Auteur inconnu - Ona de la Terre de Feu, se nommant eux-mêmes Selknam
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1880 carnage
Ona tous traqués immolés
Aucun exil possible sur une île
(…)
Je voyage en silence
Dans la témérité des traces
Une main posée sur la grotte du cœur.
in Ma Patagonie
Ushio Amagatsu (1949-2024)
J'ai découvert le butō en l'an 2000. Une performance lors d'un festival d'art à laquelle je n'étais pas du tout préparée, j'ai été fascinée, puis j'ai suivi la piste du très fascinant aussi Kazuo Ohno, précurseur et à l'origine du nom, et puis Tanaka Min. Un de mes poèmes a été interprété en danse butō aussi, par une danseuse, il y a pas mal d'années. Ushio Amagatsu, mort le 25 mars dernier, avec sa cie fondée en 1975, la compagnie Sankaï Juku, a popularisé cette forme de danse qui au départ tentait d'exprimer l'inexprimable de la société japonaise post-seconde guerre mondiale. Son nom, le butō, vient du groupe de recherche Ankoku Buto Ha (« la danse des ténèbres »), qui s'est créé autour de Tatsumi Hijikata (1928-1986) et Kazuo Ohno (1906-2010).
Voir aussi :
http://cathygarcia.hautetfort.com/archive/2013/09/19/sankai-juku-tobari-5175616.html
et la main douce
du crépuscule
recueille
les dernières gouttes
de lumière
in en cours
C.
Couleur_bazar_nu_géométrie_vie
*
Regardez mes amies, nous sommes peut-être nues mais les fruits, les canards et les poissons de couleur le sont aussi dans ce bazar qu’est la vie. Non, rien n’est géométrie.
M.
*
Y a de la vie nue dans ce bazar à géométries variables.
La vie à géométrie variable crée un bazar de couleurs nues.
Dans ce bazar de vies nues, la géométrie des couleurs fascine…
P.
*
Salut la géométrie
Salut la couleur nue
Bazar de la vie.
N.
*
Saluer le bazar, ouvrir les portes, laisser entrer la couleur et la vie, la géométrie du rêve. Ne plus mordre à l’hameçon, ne plus se laisser couper la tête, sauver le nu de l’âme.
Cat.
*
D’un bazar de vie sont nées nues nos couleurs géométriques.
De ce bazar géométrique apparaît une vie de couleurs nues.
C.
M.
Géant_curieux_équestre_changer_morceaux
*
Le monde équestre était en morceaux ou le monde en morceaux était équestre ? Le géant curieux ne savait que changer.
Quelques morceaux curieux se changeaient en géant pour parfois devenir équestre.
C.
*
Un morceau équestre change le géant curieux.
P.
*
Les curieux morceaux des chevaux géants changent de centre équestre.
N.
*
Ces parasites ont tranché le géant mais n’ont pas voulu partager les morceaux, alors sur la piste de ce triste cirque, la danseuse équestre leur a fait un numéro de voltige et c’est curieux comme il suffit d’un rien pour changer le monde ! Les actionnaires sont repartis les poches vides. La danseuse équestre : celle que nous nommons Nature.
Cat.
*
Enfermé dans le club équestre, il divague curieux. Sa vie part en morceaux tandis qu’il rêve de changer les géants qui l’enferment.
M.
P.
Chercher_bouger_élément_voyager_découvrir
*
Elle voyageait et cherchait un élément qui bougeait sans se découvrir.
L’élément qui découvre, voyage et cherche sans bouger.
C.
*
Voyager à deux sous le soleil, peut-être d’Italie, ou sur la lune. Qu’importe l’élément, il faut bouger, chercher, découvrir en chantant, en dansant ou bien assis sur un coffre en bronze.
M.
*
Chercher les éléments
Découvrir l’espace
Voyage, bouger
au-delà des portes de l’ennui.
N.
*
Chercher le sens de la vie, c’est le point de départ. Bouger, voyager c’est découvrir et se découvrir. Creuser profond, c’est son élément. Cratères… du volcan à la lune, un seul bond : celui du danseur sur le fil de l’imagination.
Cat.
*
Je cherche à bouger l’élément pour le faire voyager,
Et je découvre le bon du danseur allègre,
…je me découvre
P.
N.
Escalier_partir_nature_espionner_lumière
*
De cet escalier sortaient des personnages espionnant la lumière. La nature partait et ils revenaient.
Le grand mur d’escaliers partait de la nature et espionnait la lumière.
C.
*
Tout le monde l'a vu ! C’est qu’il est dans la lumière de l’aube en train de teindre la nature. Il est parti dans les escaliers de son imagination espionner les ailleurs où il n’ira peut-être jamais.
M.
*
Allumer la lumière pour espionner la nature en escalier et partir loin…
P.
*
Emprunter l’escalier du désir, partir, voyager, découvrir, rencontrer puis s’égarer dans un coin de nature pour aller espionner la lumière… Revenir, peut-être.
Cat.
*
Partir dans l'escalier de profonde lumière pour espionner la nature minérale.
N.
Cat.
Épiderme_coulant_rameau_perçant_bain
*
Dans ce grand bain, mes épidermes chatoyaient les rameaux perçants de mes doigts coulants.
Coulant dans le bain, mon épiderme est tel un rameau perçant.
C.
*
Envie de te pincer l’épiderme.
Envie de ne plus lâcher ton regard perçant.
Je me sens coulante comme l’eau du bain, rose à la main, quand tes doigts de rameaux effleurent ta peau.
M.
*
Un regard perçant sur l’épiderme d’un rameau à peine sorti du bain coulant.
Dans un bain coulant, un rameau d’épiderme perçant la surface, apparaît.
P.
*
Du bout des pieds à l’épiderme sensible
aux yeux perçants l’indicible beauté de la vie,
croît des rameaux coulants dans un bain de jouvence.
N.
*
Se coulant dans un bain, une rose à la main – douceur – sent les rameaux du vivant lui perçant l’épiderme – épines – et elle sait qu’il lui reste encore plusieurs vies. Chatte perchée dans l’arbre aux souhaits, elle peut se jouer encore de la main de la mort.
Cat.
Merci à toutes !
J.
Basse-cour_rose_assassin_roi
*
Le hold-up eut lieu au château, dans la basse-cour de la baronne. Les deux malfrats cagoulés, assassins notoires de surcroit, ont pénétré dans l’enceinte du domaine, puis se sont un peu perdus dans le dédale des jardins. Une fois sortis du labyrinthe végétal, les pieds nickelés ont jeté leur dévolu sur un ibis rose. Ce volatile, promis à un roi du Mozambique, vaut son pesant d’or. Malheureusement, tout à leur affaire, ils ne virent pas foncer sur eux l’antilope et le bouc aux cornes acérées…
L.
*
Dans une basse-cour insolite où les cancans vont bon train malgré la vie en rose affichée, les animaux font la loi. Pas de roi mais une reine déchue, dépassée par les événements et le temps assassin. Elle rêve de s'envoler avec les oiseaux, crucifier les ombres qui hantent ses cauchemars. Il faut à tout prix qu'elle aille ouvrir la porte de la volière…
O.
*
« Le Roi est mort !
- Quel roi ?
- Le roi des assassins, des coupeurs de têtes, dit le chat !
- En es-tu sûr , demande la chèvre ?
- Absolument, C’est le chien qui me l’a dit !
- Allons vite l’annoncer au peuple de la basse-cour, lance le flamant rose.
- Oui et prenons le château, crie les oiseaux !
- Le Roi est mort, le Roi est mort, chantent-ils tous en chœur, quel bonheur !
- Mais attention, prévient le chat, le Roi est mort mais pas les assassins, prudence mes amis, restons solidaires, à nous toutes et tous nous aurons le dessus ! Et fini le règne de la mort !
- Ouiiiiiiii, clament les oiseaux, vive la reine Terre et vive la Vie ! »
C.
*
Les doigts roses et légers caressent les animaux, ils sont ROIS, rois de la basse-cour, ils sont rois de notre vie. Dans cette maison, ils sont souverains, cette femme les aime. Chat, chien, oiseaux de toutes les races, de tous les univers, pourrait-on vivre sans eux ?
Mais pourtant les assassins cruels sont venus et nous sommes maintenant humains pauvres et perdus. Comment peut-on encore croire que l’homme est supérieur à l’animal ? Nous savons que l’évolution a doté certains animaux de capacités qui souvent surpassent celles de l’homme. Je sais, moi, que sur nos deux jambes nous ne sommes rien sans eux. Qui nous sauvera nous ? Il ne reste que les âmes légères et sensibles de nos compagnons pour croire encore en notre ridicule carcasse.
J.
L.
Voyeur_stop_cul_pulpe
*
Fillette douce et fraiche, attention tes yeux candides deviennent aguichants pour le voyeur, cet espèce de satyre pervers. Il regarde derrière le portail, il mate, la bave aux lèvres. En effet, il y a là des filles magnifiques qui vendent leur cul à qui aime la pulpe. J’aime leurs couleurs, j’aime les bas et leurs gaines, leurs gestes lents, les poses lascives, elles sont chaudes et divines. Elles ont le pouvoir de dire stop à la guerre et oui à la vie, elles ont le pouvoir de détruire une armée.
J.
*
La nuit est bleue pour les femmes libres, celles qui ont pu dire stop à l'enfermement. Elles montrent délibérément leur cul tout pulpe et douceur, malgré la crainte toujours… Pour les autres, les enfermées, le cauchemar continue, leur corps nu vendu aux voyeurs. Nuit noire.
O.
*
Deux doigts de pulpe, des langues bien rouges, quatre fesses bien rebondies… Le voyeur est encore derrière la porte, l’œil rivé à la serrure. Il veut voir le voyeur, voir et voir encore… « Stop ! lance la jeune sorcière, ça suffit, on va leur crever les yeux à tous ceux qui mangent sans dire merci, aux farfouilleurs de slip, à tous ces peigne-culs, qu’ils aillent voir et se faire voir loin de nos fêtes ! La pulpe est à nous, les fesses sont nôtres, allons leur lécher les yeux de nos langues piments, qu’ils goûtent enfin de vrais ardents plaisirs ! ».
C.
*
La maison close attire toujours les voyeurs. La jeune fille qui passe tous les jours par cette rue en sait quelque chose. Une fois, elle a aussi regardé par l’entrebâillement de la porte. Elle a vu les corps dénudés, les poses lascives et les regards allumés des hommes dans le noir. Elle a vu des culs, des langues… Son esprit a dit stop ! Mais le soir, dans son lit, elle a cherché la pulpe de ses lèvres avec ses doigts.
L.
O.
Enfer_flammes_prière_rideau
*
Les flammes de l’enfer ne brûlent plus, elles se sont dissoutes dans la prière, et du coup sœur Apoplexie se réfugie derrière le rideau. Pas beaucoup de courage la nonne, son visage exprime un grand désarroi : béatitude ou damnation ? En tout cas, dans le fond de la pièce se passent de drôle de choses, une porte est grande ouverte, fortement éclairée, illuminée de jaune et de rouge, le feu n’est pas loin, on sent une odeur de charogne rôtie. Une installation assez performante de convoyage, semblable aux remontées mécaniques, emballe et saucissonne les pervers, les diaboliques, les manants dans une combinaison de skaï rouge et casque blanc, ils sont poussés par une voile, jetés dans le vide brûlant. Et bien même le diable se modernise, je n’en reviens pas. Manutention et convoyage ainsi que logiciel d’expédition, pour le feu, économie d’énergie : il utilise des granulés !!!
J.
*
Derrière les murs du couvent, la nonne s’adonne telle la madone à une prière fervente. À genoux sur le prie-Dieu… elle prie… elle prie… Rien n’y fait. Les flammes de l’enfer viennent la lécher sous sa robe. Elle ne trouve pas le repos, la paix de l’âme. Ses mains fébriles et ses lèvres gourmandes brûlent de désir pour la belle sportive prête à s’envoler dans la lumière. Elle rêve de la suivre… Mais déjà le rideau se tire sur la vie monastique qui l’attend.
L.
*
Elle se tord les mains depuis qu’elle l’a vu, l’apparition ! La belle skieuse toute en rouge, ce corps moulé serré dans la combinaison. On aurait dit un démon… délicieux ! « Dieu, que m’arrive-t-il ! Pourquoi ce trouble, gémit-elle. Mes pensées s’échappent sans cesse, s’envolent au-dessus du clocher, survolent la ville, se hissent sur la grue qui la domine, ma skieuse, ma skieuse, où est-elle ?
- Sœur Héloïse, vous délirez, ici dans ce désert, une skieuse ? Allez, vous avez de la fièvre mon enfant !
- Ma mère, je vous assure, une skieuse gainée de rouge, splendide, devant l’autel de l’église !
- Pauvre enfant, vite, vite, récitez vos prières et tirer le rideau sur ces visions toutes droit sorties des Enfers et que ce soit bien clair, jamais vous n’irez aux sports d’hiver ! »
C.
*
Au cœur des regs pousse un mystérieux cactus. Si tu le vois, tu peux faire ta prière : l'enfer t'est promis, mais le monde est en travaux et rien n'arrive comme craint ou annoncé… La porte de la liberté ouvre sur le soleil ; tu peux la choisir sans peur d'être dévoré par ses flammes. La curiosité n’a jamais été un vilain défaut. On colporte tant d’inepties…Rideau !
O.
C.
Ouverture_téton_extra-terrestre_espace
*
Le ciel éblouit l’espace, les planètes se rapprochent dans la nuit étoilée. Nous sentons tous comme un parfum de lilas diffus. Tout est magnifique, parfait, les corps célestes bougent lentement, c’est un spectacle magique. Nous nous réunissons et prions ensemble pour la Reine HYDA car dans le ciel se présente, comme le prédit Maitre YODA, un véhicule céleste en forme de Téton, qui transporte sûrement des extraterrestres. Pour leur être agréables, nous avons créé des ouvertures, illuminé les arbres, préparé un banquet. Nous nous apprêtons à accueillir nos amis de l’infini ... Sont-ce nos amis ? Maitre YODA a dit : mon alliée est la force, nous sommes tous des illuminés ...
J.
*
Ce soir à l’opéra, une grande fresque y est donnée. Dès l’ouverture, les spectateurs sont cloués à leur siège en découvrant le décor en 3D. Les forces telluriques sont projetées dans les confins stellaires et dans l’espace infini par une grande prêtresse. Le feu solaire jaillit comme le lait jaillit des tétons. La symphonie extraterrestre atteint son apogée lorsque le spectateur s’évade par les fenêtres de l’imaginaire à la rencontre du troisième type.
L.
*
Malgré les supplications de la duègne qui règne ici-bas dans un palais menacé d’ une invasion d’extraterrestres, ceux-ci ont débarqué et appliquent déjà des règles très strictes : les créatures mystérieuses sont obligées de montrer leurs tétons pour accéder à l'espace qu’ils convoitent. L’ouverture des portes ne fonctionne qu’à ce prix. Soudain, les arbres se couvrent d'or pour accueillir la nouvelle prêtresse en approche. Qu'adviendra-t-il de l'ancienne propriétaire ?...
O.
*
« Trouver l’espace en toi, tu dois et l’ouverture se fera » me dit Maître Yoda émergeant d’un arbre de lumière et me voilà convoquée au centre de l’univers. Voyage au-dessus d’un océan intersidéral entre fleurs et tétons géants, guidée par un robot-cyclope et une puissante sorcière. À toute vitesse défilent, galaxies de cristaux, nébuleuses de soie, tout un plafond de planètes tournoie dans ma tête ! Je crois bien avoir vu la Vierge en prière dans un labyrinthe de miroirs aux couleurs de la Terre. Un laser rose, Jedi je suppose, traverse ma vision et me désigne une colline, un arbre… Je crois qu’il est grand temps, très très grand temps, de faire une pause ! Terrestre ou extra-terrestre peu importe, pourvu que je me repose !
C.
Merci à toutes !
Quelques extraits de ce numéro paru en janvier 2024, lus par moi-même.