image de couverture: Sylvie Coupé Thouron, préface de Christine Saint Geours



équinoxe comme une épine
plantée dans la chair
qui s'écoule en fusion
se répand dans le sang
athanor de l'automne
où la mélancolie
brasse les feuilles
combien j'ai fui
avant de savoir
accueillir
et bercer la douleur



Calmann Lévy, 2019
La mort des démocraties, titre donné à la traduction française de l'ouvrage How Democracies Die, est un ouvrage de politique comparée publié en 2018 par les politologues de Harvard Steven Levitsky et Daniel Ziblatt.
"Les démocraties ne meurent plus comme naguère, avec des coups d’État et des tanks dans la rue. Les gouvernements autoritaires s’installent désormais au pouvoir à la suite d’élections régulières.
Commence alors un processus discret de démantèlement des institutions démocratiques qui remet en cause l’indépendance de la justice, limite la liberté de la presse, noyaute les instances arbitrales et redécoupe de manière partisane la carte électorale.
Comment en arrive-t-on là?
C’est la question à laquelle répondent Steven Levitsky et Daniel Ziblatt, avec La Mort des démocraties.
Ils montrent que les institutions démocratiques ne peuvent se défendre toutes seules; elles doivent être encore accompagnées par les bonnes mœurs démocratiques des acteurs politiques: la tolérance et la retenue. Sans quoi elles se vident de leur substance.
Dans ce livre écrit dans une langue claire, Levitsky et Ziblatt analysent les dictatures du XXe siècle ainsi que les expériences autoritaires plus récentes en Hongrie, au Venezuela, au Pérou, et… aux États-Unis avec Trump. Ils montrent que l’une des premières causes de la mort des démocraties est l’introduction des comportements de guerre civile à l’intérieur même de nos débats démocratiques. Une leçon plus que jamais nécessaire pour nos démocraties européennes confrontées à la tentation autoritaire."

À paraître le 10/10/2025 aux éd. du Seuil
"Que se passe-t-il quand les discours du pouvoir cèdent à la déloyauté ? Quand les gouvernants ne cessent de mentir, sans jamais avoir à en payer le prix ? Quand la communication se permet de dire ce qui est faux, taire ce qui est vrai, et ne pas faire ce qui est dit ? Toutes les dérives deviennent possibles.
Ce livre démontre combien, loin d’avoir protégé la République française contre le déferlement mondial de la post-vérité, la présidence d’Emmanuel Macron l’y a au contraire précipitée. Il révèle comment la corruption du langage nous a plongés dans un exercice dévoyé de l’autorité, où les mots ne visent plus à éclairer le débat public, mais à l’empêcher.
Lorsque la parole officielle s’affranchit du réel, c’est la démocratie elle-même qui chancelle. Insidieusement, elle se pervertit en logocratie."
